Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

31.3.18

RECHERCHE DE LA BASSE AU SOMMET
CLAUDE TCHAMITCHIAN À L'IMPROVISTE

Recherche de la basse au sommet

Qu’advient-il de son instrument lorsqu’un musicien disparaît ? La guitare de Jimi Hendrix, le piano de Claude Debussy, la guitare de Georges Brassens, les manuscrits de Nadia Boulanger ou le saxophone de John Coltrane entrent au musée où la vie se fige. Certains échappent à la tentation cryogénique, d’aucuns diront façon d’histoire, pour rejoindre d’autres bras, d’autres doigts, d’autres esprits, d’autres cœurs. C’est le cas d’une contrebasse de Jean-François Jenny-Clark, contrebassiste sublimement impliqué (imbriqué même) dans l’histoire du jazz, confiée à un autre contrebassiste de la génération suivante, musicien de nécessaire implication, de cœur actif. Le 12 mars dernier au studio 106 de Radio France, Claude Tchamitchian, invité d’Anne Montaron dans l’émission À l’improviste, se présente avec la contrebasse de Jean-François Jenny-Clark, dit JF, pour un concert solo d’une courte heure. Le 12 mars, c’est aussi l’anniversaire de Jack Kerouac et c’est par un hasard assez objectif que cette phrase de l’auteur du rouleau Sur la route vient à l’esprit : « Au fond, qu'est-ce qui est arrivé après ? - voilà la seule raison d'être de la vie ou d'une histoire. ». Par la grâce de l’instrument, l’après est ce jour-là un étourdissant déploiement de présent. Accordée autrement, travaillée autrement, aimée autrement, cette basse permet à Claude Tchamitchian (dont on ne dira jamais assez que son Another childhood* est l’un des très grands albums de contrebasse solo de l’univers du jazz - ou du jazz de l’univers), de se quitter lui-même pour se retrouver ailleurs, pleinement ailleurs. Dès les premières notes, on est happé par la profondeur immédiate du geste, une forme d’impatience retenue mais illuminée, la détermination d’explorer la confidence. Tout semble neuf et pourtant tout est intensément gorgé d’histoire, la témérité est délicate, l‘acuité limpide et l’intensité évocatrice foisonnante ; l’exercice pouvait sembler périlleux, il n’en est rien, il dépasse largement le défi initial, le rituel même, pour un tissage (maîtrise de l’archet) de tous les multiples franchissant un seuil où s’affirme la visionnaire osmose, là-haut à voix basse.

29.3.18

BUDDHA MACHINE

On en sait plus trop où donner de la tête dans la restitution sonore
après
le rouleau
le 78 tours
le 33 tours microsillon mono
le 16 tours mono
le 45 tours mono
le 33 tours microsillon stéréo
le 45 tours stéréo
la cassette
la cartouche 8 pistes
le 33 tours quadraphonique
le minidisc
la DAT
le CD
la DCC
le CD Audio DTS
le Blu-spec CD
le SA-CD
le téléchargement
le streaming
(et il y a des oublis dans cette liste)


Voici (pour les amateurs de musique répétitive - Philip Glass et consort), la Buddha Machine (il est des inventions qui ne s'inventent pas - découverte au Souffle Continu la semaine passée, mais qui semble avoir déjà quelques années d'existence et un certain succès)
What's next ?

28.3.18

STÉPHANE AUDRAN

Stéphane Audran était chez Dullin, elle y a connu et aimé Jean-Louis Trintignant, a fait ses débuts sur scène ensuite avec un peu de pellicule, mais c'est lorsqu'elle devient l'Hélène de Chabrol que se révèle une figure essentielle du cinéma français. Elle est l'actrice qui donne forme à un certain cinéma d'une vague nouvellement hitchcockienne qui pourfend la bourgeoisie. On la retrouvera évidemment avec Buñuel mais aussi Welles, Tavernier, Mocky ou Sautet. Stéphane Audran où le très subtil balancement qui scande la représentation imagée de la vie... dont le battement vient de s'arrêter.

