Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

16.6.10

BILL DIXON EN 1976






























Bill Dixon avait offert une étonnante série au musée Galliera lors du festival d'Automne 1976 en trio avec le contrebassiste Alan Silva et le saxophoniste Stephen Horenstein. Les concerts avaient la durée courte d'un éclat, ce qui avait indisposé certains spectateurs, qui n'ayant pas de temps à perdre, réclamaient remboursement. La leçon était de taille regardant deux éléments avec lesquelles on ne fait pas de la purée : le temps (relatif) et la réalité (relative). Le silence peut créer du désordre, c'est magnifique. Beaucoup à apprendre de cette série sans spectacle au Musée, beaucoup à apprendre sur l'intensité, celle de ce temps impalpable, ce temps de fait, ce fait qu'il n'est pas de temps standard (comme l'assènent ces zigotos - en étriqué costume d'assureur contre l'ennui - qui pensent rationaliser on ne sait quoi - leur propre absence ? - en vous donnant la longueur exacte que doit faire un phonogramme dans tous les cas de figure, comme si la musique pouvait être figurée). Bill Dixon n'avait pas offert un concert par soir, mais une suite de plusieurs jours, plusieurs années, plusieurs siècles, qui prenait le pouls du temps ou bien celui d'un mouvement indiquant le sens opposé de la vanité.

Bill Dixon, homme de son temps, est parti aujourd'hui.



Image : Enregistrements de 10 à 15 ans précédant ces concerts


2 commentaires:

jjbirge a dit…

Le mois dernier, nous avons assisté à son dernier concert au Festival de Victoriaville. La musique prenait son temps, étirée comme un élastique que l'on essaye d'attacher à deux extrémités un peu trop éloignées. J'ai plané, je crois que j'ai un peu dormi, il était tard, j'étais très fatigué, c'était très agréable. Le jazz de Bill Dixon était celui d'un véritable compositeur, une musique contemporaine interprétée par des musiciens dévoués et admiratifs. Il a tout dirigé dos au public, à bout de force, au bout de la musique, il a tendu le bras une dernière fois et puis l'élastique a claqué.

Wako a dit…

Bright moments (Roland Kirk)