Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

28.5.21

PEEWEE!
NOUVELLE AVENTURE

 

Le calendrier a ses jours heureux, les jours des frites, des freaks et des bons films, jours sans flics. Le vendredi est devenu le jour de sortie des disques, le moment où ils quittent leurs cachettes, leurs terriers, leurs planques, leurs nids. Ce 28 mai est un jour spécial. Oui, on a beau se méfier des préfixes abusifs "réinventer" et tous ces mandats du vide, aujourd'hui est bien le jour d'une renaissance, celle de PeeWee!, mieux qu'un label, une véritable maison de disques (l'habitation qui suit la cachette). PeeWee! s'était manifestement illustré lors de la dernière décennie du siècle précédent avec des réalisations sensibles, soignées : Emmanuel Bex, Hubert Dupont, Tania Maria, Phil Reptil, Francis Bebey, Pedro Bacán. Des disques qui comptent comme on dit ! (ou comme on ne dit pas assez). Des albums excellemment enregistrés et produits par Vincent Mahey, souffle avec son compère François Yvernat, de cette décennie PeeWee-esque. Et puis le nouveau siècle est arrivé avec ses masques et ses affres. Le duo Mahey-Yvernat a, son et âme, travaillé pour les autres, dans son studio, Sextan, et sur scène. PeeWee! continuait sa sieste.

Alors la grande pause est arrivée, heure aussi de déboucler les grands désirs. En compagnie de Virginie Crouail et Simon Goubert, s’est agitée pour les deux compères l'idée d'une new PeeWee! adventure. À la bonne heure ! La production indépendante n'est pas un vain mot. Eh bien aujourd'hui paraissent les trois premiers albums de cette renaissance - mot certifié exact. Trois perles :

- Sophia Domancich Le grand jour

- Zarboth Grand Barnum All Bloom

- et la bichonnée réédition de Dibiye de Francis Bebey (quel plaisir de retrouver cet album augmenté d'un si attachant entretien et autres textes à la mesure déterminante de ce grand musicien camerounais disparu).

Albums superlatifs, réalisés hors des terres anonymes, dans celles fertiles de l'humanité où la musique compte mieux que comme pas de côté. PeeWee! ouvre son conte.

Une ouverture sur trois fronts et cette fois, il y a mieux qu'une décennie avant de passer au prochain siècle. Longue vie à PeeWee! Vive les disques, vive les vendredi.

24.5.21

ARTAUD, RIMBAUD, PAUVROS, BERROCAL, RIVERDOG, RAYON, KERR

Arthur Rimbaud, Antonin Artaud, font mieux que rimer, ils devinent le monde, en saisissent les incarnations, l'esprit, le soulèvement, la résignation impossible. Leur parole est une écoute profonde de tous sens. Chacun d'eux est dit, chanté, joué en urgence nécessaire, dans les deux albums : À tort et au travers de Jean-François Pauvros avec Antonin Rayon et Mark Kerr et Fallen Chrome de Jac Berrocal & Riverdog. Les compléments d'objets sont directs. 
 
Photos : Étienne Carjat, Margaux Rodrigues, B. Zon, couvertures Zou, Nathalie Ferlut, Marianne T

16.5.21

LE 16 MAI 1871

 

Le 16 mai 1871, il y a donc 150 ans, les Communards de Paris avaient imaginé et réalisé une façon réaliste de "célébrer" le génie napoléonien. L'événement fut photographié par Bruno Braquehais. La colonne Vendôme fut reconstruite en 1873 comme une autoritaire insulte à toutes les aspirations fraternelles. Aujourd'hui Mac Mahon rime avec ...... (président de la république en six lettres).

14.5.21

ROBERT G. KOESTER

 

À l'heure où les institutions montrent des signes d'impatience d'éviction des producteurs de musique enregistrée indépendants (une équation se réduisant à : dictature technologique, État, institutions décideuses, GAFAM et associés uberisants, qui oblitérerait les esprits de compagnonnage, d'aventures pour les réduire à de simples dossiers à "gérer"), il est bon que l'on se souvienne de ces commensaux que furent et sont les producteurs indépendants prêts à un bon bout de route avec musiciens et musiciennes. 
 
Robert G. Koester par exemple, extraordinaire disquaire (autre acteur primordial du développement humain de la musique) et producteur indépendant de l'étiquette Delmar en 1953, enregistrant et documentant (terme qu'il affectionnait) avec soin des bluesmen (Big Joe Williams) et figures de New Orleans (George Lewis). Installé à Chicago en 1958, Delmar deviendra Delmark (question de copyright) et Koester - même si "méfiant" de l'avant-garde - y ouvrira ses micros attentifs à la jeune génération en train de faire sa révolution, soit Roscoe Mitchell, Joseph Jarman, Anthony Braxton, Muhal Richard Abrams, Maurice McIntyre. Delmark, pierre angulaire du "nouveau jazz" envisagé comme complément nécessaire de ces grandes musiques noires abattant les frontières. Ce qui ne l'empêchera donc nullement de poursuivre sa passion du blues avec Junior Wells, T-Bone Walker ou Magic Sam, de piquer des pointes avec Earl Hines, Barney Bigard, Ira Sullivan ou Yuseef Lateef ou soigner quelques perles saturniennes de Sun Ra (le catalogue Delmark compte près de 350 références). Robert G. Koester, pour qui le streaming "is killing us" demeura disquaire au long de toute une vie qui vient de s'achever ce 12 mai 2021. On aimerait d'autres événements beaucoup moins tristes pour spécifier la capitale implication des ouvreurs de musiques. 
 
Photo : Psychedelic Baby Magazine

13.5.21

SENS ET SAURIENS

Les 16 et 17 septembre 1978, Jac Berrocal (alors Jacques) organisait avec ses amis Sens Music Meeting (qui connut trois éditions) dans sa ville de Sens. Véritable manifeste de la musique improvisée : on y entendait entre autres : Irène Schweizer, Rüdiger Carl, Hans Reichel, Fred Van Hove, Michel Portal, Vinko Globokar, Tamia, Claude Parle, Richard Marachin, Jean-François Pauvros, Didier Malherbe, John Tchicai, Gaby Bizien, Barry Guy, Un Drame Musical Instantané, Fred Van Hove, Günter Christmann, Jac(ques) Berrocal, (enregistrés par André Francis pour Radio France). Sens doit en vibrer encore. En tous les cas, l'émission "La Nuit des Sauriens", animée par l'infatigable Patrick Pincot depuis 1985 sur la radio de Sens (Radio Stolliahc 90.1 FM) en porte l'héritage. Sur ses ondes, ces jours-ci Fallen Chrome de Jac Berrocal & Riverdog est à l'honneur des sénons Sauriens mélomanes et chahuteurs...

Photos Sens 1978 : B. Zon