Un panneau publicitaire vantant les mérites d'un grand magasin dans le métro parisien nous interpelle : "Mettez vous en scène ... le théâtre de la beauté".Lundi après midi, station de métro Crimée, quelqu'un s'est suicidé en se jetant sous le métro. La station est évacuée puis fermée. Une femme panique puis demande des excuses comme pour chercher de l'air, des lycéens plaisantent, ça choque, on ne peut leur en vouloir, quelques uns qui n'ont pas compris pestent contre les retards et les fonctionnaires, les autres sont ailleurs, absents grâce aux "bienfaits" du MP3 ; la musique pour ne pas voir la mort, mais pas du bon côté. C'est très flippant ! Tout ça est flippant !
Les empereur, ministres, conseillers spéciaux, impératrice, Fmistes, top-models, bête en cour, prétendants, généraux, magnats ne connaissent ni le prix du pain ni celui du ticket de métro. Impossible donc pour eux de pénétrer dans les coulisses de ce tordu théâtre de la beauté où pour échapper à leur mise en scène, des humains (très nombreux), privés de toute offre, quand les mots les plus simples n'ont plus de résonance, ne peuvent plus que se tuer.
Photo : B. Zon
3 commentaires:
le désarroi le plus total face à des situations douloureuses les plus banales possibles, pas de drame mais du quotidien, tellement simples, ces problèmes, ils ne méritent pas qu'on en parle. Plus de fric, plus de boulot donc pas de reconnaissance sociale, le mec ou la nana qui se barre, les enfants qui n'ont pas ce que d'autres ont à foison, l'angoisse de l'huissier, des courriers de relance de factures... et la honte. et pourquoi? pourquoi ne dit on pas publiquement chez le bouchers : je ne peux pas acheter de steack , plus de viande, trop cher, j'ai pas de quoi payer? il n'y a que l'art pour en parler, le théâtre, le musique, les arts plastiques, le cinéma, la littérature... une arme contre le silence. pas pour faire joli, pas pour faire peur, pour dire. merci les artistes.
En effet, on parle si peu des suicides dans notre pays. On a beau jeu d'invoquer la violence à tous bouts de champs, mais de taire celle-ci, tragique et bien parlante. D'après les chiffres, 160 000 personnes attentent à leurs propres jours et 11 000 en meurent. Ces hurlements restent sourds, ça ne fait partie d'aucun programme de campagne électorale, mais vous me direz les SDF non plus et la culture pas davantage.
Votre texte "illustratif" de la désolation constatée me soutient par les points communs que nous avons de dénonciation et de chagrin. Merci pour cet article.
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