Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

25.7.14

TONY HYMAS: MÉMOIRES DE MER

Si d'aventure vous n'étiez pas à Douarnenez ce week-end (tout est possible), vous pouvez tout de même vous procurer le disque "Mémoires de mer" de Tony Hymas sur le site de Temps Fête. Dans cette édition spéciale seulement disponible à Douarnenez, Hymas joue Debussy, Kurt Weill, Britten, Brel, Ferré, Grainger, Chopin, Hymas...
On peut commander Ici

21.7.14

RETOUR SUR LES 5 ET 6 JUILLET
À NOTRE-DAME-DES-LANDES
NOTES À PARTIR DE TROIS IMAGES (ENVIRON)
DE VAL K

ON LÈVE LE POING

Il a plu le samedi, rappel essentiel que Notre-Dame-des-Landes est un territoire d'eau et de boue. Un territoire debout ! Et dimanche, le soleil se montrait, miroir des eaux, mémoire des eaux clémentes, mais averties. À Sylvain GirO revenait la responsabilité - la sensibilité - de donner dès 14h le ton à la journée du dimanche. L'auteur de Notre-Dame des Oiseaux de Fer est sur scène à deux pas de chez lui (en lisière de la ZAD) avec un groupe éblouissant de fine cohésion et d'intelligence décisive : Julien Padovani (claviers), Erwan Martinerie (violoncelle) et Jean-Marie Nivaigne (batterie). Avec ses compagnons, Sylvain GirO chante, en forces rassemblées, des textes vécus de la pointe d'un regard perçant le tout entier du paysage, la partie la plus dense, l'ici et le là-bas. Ce groupe pétri de palpitantes lignes de basse incarnant le bouger des choses, partage l'expérience d'un grand poème vif. Les uns et les autres convergent, à l'écoute appliquée, doucement saisis. La nuit largement entamée, lors d'un survolté  Notre-Dame des Oiseaux de Fer avec Hamon Martin et Tony Hymas, rejoints par Sylvain GirO, il tendra le poing, geste salutaire et résumé énergétique et humain d'un avertissement si bien résumé par René Char : "L'éternité n'est guère plus longue que la vie*" La photo a quelque chose d'un 36 espagnol. Nous sommes ICI.

* René Char Les Feuillets d'Hypnos

ON EXPRIME

Alors qu'en milieu d'après-midi du dimanche arrive sur scène entre deux chansons des Têtes Raides, une petite troupe déployant efficacement une banderole. Une spectactrice paraissant être venue pour se rincer les oreilles gratos avec les Têtes Raides (mais on verra que c'est jugé un peu vite) maugrée alors : "encore les intermittents !" Non madame, simplement une prise de parole nécessaire pour les inculpés suite à la manifestation du 22 février à Nantes et aux manières scandaleuses et manipulatrices de l'État qui tend de plus en plus à criminaliser toute forme contestation (sauf celle qui fait figuration). L'avant-veille à la radio, en direct d'Avignon, on séparait les bons intermittents (lire : ceux qui ont des problèmes, mais qui ne gêneront pas les "usagers"),  des méchants intermittents (les perturbateurs) pointés comme "étrangers". À Notre-Dame-des-Landes, techniciens et artistes titulaires du régime de l'intermittence affichent leur solidarité tous azimuts. L'intervention invitant à un soutien actif lors des procès iniques des jours à venir se termine par un "que la fête continue". Les Têtes Raides reprennent (ils accompagnèrent doucement - solidairement - l'intervention en musique). La dame eut l'air attentive. On a toujours raison de s'exprimer.

ON EMBRASSE ET ON DANSE

Notre-Dame-des-Landes reste l'endroit de l'inimaginable même avec ses doutes, ses errances, ses contradictions, ses contrariétés et parfois même grâce à ceux-ci, ici mis à nu quand ailleurs s'abat un sinistre et obligatoire déguisement. Au terme de ces deux journées, minuit bien passé, Hamon Martin et leur invité Tony Hymas jouent conte, jouent joue, jouent vérité. C'est infiniment amical, plein d'histoire, de désir et de demains. On s'embrasse et on danse comme pour fêter une nouvelle année à longueur de vie. Les danseurs remplaçant l'Hôtel de Ville, le baiser devient le signe senti de la marche possible de l'univers.



Les photographies de Val K du Collectif Bon Pied bon Œil

18.7.14

LES REGARDS DE JOHNNY WINTER
ET BOB DYLAN VERS MUDDY WATERS


À la mort de Johnny Winter a été publié (sans crédit photographique) cette photo de Paul Natkin avec une erreur de légende manifeste, puisque Bob Margolin y devenait Bob Dylan. Et dans l'émotion (ou la précipitation numérique sans lunettes qui demande toujours de nouveaux soins), nous avons interprété (merci à l'anonyme qui l'a signalé). Plutôt que d'effacer l'erreur, nous laissons le texte avec cette méprise qui n'occulte pas néanmoins ce qu'il voulait dire et son objet principal (et parce qu'il est instructif de se tromper). Mais saluons Bob Margolin qui joue aussi dans
Hard Again, compagnon fidèle de Muddy Waters. Dylan et Margolin figurent tous les deux dans The last waltz (concert de The Band filmé par Martin Scorcese), mais pas ensemble.

La différence de regard de Bob Dylan et de Johnny Winter vers Muddy Waters sur cette photographie est certainement assez caractéristique de la puissance intrigante du blues et sa pénétration par méandres dans la musique populaire du XXème siècle. Bob Dylan semble, avec une certaine appréhension, saisir la force poétique du blues et sa fuite en même temps. Johnny Winter (associé au très beau Hard Again du vieux bluesman publié en 1977) n'affiche aucune ambiguïté dans la perspective, il est dans son élément, dans une présence non cherchée, comme naturellement léguée. Dylan et Winter ont chacun à leur manière, transmis l'intensité du blues et l'intériorité de son temps propre.

Johnny Winter est mort en tournée à Zürich le 16 juillet après avoir donné un dernier concert au Cahors Blues Festival le 14 juillet. Il y a quelque jours, le 11, c'était Charlie Haden. Le futur ? On va finir par être dedans. Blues !

Photo transmise par Larry Ellis dans Pinterest