Dolo Music, c'était l'autre nom de la Boutique du Jazz rue Clotaire dans la seconde partie des années 70 (espace qui quelques années plus tôt fut celui du Futura de Gérard Terronès) jusqu'aux débuts d'une décennie qui vit encore d'autres changements du jazz. Dolo Music s'appelait Dolo Music simplement parce qu'elle était tenue par Dolores Cante, une femme de grande générosité et de belle amitié. Impossible d'être à Dolo Music en client anonyme. Certains de mes premiers pas, je les ai faits là. C'est là que j'ai compris - comme par magie simple - que je pourrais aussi réaliser des disques en rencontrant Jean-Jacques Pussiau, un familier du lieu, qui commençait l'aventure Owl, là aussi que j'ai rencontré Jac Berrocal qui venait y déposer son album Parallèles tout frais sorti et demander quelques conseils (Dolo appelait de suite Daniel Richard pour que Berrocal puisse aussi être sur les Champs Elysées). J'en étais le premier acheteur et éprouvais un sentiment de proximité inédit. Là encore que Michel Portal a écouté Soprano Solos d'Evan Parker en faisant toutes sortes de grimaces et de sourires. L'inaccessible devenait si proche. Beaucoup de musiciens passaient. Le samedi, on restait des heures chez Dolo et on faisait la fermeture en repartant avec des disques de toutes provenances, des classiques obligatoires de Mingus (qu'elle adorait) ou d'Ornette autant que des trucs que pas grand monde n'avait entendu. Ça pouvait être Guido Mazzon ou Terumasa Hino, Helen Merrill avec Gary Peacock ou John Stevens, Raymond Boni ou Kent Carter, Eugene Chadbourne ou Hans Reichel. Des revues aussi. Dolo connaissait tous ses clients, tous des habitués sans habitudes, tous des copains parés pour l'aventure, elle nous mettait des trucs de côté, de très bons côtés. Un jour de printemps 1981, j'apportais à Dolo mes premiers disques enregistrés l'année précédente avec ce même sentiment d'inédit. Une petite odyssée. Lorsque la boutique ferma, elle inventa, avec Patrick son compagnon, d'autres aventures toujours amicales, toujours généreuses. Aujourd'hui 27 février, la musique de Dolo s'est tue dans l'après-midi. J'ai tant appris grâce à elle.Jean