23.3.18

URSUS MINOR ET CRESCENT MOON
EN TERRES FRATERNELLES

Photo : Laurent Poiget
• Des origines à nos jours, nos Sons d'hiver
L'insistance a les habitudes de ses habitants, la stabilité de ses éclats, la donne de l'autre. Janvier 2003, au studio Campus et sur la scène de Sons d'Hiver se crée Ursus Minor, groupe d'emblée respirant par les espaces de ses ouvertures. On dit que le temps de janvier indique celui des mois suivants. 15 ans plus tard, ces mêmes endroits et Ursus Minor se retrouvent (ce fut aussi le cas en 2004, 2006, 2010, 2012 pour chaque tête de chapitre). "Voilà !" Comme on dit aujourd'hui. Lorsqu'Ursus Minor fut rêvé, pensé, déterminé, il n'entrait dans aucune case y compris dans l'espace récupérant réservé à ce qui sort du cadre et donc dans un aucun programme ou petit arrangement de type "kulturel". L'accueil de Sons d'hiver fut exceptionnel et augura de maintes suites ici et ailleurs. 15 ans plus tard, après un corrézien What matters now, riche des particularités d'expériences des années 2012 à 2016, d'une certaine histoire populaire, après plus d'un an de silence et de bouleversements du ciel, Ursus Minor, évadé de la toile de fond, réapparait en une forme neuve, plus ramassée diront les spécialistes, avec, nouveau commensal, Crescent Moon, évidente association astrale-amicale-politique.

• (Ne) Choisy (pas)-le-Roi
Le 28 janvier 2018, donc, au Théâtre Paul Éluard de Choisy-Le-Roi (la ville de Rouget de Lisle et de la Bande à Bonnot - seul le premier a une statue), Ursus Minor et Crescent Moon partageaient la scène avec P.O.S et DJ Ander Other. P.O.S et Crescent Moon sur une même scène, c'est pour tout amateur de hip hop indépendant une occasion quasi thaumaturgique. Deux voix qui surgissent du tumulte pour en accroître la fécondité. P.O.S est l'auteur d'un véritable sémaphore discographique intitulé Never better et ses autres albums sont autant de lanternes. Tout y est pur mouvement et les mots d'un formidable discernement. À partir d'une expérience intensément vécue, dans le constat implacable d'un monde traumatisé d'oppression, se dessinent toujours les courbes d'une image naissante ("I take my time with it / I take forever, so sick of work and that clever / Let's skip ahead to the next / Pushin' my own limits / I make it better / Ain't no one touching my future"), les signaux nécessaires ("They on some nonsense, we on some nonstop!" "And we float like kites through your turbulence"). Crescent Moon est le rappeur du duo Kill the Vultures (comme P.O.S également de Minneapolis), groupe dont le plus récent album, Carnelian, perle tellement organiquement inspirée, est riche de signaux multiples et neufs (on conseillera aussi vivement Ecce Beast et The Careless Flame). Stokley Williams pour l'heure envolé vers une carrière de chanteur, c'est Rodney Ruckus qui s'assoit au tabouret de la batterie aux côtés de Grego Simmons (guitariste sur What matters now ayant succédé à Jef Lee Johnson et Mike Scott) et des vétérans François Corneloup et Tony Hymas. De la voix, du geste, tout palpe et palpite, s'harmonise là où s'élancent le sens et les interstices rassemblés suggérant un corps sonore d'une folle réalité. Seule reprise, l' actualisée "United States of Amnesia" de Robert Wyatt si terriblement à l'ordre du jour (coïncidence, le 28 janvier est la date de naissance de l'ex Soft Machine) et brièvement introduite "Il n'est pas facile d'être un américain de nos jours, mais quand est-ce que ça pourrait l'être ? ", le reste du répertoire comporte cinq copieux arrangements de chansons de Kill the Vultures et cinq titres tout neufs se terminant (s'ouvrant) sur un "Standing Rock 2016" particulièrement bienvenu au regard de l'actualité. L'évocation de Philando Castile dans la ballade douce-amère argumentée en colère finale "Lucky" rejoint celle de Mike Brown dans la première partie avec P.O.S. Ferguson, Minneapolis, banlieue parisienne : crimes racistes à répétition de forces dites de "l'ordre". P.O.S rejoint le quintet pour un rappel généreusement improvisé, terminaison ouverte de cette fortifiante soirée.

