Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

30.10.08

TERRORIZING DISSENT









Inutile de perdre votre temps à aller voir l'inutile film de Oliver Stone W. (avec Redacted Brian de Palma - qui vient de sortir en DVD - avait réalisé, sur l'Amérique contemporaine, un film utile, Oliver Stone a fait l'inverse), regardez l'indispensable film de Glass Bead Collective et Indy Media Terrorizing Dissent www.terrorizingdissent.org sur la RNC 8.Vous pouvez aussi le télécharger gratuitement sur ce site.

Le film a été réalisé et monté sur place dans des conditions difficiles quasi clandestines

Le film sera projeté à partir de samedi dans les Twin Cities :

Samedi 1er novembre
Minneapolis — Riverview Theater, 10h40

Dimanche 2 Novembre
Minneapolis — Book House in Dinkytown, 16h30pm
Minneapolis — Arise!, 19h
St. Paul — Black Dog Café, 19h

Lundi 3 Novembre
Minneapolis — Arise!, 19h

Dimanche 9 novembre
Maplewood — Maplewood Community Library, 14h


29.10.08

PETITION POUR LES RNC 8




Vous pouvez signer la pétition pour les RNC 8 sur ce site (www.thepetitionsite.com/1/defendthernc8)

A VOIR :
Democracy Now le 4 septembre 2008 David Bicking (père de Monica Bicking) et Bruce Nestor (président du Minnesota Chapter of the National Lawyer's Guild) interviewés par Amy Goodman


Une lettre des RNC 8 du 5 octobre


rnc8.org


28.10.08

EXPO ZOU, EXPO CATTANÉO


Que vous soyez à Paris (ville de la Commune du même nom) ou à Besançon (ville des Lip), il vous faudra une très bonne excuse pour manquer les expositions de deux dessinateurs que l'on devrait chérir autant qu'ils nous chérissent. Zou et Cattanéo (le premier créateur chez nous de l'appareil Chronatoscaphe et de ses conducteurs, le second, chouchou de Moebius avec qui il a réalisé un album -Beautiful Life- chez Zanpano, et participant à l'album Left for Dead) font partie des collaborateurs du journal des Allumés du Jazz (le numéro 22 vient de sortir) et de l'équipe des dessinateurs de Monsieur Mouche (éditions Zanpano). Leurs dessins valent le bon coup d'oeil.





27.10.08

LA CRISE - SOUVENIR DE LÉO FERRÉ


"On coupe une tête par-ci par-là

Vingt ans après, tiens vous r'voilà

Les rupins, c'est comme la chienlit

Plus qu'on l'arrache...

Plus qu'ça r'produit"



Léo Ferré 1961 (Les Rupins - extrait de "Chansons Interdites")

24.10.08

LES EAUX FORTES
DE FONTAINE ET CORNELOUP




Certes, 80 000 manifestants pour défendre l'école et les élèves, dimanche dernier dans les rues de Paris, ce n'était pas mal, encourageant certainement. Mais pourquoi quasiment seuls des enseignants et des parents d'élèves ; et puis des passants regardant ce cortège comme si ça ne les concernait pas. Au mieux : "tiens, ils manifestent encore !". Comme s'ils n'avaient pas été élèves, qu'ils n'en avaient pas dans leur famille, qu'ils ne voyaient pas de relation, que le savoir leur échappait. Mais surtout comme si réinvestir la rue en compagnie ne les intéressait pas. Le soudain surgissement de milliers de milliards d'eurodollars au secours des plus riches (qui ne sont pas nombreux - nous le sommes) devrait nous mettre une puce grosse comme une baleine chantante à l'oreille. D'où vient que l'on soit devenu à ce point étrangers à notre propre existence en l'imaginant seulement comme possible dans une sorte de solitude que l'on se refuse à admettre en la remplaçant par toutes sortes de faux-semblants. Où seront les acteurs lorsque nous ne serons plus que spectateurs, des spectateurs qui ne voient plus très bien, qui ne braillent plus. L'autre est si loin. Notre absence programmée justifie LEUR (suivez mon regard, pas ses larmes) ignoble présence. Privée de coeur et d'esprit, instruments de liens à la portée de TOUS, la comédie de la vie tourne au sinistre, au tragique.

Un mouvement, c'est un groupe qui a conscience de l'être. D'une simple rencontre animée naîtra un lendemain différent. Impossible de se rencontrer en retournant comme une garantie à l'étape précédente, impossible de se rencontrer en étant indisponible, impossible de se rencontrer sans chercher à comprendre, impossible de se rencontrer sans comprendre qu'il faut chercher, impossible de se rencontrer sans se rencontrer.

Un mouvement, c'est le dessin des êtres vivants se transformant peu à peu en êtres plus vivants encore et plus encore à en mourir (car nous mourons tous, alors que ce soit en étant vivant). Le dessin des êtres vivants, comme ces silhouettes s'échappant des pinceaux de Sylvie Fontaine dans le paysage irrigué se levant du saxophone de François Corneloup, hier soir sur les bords d'un canal parisien où les passants sont nombreux et les flots réfléchissant.

Nous étions quelques-uns dans la salle, proches sans doute car ayant pour partie répondu à un appel. Et les silhouettes animées de Fontaine et Corneloup allaient jusqu'à nous pour nous porter, soudain nombreux, dans tous les dehors, sûrs de nos intimités. Cette multitude rêvée, offerte pour que demain (c'est aujourd'hui) nous puissions nous aussi la créer à notre tour, lançant d'autres appels, répondant à d'autres appels.



Jeudi 23 octobre 2008 : Librairie MK2 Quai de Loire (merci Sophie, Judith, Florian) : Sylvie Fontaine - François Corneloup duo avec de la suite dans les idées

Images : B. Zon

21.10.08

SYLVIE FONTAINE
& FRANCOIS CORNELOUP



Lorsque la musique de Next est apparue à l'horizon, les silhouettes en marche de Sylvie Fontaine s'en sont de suite drapées avec un naturel désarmant. Les va-et-vient étaient tendres et farouches, habités. Histoire commencée...

