Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

13.9.15

FORUM DE NIVILLAC


À Monique Travers, Timothée le Net, Mael Lhopiteau et Sylvain GirO, à l'occasion de la soirée d'ouverture de la saison 2015-2016, le 12 septembre.

Lorsque le 14 novembre 2012, nous nous rendîmes à Notre-Dame-des-Landes, nous n’avions pas idée à quel point ce week-end remplirait nos vies.

En un endroit où l’existence semblait avoir élu domicile, loin des abandons sinistres et rectilignes, de nouvelles sources musicales vinrent bien vite, aussi, suggérer d’autres réponses, d’autres métamorphoses possibles. Alors qu’au détour d’une haie, nous retrouvions notre ami Janick Martin en lui confiant de façon impatiente que nous étions follement tombés amoureux de la chanson « Notre-Dame-des-Oiseaux-de-Fer », nous le questionnâmes sur les paroles, il nous parla du gars qui les avait écrite et vivait juste à côté, à Vigneux-de-Bretagne, Sylvain Girault. Autres retrouvailles un peu plus tard, notre ami le dessinateur Stéphane Cattaneo parti migrer sur les terres bretonnes depuis plusieurs années ; il nous présenta sa compagne Bénou la perlière, ainsi qu’un petit gaillard, sorte d’habitant naturel de la forêt, Timothée le Net. L’elfe était accordéoniste et, justement, ne tarda pas à nous parler de Janick Martin. Un peu plus tard, à la Roche Bernard, au Rochois, le café d’Hélène Potabès, nous allions faire plus ample connaissance avec ce nouveau monde.

L’attirance de la mer étant aussi forte que l’aversion des vagues bleues marines terriblement sèches et nuisibles, les occasions se multiplièrent dès les jours suivants et pour très souvent de revenir à Notre-Dame-des-Landes autant qu’à la Roche Bernard. Au Rochois nous entendîmes Timothée répéter avec son compère du Bénéfice du doute, Mael Lhopiteau, harpiste. Notre Marx préféré s’appelle Harpo alors toute créature se présentant avec une harpe est dispensée de mot de passe. De suite, cette musique dégagea une sorte d’atmosphère un peu secrète, avec une lumière d’arc-en-ciel qui ne se laisse pas gagner par la panique (ce qui n’est pas si fréquent dans les musiques de ce siècle commençant).

Dans le même temps, ou plutôt dans le même élan, le gars de Vigneux, l’auteur de « Notre-Dame-des-Oiseaux-de-Fer », chanson qui a la puissance du plus fort dans ce qui a pu être écrit et chanté pour l’unité des hommes, nous invita. Le train de Woody Guthrie n’avait pas dû passer loin. Ce moment partagé avec Sylvain Girault allait s’inscrire dans un beau mouvement.

Pendant ce temps, dans la campagne anglaise du Gloucester, Tony Hymas, musicien avec qui nous faisons la route depuis 1984, trépignait d’impatience de rencontrer tous ces gens. Lui aussi avait été saisi par « Notre-Dame-des-Oiseaux-de-Fer » qu’il intégrait au programme de son trio, puis d’Ursus Minor. Alors à la première occasion, il passa en février 2013 au Rochois avec les Bates Brothers. Soirée mémorable où se firent les rencontres avec Timothée et Mael. Tony ajouta un de leur thème au répertoire de son trio et eux firent de même. Et puis pour l’album « Chroniques de résistance », c’est bien naturellement que Sylvain Girault fut sollicité pour l’écriture de deux chansons. Ensuite il y eut bien d’autres épisodes, tous plus stimulants les uns que les autres - dont un à Nivillac l’an passé* - et c’est tout naturellement que le lac d’Eugénie de Sylvain GirO avec Erwan Martinerie, Julien Padovani et Jean-Marie Nivaigne et le Bénéfice du doute s’inscrivirent au catalogue de notre maison de disque.

Bertolt Brecht avait écrit en 1933 : « En ces temps de choix décisifs, 1'art doit choisir. Il peut livrer les hommes aux illusions et aux miracles ou il peut livrer le monde aux hommes. » La question résonne toujours autant huit décennies plus tard. La publication des albums de Sylvain GirO, Le Bénéfice du doute et Tony Hymas sont une part importante de notre réponse.

L’équipe des disques nato

 * Photographie : Timothée le Net 4tet (avec Pierre Droual, Martin Chapron,Yann Le Bozec) invite Tony Hymas, Erwan Hamon et Janick Martin à Nivillac le 14 novembre 2014

12.9.15

LES CHANSONS QUE MES FRÈRES M'ONT APPRISES

Pour Antonin Artaud, le cinéma devait jouer d'abord avec "La peau humaine des choses, le derme de la réalité ". C'est le point d'ancrage de Chloé Zhao pour son premier long métrage Les Chansons que mes frères m’ont apprises (Songs My Brothers Taught Me) filmé dans la réserve lakota de Pine Ridge. L'histoire y émerge de façon sensible, lucide et contrainte par la folie du monde. Le cœur et le corps de la très jeune Jashaun St. John traversent le film en harmonie ouverte dans tant de lieux concrets. Il est de beaux gestes au sortir des ténèbres pour apprendre à voir.  Son visage impressionne à jamais.

Les Chansons que mes frères m’ont apprises (Songs My Brothers Taught Me) de Chloé Zhao (2015)
avec John Reddy, Jashaun St. John, Taysha Fuller, Travis Lone Hill, Irene Bedard - co-produit par Forest Whitaker

4.9.15

COLTRANE PLAYS

L'écoute de ce disque déclenche une sorte de sentiment irrésistible : une façon d'être saisi au plus près du sentiment amical, des pensées qui rassemblent, dans la relation véritable d'êtres de chair, ses beautés et ses tourments. Coltrane a donné pour longtemps en jouant pour ses amis, pour nos amis.