Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

31.10.19

L'ÂCRE PARFUM DES IMMORTELLES
DE CENDRES ET DE BRAISES




Est sorti cette semaine L'âcre parfum des immortelles de Jean-Pierre Thorn, film frémissant à fleur de bien des peaux marquées de petites victoires, de déroutes cinglantes, de bonheurs et de douleurs inoubliables ? Il y a tant de premières personnes. Rien n'est nostalgique dans ces préhensibles plongées d'histoire, ces plongées gorgées d'amour.
 
Films en suite avec la vision de De cendres et de braises de Manon Ott quelques jours après L'âcre parfum des immortelles de Jean-Pierre Thorn, le second ayant son empreinte mémorielle dans le premier. En la cité des Mureaux, Manon Ott filme en noir et blanc - et l'on est surpris et heureux de constater qu'ici le noir et blanc fait bien mieux que d'être un accessoire désespéré - l'héritage de ce que fut la classe ouvrière, ses desseins, ses hasards, ses souffrances et les vies qu'on s'y invente. Seuls les habitants ont la parole et partagent leur persistance de rêves confrontés à d'implacables analyses. La judicieuse et pénétrante musique d'Akosh S est à la hauteur du propos poétique d'un très beau film.

20.10.19

RÉSONANCE MAJEURE AU THÉÂTRE BERTHELOT


Au fond, ce dont nous avons besoin, bien au-delà de pâteuses guerres de styles asthéniques, c'est d'une résonance majeure. Au théâtre Berthelot (Montreuil-sous-Bois 93), c'est bien ce sentiment qui nous a emportés deux soirs de suite les 19 et 20 octobre 2019.

On peut croire au Fantôme (Alexandre Du Closel, Morgane Carnet, Jean-Brice Godet, Luca Ventimiglia), groupe qui d'un tissage de notes généreuses, de prononciations aux accents détaillés, de différences douces, de songes hérités de tempêtes et de petits secrets du fond des âmes, fait parler la poésie commune. L'émotion surgissant de tant de détails. En seconde partie le quartet de Steve Potts (avec Jobic Le Masson, Peter Giron et John Betsch) à l'héritage au long cours : swing et invention en lumière douce, liberté dans l'altérité. Assembler ces deux groupes dans la même soirée au Théâtre Berthelot à Montreuil (93) dit plus que bien des "manifestes", une forme d'ancrage dans une affranchie nature débarrassée des gênes d'entournures.

Avec le retour d'un soir de Perception, les fondateurs du fameux groupe (1970-1976) Didier Levallet et Yochk'o Seffer convient les allègres Antonin Rayon et François Laizeau à retisser un morceau d'histoire. Moment précieux et éphémère d'une défiante vitalité, à la faconde joyeuse ("Music is the healing force") abolissant les distances. Préalable historiquement indispensable aux perceptions fulgurantes du trio Sophie Agnel-John Edwards-Steve Noble délivrant une musique d'une extraordinaire présence charnelle, celle qui fait de la vie une fête. 

Un résonance majeure donc et que le Souffle Continu !


 • Chapeau bas à Jean-Pierre Bonnet, l'équipe du Théâtre Berthelot et au disquaire ci-dessus précité.

Photo : B. Zon

9.10.19

MAINS D'OEUVRES

Hier matin, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), le maire William Delannoy a ordonné l'évacuation de Mains d'œuvres manu-militari. Mains dœuvres est un lieu de regroupement d'artistes et d'associations depuis 2001. 70 personnes y travaillent. Manifestons notre solidarité ici aussi devant ce qui représente trop bien une certaine "vision" d'un avenir bien proche où CRS et huissiers remplacent les artistes.

Photos : LP/G.B et Stéphane Lagoutte. Myop pour Libération

7.10.19

TOME ET TOMS TOMS




À propos de Ginger Baker, ex batteur de Bob Wallis et Graham Bond, on entend déjà parler beaucoup (un peu) de Cream (avec le très inspiré Jack Bruce et le plutôt soporifique Eric Clapton, le journaliste de France Inter cite "Sunshine of your life" - sic !), moins de ses disques de jazz en trio avec Charlie Haden et Bill Frisell (le premier est une perle de contrastes), de sa mise en lumière du légendaire batteur Phil Seamen avec Air Force, et sans doute moins encore du fait - et c'est peut-être le plus remarquable -, de son obstination à se relier aux musiques africaines dès la séparation de Cream en 1969. Avec ses drum choir, Remi Kabaka et Fela Ransome-Kuti, bien avant la mode...

L'évocatrice association Tome et Janry avait réussi à relever le défi d'une reprise possible des personnages de Spirou et Fantasio tels que définis par Franquin, après les tentatives de Fournier (pas mal, mais pas la bonne pointure pour le dessinateur par ailleurs très poétique de Bizu) et le bref essai (catastrophique) de Nic & Cauvin. Mieux qu'une reprise, la paire au nom et à l'énergie hannabarberesque, avait su réhabiter les personnages en les replaçant dans une lecture progressive quasi métonymique. De ce duo aussi soudé que les héros qu'ils dessinaient, on ne se demandait qu'à peine lequel était le dessinateur et lequel le scénariste. Le scénariste était Philippe Tome, il s'est éteint avant hier à 62 ans.

• couverture de The Africa 70 Live de Fela Ransome-Kuti et Ginger Baker (Regal Zonophone)
• case de Machine qui rêve, dernier album de Spirou et Fantasio par Tome et Janry © Dupuis- 1998

5.10.19

MARCHE POUR CHRISTINE RENON

Matin du samedi 5 octobre 2019, sous la pluie (qui n'est jamais un problème lorsque les gens sont déterminés), de la Mairie jusqu'à son école rue Méhul, marche pour honorer Christine Renon, directrice d'école à Pantin qui s'est suicidée. Beaucoup de monde, de tristesse, de colère, d'émotion pour cette femme très appréciée. À Rodez, deux jours plus tôt, le régent-président de la République Française lançait un : "Moi j'adore pas le mot de pénibilité, parce que ça donne le sentiment que le travail serait pénible".

Photo : B. Zon

CHRISTINE RENON

Matin du samedi 5 octobre 2019, sous la pluie (qui n'est jamais un problème lorsque les gens sont déterminés), de la Mairie jusqu'à son école rue Méhul, marche pour honorer Christine Renon, directrice d'école à Pantin qui s'est suicidée. Beaucoup de monde, de tristesse, de colère, d'émotion pour cette femme très appréciée. À Rodez, deux jours plus tôt, le régent-président de la République Française lançait un : "Moi j'adore pas le mot de pénibilité, parce que ça donne le sentiment que le travail serait pénible".

3.10.19

BRAHMS, PORTAL, PLUDERMACHER, VINCE STAPLES

On peut terminer une journée avec les Sonates pour Clarinette et Piano de Johannes Brahms écrites en 1894 et interprétées au studio 106 de la Maison de la Radio en 1969 pour la série "Premiers sillons" par Michel Portal et Georges Pludermacher (Harmonia Mundi) et commencer la suivante par Summertime 06, premier album en 2015 de Vince Staples (ARTium). Deux images des vivants aux données significatives, l'une à l'immense tendresse du "tu intime" pour "voir s’ouvrir encore les beaux yeux", l'autre regardant dans le désastre du monde le lointain feu revenant.

- Faites plaisir à votre disquaire, vous vous ferez plaisir.