Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

29.3.23

CASALS PAR EINSTEIN

 À propos de Pablo Casals, Albert Einstein a écrit : "Ce que j’admire cependant particulièrement en lui, c’est sa ferme attitude non seulement à l’endroit des oppresseurs de son peuple, mais également à l’endroit des opportunistes toujours prêts à pactiser avec le diable."

• Toute ressemblance avec des appréciations présentes est intentionnelle.
 
Photo DR

28.3.23

SCIENCE ET VIE

Jupiter, planète gazeuse, est très éloignée de la Terre

25.3.23

NOTES DE POCHETTE

 
La musique a cette étonnante capacité de murmurer à plein tube, soupirer jusqu'au cri sans passer par la case des dépôts et consignations. Même si l'entreprise de domestication n'a de cesse de vouloir l'encager, elle enregistre d'insensées échappées dans et hors du champ, dans le cadre et hors du cadre et parfois à cheval sur celui-ci. La technique d'enregistrement a permis grâce au disque d'en apprécier la capacité de récit et lui permettre une étonnante synthèse de l'intime. Lorsque l'on écoute un album discographique, il y a parfois, en plus d'illustrations, photographies et graphismes inspirés, des notes de pochettes (liner notes en anglais) dont la fonction est tantôt celle de présenter, d'accompagner, de compléter ou d'offrir quelques clés libres. 
 
Bien des disques qui ont révolutionné nos vies ont été commentés - en direct pourrait-on dire - par de formidables textes. On pense bien sûr rapidement à ceux de Nat Hentoff (pour des disques de Coltrane, Mingus, Ornette Coleman, Cecil Taylor, Max Roach ou Bob Dylan - lequel a parfois écrit ses propres liner notes de façon remarquable dans Blood on the tracks par exemple comme Mingus avec Edmund Pollock pour The Black Saint and the Sinner Lady), de Frank Kofsky (The John Coltrane Quartet Plays), de Ralph J. Gleason (Miles Davis, Lenny Bruce), de ceux de musiciens comme les célèbres commentaires de Bill Evans pour Kind of Blue de Miles Davis reflétant son propre jeu, ou ceux prophétiques d'un Francis Marmande pour l'album retraçant le concert de Michel Portal-Beb Guérin-Léon Francioli-Bernard Lubat à Châteauvallon 76. Il y en a beaucoup d'autres. Alors lorsqu'un producteur, une productrice, un musicien, une musicienne (dans le cas présent, il ne s'agit pas d'un équilibre linguistique, mais bien de quatre aspects de la réalité de demande) vous offrent d'écrire à propos ou à partir de la musique d'un album réalisé, vous vous sentez honoré "de ouf". Écrire les notes de pochette d'un album, des mots des livrets, est une expérience splendide, une façon de s'immerger autrement et pleinement dans la musique, de tenter d'en appréhender les contours (lesquels sont joueurs), les violences, les caches-caches et le plein amour.
 
Merci aux maisons de disques et labels : Rectangle, La nuit transfigurée, Transes Européennes, Innacor, Émouvance, Grrr, Le Souffle Continu, Pee Wee, Fou Records, In Situ...


24.3.23

CANDIDATURE PRIX DE L'HUMOUR 2023

 

Candidate au prix de l'humour 2023, Aurore Bergé : "Les policiers ont tout fait pour protéger les manifestants" (tweet du 23 mars 2023).

23.3.23

L'EXTRÊME PRÉSIDENT

La France compte 68 014 000 habitants. L'actuel régent a été élu une première fois en 2017 avec 8 656 346 de bulletins de vote puis dans ce rite assez étrange du deuxième tour à  la logique inversée "au premier tour on choisit, au deuxième tour on élimine" (si tout cela avait un sens, ce devrait être l'inverse) avec 20 743 128 de ce qu'on appelle des voix. Une seconde fois en 2022, il a été élu, au premier tour (décrit largement comme un deuxième tour anticipé puisqu'il y aurait des "votes utiles" et des "votes inutiles", mais que "tout bon citoyen se doit de voter") par 9 783 058 de votes, puis au second tour compensé, par 18 768 639 de suffrages. Chaque tour (avec emphase sur le second) a été l'objet d'un scénario inauguré par Jacques Chirac en 2002 selon lequel le président élu l'est pour faire barrage à l'extrême droite. Ce système continue de fonctionner (même s'il connait ses ralentis) et pour qu'il besogne, alimente grassement cette extrême droite qui ne cesse de progresser. L'actuel régent a donc été élu, en quelque sorte, grâce aux voix de l'extrême droite. 

