Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

3.5.11

NOM DE CODE "GERONIMO",
UNE HISTOIRE AMÉRICAINE

Geronimo, dont le véritable nom apache était Goyahkla, fut un grand résistant. Il n'était pas chef, mais homme-médecine des Bedonkohes, un clan de la tribu des Chiricahuas. D'influence forte, il deviendra vite responsable de la tribu aux côtés de Naiche, fils de Cochise. En 1858, sa mère, sa femme Alope et ses trois enfants sont assassinés par l'armée mexicaine. Il en demeura meurtri à vie. Cet événement décide son entrée en résistance active. Il multiplie les raids au Mexique. Le 30 septembre, jour de la St Jérôme, les Mexicains implore le Saint en question, lors d'un raid de Goyahkla. Celui-ci les entend crier "Geronimo ! Geronimo !" C'est alors que ce deuxième nom est adopté. Les Mexicains tuent sa seconde épouse. En 1862, c'est la bataille d'Apache Pass contre le régiment US du général James H. Carleton. Geronimo est aux côtés de Cochise et de Mangas Coloradas, le vieux chef apache qui avait réussi l'unité. Geronimo le sauve alors qu'il est sévèrement blessé. Mais en 1863, Mangas Coloradas épuisé demande à signer un traité de paix, il se rend à Fort McLane à cette fin. Le brigadier général Joseph Rodman West lui promet sa protection. L'Apache arrive au fort avec un drapeau blanc. Mais le militaire a donné d'autres instructions à ses soldats : "Messieurs, ce vieux criminel nous a échappé pendant des années. Il a laissé derrière lui une trainée de sang de 700 km. Je le veux mort ou vif demain, vous comprenez ? Je le veux mort." Mangas Coloradas est torturé puis assassiné. Cet épisode déclenchera la colère de Geronimo qui multipliera d'autant les raids contre les armées et colons mexicains et américains. Alors que Cochise signe un traité garantissant leur terre aux Apaches, ceux-ci sont déportés dans le désert de San Carlos. Geronimo et Naiche s'évadent et reprennent les actions. Geronimo sera arrêté plusieurs fois et s'échappera toujours. Le général Crook, "héros" de la guerre de Sécession, s'occupe personnellement du cas Geronimo. Dès lors ce sera une longue traque dans les montagnes mexicaines, en Arizona et au Nouveau Mexique. La mobilité (plus souvent à pied qu'à cheval) et la ruse de l'Indien impressionnent. Crook, jugé trop "aimable", démissionne et est remplacé par le général Nelson Miles, ancien compagnon de Custer, pourchasseur d'indiens invétéré, qui a le vent en poupe à Washington. 5000 soldats américains et 3000 soldats mexicains font la chasse aux Chiricahuas des deux côtés de la frontière. Miles fait déporter les Apaches paisibles de la réserve de San Carlos en Floride pour affaiblir encore Geronimo. Les officiers militaires les plus réputés sont sur le coup. Mais le maître de la guérilla n'en peut plus de fatigue et le 4 septembre 1886, se rend (pour la quatrième fois, dira-t-il) avec 16 guerriers, 12 femmes et 6 enfants. Le général Howard se vantera d'avoir arrêté un dangereux bandit alors que le général Stanley certifie que Geronimo s'est constitué prisonnier de guerre contre la garantie d'une prise en charge sociale, humanitaire et éducative des différentes communautés apaches par le gouvernement américain.

Geronimo sera déporté avec son groupe à Fort Pickens en Floride où nombre de ses camarades vont mourir (l'acclimatation s'avère rude). Il se convertit au christianisme et semble en apparence adopter pour cette fin de vie le chemin de l'homme blanc (Exposition universelle de 1904 à St Louis, parade d'inauguration de Theodore Roosevelt en 1905...). Pourtant il dit jusqu'à la fin regretter sa reddition. Il meurt d'une pneumonie en 1906 à Fort Sill en Oklahoma (autre territoire de déportation). Son souhait d'être enterré près de la rivière Gila ne sera pas respecté.

La tombe de Geronimo au cimetière du camp militaire Fort Sill aurait été profanée en 1918 par un groupe d'étudiants dont aurait fait partie Prescott Bush, futur co-directeur de l'Union Bank qui fit fortune en commerçant avec l'Allemagne nazie et père et grand père de deux présidents des Etats-Unis : George H Bush et George W. Bush.

...XXIème siècle
Le nom de Geronimo a été attribué par l'armée américaine, comme code, à Oussama Ben Laden et l'opération visant à le tuer. Geronimo n'avait rien d'une créature américaine. Et si God bless America reste d'actualité pour les dirigeants de Washington, la guerre de Geronimo n'avait rien de religieux, il se battait le plus simplement du monde pour les droits et le salut de son peuple et au-delà pour la dignité humaine, le sentiment le plus éloigné de toute réalité coloniale. Rien en commun avec le fondateur d'Al Qaeda donc, mais la simplification hollywoodienne, celle qui a généré tant de haine, de bêtise et de racisme, ne s'encombre pas de détails. Elle aime jouer aux cow boys et aux Indiens (la solution militaire contre la pauvreté) pour tromper ses propres crimes et se rire de sa propre tragédie.

"Nous avons Geronimo !" commente Léon E. Panetta, chef de la CIA au petit ensemble présent autour du président Obama (successeur et héritier de George W. Bush) lors de l'élimination d'Oussama Ben Laden le 1er mai 2011. Puis s'affiche le message "Geronimo EKIA" (Enemy killed in action). Barack Obama confirme "On l'a eu".

L'histoire ne dit pas si le fantôme de Joseph Rodman West était dans la place. La mémoire a les sombres limites d'un jeu vidéo.


À lire : Mémoires de Geronimo (transcrites par SM Barrett) La découverte

2 commentaires:

Anonyme a dit…

"mitakuye oyasin" mais pas avec bush!:-)

pascal

Jim a dit…

Here is a link about that new insult in Indian Country :Bin Laden Code-name “Geronimo” Is a Bomb in Indian Country

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/ict_sbc/bin-laden-code-name-%E2%80%9Cgeronimo%E2%80%9D-is-a-bomb-in-indian-country/