Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

31.12.11

LES VISAGES DE LUCY PARSONS ET CATHERINE-ISABELLE DUPORT

Comment les visages de Lucy Parsons et de Catherine-Isabelle Duport se sont soudain retrouvés côte à côte ? Comment se sont-ils soudain croisés (vers nous) ? Par le plus grand des hasards, lors d'un tri d'images ?

Lucy Parsons, née esclave en 1853 au Texas, était noire, indienne, mexicaine et anarchiste, après avoir défié le Ku Klux Klan localement, elle rejoignit le mouvement ouvrier à Chicago et se maria avec Albert Parsons (rencontré au Texas), animateur de The Alarm publication libertaire d'influence, l'un des anarchistes exécutés dans l'affaire Haymarket à Chicago. Albert s'écria au moment où on lui passait la corde au cou : "Laissez entendre la voix du peuple !". Lucy porta ensuite loin leur révolte. Elle participa plus tard à la cration de IWW. Pour Lucy Parsons, la défense des pauvres, des ouvriers, des minorités raciales, de l'égalité des sexes ne faisaient qu'une seule et même lutte contre le capitalisme. Celle qui affirmait en 1884 : "Ne voyez vous pas que c'est le système industriel et pas simplement votre patron qu'il faut changer ?", qui était crainte plus que "mille émeutiers" (selon les services de police de Chicago), qui demandait que l'on fasse "la grève pour le devenir de tout son être et non pour une misérable augmentation", est aujourd'hui largement ignorée de l'histoire américaine, même si (et sans doute parce que) elle en fut une infatigable, inusable et essentielle actrice. Demain est l'autre, si près que l'on serre tendrement pour toujours. Le bel appel.

Catherine Isabelle Duport, elle, fut une actrice (de cinéma) remarquable et parfaitement cohérente qui ne joua que dans deux films à peu de temps d'intervalle : Masculin Féminin de Jean-Luc Godard (1966) et Le départ de Jerzy Skolimowski (1967). À quoi bon être dans davantage (de films) lorsque, judicieusement, le point de départ est un point d'arrivée et celui d'arrivée un point de départ, à quoi bon bavarder lorsqu'on a su aussi être à ce point simplement essentielle dans l'œuvre d'un autre, l'instinctive lucidité plutôt que l'usure. La présence simple pour longtemps, la découverte sans fatalité.

Le sort est la magie des circonstances, on voudra ou non la saisir. Le regard révèle les paradoxes, non des yeux en question, mais des êtres qui sont interrogés par ce regard, farouchement interrogés. S'y révèle tout simplement le sens de la beauté sans besoin du plus grand des hasards.

Le 1er mai, origine
Le départ

27.12.11

SAM RIVERS

Gérard Terronès m'avait donné son contact une après-midi où je pensais à lui. J'ai appelé Sam Rivers de suite. Noël Akchoté, avec qui nous parlions beaucoup de tous ces fabricants-fondateurs de l'histoire de nos musiques, Tony Hymas, Paul Rogers et Jacques Thollot complétaient cette première Configuration quelques temps plus tard à La Buissonne près d'Avignon. Quintet, duo, trio et reprise de "Beatrice", standard inventé par Sam, cette fois en compagnie de Noël et Tony, pour sa compagne de toujours. Le présent se configurait aussi avec des souvenirs forts pêle-mêle : le passage éclair solo à Châteauvallon en 1976 (et quel éclair !), l'église des Blancs Manteaux avec Dave Holland et Barry Altschul, l'écoute à tue-tête de Streams (avec Cecil McBee et Norman Connors - Impulse) dans un club vidé de tous les poseurs à l'Alpe d'Huez en 1974, la rencontre avec Shepp dans les arènes de Nîmes en 1979, le passage surprise avec Dizzy Gillespie, les nouvelles des lofts colportées par Bernard Loupias et tout le grand œuvre de Gérard Terronès...

Sam Rivers naquit en 1923 Oklahoma, terre de déportation de noirs et d'indiens. En 1947 il vint à Boston au conservatoire. Très vite de belles rencontres, avec Quincy Jones, Billie Holliday et en 1959 se lia d'amitié avec un môme possédé des tambours, Tony Williams. Tous les deux participeront à l'aventure Blue Note. Alfred Lion, qui souhaitait alors que sa maison de disque soit synonyme de jeunesse raccourcit l'âge de Sam de plusieurs années, ce qui restera longtemps dans bien des dictionnaires. Sam jouera brièvement avec Miles Davis (à la demande de Tony Williams) avec Cecil Taylor... Il signera quelques marqueurs comme Fuschia Swing Song, des emplacements bien nommés sur la carte musicale tels Contours, Crystals, A New Conception avant de devenir, au Rivbea, le phare de toute une génération, celle des fameux lofts où la liberté avait retrouvé ses vertus libératrices.