Actuel régent qui adore le terme "extrême" qu'il emploie à tous bouts de champs, qualifiant un feu de poubelle "d'extrême violence" et n'hésitant pas dans sa piteuse apparition télévisée du 22 mars 2023 à comparer les manifestants actuels contre sa loi retraite, et ce qu'elle dit de son césarisme, aux fascistes américains, brésiliens, allemands et hollandais. À ce niveau-là, il ne s'agit plus seulement de ses bien connus arrogances et mépris, de sa capacité à insulter "les gens qui ne sont rien", mais d'un véritable délire autocratique débordant. Et comme il l'a dit lui-même dans son entretien au journal télévisé de 13h : "On ne tolérera aucun débordement." Alors, on s'appliquera à faire en sorte qu'il ne déborde plus, lui qui déborde depuis si longtemps grâce à l'extrême droite. Et à bien y regarder de près, si "on ne peut accepter ni les factieux ni les factions", on s'appliquera encore à entraver le pouvoir de ce petit groupe qui se prend pour la bande à Louis Napoléon Bonaparte.

"La république, c’est à une voix près" a t-il ajouté comme justification ultime en s'arrangeant avec l'histoire. Et cette phrase devrait amener à réfléchir à ce qui fera à l'avenir la différence entre l'humanité profonde et les systèmes qui entendent la domestiquer de façon extrême. 


Photo extraite de l'entretien du 13 mars 2023 au journal télévisé.

 

 



 

 

 

 

22.3.23

DÉCOCHAGE RÉGIONAL

 

Drôle de mouvement du 22 mars : pendant qu'Élisabeth Burn, Emmanuel Père Nau*, au journal télévisé de 13 heures, parle aux retraités "des territoires", loin de "la foule qui n'a pas de légitimité" et "des meutes qui ne l'emportent pas sur les représentants du peuple". 

* En hindi, nau signifie neuf (le chiffre neuf)

21.3.23

REVOLUTION 9

Et l'on entendit dans l'hémicycle retourné, le souvenir d'une voix entêtante « Number Nine, Number Nine » (comme un numéro de révolution ?) à laquelle répondit l'écho « There ain't no rule for the company freaks! ».

20.3.23

TONE BY TONE
Tony Coe par Tony Hymas

Ah --- 'TC' --- 'Tone' ... much remembered --- a great musician of course ---- a great pal too (back in the day) - fun to be on the road with (a musician's humour par excellence) ---- something of a mentor (good advice) - and , I must speak personally, a huge influence in my life. I first met Tony in Alan Hacker's group Matrix - 1974 (Tristan Fry got me into that) - three clarinets, piano , percussion and soprano Jane Manning . Tony was always an impeccable clarinettist whatever the repertoire (Janacek, Birtwhistle - - - - ? ?) And we got to improvise together. So it was that he asked me to go to Chantenay in 1984 - 'you should meet Jean - this will be important for you' were his prophetic words. And he was right of course. I just listened to trio record we made with Chris (Laurence) for disques nato - beautiful ! And TC's other works - Les Voix d'Ixstassou , Mer de Chine - more - always interesting - and challenging.

Ah yes - Tone --- regrets that we sort of stopped back mid 90s - we spoke once (he called about an injured finger and at the end said - 'ah Tone') ----
Missed - one was always fond of Tone - you couldn't not be.