Le 23 octobre (19h30) à la Librairie du MK2 Quai de Loire, François Corneloup, auteur et rassembleur de Next et Sylvie Fontaine, auteur et dessinatrice du Poulet du Dimanche et de Miss Va-nu-pieds (tous deux aux Editions Tanibis, le second sort tout juste) poursuivront ce bout de chemin avec pinceaux et saxophones en lignes, entrelacs, contours et profondeurs des gestes et souffles communs. Histoire prolongée...

Sylvie Fontaine dédicacera ensuite ses livres, François Corneloup ne sera pas en reste avec son beau Next.



Images : B. Zon

17.10.08

JUNKYARD EMPIRE


Lors de la Convention Républicaine 2008 qui vit à St Paul (voir L'éléphant contre les chiens noirs) une nouvelle étape franchie dans le façonnage de l'état policier américain, un groupe de musiciens a émergé de façon saisissante et entière par la relation directe entre son vécu musical, sa poésie, son engagement contestataire, ses concerts quotidiens dans les lieux signifiants, ses actions et sa compréhension des situations. Plus encore que Rage Against the Machine qui fit la une le 2 septembre, Junkyard Empire a incarné, les partageant d'égal à égal, l'espoir et la parole de ces milliers de personnes venues à St Paul manifester leur colère contre la guerre, le capitalisme. Hier 16 octobre, ils soutenaient les RNC 8 avec le groupe Pocket of Resistance au Black Dog où ils avaient aussi participé le 23 septembre dernier à une conversation sur les rapports musique et politique. Brihanu (chant) C R Cox (trombone/claviers/electronics) Bryan Berry (guitare) Dan Choma (basse) Graham O'Brien (batterie/electronics) 

INTERVIEW AVEC BRIAHNU ET CHRIS COX DE JUNKYARD EMPIRE (9/09/08)

   

Jean : Junkyard Empire ?  

Briahnu : Je viens de Philadelphie où j’étais musicien de hip hop et je suis venu ici il y a quatre ans. J’avais laissé tomber l’idée de faire de la musique. Un ami avec qui je travaille m’a dit avoir vu une petite annonce d’un groupe de jazz, un peu free, qui était à la recherche d’un rappeur, mais d’un rappeur dont les paroles auraient un contenu politique. Il m’a un peu poussé, ayant entendu certaines choses que j’avais faites avant. J’ai rencontré Chris et tous ces supers musiciens. J’ai aimé le son et j’ai apporté quelques-uns de mes textes les plus radicaux. On s’est fait haïr de suite. On est parti de là il y a trois ans. 

 Chris Cox : Avant que tu n’arrives, on avait seulement répété six ou sept fois. On jouait une sorte d’Acid Jazz. Chacun d’entre nous avait, ou bien joué avec des rappeurs, ou au moins était intéressé par la liberté que pouvait apporter ce genre de musique. Quand Brian est entré dans le groupe, on swinguait avec une sorte de funk-jazz et il a posé ses mots assez évidemment.  

Jean: Pourquoi cherchiez-vous un rappeur ?  

Chris : Pour deux raisons, la première parce que le hip hop permet une liberté considérable, une liberté harmonique, un endroit où l’on peut vraiment chercher loin ; la seconde parce qu’il contient une capacité d’expression, de réelle expression. Le hip hop parle, il s’adresse au pouvoir avec sa poésie. Le format n’est pas contraignant comme avoir à faire rentrer des mots dans une petite mélodie. On peut avoir de long passages avec ou sans couplet, on peut inventer à foison. Nous voulons être politiques, mais pas prévisibles.  

Jean : J’ai entendu une fois Max Roach dire que le rap était la chose expressivement la plus forte depuis Charlie Parker, pas avec la même complexité musicale, mais avec la même projection.  

Briahnu : Oui peut-être pas avec la même complexité musicale, mais la poésie portée est peut-être plus complexe que bien d’autres formes incluant la poésie. On peut extrapoler sur le choix illimité des rythmes, des polyrythmes et des métriques, à l’occasion assez fouillés, superposés au travail des mots.  

Chris : C’est une forme où j’apprends sans cesse. Je suis un souffleur et je pense rythmiquement autant qu’harmoniquement. Je trouve, dans le hip hop, un terrain d’improvisation extrêmement ouvert. La différence entre jazz et hip hop se tient dans le fait que la complexité ne réside pas de ce qui est impulsé par la section rythmique, mais de la poésie elle-même. Dans notre cas, l’improvisation rejoint les mots. D’une certaine façon, c’est un endroit où c’est la simplicité qui crée la complexité alors que dans beaucoup de jazz, la route, quand bien même ayant son lot de surprises, est souvent toute tracée. Du point de vue du son aussi, le hip hop peut être neuf tout le temps.  

Briahnu : Nous parlons ici bien sûr du hip hop non-commercial. 

Jean : J’ai l’impression que l’avénement du hip hop correspond au moment historique où l’industrie du disque dérape. D’abord, elle n’y croit pas. Ça marche sans elle, alors elle cherche à le récupérer, l’altérer, le manipuler en courant après jusqu’à s’épuiser. Ensuite elle ne sera plus à même de repérer quelque mouvement musical que ce soit.  

Chris : Je vivais à San Francisco lorsque j’avais 19 ans, les jazzmen et les rappeurs jammaient assez volontiers ensemble. C’était fréquent d’entendre un rappeur sur un thème de John Coltrane et encore plus souvent sur un thème de Thelonius Monk. Et puis on pouvait aussi voir un type jouer un solo de be-bop dans un set de rap. C’était une forme renouvelée de jazz.  

