Comment les visages de Lucy Parsons et de Catherine-Isabelle Duport se sont soudain retrouvés côte à côte ? Comment se sont-ils soudain croisés (vers nous) ? Par le plus grand des hasards, lors d'un tri d'images ?
Lucy Parsons, née esclave en 1853 au Texas, était noire, indienne, mexicaine et anarchiste, après avoir défié le Ku Klux Klan localement, elle rejoignit le mouvement ouvrier à Chicago et se maria avec Albert Parsons (rencontré au Texas), animateur de The Alarm publication libertaire d'influence, l'un des anarchistes exécutés dans l'affaire Haymarket à Chicago. Albert s'écria au moment où on lui passait la corde au cou : "Laissez entendre la voix du peuple !". Lucy porta ensuite loin leur révolte. Elle participa plus tard à la cration de IWW. Pour Lucy Parsons, la défense des pauvres, des ouvriers, des minorités raciales, de l'égalité des sexes ne faisaient qu'une seule et même lutte contre le capitalisme. Celle qui affirmait en 1884 : "Ne voyez vous pas que c'est le système industriel et pas simplement votre patron qu'il faut changer ?", qui était crainte plus que "mille émeutiers" (selon les services de police de Chicago), qui demandait que l'on fasse "la grève pour le devenir de tout son être et non pour une misérable augmentation", est aujourd'hui largement ignorée de l'histoire américaine, même si (et sans doute parce que) elle en fut une infatigable, inusable et essentielle actrice. Demain est l'autre, si près que l'on serre tendrement pour toujours. Le bel appel.
Catherine Isabelle Duport, elle, fut une actrice (de cinéma) remarquable et parfaitement cohérente qui ne joua que dans deux films à peu de temps d'intervalle : Masculin Féminin de Jean-Luc Godard (1966) et Le départ de Jerzy Skolimowski (1967). À quoi bon être dans davantage (de films) lorsque, judicieusement, le point de départ est un point d'arrivée et celui d'arrivée un point de départ, à quoi bon bavarder lorsqu'on a su aussi être à ce point simplement essentielle dans l'œuvre d'un autre, l'instinctive lucidité plutôt que l'usure. La présence simple pour longtemps, la découverte sans fatalité.
Le sort est la magie des circonstances, on voudra ou non la saisir. Le regard révèle les paradoxes, non des yeux en question, mais des êtres qui sont interrogés par ce regard, farouchement interrogés. S'y révèle tout simplement le sens de la beauté sans besoin du plus grand des hasards.
Le 1er mai, origine
Le départ
3 commentaires:
On la voit aussi dans LA PEAU DOUCE de Truffaut.
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