Tony Hymas March 20, 2023 

Ah --- 'TC' --- 'Tone' ... tant de souvenirs --- un grand musicien bien sûr ---- un grand ami aussi (à l'époque) - amusant d'être sur la route avec lui (l'humour de musicien par excellence) ---- quelque chose comme un mentor (de bons conseils) - et, pour parler personnellement, une énorme influence dans ma vie. J'ai rencontré Tony pour la première fois dans le groupe Matrix d'Alan Hacker - 1974 (Tristan Fry m'a fait entrer dans ce groupe) - trois clarinettes, piano, percussions et la soprano Jane Manning. Tony a toujours été un clarinettiste impeccable, quel que soit le répertoire (Janacek, Birtwhistle - - - ? ?) et nous avons eu l'occasion d'improviser ensemble. C'est ainsi qu'il m'a demandé d'aller à Chantenay en 1984 - "tu devrais rencontrer Jean" - ce sera important pour toi" étaient ses mots prophétiques. Et il avait raison, bien sûr. Je viens d'écouter l'enregistrement du trio que nous avons fait avec Chris (Laurence) pour les disques nato - magnifique ! Et les autres œuvres de TC - Les Voix d'Ixstassou, Mer de Chine - plus encore - toujours intéressantes - et stimulantes.

Ah oui - Tone --- regrets que nous nous soyons en que sorte arrêtés au milieu des années 90 - nous avons parlé une fois (il a appelé pour un doigt blessé et à la fin de la conversation a dit - "
ah Tone") ----
Quel manque - on a toujours aimé Tone - on ne pouvait pas ne pas l'aimer.

Tony Hymas 20 mars 2023

Illustration Pierre Cornuel 

 
 

17.3.23

TONY COE

 Photographies Guy Le Querrec


Les souvenirs sont désordres pourrait-on croire à première pensée tant ils se bousculent d'impressions, d'émotions, d'empreintes et toutes sortes de rires, et pourtant s'organisent si promptement pour la lumière de tout un être. Ça commence par une lecture d'une interview de Jean-Louis Chautemps dans Jazz Magazine où sont cités ces grands saxophonistes peu connus en France ; alors immédiatement on cherche et on entend deux solos dans un disque de Mike Gibbs, un de ténor, un de clarinette. Ça suffit pour savoir en toute allure. Pour se rendre compte qu'il s'agit d'autre chose qu'une descendance coltranienne, que l'enracinement a pour voisinage Paul Gonsalves ou Johnny Hodges et que le champ s'avère ouvert. Et d'écouter tout ce qui vient de big band Clarke Boland, de Kenny Wheeler, de Caravan, de "Panthère rose" d'Henry Mancini, de duo avec Derek Bailey...
 
1981, festival de Chantenay-Villedieu. Appel à Tony Coe pour l'inviter. Dans quelle formation ? "Don't worry!" alors il viendra seul, jouera en solo, duo avec Lol Coxhill et trio en compagnie de Lol et André Jaume et puis sera de toutes les éditions jusqu'en 1988. Celle de 1988 sera même de son fait puisque Chantenay Jazz & Images devait cesser en 1987 après 10 années, quand, ce qu'il est convenu d'appeler le paysage musical était trop bousculé par les engins de chantier culturel. Mais Tony Coe insistait ("It is not possible not to have a Chantenay") et un festival fut organisé de bric et de broc dans une grande joie volontaire. C'était le sens du village, ce village qui doit se faire conformément à l'un des titres de la Girafe de Jacques Thollot. Et puis, nato n'avait qu'un an, il y eut le disque avec un extrait de ce premier concert, une suite de bon copains : Alan Hacker, Robert Cornford, Chris Laurence, deux duos avec John Lindberg à Dunois et le désir d'une pièce en hommage à Debussy, Violeta Ferrer disant, bien sûr, le texte de Lorca à propos du compositeur occupant une si grande place dans l'esprit de Tony Coe. Tiens, Tournée du Chat a les mêmes initiales que le saxophoniste-clarinettiste. Et le chat, c'est bien lui qui sait reconnaître ses congénères. "Un endroit où j'aime jouer, c'est le théâtre Dunois à Paris ! C'est vraiment tout ce qu'un musicien peut souhaiter : un son parfait (on peut jouer acoustique, ce que je préfère), un très bon public attentif sans être austère - il sent jusqu'à quel niveau il peut parler sans gêner - une direction et un personnel sensibles et aimables faisant bon accueil et sachant détendre les musiciens, sans oublier le chat Makoko qui se montre à la fin d'un concert en signe d'approbation, et aussi de nombreuses autres qualités."1