Briahnu : C’est aussi à cette époque qu’il y a eu des restrictions drastiques sur l’emploi des échantillons, une loi limitant leur utilisation. Je crois que le hip-hop a dû s’éloigner du jazz aussi pour cette raison. 

 Jean : Quel est le besoin de musique dans le monde tel qu’il est ?  

Briahnu : Il est difficile de classer la musique, y compris la musique totalement commercialisée qui se love parfaitement dans les play-lists des radios ou de Clear Channel. Cette musique parle aux gens d’une certaine façon. Il existe un foisonnement de choses jouées loin de ce type de projecteurs. Il y a un besoin de contrôler par la musique et de faire de l’argent en même temps. Les multinationales sont fortes pour ça. Si nous ne sommes plus capables d’exercer nos propres choix, c’est que nous sommes soumis aux formats en cours, aux dix chansons choisies pour nous qui font bientôt place à la liste suivante de dix chansons quasi identiques etc. Le contrôle est parfait. Mais il y a cette montagne de musiques différentes qui peut rencontrer tous les besoins d’expression corporels ou intellectuels.  

Chris: La créativité ne meurt pas. Aucune multinationale, aucun pouvoir ne peut totalement tuer la créativité. Pour moi, là se niche le rôle de la musique. Son rôle quotidien. Elle est comme toute forme artistique la seule façon de survivre pour la société. La créativité n’est d’ailleurs pas seulement liée à l’art, elle est une partie du quotidien de chacun. Mais quelle part de cette créativité est confisquée par les orientations qui nous sont infligées brutalement ou non? Les radios n’ont plus de DJ, on n’y trouvera plus un type qui mettra "Sidewinder" de Lee Morgan au top à un moment où le rythm’n’blues ou le son Motown dominent.  

Jean : Le jazz a aussi beaucoup changé dans son appréhension du monde. Il ne s’agit peut-être pas simplement d’un effet subi du système, mais peut-être aussi d’un éloignement de ceux qui le font.  

Chris : Le jazz est une musique qui pèse lourd sur mes épaules. Ca a été une façon d’exister. On le voit encore à la Nouvelle-Orléans, une façon de marcher dans la rue. Dans notre société où dominent d’imposants courants, le jazz a perdu cette relation. Les musiciens portent leur part de responsabilité. On a vu l’éclosion de ce jazz extrêmement institutionalisé, de développement d’écoles où l’on apprend tout jusqu’à copier le son de ceux qui ont fait cette musique. Je me souviens avoir essayé de sonner comme Jay Jay Johnson, j’essayais vraiment très dur en appliquant toutes les recettes, effets de langues etc., et les gens m’encourageaient en ce sens « Super ! tu sonnes comme Jay Jay Johnson ». Je me suis dit, non seulement que ça ne pouvait être le cas, mais en plus me suis demandé de quel genre d’accomplissement il s’agissait. Ca m’a mis en pétard, j’ai foutu tout ça par la fenêtre et suis retourné à l’endroit où j’avais laissé les choses pour en saisir la portée politique aussi. L’académisme qui a envahi le jazz est d’une pesanteur extrême, c’est un langage très contrôlé. Les tenants de ces dogmes me font penser à ces gens venus assister à la Convention Républicaine la semaine dernière qui vous disent « Va y petit creuse ! » en ayant aucune capacité intellectuelle de penser en dehors d’un format qui règle votre vie ou qui sont le produit des manipulation de la propagande du système. Les limites sont ainsi établies qu’on ne peut chercher ailleurs.  

Briahnu : Il y a ce bénéfice du status quo.  

Jean : Parce que quelqu’un pourrait encore faire un choix... Lorsque l’on voit les meilleures ventes de disques, on y trouve des gens inconnus, il y a deux ans qu’on ne connaîtra plus dans deux ans...  

Briahnu : Les buts de l’industrie musicale ont certainement changé en fonction de la nécéssité de contrôle de la société. En ce qui concerne le changement de perspective, nous avons le choix de nous éliminer nous-mêmes ou de considérer un peu tout. Enfant, vous grandissez jusqu’à un certain point.  

Chris : Dans ce pays, un rapide sondage montrera que le vendredi soir, les gens ne se ruent pas pour aller écouter de la musique en direct. Prenons les Twin Cities, il y réside beaucoup de talents très divers qui sont encouragés par une poignée de gens venant les écouter avec plaisir. Lorsque je vois l’état de ce qu’il est convenu d’appeler « musique populaire » aujourd’hui et que je mets ça en rapport avec ce qu’il était convenu de nommer à l’identique lors des périodes précédentes. Je frémis. Tout est conditionné par les pratiques du marché, la propagande capitaliste. Mais la responsabilité revient partiellement aux musiciens qui tombent éternellement dans les mêmes pièges en refusant de prendre leurs responsabilités.  

Jean : Comment ce lien peut être restauré ?  

Chris : Je crois qu’il y a déjà quelque chose qui se passe. C’est très lent car nous sommes aux USA et on ne fait rien très vite dans ce pays, à part les guerres bien sûr où nous sommes imbattables. Mais lorsqu’il s’agit de changements sociaux ou humains qui n’impliquent pas de faire davantage de profit, là ça ne bouge pas vite. les gens qui en souffrent ne croient pas à un changement radical, alors qu’ils devraient y participer. Ca prendra un moment avant que les musiciens ne soient capables de dire « Fuck the music industry » et décident de vivre ce qu’ils font en vérité. Il y a des maisons de disques qui soutiennent ce qui est fait de façon logique en comprenant les transitions et ce que nous sommes et ça c’est appréciable, mais lorsque l’on vous force à être un autre ou travailler sans savoir à quoi ça sert pour quelques cents, quel sens ça a ? On voit beaucoup de groupes de hip hop, toujours le hip hop, au Minnesota qui prennent les choses à la racine sociale de ce que doit être la musique dans son environnement et l’ensemble du processus est vécu de la sorte : pourquoi on fait un disque, comment on le fabrique, ce qu’on y met etc.  

