Enfants d'Espagne

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10.6.11

EST-CE AINSI QUE LES HOMMES VIVENT ?
PAR STÉPHANE CATTANEO
LE COLLECTIF DE SAUVEGARDE DU PERTUS DU ROFO


Notre ami Stéphane Cattaneo nous adresse cette lucide missive

Si l’on estime, comme Elisée Reclus, que l’homme est la nature prenant conscience d’elle-même, l’affliction nous guette quand on mesure le chemin qu’il nous reste collectivement à faire pour parvenir cette forme de lucidité. Et, à la lecture de certains évènements qui se déroulent en ce moment dans la commune de Nivillac, sise aux abords de La Roche Bernard, dans le Morbihan on serait presque frappé de désespoir.

En effet, par la grâce d’une décision du conseil municipal, un site naturel remarquable, le Pertus du Rofo, va être vendu à un particulier afin que celui-ci y installe un camping « écologique » comprenant yourtes et cabanes dans les arbres.

Imaginez deux superbes falaises de schiste d’une trentaine de mètres de hauteur, encadrant un vallon boisé où s’écoule un ruisseau en direction de la Vilaine, et au flanc d’une desquelles se dissimule une grotte dans laquelle des fouilles, menées en 1928 par un instituteur et un curé, révélèrent des figurines de déesse-mères de l’époque gallo-romaine ; ajoutez la présence de chevreuils, blaireaux et renards facétieux, de chauve-souris sympathiques, de libellules étranges s’ébattant sous les frondaisons d’arbres majestueux, de fougères rares protégées au niveau européen, et vous aurez un aperçu de ce qui fait le charme et l’unicité de ce lieu dont on comprend qu’il pût être sacré pour nos ancêtres. Aussi, entre nature et monde imaginaire, quelques légendes anciennes (notamment celle des Oies de Trévineuc) ont achevé de populariser le Pertus du Rofo, lui conférant une aura de douce sauvagerie, subtile et mystérieuse…

Hélas, entre le bruit des tronçonneuses, les gaz des débrousailleuses et les éructations du futur propriétaire il va devenir difficile de capter l’esprit du lieu.

Car, par malheur, il se trouve que payer 150 ou 200 € pour passer la nuit à se geler les parties sensibles dans une cabane à quelques mètres du sol est une tendance actuelle de l’ « hébergement insolite », et qu’il y a nécessité de privatiser et nettoyer à l’os cet espace naturel, historique et spirituel pour l’ébahissement de quelques énergumènes qui se fourvoient dans leur approche de la nature. L’ébahissement est d’ailleurs tout autant du côté des opposants à ce funeste projet, car il ne viendrait à l’esprit d’aucun d’entre eux de dépenser ces sommes alors que la rivière toute proche offre en ses berges des recoins secrets où assister au coucher du soleil, partager grillades, bolées et blagues avant d’ajouter une bûche au feu et de dormir, ou plus si affinité.

Dès lors, un certain nombre d’irréductibles ayant décidé de se mobiliser, le Collectif de Sauvegarde du Pertus du Rofo a vu le jour et une lutte s’est engagée, qui promet quelques épisodes joyeux (une randonnée chantée de découverte et de protestation se déroulera lundi 13 juin). Ces indignés, on peut les contacter, les soutenir ou les saluer à l’adresse suivante : sauvegarde.rofo@yahoo.fr.

On peut même venir à La Roche Bernard et Nivillac, pour prendre un bon bol d’air breton ; il y sera fait bon accueil à tout visiteur, n’en doutez pas.

Je le sais, j’y habite.

Stéphane Cattaneo

Photo : Wendy Lotterman

4 commentaires:

Hélène C. a dit…

De schiste !!! Han !!! Mais il y a du gaz dedans en plus, si ça se trouve !

Anonyme a dit…

Pourquoi s'en prendre à la flèche quand le tireur est présent?

"parole d'indien"

Jean a dit…

Pourquoi essayer de comprendre quand le messager est anonyme ?

Anonyme a dit…

A vouloir trop bien faire ou trop en faire, on le fait mal! Le maire se dépêche de traiter certains dossiers avant de partir, après lui le déluge! Ce terrain devrait rester communal, amménagé et ouvert à tous! Quelles sommes sont en jeu et surtout la volonté de plaire à ses administrés ???