Dunois comme Chantenay seront des lieux d'envol, des lieux d'appui, des lieux de réconfort, de repos et de rigolades souvent photographiés par Guy Le Querrec, Gérard Rouy, Horace ou Jean-Marc Birraux. C'est à Chantenay que se formeront les Melody Four avec Lol Coxhill et Steve Beresford (suite à une prestation dansante avec Yves Rochard, Zeppo de l'affaire), à Chantenay aussi que Tony Coe invitera Tony Hymas dont le nom nous était inconnu "Don't worry, you'll like him". Et ce fut le cas. Et ce fut aussi un second disque Le chat se retourne, avec Alan Hacker, alter ego clarinettiste, crapahuteur de musiques classiques et contemporaines, Paul Rutherford, Steve Beresford, Tony Hymas et Dave Green. Salut discrètement profond à Paul Gonsalves avec qui il grava un disque antan. Et puis d'autres formations, duo avec Stan Tracey, trio avec Tony Oxley, improvisations nocturnes parmi les lampions de Phil Minton, ou cet autre trio de hautes cimes avec Hymas et Chris Laurence qui offrit quelques Sources bleues. Et chemin faisant, les Melody Four allaient bon train. Tony Coe jouait volontiers dans les différentes formations de Steve Beresford y dispensant quelques courts solos que d'avisés critiques diront "exemplaires". Les voyages à Londres aussi. Mais il importait de garder l'esprit de village qui, même si il passait par Berlin, Florence, des Banlieues Bleues sur fond rouge, Lisbonne, Francfort, comprenant arrêt au Café de Chinitas avec Violeta Ferrer, Sylvain Kassap et François Tusques et quelques Banlieues Bleues, pouvait aller jusqu'à celui très universalisant des Voix d'Itxassou, celles de Marianne Faithfull, Ali Farka Touré, Maggie Bell, José Menese, Abed Azrié, Aura Msimang-Lewis, Beñat Achiary, Françoise Fabian ou à nouveau Violeta Ferrer avec qui ce gitan de Canterbury avait déjà enregistré Lorca et joué sur scène. Avec Hymas et Barney Bush, il y eut aussi l'expérience indienne de Remake of the American Dream, à Paris, Bayonne ou Itxassou encore. Cela valut à Tony Coe de la part du poète shawnee le surnom de Maquah (ours) "J'aime bien ce type qui se prend pour un ours". De quoi, évidemment, participer au quartet d'une autre férocité réuni par Tony Hymas, The Lonely Bears. Il y eut aussi, pour ce grand musicien qui détestait l'avion et citait autant Louis Armstrong qu'Alban Berg pour influence, des musiques de films avec Jacques Perrin ou Mehdi Charef, ou de bandes dessinées et tout ce qui permettait de conforter le village. 

En 2011, nous nous retrouvions au nouveau Dunois, avec son compère le pianiste John Horler, pour un concert enregistré (disque non encore sorti - trop de ralentisseurs sur les routes qui partent des villages), puis l'année suivante pour une participation à l'album de Benoit Delbecq Crescendo in Duke. Pupitre de saxophonistes de trois générations aux côtés de Tony Malaby et Antonin-Tri Hoang. 

Les clarinettes et saxophones de Tony Coe avaient aussi côtoyé Stan Getz, Paul McCartney, Peter Brötzmann, Barry Guy, Sarah Vaughan, Humphrey Lyttleton, Norma Winstone, Buck Clayton, Dizzy Gillespie, Al Grey, Benny Bailey, Clark Terry, Bob Moses, Carmen McRae, Ben Webster, John Dankworth, Cleo Laine, Joe Turner, Zoot Sims, Teddy Wilson, Ronnie Scott, Lee Konitz, Jimmy Rushing, Michel Legrand, Vladimir Cosma, Philippe Sarde, Bob Brookmeyer... Lorsqu'il jouait, Tony Coe dessinait une ombre, une ombre de mille personnages, habitants d'un village chargé de lumières qui ne pouvaient être que lui-même. Maquah s'est éteint hier.