Jean : Dans l’histoire, on trouve des musiciens qui ont pris en main leur production avec une belle vitalité, mais d’autres le font aussi par dépit ne trouvant pas où s’inscrire.  

Briahnu : Nas dans son disque Illmatic dit « Si c’est réel, vous le faites sans contrat». 

 Jean : Il y a un sorte d’aspect religieux dans le fait d’être « signé »...  

Chris: Oui une idée romantique. Il existe une différence entre avoir l’esprit ouvert et forcer son esprit à être ouvert.  

Jean : La semaine passée, durant la Convention Républicaine, Junkyard Empire a été un groupe pas seulement actif artistiquement ; vous avez été les seuls à jouer en prélude à la manifestation du 4, mais aussi politiquement participant comme les autres militants et acteurs.  

Briahnu : Nous souhaitons être plus qu’un orchestre, une petite organisation politique, un groupe d’aide. La musique est le nuage qui nous entoure et nous nourrit, mais il y a plus. Si quelque chose d’important doit se passer, nous devons y répondre par la musique, mais aussi par l’action.  

Chris : Dans notre chanson « Complex Crooks », les mots disent « You fall for anything if you don’t stand for nothing ». On peut bien sûr rapper sur tous les sujets avec grande passion, on peut jouer une musique qui prône une révolution prochaine sur une scène, mais nous aimons surtout prendre part aux actions, manifester dans la rue avec les gens que nous aimons voir à nos concerts. Nous aimons penser à Junkyard Empire comme une petite « Commune ».  

Jean : Et le titre Rise of the wretched ?  

Briahnu : Nous utilisons ce titre de la façon dont Frantz Fanon l’utilise (Les Damnés de la terre - éditions la découverte). Il y a une infime minorité richissime qui gouverne le monde, un monde de pauvres ou de classes moyennes qui parfois ne voient pas que la frontière s’amenuise avec celle des pauvres et qu’elles seront aussi inévitablement sacrifiées.  

Chris : Les 200 personnes ou moins qui dirigent ce pays et qui nous regardent comme des malpropres sous-éduqués ne pourraient vivre de la façon dont elles vivent sans nous collectivement. Et elles nous oppressent collectivement. Pas besoin de soins, ni d’éducation, ni d’eau propre, pour cette masse méprisée ! À cet endroit soit nous sommes capables de dire collectivement « C’est assez ! », « Je m’en fous d’être pauvre et je vais vous mettre le doigt dans l’œil, MAINTENANT », soit nous nous enfonçons.  

Briahnu : Nous devons cesser de nous battre sans cesse entre nous, ils nous tiennent ainsi. Les Américains considèrent les Iraquiens comme des êtres inférieurs, alors qu’une partie d’entre eux de plus en plus grande est aussi confrontée à la pauvreté. Alors quand on bombarde l'Irak pour sauver ce qui nous reste de confort, on trouve ça normal. Tant que nous ne serons pas capables de comprendre que nous sommes régis par les mêmes choses, rien ne se passera.  

Chris : De nombreux vétérans qui reviennent d'Irak parlent bien de tout ça, ils sont ceux qui demandent de l’aide pour les Irakiens et qu'on fasse preuve d'unité avec eux. Mon père a fait la guerre du Vietnam. Quand il est revenu, il entendait les gens le traiter de « tueur d’enfants », beaucoup étaient choqués, il ne l’était pas. Il comprenait car il savait très bien ce que les Etats-Unis faisaient au Vietnam. Il s’est engagé ensuite dans le mouvement anti-guerre. La moitié des Américains ne comprend toujours pas qu’elle se bat pour le bien de puissantes multinationales.  

Propos recueillis par Jean au Black Dog Café à St Paul le 9 septembre 2008 

Le disque Rise of the Wretched (6 titres superbes) est disponible aux Allumés du Jazz pour la somme de 5 euros (port compris)
Chronique in : Disques amis
A consulter : blogs de Junkyard Empire et de Chris Cox

 
Images : Junkyard Empire à la Black Dog Block Party le 2 septembre 2008 par B. Zon

YASMINE MODESTINE




Les chanteuses ont des choses à dire et les comédiennes des choses à chanter, porteuse de ce double état révélateur, Yasmine Modestine, comédienne et chanteuse, noire et blanche, française et normande, mais surtout personne de coeur et de talent confiait à Rue 89 ses difficultés devant cette forme de discrimination par une profession qui chante pourtant facilement les louanges du "métissage" :

"Je suis comédienne, issue du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. Je travaille au théâtre, à la télévision, au cinéma, dans le doublage. J’écris des pièces, des chansons, je chante.

Je suis métisse. Mon père est noir et ma mère est blanche. Biologiquement, nous sommes tous métis. Je suis française. J’ai grandi en Normandie. L’île que je connais la mieux et dont je parle couramment la langue s’appelle Angleterre.

Le 16 février 2007, je double une série américaine. Nous sommes une douzaine de comédiens, dont deux métissés, A. et moi. Lors d’un changement de bobine, la chef de plateau demande si nous sommes libres le 20 mars. La majorité l’est. En fin de journée, ceux qui ont fini partent. Restent trois ou quatre comédiens blancs, A., l’ingénieur du son et moi. La chef de plateau se tourne alors vers A. et moi:
- « Je ne sais pas s’il y a des gens comme vous dans le prochain épisode, et comme vous avez des voix spéciales, je ne peux pas vous prendre sur tout, vous ne pouvez pas doubler les Blancs. »

Il faut savoir que dans le doublage, « les comédiens noirs ont des voix graves de Noirs » et les comédiens asiatiques ont une voix « aigue d’Asiatique. » Les comédiens blancs, eux, ont la chance d’avoir une tessiture suffisamment étendue qui permet de doubler et les Noirs et les Asiatiques et les Blancs.
Cette croyance est telle qu’il n’est pas rare d’entendre une comédienne blanche affirmer qu’elle a « une voix de Noire » sans penser être raciste, au contraire, elle double des Noires.