Sam Rivers jouait avec un son sans pareil la musique de la vie humaine, une musique qui avait vu couler bien des rivières.

Après Configuration, ses improvisations d'un seul mot et quelques concerts avec cette formation (dont certains inoubliables le caveau des Trinitaires en deux soirs uniques), Tony Hymas écrivit la suite Eight Day Journal, objet de confluences, écrin de vents, de peaux et de cordes pour une semaine de huit jours avec Sam en soliste. Londres, Sons d'Hiver à Villejuif, Maubeuge... avec Sam et Tony, Carol Robinson, Sylvain Kassap, François Corneloup, Henry Lowther, Rita Manning, Sonia Slany, Philip Dukes, Sophie Harris, Noël Akchoté, Paul Clarvis et Chris Laurence ... la belle équipe... beaucoup de rires et au moment de se séparer les compliments chaleureux. "Beautiful playing Sam" lança Chris Laurence alors que Sam s'en allait. Sam se retourna d'un beau sourire. À Uzeste Sam et Tony jouèrent en duo. Le duo se perpétua à Orlando, sa ville et fit l'objet d'un film Quatre jours à Occoe de Pascale Ferran qui sut voir là encore un autre âge des possibles.

Chercheur rigoureux, visionnaire inspiré, homme d'action du jazz sensible à ce devenir secret projeté par chaque note, jamais en retard sur la vie, connaisseur sans pareil du chemin des sources qui chantait les lendemains de chaque instant, Sam Rivers, nous a quitté hier, lendemain de Noël. Il avait 88 ans.

Merci Sam

Jean

Biographie de Sam Rivers sur le site nato

Photo extraite du film de Pascale Ferran (Agat Films)

24.12.11

SOLSTICE - OUVERTURE

"L'espérance est la dernière chose qui meurt dans l'homme".
(Diogène de Sinope)

"Si tous les nécessiteux, au lieu d'attendre, prenaient où il y a et par n'importe quel moyen, les satisfaits comprendraient peut-être plus vite qu'il y a danger à vouloir consacrer l'état social actuel, où l'inquiétude est permanente et la vie menacée à chaque instant". (Ravachol)





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Peintures de Jean-Léon Gérôme (1824 - 1924) et John William Waterhouse (1849 - 1917)

22.12.11

MESSAGE URGENT DE NOS AMIS D'INNACOR ET AFRICOLOR
POUR MADY TRAORÉ

Nos amis d'Innacor et Africolor nous adressent ce message qui a besoin d'une réponse urgente * :

Bonjour

Notre ami Mady avec qui nous travaillons à Bamako sur le projet N'DIALE et avec qui le Festival AFRICOLOR travaille depuis plus de dix ans a eu un accident de moto il y a plusieurs mois avec fracture de la hanche. Il vient de passer des radios en profitant de son séjour à Paris et le médecin lui annonce qu’il a été mal soigné et qu’il faut l’opérer. Comme il est de passage, il n’a évidemment pas de sécu et comme il n’a pas eu l’accident ici, nos assurances ne peuvent pas le couvrir.

Nous lançons donc un appel pour savoir si vous connaissez un chirurgien ou un organisme qui serait susceptible de faire quelque chose pour lui car il ne trouvera pas le moyen de se faire soigner à Bamako.

Je l'ai eu au téléphone aujourd'hui, et l'infection se propage, il souffre énormément.

C’est urgent évidemment.

Merci de votre aide si vous avez des pistes à nous suggérer.

Bien à vous

Bertrand Dupont et Philippe Conrath, Hélène Labarrière, Jacky Molard, Janick Martin, Yannick Jory, Michel Caous, Yanna Plougloum, Sylvain Hervé, Sylvain Bouttet et l'équipe d'Africolor, innacor et de la grande boutique.

*INNACOR records
3, Rue des Milad
56630 Langonnet (F)
tél 02 97 23 82 82
contact@innacor.com