• Cap sur Saint-Claude
Fortifiante soirée donc, alors poursuivre et en route pour une semaine fraternelle ! Le lundi matin, en chemin, on embarque le dessinateur Zou qui a assisté au concert la veille (il croquera la semaine) et on prend le train jusqu'à Saint Claude. Enfin pas tout à fait, car en Macronie les trains qui ne sont pas TGV se font tellement de soucis qu'ils sont remplacés par des cars. Donc à Bourg-en-Bresse (prononcer Bourkembresse nous indique une aimable voyageuse), tout le monde descend puis monte dans le très petit autobus (la conductrice n'est pas sûre que tout le monde rentrera). Entrainée par un jovial François Corneloup, la petite troupe chante un peu de son saoul pour égayer les voyageurs transformant cet avatar néo-libéral en voyage de vacances. Enfin, c'est l'arrivée à Saint-Claude avec un accueil immédiatement chaleureux. Après le repas, visite de la Maison du Peuple de la Fraternelle. Issue des cercles ouvriers de l'après Commune et devenue coopérative alimentaire, après avoir repris d'autres locaux sanclaudiens, La fraternelle construisit sa propre maison, sur le modèle de celles des socialistes belges. On y trouvait un théâtre, un café populaire, des salles d'assemblées, une bibliothèque, une boulangerie, des caves à vins, une imprimerie. L'actuelle Fraternelle, qui s'efforce de vivre en accord avec le vœu initial de cette maison, conserve également les traces et marques de l'histoire de celle-ci (elle fut un haut lieu de résistance pendant la seconde guerre mondiale). On s'émerveille de la bibliothèque et de ses originaux ou encore de l'imprimerie (toujours en activité). Aujourd'hui, La Fraternelle abrite donc toujours une incroyable imprimerie, mais aussi un cinéma, un café, une Art'Othèque (où l'on dégotte affiches superbes maison, cartes postales maison aussi, livres ou disques - tous liés à la vie du lieu). Cette Maison du Peuple sera le théâtre d'une semaine de vie pour Ursus Minor, Crescent Moon et Zou. On y jouera aux échecs ou l'on se promènera dans les monts alentours, on visitera les musées de la Pipe et du Diamant ou celui de l'Abbaye (où l'on retrouvera deux peintures de Rebeyrolle qui ne seront pas les seuls signes limousins du voyage), on y répétera, écoutera de la musique ou des êtres, devisera sur l'état du monde, la musique ou l'histoire, boira, étudiera, rira, dessinera, farfouillera (L'Art'Othèque de la Fraternelle à Saint-Claude a demandé aux plantigrades ainsi qu'à Zou de choisir quelques œuvres pour l'exposition dans le café, l'excitant moment du choix fut de grande joie), on y apprendra même de surprenants détails sur les renards ou les biches...  Difficile de tomber mieux, après une première escale au lieu d'origine si fidèle, pour poursuivre le voyage d'un groupe en quête de sources et de pluriels.  Il est des situations, des endroits, où la parole se libère, l'esprit poétique prend son élan, la vie se salue et où on finit toujours par danser... où on ne finit pas d'ailleurs. Cette semaine à La Fraternelle de Saint-Claude, à la Maison du Peuple, quelque chose a commencé.