Ce métier a un problème avec la couleur. Seuls les comédiens noirs américains seraient « valables » et comme, je cite, « il n’y a pas de bons comédiens noirs français » ni « assez de diversité », force est d’employer des comédiens blancs, lesquels sont meilleurs.

On sourit. Mais cette violence détruit. Votre histoire vous est dérobée. Exit les plages du débarquement, exit la peau laiteuse de cette femme que vous appeliez maman, exit votre cousine blanche qui vous dit « J’ai toujours voulu des enfants métis, ça doit être à cause de ton frère et toi. » Exit Conservatoire, exit Angleterre … vous êtes « noire », cela veut dire « vous êtes un être humain différent de nous », vous venez du Noirland.

Sonnés, nous sommes sortis dans l’absolu silence des comédiens blancs présents.

Plus tard, j’appelle cette chef de plateau, lui explique la blessure et ce qu’est une voix. Réponse : « Nous ne travaillerons plus ensemble jusqu’à nouvel ordre. » J’écrirai à la boîte de doublage qui pariera sur mon silence. J’écrirai à la HALDE (Haut Comité de Lutte commettre les Discrimination et pour l’Egalité). A. m’accompagnera puis prendra peur. Je prends le risque d’être sur « une liste noire. »
J’appellerai les journalistes que je connais. Je leur avais déjà parlé du racisme dans ce métier où l’on vous présente « en version colorée, mais pas trop », vous demande de « ne pas oublier que vous êtes noire » quand une comédienne s’oublie pour jouer… Cette fois nous avons « une voix spéciale ».

J’écris à Libé et PPDA qui évoquait le racisme devant Halle Berry, j’appelle France Culture, France 2, mon amie Anne - blanche - tente de convaincre sa tante, journaliste: rien

En décembre, la HALDE répondra qu’elle ne peut pas traiter le dossier, alors j’irai au HCI (Haut Comité pour l’Intégration) où je serai enfin entendue.
En janvier, je contacte le CRAN (comité représentatif des associations noires) qui m’écoute. J’entends à la télé un journaliste du Nouvel Obs. Je le contacte. Il lit le dossier qu’Anne et moi avons établi, dossier qui démontre que si les Blancs peuvent doubler les Noirs, la réciproque n’est pas vraie. Pratiquement tous les rôles majeurs joués par des comédiens noirs américains sont doublés par des comédiens blancs. Bien sûr, quelques exceptions, « l’exception qui confirme la règle ». L’absurdité est qu’on peut trouver la voix d’une comédienne noire pas assez noire et lui préférer celle d’une comédienne blanche qui serait plus conforme aux préjugés.
Enfin le papier sort le 14 février 2008.

La HALDE, contactée par le HCI et le journaliste, ré ouvre le dossier.

L’article signé Olivier Toscer conjugué à l’action du CRAN entraînent des appels de plusieurs médias dont le Times. S’ensuit une succession d’interviews, pour France Ô, RFO, RFI.

Aucun média supposé « généraliste » français n’a réagi. Ont réagi un journal anglais et des chaînes dites « communautaires »
« Le théâtre se doit d’être le grand commentaire de la société » écrit Roland Barthes. Le commentaire est ici édifiant.

Je connais les pommiers bien avant les palmiers, les plages du débarquement avant celles des Salines, j’attrape des coups de soleil, « oui un noir bronze. »
J’habite Paris, la métisse.

Pourquoi la discrimination raciale à l’embauche dans le doublage n’intéresse t’elle pas France 3, France 2, France Inter, France Culture, France Infos?
Pourquoi aucun média dit généraliste ne semble être concerné par les dessous des images qu’il véhicule ?

NB Depuis la parution de ce texte dans Rue 89 le 5 avril, France 2 et France Inter ont réagi, avec Les Mots de minuit, émission à laquelle j’avais déjà participé en 2000 et l’émission Cosmopolitan de Paula Jacques"



Yasmine Modestine chante Au Kibelé les 24 octobre, 28 novembre, 17 décembre

15.10.08

SOIRÉE DE SOUTIEN AUX RNC8
LE 16 OCTOBRE AU BLACK DOG




LE JUSTE PRIX (ET SON DOUBLE)



Le 22 septembre 2007, l'ancien maire de la ville de Sablé sur Sarthe, habitant de Solesmes (près de l'abbaye prospère) et actuel général en chef des troupes de Napoléon IV déclarait : «être à la tête d’un État en situation de faillite». Le 1er octobre 2008, le même affirmait "Il n'y aura pas de faillite d'une banque française". Et hop ! Il y a deux jours, par un tour de passe passe dont l'Empereur semble avoir le secret, l'État en faillite (qui déclinait récemment toutes possibilités de progrès sociaux, réduisait les budgets pour la culture, privatisait les services publics pour tout ou partie etc.) sort de son national chapeau, 360 milliards d'euros, à la joie générale, en aide aux banques nécessiteuses. La faillite est donc bien une donnée relative et variable, de quoi redonner le moral aux Damnés de la Terre !

Post bankum : Quelqu'un a sifflé La Marseillaise ?

POETRY AND POLITICS...