Photo : B. Zon

17.12.11

LA BELLE MANIÈRE DE MONSIEUR JORDAN

"La nuit dernière lorsque nous étions jeunes" ne concerne pas Jacques Chirac et autres objets salissants à force, du type prétendants à l'élection précirquentielle, mais seulement ceux et celles dont le souvenir aide à retrouver soupirs et baisers.
"Last night when we were young" est une chanson du fim Metropolitan (1935) signée Harold Arlen et Yip Harburg magnifiquement jouée par le saxophoniste ténor Clifford Jordan dans le disque Spellbound enregistré en 1960 sous la direction artistique de Cannonball Adderley. Spellbound est aussi le titre d'un film d'Alfred Hitchcock de 1945 (avec Gregory Beck et Ingrid Bergman), un des premiers films (sinon le premier) directement en prise avec la psychanalyse. Soit l'exploration du souvenir et ses plaies . Mais Clifford Jordan dans sa version de Spellbound ne souligne pas les blessures de l'enfance, il ne semble s'intéresser qu'aux soupirs et aux baisers évoqués par les mots de Yip Harburg. Le compagnon de Charles Mingus et Max Roach a au moins commis trois disques splendides : celui-ci, Blowing in from Chicago (1957) co-signé avec un autre géant de taille inconnue, John Gilmore, et These Are My Roots: Clifford Jordan plays Leadbelly (1965). Ce dernier fait état, comme l'indique sans ambage le titre, du lien fort - le blues sans soupirs et aux baisers âpres - de Jordan avec le chahuteur de Louisiane, né dans une plantation et qui a passé une partie copieuse de sa vie en tôle. Jacques Chirac, lui, vient de prendre deux ans avec sursis. Ça donne une idée aux prétendants au trône - dont aucun n'est né dans une plantation - du maximum qu'ils encourent. Ça doit les rassurer. C'est compter sans nous et notre goût du printemps. Clifford Jordan savait jouer le printemps. Saison qui ne connaît pas la prison, ni le vieux monde. La nuit dernière peut donc être la prochaine et c'est une bonne nouvelle.

15.12.11

12.12.11

JOYEUX NÖEL


Il est de retour !

Avec deux couvertures, de nouveaux textes, de nouveaux dessins (mais aussi les anciens) de Pierre Cornuel, Pic, Julien Mariolle, Andy Singer
et une apparition du chien Papyrus.
Allez hop ! Voilà qui trouvera sa place dans les chaussons, chaussettes et autres objets à semelles trouvables sous les sapins domestiques le 25 décembre

Joyeux Noël en détails

8.12.11

ILL CHEMISTRY AUX ALLUMÉS DU JAZZ


Après une première lors de l'inauguration qui vit Barre Phillips, Hélène Labarrière, Didier Petit et François Corneloup en mai dernier, et récemment les deux "Apéros Jazz" avec Jean-Luc Capozzo avec Edward Perraud et Dominique Pifarély avec Pierre Beaux, c'était au tour d'Ill Chemistry d'exercer in situ dans la boutique des Allumés du Jazz au Mans. Plus tea time qu'apéro (encore que ...) puisque le rendez-vous fut reporté, pour cause de complexité des moyens de transports modernes, du vendredi 2 décembre à 19h au dimanche 4 à 17h.

C'est d'abord un groupe d'enfants qui se presse et se tasse au plus près des artistes dans le petit et charmant magasin, les adules s'installent dans ce qui reste de places dans la boutique, dans le bureau, et même sur le trottoir malgré la pluie. Desdamona et Carnage the Executioner offrent un set aussi généreux que l'accueil des deux Allumettes, Valérie et Cécile. Des enfants au premier rang, mais oui bien sûr, des enfants en premier chef ! Trait d'union parfait, ressources infinies et pas question d'obstruer l'horizon. Alors "on y va" et très vite on danse, bien évidemment, même quand les mots traduisent tant de blessures et de souffrances, mais aussi d'avertissements simples, de bon vouloir si humain car c'est la tendresse in fine qui reprend ses droits. Révolte et délices nourrissent toutes les imaginations. Chacun fait son miel de tout ce que l'écoute et le regard surprennent et découvrent. On a pas envie de partir et certains spectateurs restent dîner avec le duo des Twin Cities pendant que Carnage dispense ci-et-là quelques rapides leçons de beatbox. Lundi matin, visite du vieux mans et rencontre d'un chat qui semble tout savoir (bien sûr) de cette belle soirée.

Photos : Z. Ulma (sauf Chat dans le Vieux Mans B. Zon)

Le disque d'Ill Chemistry sortira le 30 janvier 2012 et sera distribué par L'Autre Distribution

Ill Chemistry se produira à Sons d'Hiver le 10 février à Villejuif

La boutique des Allumés du Jazz est située au 2 rue de la Galère 72000 Le Mans - Tél 02 43 28 31 30. C'est un endroit formidable. Prochain concert en janvier : Emilie Lesbros.