• Une certaine Maîtrise
On ne perd pas (forcément) son temps à l'école. La force de l'histoire ou plutôt du rythme de l'histoire. À la bien nommée Fraternelle de Saint-Claude, les matins du 31 janvier et du 1er février, les classes de 3ème du Collège de la Maîtrise à Saint-Claude à la rencontre de Crescent Moon et Ursus Minor. Intensité et rires entre autres détails d'une certaine forme de conscience résistante qui participe du devenir immédiat du monde contre la mise en péril de l'être. Les élèves de 3e du Collège de la Maitrise à Saint-Claude ont été impressionnants de vérité poétique, de lucidité politique et d'une courageuse ouverture qui a permis cette rencontre où furent évoqué moult agitation des consciences, pressentiments et impressions mouvementées à partir du thème douloureux de la déportation.
"On est parti 302 et revenus 116" (Andreas, Samuel), "Il est beaucoup question de liberté" (Clémentine), "Il y avait une odeur, l'odeur de la peur" (Enzo, Corentin),  "Le bruit des roues qui rend sourd" (Jules, Robin), "J'ai eu beaucoup de chance de n'avoir aucun besoin" (Kenza, Quentin),  "Alors on a cherché et on a trouvé" (Lisa, Manon), "Je grave dans mon esprit cette lueur impossible" (Werther, Roméo), "Tous prêts à mourir parce qu'on a voulu se nourrir" (Alanis, Simon), "Pourquoi autant de cruauté dans ce monde désabusé" (Ménelle, Mélanie, Farah), "À l'aube, la réalité, pour me réveiller ne cesse de frapper" (Jeanne, Crystal), "Ces mots de tête qui se répètent, se répètent, se repètent, sans cesse dans cet enfer, dans la guerre meurtière, tu n'as plus les mots, les mots, les mots" (Sarah, Inès), "Jedem das sein, comprenez ça comme vous voulez" (Hugo, Nathan), "Révolté qu'il soit dans cet enfer !" (Marthe, Mélanie), "Ici dans ce camp, on ne ferme jamais l'œil, les chances de tomber dans un sommeil infini, sont plus importantes que celles de la survie" (Nicolas, Clara), "La haine est titanesque et se réveille sans fin" (Nicolas, Téo), "J'ai peur de faire mes souvenirs, je veux mourir pour enfin dormir, et partir, pour enfin entendre des rires" (Valentine, Kelly), "How are we going to get out of this house ?"
Relations continuelles d'une histoire sans abandon, (la résistance hier et aujourd'hui), brûlures actuelles (Philando Castile), luttes vivantes (Standing Rock). Et pour finir, après un révélateur morceau collectif intitulée par les élèves "Putain de maladie", la danse, évidence des corps libres, s'invita...

• À 1000 mètres : Saint-Laurent-en-Grandvaux,
La rencontre avec les enfants ne s'interrompra pas, certains se joindront même au concert du samedi. Le mercredi, au conservatoire de Saint-Laurent-en-Grandvaux, sorte d'île mystérieuse débordante d'amabilité où règne une éloquente énergie, François Corneloup mène atelier avec d'autres enfants, plus jeunes encore, certains plus petits que leur saxophone, autour de "Mercy, Mercy, Mercy", heureux thème de Joe Zawinul écrit pour Cannonball Adderley. Zou dessine toujours. Dans la même salle le soir, Tony Hymas joue Léo Ferré devant grandvallières et granvalliers si ravis qu'ils se précipitent sur l'improvisé stand de disques ("précipiter" et "disques" sont des mots qui peuvent encore aller bien ensemble, très bien ensemble). François Corneloup, Joe Zawinul, Cannonball Adderley, Tony Hymas, Léo Ferré, pas très loin de chez Gustave Courbet, au pays des rouliers où "les miroirs rêvent de nos faces".

• Incident à Oglala
Le jeudi soir après quelques échanges sur les étranges réalités de la production discographique, le cinéma de La Fraternelle diffuse Incident à Oglala de Michael Apted.
Pourquoi cette projection ? Il y a bien des raisons, en voici quelques-unes :
- Ursus Minor est lié à Minneapolis, Crescent Moon y vit, et c'est à Minneapolis que naquit l'American Indian Movement
- John Trudell fut un activiste de ce mouvement, ce qui eut des conséquences tragiques pour sa famille, il fut aussi un grand poète et notre ami. C'est lui qui trouva le titre de l'album Oyaté de Tony Hymas, auquel il a participé
- Dennis Banks nous a quittés l'an dernier
- Et au début de cet an dernier, le président Obama, avant de céder la place à Donald Trump, a refusé la demande de grâce demandée par les proches de Leonard Peltier en prison depuis 1976 après une caricature de procès (détaillée dans le film)
- Ursus Minor et Crescent Moon jouent un morceau intitulé "Standing Rock 2016" 
- Tony Hymas et Barney Bush ont publié un album intitulé Left for Dead dont le titre clé est dédié à Leonard Peltier

- Parce qu'il n'y a pas d'ailleurs ultérieur hors du souci réaliste et de son rêve profond
- Et puis on est à la Fraternelle alors...

