Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

8.11.09

POUR UN MONDE SANS PRISONS




Le peuple de Londres lors du soulèvement de 1780 s'en était pris à la prison de New Gate. En 1789 c'est la prison de la Bastille qui fut démolie lors du premier geste de la révolution française. En 2009, la prison, loin de représenter un mode de réinsertion, loin de "dédommager" la société d'actes supposés coupables, reste une abjecte infamie. L'actualité récente y suffira n'est-ce pas ?

Le Comité pour la prévention de la torture (CPT) vient de produire, par exemple, pour ses 20 ans d’existence, un rapport effrayant sur les conditions de détention dans toute l'Europe.

Ce dimanche après-midi, s'étaient donnés rendez-vous à l'invitation de l'Arppi (Association pour le respect des proches de personnes incarcerees), Place de la Bastille (justement), tout ceux qui ne voient dans ce système qu'une forme d'injustice souvent violente, inhumaine et dégradante s'ajoutant à d'autres injustices. Ils rejoignaient ici les familles meurtries par l'absence, l'humiliation et la violence du système carcéral. On n'y rencontrait pas les progressistes de salon, fiers que "la gauche ait au moins aboli la peine de mort" oubliant que cette abolition eut pour conséquence l'allongement des peines et que très souvent une peine de prison est bien une peine de mort, ni les bobos (le mot est finalement assez seyant) qui se gargarisent par exemple de l'insupportable film du mauvais prophète Jacques Audiard idéalisant de façon perverse en quelque sorte la saleté d'un monde condamné (c'est si pratique) à rester ce qu'il est et dont personne ne s'évade, on y rencontrait aucune gauche (même auto-qualifiée d'anticapitaliste) en décomposition de ses soyeux pets. Un dispositif policier des plus impressionnants et à la disproportion toute "moderne" entourait la manifestation (la mettant en valeur ?) et les journalistes étaient venus nombreux (en quête de quelque débordement "autonome"?).

"Quoi d'étonnant si la prison ressemble aux usines, aux écoles, aux casernes, aux hôpitaux, qui tous ressemblent aux prisons ?" (Michel Foucault)

Il n'y aura aucune évolution possible de la société sans abolition du système carcéral - celle-ci dénuée d'angélisme et au contraire en pleine responsabilité de ce qui lie les êtres, tous les êtres et de toutes les façons -. Cette évidence fut bien évoquée cet après-midi. Nous ne vivons pas dans des mondes séparés. Au moment de la dispersion, une femme tout droit sortie de la Commune chanta "La semaine sanglante" entraînant la reprise du refrain par de nombreuses jeunes personnes plus habituées au hip hop non aligné (du groupe Singes de Rue par exemple qui accompagna la manif).

"Oui mais !
Ça branle dans le manche,
Les mauvais jours finiront.
Et gare ! à la revanche
Quand tous les pauvres s’y mettront.
"

Une bonne idée de la marche à suivre.


À consulter :Arppi











Chacun est un début



1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pourquoi est-il si difficile de parler de tout ça simplement ? J'y ai passé du temps et le temps m'a passé.