Ill Chemistry est représenté pour la scène par Neonovo
Photos : B. Zon

6.12.11

LES TERRAINS D'ENTENTE
D'ILL CHEMISTRY ET EMILIE LESBROS

Samedi 3 décembre 2012, Terrain d'Entente !
Terrain d'Entente c'est le nom d'un lieu à Paris près de la Bastille, groupe de studios de répétition essentielles à la vie musicale actuelle, modèle d'intelligence et de créativité contagieuse. On y est loin de la dévitalisation progressive qui s'opère dans un champ que les esprits bureaucratisés (ils se ramassent à la pelle en cette saison) nomment "musiques vivantes" ou encore "musiques actuelles" (par opposition sans doute aux musiques mortes, futures ou bien passées, l'on se demande bien, à moins de maîtriser la faille temporelle, par quel tour de passe-passe digne de la série Au coeur du temps, on arrive à les jouer).
Terrain d'Entente, ce jour-là c'est aussi la complicité d'un soir de deux maisons de disques, Full Rhizome et nato (toutes deux membres des Allumés du Jazz), qui ont choisi simplement de présenter ensemble des voix qui importent : Emilie Lesbros qui a sorti son disque solo Attraction Terrestre (appelle plus à la compagnie qu'à la solitude) et Ill Chemistry, duo des Twin Cities composé de Desdamona et Carnage the Executioner, qui sortira son album le 30 janvier prochain.
Entente encore, affection aussi avec le public composé de jeunes gens d'Aubervilliers doués d'une perspicacité étonnante, de curieux splendides (la curiosité est aujourd'hui forcément splendide) de gens de la profession, ou plutôt du métier - à tisser - (les plus amateurs sans doute, ceux qui dansent dans leur corps et dans leur tête en même temps), de quelques plumes, d'enfants de tous âges et d'autres compagnes et compagnons de route.
Entente en tout, et tout en Entente, en voix, en différences, en perspectives, en couleurs, Emilie Lesbros termine son set par "Ça branle dans le manche" - "quand tous les pauvres s'y mettront"- tout en évoquant le frémissement mondial de ceux et celles qui ci-et-là, actuels et vivants, tentent les graines d'un autre futur. Elle passe le relais à Ill Chemistry pour qui c'est une première sur le vieux continent. Un souffle clair et dense pour le monde souhaité : se hisser au-delà de la douleur par secousses, sourires ou complicité stimulée. Cœurs de vies ! Les nôtres qui ne tiennent qu'à un fil : celui de l'Entente. Ce fut dit et bien dit ce samedi 3 décembre 2012 à Paris, France, près de la Bastille.

Un grand merci à Thierry, Jean-François, Martin, Claire et toute l'équipe de Terrain d'Entente- Campus

Ill Chemistry se produira à Sons d'Hiver le 10 février à Villejuif
Photos : B. Zon

4.12.11

ILL CHEMISTRY CET APRÈS-MIDI À LA BOUTIQUE DES ALLUMÉS DU JAZZ AU MANS

17h : boutique des Allumés du Jazz. 2 rue de la Galère. 72000 Le Mans

Ça ne se manque pas !

Site des Allumés du Jazz

Photo B. Zon (Ill Chemistry hier soir à Terrain d'Entente)

2.12.11

EMILIE LESBROS, ILL CHEMISTRY (CARNAGE ET DESDAMONA)
SAMEDI 3 DÉCEMBRE
TERRAIN D'ENTENTE CAMPUS

Le fond de l'air est aux parolesDesdamona et Emilie Lesbros se sont rencontrées à l'issue du concert parisien d'Ursus Minor le 24 novembre dernier. Elles se retrouveront demain soir à Terrain d'Entente Campus... nom de salle parfait pour cette soirée présentée par Full Rhizome et nato, deux maisons de disques (membres des Allumés du Jazz) avec leurs artistes en voix et des voix qui signifient autre chose que celles qu'on glisse dans l'urne de l'oubli. Il est temps de reprendre et de se reprendre, ne croyez-vous pas ?

Emilie Lesbros se produira en solo (son disque Attraction terrestre est un des bijoux de l'année) et Desdamona sera avec Ill Chemistry pour la première fois sur le vieux continent. Le duo complété par le beatboxer Carnage the Executioner est un des fleurons du hip hop de Minneapolis. Leur disque Ill Chemistry sortira le 30 janvier un peu avant leur concert de Sons d'Hiver le 10 février.

Quelque chose se meut... on entend des voix... on y va !

(et en plus c'est gratos)

Ill Chemistry (Ill Chemistry) et Emilie Lesbros (Attraction terrestre) sont et seront distribués par l'Autre Distribution


Terrain d'Entente Campus 12bis rue Froment. 75011 Paris - 21h Entrée LIBRE. Métro Bréguet Sabin

contact : christelle.raffaelli@natomusic.fr

Photos : B. Zon (Desdamona et Emilie Lesbros) - Julian Murray (Carnage)

LE CYGNE ET L'ARAIGNÉE
FABLE EXPRESS


Photos : B. Zon