13.10.08

GUILLAUME DEPARDIEU




Faire confiance à l'imagination sensible de l'être profond et rien d'autre : c'est l'impression terrible se tatouant sur nos chairs à penser et nos pensées à chérir au sortir de la projection du beau film de Pierre Schoeller Versailles. Où pouvons-nous encore nous tenir sans honte lorsque les espaces d'enfance se dérobent et que les hommes ne savent plus se reconnaître ? Jusqu'à quelle lie boirons-nous, un peu gênés, certes, mais sans plus, le calice de l'ignominie. Versailles voulait aussi dire un peu d'humanité encore possible hors des mots convenables et des attitudes lâches. Guillaume Depardieu incarnait cette exclusion du monde civilisé de façon bouleversante avec l'intensité de l'autre monde, le vrai, celui des liens non trafiqués. Une intensité à porter après le film. Guillaume Depardieu, acteur isolé et fulgurant, donnait, dans cette histoire-là, du sens au mot si souvent égoïste, "cinéma". Au moment où seule la santé des puissants de la finance tient le peuple en haleine, l'interprète juste de Versailles vient de mourir, emporté par une pneumonie foudroyante.

12.10.08

L'OPÉRA DE QUATRE SOUS



Dimanche, pendant que les chefs d'États se réunissent pour sauver les banques, un homme meurt en tentant de sauver un immigré sans papiers.

UN MESSAGE DE RESF
URGENT ET IMPORTANT - LES DROITS DES ÉTRANGERS NE PEUVENT SE RÉDUIRE À UN MARCHÉ



"Madame, Monsieur, cher(e) ami(e),

Vous avez été signataire de l’une des nombreuse pétitions du Réseau Éducation Sans frontières (RESF) ou de nos appels "Nous les prenons sous notre protection" et "Laissez-les grandir ici" en défense des jeunes scolarisés sans papiers ou des enfants de parents sans papiers.

Nous nous adressons à nouveau à vous en sollicitant votre signature pour empêcher M. Hortefeux de priver pratiquement de tout moyen de défense les étrangers placés en Centres de Rétention Administrative (CRA). Les objectifs chiffrés à l’unité près qu’il assigne à chacune des préfectures ont des effets désastreux sur les pratiques policières et préfectorales. Soumettre l’intervention dans les CRA à appel d’offre renouvelé annuellement et ouvert à des organismes dépendants des pouvoirs publics ou commerciaux, interdire à quiconque d’avoir une vision d’ensemble en multipliant les lots, imposer aux intervenants la "neutralité" et la "discrétion", limiter leur rôle à "l’information juridique" et non plus à la défense du droit des étrangers revient à les priver de tout droit. Une société ne sort jamais indemne de laisser traiter de la sorte une fraction de sa population. Comme pour le fichier Edvige, il nous semble indispensable de réagir.

Vous trouverez ci-dessous le message que nous avons adressé hier aux 27.500 abonnés de la liste informatique resf.info. Cette liste, que nous nous efforçons de rendre peu "bavarde" (pratiquement jamais plus d’un message par semaine) alerte en cas de menace imminente d’expulsion d’un jeune scolarisé ou d’une famille. Elle permet à ceux qui le souhaitent d’intervenir par fax, mail ou téléphone auprès des préfectures ou du ministère concernés. Vous pouvez, naturellement, vous abonner si vous le voulez bien à l’adresse : http://listes.rezo.net/mailman/listinfo/resf.info.

Mais, pour l’heure, l’essentiel est la pétition Les droits des étrangers ne peuvent se réduire à un marché. Vous en trouverez le texte ainsi que la procédure pour la signer dans le message URGENT ET IMPORTANT reproduit ci-dessous.

Nous comptons réellement sur un très grand nombre de signatures. Merci.

Contacts :
Richard Moyon getmr@wanadoo.fr 06 12 17 63 81
Brigitte Cerf brigitte.cerf@snuipp.fr 06 87 45 43 83
Brigitte Wieser brigitte.wieser@club-internet.fr 06 06 88 89 09 29


MESSAGE RESF.INFO URGENT ET IMPORTANT DU 7 OCTOBRE 2008

1) Il est de la plus grande importance d’empêcher M. Hortefeux de transformer les CRA en centres de relégation administrative devant lesquels il serait interdit de se rendre et d’où ne sortirait plus aucun écho de ce qui s’y passe. Il faut signer la pétition suivante et protester.
Une version (pdf) permettant la signature papier de la pétition est disponible sur le site du réseau http://www.educationsansfrontieres.org/ téléchargeable ici : Petition_papier_CRA-1.pdf et imprimable
Les feuilles signées sont à retourner à RESF, 8 impasse Crozatier 75012 Paris

2) De nombreux indices montrent que le gouvernement voudrait faire taire ceux qui critiquent la politique du ministère de la Rafle et du Drapeau. Il faut donc être poli et/ou astucieux quand on s’adresse aux ministres ou aux préfets pour ne pas encourir les poursuites que, semble-t-il, certains rêvent d’engager.

3) L’édition 2008 du Guide pratique et juridique du RESF "Jeunes scolarisé ;s et parents sans papiers, Régularisation Mode d’emploi" est parue. 100 pages, Téléchargement ou bon de commande exemplaire papier (5 €, frais d’envoi compris, chèque à l’ordre de RESF) : http://resf.info/guide

PÉTITION
Lien pour signer : pétition

LES DROITS DES ÉTRANGERS NE PEUVENT SE RÉDUIRE À UN MARCHÉ !!!

Pour le retrait de la réforme ministérielle qui modifie les conditions d’intervention de la société civile dans les centres de rétention administrat ive !

Nous signataires, à la suite de nombreuses associations (*), exprimons notre préoccupation concernant le contenu du décret du 22 août 2008 et de l’appel d’offres consécutif qui modifient les conditions d’intervention dans les centres de rétention administrative (CRA) quant à l’a et l’aide à l’exercice des droits des étrangers.