1 Jazz Ensuite, "l'Art des Coe", auto interview - numéro 1 octobre 1983

 
Photographies de Guy Le Querrec : 
1 Tony Coe, Chantenay-Villedieu, 27 août 1987
2 Alan Hacker et Tony Coe (de dos Sophie Hacker), Chantenay, 4 septembre1983
3 Tony Coe et Tony Hymas, Chantenay-Villedieu, 14 août 1988
4 The Melody Four (Tony Coe, Steve Beresford, Lol Coxhill), Coutances, mai 1986



49.3 : 100e (suites)

 Il est un proverbe rassembleur d'une très ancienne communauté de cœur et d'esprit - ignorants puis résistants aux ravages occidentaux - dont tous les membres étaient de très alertes cavalières et cavaliers à cheval sur les mots :

"À force de priver les mots de leur sens en les minorant par le ridicule, en les foulant au pied orgueilleusement, en les confisquant cupidement, ils finissent pas se révolter pour retrouver la liberté de leur propre cœur."

16.3.23

49.3 : 100e

 

Pour le 100ème article 49.3 : promotion spéciale avec de vrais morceaux d'autoritarisme, de cupidité, d'imbécillité, d'orgueil hallucinants.

8.3.23

MANIFESTE À SON

 

Le 7 mars 2023 à Paris, une veste jaune avec une pensée (une recommandation ? un dernier conseil amical ? une alerte ?) à faire mieux que méditer... Elle ne touchera évidemment pas les ultras cols blancs (ils aiment bien le terme "ultra") et leurs gardes armés, qui n'écoutent plus rien, mais il serait heureux que les organisations syndicales et partisanes prenant part aux manifestations en tiennent compte pour remplacer leurs abominables sonorisations et leurs playlists irréfléchies se substituant autoritairement aux véritables sons des corps et des désirs.

 

Photo : Z. Ulma

7.3.23

7 MARS 2023

 

L’État est incompétent en matière d’art.” (Gustave Courbet)

 Photo : Z. Ulma

4.3.23

L'APPEAU DE L'OURCQ

Sous le Pont du Canal de l'Ourcq coule la sève ... 

Photo : B. Zon

3.3.23

ZAD SONG

Eh bien voilà que le terme zad est utilisé par la gent politique comme insulte. Bien évidemment aucun de ces paltoquets n'a idée du sens réel de ce néologisme corrompant leur "zone d'aménagement différé" en une commune "zone à défendre". On soulignera simplement que la mise en pratique de la zad a su mettre en échec un désastre écologique, ce que le personnel politique est bien incapable de réaliser.

À voir le film de Keru (musique Ursus Minor et Desdamona) 

1.3.23

LA MONTAGNE DE THOMAS SALVADOR

 

Le cinéma s'angoisse de sa disparition possible, alors certains films (Spielberg, Mendes...) surlignent ses étranges capacités à porter une incomparable beauté que ne saurait remplacer aucune high tech refoulant les êtres vers une stérile domesticité. Mais mieux encore lorsque le cinéma, passant sur son autocélébration en compréhensibles s.o.s., poursuit sa quête originelle, propose un petit quelque chose de neuf, une façon de se resituer dans l'existence, une autre manière de récit dont lui seul détient encore les secrets. La Montagne, deuxième long métrage de Thomas Salvador, offre cette impression. Le film vibre de sa propre instabilité, il cherche sa vérité, sa beauté, en même temps que son interprète, en même temps que nous. Il découvre, nous découvrons et comprenons que comme les roches des montagnes, nos vies ont besoin de fragiles glaciers soudeurs. Il nous pense assez grands, ou assez enfants, pour comprendre que le réchauffement climatique est une infinie catastrophe, sans panoplie d'accents forts, que le corps se pense, que la pensée a un corps et des vérités minérales. Et nul autre que Thomas Salvador ne pouvait interpréter ce que son film inspire de sensibles parallélismes, de vertiges abruptes et distingués, de bras éveillé et d'amour discret ; Louise Bourgoin toute en décidée lumière douce.

Photo © Le Pacte