La mission telle qu’exercée jusqu’à ce jour par la Cimade auprès des étrangers retenus dans les CRA afin « de les informer et de les aider à exercer leurs droits » sera remise en cause par ces nouvelles dispositions :
* la réforme dénature la mission car l’assistance à l’exercice effectif des droits des personnes retenues est désormais réduite à une seule mission d’information ;
* l’émiettement de cette mission contrarie toute observation, analyse et réaction d’ensemble sur la situation prévalant dans les centres de rétention. Il entrainerait, outre une inégalité de traitement, une réduction de la qualité de l’aide apportée aux étrangers ;
* l’ouverture de cette mission par voie d’appel d’offres de marchés publics à des opérateurs autres que les associations spécialisées menace l’exercice des droits fondamentaux des personnes retenues ;
* l’exigence de neutralité, de discrétion et de confidentialité revient à entraver toute parole publique de témoignage et d’alerte sur certaines situations contraires au respect des droits fondamentaux.

Cette volonté d’entraver l’actio n de la société civile est d’autant plus inquiétante qu’elle intervient dans un contexte marqué par une politique du chiffre en matière d’éloignement des étrangers et les menaces contenues dans la directive « retour » adoptée par le Parlement européen(**).

Nous, signataires, considérons que, telle qu’elle est envisagée, la réforme des conditions d’intervention en rétention n’est pas acceptable.

Nous exigeons du gouvernement de renoncer à sa réforme.
Nous demandons au gouvernement d’’engager une concertation avec l’ensemble des organisations qui dans notre pays sont attachées au respect des droits des étrangers.

(*) DECLARATION inter associatives, Sur les dangers de la réforme ministérielle relative aux intervention s de la société civile dans les centres de rétention administrative
Communique du Syndicat des Avocats de France
Appel lancé par le Gisti « Etrangers, silence on enferme ! »
Le Monde du 4 octobre : Eva JOLY : Omerta sur les clandestins
Communiqué de la CIMADE
Communiqué d’Amnesty
Communiqué de presse du Réseau Education Sans Frontières (RESF)
Communiqué de FTDA

(**) Pour comprendre les enjeux de la Directive "retour"
Ces documents sont consultables sur le site de signature de la pétition

Urgent !!

Ecrivez au Ministre de l’immigration, à ses conseillers, à l’Elysée pour leur demander le retrait de la réforme...
Inspirez vous du texte de la pétition. Evitez les invectives et veuillez rester courtois. Merci de nous faire passer une copie.
101 rue de Grenelle 75007
Fax ministère Hortefeux : 01 77 72 61 30
Par mail, écrire à son conseiller : patrick.stefanini@iminidco.gouv.fr
ou Secrétariat Général (M. Patrick Stefanini) : secretariat.general@iminidco.gouv.fr
Elysée : http://www.elysee.fr/ecrire/index.html
Contact : retraitreforme@placeauxdroits.net
Nous vous invitons également à vous inscrire sur la liste resf.info, ici : http://listes.rezo.net/mailman/listinfo/resf.info En vous y abonnant, vous recevrez seulement les appels urgents lorsqu'une situation se présente qui nécessite l'intervention de milliers de soutiens ; vous recevrez parfois aussi des appels à des mobilisations nationales ou des communiqués important. Soit environ un message par semaine, rarement plus. Cette liste est une liste de diffusion seulement, et non une liste de discussion".


8.10.08

LES NOUVEAUX MODÈLES



La prison de Metz-Queuleu a été présentée par la sinistre garde des Sceaux, Rachida Dati, comme "modèle". Si le modèle se généralise, il ne restera bientôt plus grand monde : quatre suicides en cinq mois en cet établissement dont le dernier, celui d'un adolescent de 16 ans dans la nuit de lundi. Le même jour, une enseignante s'est pendue à Massy, quatrième cas récent dans la modèle Education Nationale. À la radio, un inspecteur en chef imbécile et versaillais (on entend beaucoup d'imbécilités ces temps-ci) commentait : "cette professeur était dépressive" et "son geste est sans relation avec des faits professionnels". L'inspecteur modèle, fort de son aptitude à séparer son être professionnel et son être privé, est sans doute armé pour bien des choses (comme la Ministre de l'Injustice), mais pas pour comprendre ce qu'est une dépression (ça ne figure pas dans les programmes modèles)... Un conseil à tous les profs et les ados paumés: créez des banques, baisez vos clients et quand ça sentira le roussi, l'État vous aidera, les autres n'auront qu'à se pendre.

UNE LETTRE DES RNC 8




5 octobre 2008

"Chers amis, familles et camarades,

Nous sommes les RNC 8 : des personnes visées pour leurs convictions politiques et leur travail d’organisation de manifestations pendant la Convention Nationale Républicaine de 2008, dans ce qui est apparu être la première utilisation de la version Minnesotane du Patriot Act. Huit d’entre nous sont actuellement accusés de « Conspiration pour déclencher des émeutes à des fins terroristes », un crime de deuxième degré qui comporte la possibilité d’encourir plusieurs années d’emprisonnement. Nous vous écrivons pour faire connaître notre situation, demander de l’aide et offrir des mots d’espoir.

Un peu d’histoire : Le groupe RNC Welcoming Committee s’est formé fin 2006 à l’annonce de l’organisation de la Convention Nationale Républicaine à Minneapolis-St Paul où nous vivons, travaillons et participons à la communauté. Le propos du Welcoming Committee était d’offrir un organisme d’accueil anarchiste-anti-autoritaire, créant une structure d’information et de logistique pour une résistance radicale à la RNC (1). Nous avons passé plus d’une année et demie à multiplier les contacts, faciliter les rencontres dans tout le pays et proposer un réseau pour les gens de toutes orientations politiques partageant le besoin de donner une voix à la dissidence dans les rues de St Paul pendant que la machine GOP (2) se mettrait en train dans la Convention.

Mi-aôut, le Welcoming Committe ouvrait le « Convergence Center », espace d'accueil et de rassemblement pour les manifestants, pour qu'ils puissent partager leurs ressources et construire un réseau de solidarité. Le vendredi 29 août, 2008, alors que nous finissions de dîner et commencions à regarder un film, les hommes du Sheriff du Ramsey County ont fait irruption, les armes à la main, nous ordonnant de nous mettre à plat ventre. Il a résulté de ce raid du soir la confiscation de biens (principalement de la littérature). Après avoir été menottés, fouillés et nos identités enregistrées, 60 personnes qui se trouvaient au centre étaient relâchées

Le matin suivant, samedi 30 août, les services du Sheriff perquisitionnaient trois maisons, confisquant des biens personnels et des effets familiaux avant d’arrêter cinq d’entre nous : Monica Bicking, Garrett Fitzgerald, Erik Oseland, Nathanael Secor, et Eryn Trimmer. Plus tard, ce même jour, Luce Guillen-Givins était arrêtée alors qu’elle quittait une réunion publique dans un parc. Rob Czernik et Max Specktor étaient arrêtés le lundi 1er septembre, portant notre nombre aux huit actuels. Tous avons été détenus pour faits graves et libérés sous caution de 10 000 dollars, le jeudi 4 septembre, dernier jour de la RNC.

Ces arrestations étaient un avertissement, visant des organisateurs reconnus, afin de dissuader toute tentative de manifestation anti-RNC, avant qu’elle n’ait même commencé. L’accusation de conspiration dépasse la notion traditionnelle de crime. Au lieu de condamner une action, le concept de conspiration criminalise la pensée et la camaraderie, le développement des relations, le désir d’espoir que notre monde puisse changer et la réalisation que nous soyons les acteurs de ce changement.

L’accusation de conspiration est pratique pour criminaliser toute dissidence, en créant une méthode pratique afin de neutraliser tout activisme. Le potentiel d’une telle démarche sera utilisé pour dérouter toute velléité de poursuites légales, terroriser des communautés entières et les réduire au silence et à l’inaction. Même s’il ne s’agit pas de la première accusation de la sorte ciblant des organisateurs – pas même de mémoire récente – notre cas crée peut-être un précédent. Les statuts relatifs au terrorisme n’ont jamais été utilisés de cette façon auparavant et s’ils gagnent contre nous, ils seront renforcés pour mener leur croisade sur un front élargi. Nous voyons notre affaire comme l’opportunité de démontrer une solidarité face à la répression, établir un précédent de résistance marqué de succès contre les tentatives du gouvernement d’étouffer tout mouvement.

A présent, nous en sommes aux premières démarches d’une bataille légale qui nécessitera des montants d’argent importants et d’énorme moyens humains. Nous avons déjà été submergés par un flot de soutien localement et à travers tout le pays et sommes reconnaissants à tout ce que les gens ont fait pour nous. Nous avons une base de soutien dans les Twin Cities (3) qui développe un réseau de solidarité nationale. Nous avons la conviction que cela nous aidera à être relaxés dans les mois à venir. Pour plus d’informations sur notre cas et comment nous aider, aller sur le site http://RNC8.org.

Cette vague de solidarité nous rend plus humbles encore et nous a permis de revenir sur les motivations qui nous avaient tout d’abord conduits à organiser des actions contre la RNC. Ce qui nous arrive fait partie d’un problème bien plus large et sérieux. Il est un fait avéré que nous vivons désormais dans un état policier – certaines personnes l’ont réalisé pour la première fois dans les rues de St Paul pendant la Convention, mais d’autres doivent endurer cette réalité toute leur vie. Les gens de couleur, les pauvres, les travailleurs, les immigrés sont harcelés et criminalisés chaque jour. La répression contre nous 8 nous aide à comprendre ce qu’ils supportent dans leur quotidien. Parce que nous sommes des organisateurs politiques ayant bâtis un sérieux tissu relationnel par notre travail, parce que certains d’entre nous ont des privilèges de formes diverses, la couleur de notre peau, notre classe sociale, l’éducation reçue, et parce que nous avons la possibilité d’être soutenus par un réseau national, nous sommes tout de même chanceux.

Et puis, alors que nous demandons un soutien de quelque forme qui vous convienne, et alors que nous avons besoin de ce soutien pour rester libres, nous vous demandons aussi de penser à notre affaire comme indicateur récent du climat d’oppression dans lequel nous vivons. La meilleure solidarité est de continuer la lutte et nous espérons que nous soutenir puisse être une petite partie d’un bien plus large mouvement de changement social.

Pour des temps meilleurs et avec amour,

Les RNC 8: Luce Guillen-Givins, Max Spector, Nathanael Secor, Eryn Timmer, Monica Bicking, Erik Oseland, Robert Czernik, Garrett Fitzgerald"


1) Republican National Convention
2) Grand Old Party (autre nom du parti républicain)
3) Minneapolis-St Paul



Illustration : Sculpture à Boston pour Sacco & Vanzetti - Un autre temps? Certes l'analogie est facile (à qui la faute?, mais un peu de perspective historique ne nuit pas. Telle l'évocation des Palmer Raids par Eric Angell au City Hall de St Paul le 24 septembre ou d'autres anarchistes boucs émissaires dans l'histoire américaine (L'éléphant contre les chiens noirs, 7ème paragraphe).

3.10.08

UNWRITTEN FUTURE





Voici le premier film "organisé" des événements de la Convention Républicaine à St Paul. Il est divisé en six parties sur Youtube ou sur le site Open Source Video (lien plus bas)


Unwritten future part 1

Unwritten future part 2

Unwritten future part 3

Unwritten future part 4

Unwritten future part 5

Unwritten future part 6


Version intégrale


Source : GuerillaJournal60

Photo : La Garde Nationale à St Paul pendant la Convention Répubicaine (Cliché Picasa)