• Retrouver les gestes à venir
Gustave Flaubert (écrivain raisonnablement talentueux, mais cuistre de la gent bourgeoise) s'est méfié des ours qui dansent (Madame Bovary) comme il a méprisé les communards. Ici à La Fraternelle de Saint Claude, le sentiment de Commune est fort et l'accueil des ours merveilleux. Le samedi est le jour du concert, il neige et pourtant l'affluence impressionne, l'amitié est forte, l'installation idéale, les reflets conjoints ne fléchissent pas.  Il y a un tableau de Pierre Bonnard au musée de l'Abbaye à Saint Claude, Bonnard pour qui "il ne s'agissait pas de peindre la vie, mais de rendre vivante la peinture" et pour qui "La peinture devait revenir à son but premier, l'examen de la vie intérieure des êtres humains." La musique inventée la semaine précédente se risque autrement, ouvre d'autres espaces, de sentiment et d'imagination, de pulsation où le flux des mots pénètre les interstices de glissements, de métaphores et c’est précisément dans ces interstices que s’infiltre la musique. Une sorte de figure d'origine. On est déjà dans la suite du moment même.

Remerciements chaleureux et amicaux:

• à Sons d'Hiver et au Théâtre Paul Éluard à :
Fabien, Fabien, Armelle, Nathalie, Catherine, François, Sylvain, Jacques, Nicolas, Philippe, Pierre, Laurent, Maria, Cécile, Anthony, Marc
aux camarades de Campus 

• à La Fraternelle à:
Christophe, Sylvie, Marine, Elza, Esmeralda, Natacha, Sandra, Laetitia, Antonio, Baptiste, Cisco, Zélie, Cédric, Zozo, Bruno, Adeline, Sabrina, Aurélia
aux profs de la Maîtrise:
Nathalie, Carole, Sandrine, Liendina
à Cassandre CSZ

• à Saint-Laurent à :
Philippe, Bruno, la chouette équipe de la buvette
Photo : Cassandre SCZ
Photo : François Corneloup
Photo : B. Zon
Photo : Cassandre SCZ
Photo : Cassandre SCZ

Photo : B. Zon
Photo : B. Zon
Photo : Elza Van Peps
Photo : B. Zon
Photo : Elza Van Peps
Photo et suivantes : B. Zon









Post blogum 1 :
Au cambrioleur qui a opéré à La Fraternelle : on ne cambriole pas une imprimerie, un cinéma indépendant ou une maison du peuple. C'est contre toi - choisis tes cibles - et si tu lis cette note, nous t'adresserons avec plaisir les deux volumes de la correspondance d'Alexandre Marius Jacob (correspondances aperçues d'ailleurs dans une bibliothèque de Saint Claude). Et si cela ne suffit pas alors médite cet extrait des "Stances à un cambrioleur "de Georges Brassens : "Post-Scriptum, si le vol est l'art que tu préfères / Ta seule vocation, ton unique talent / Prends donc pignon sur rue, mets-toi dans les affaires / Et tu auras les flics même comme chalands"

Post blogum 2 :
On peut parfaitement, avec un peu d'entraînement quand même dans le bus qui vous conduit pour un séjour à Saint-Claude à partir de Bourg-en-Bresse (la Macronie n'aime pas les trains qui rendent service), s'abstenir des blagues lourdingues, téléphonées et forcément agaçantes et pénibles pour les Sanclaudiennes et Sanclaudiens. Mais il faudrait tout de même que le Musée de la pipe et du diamant y mette du sien en ne plaçant pas la barre trop haut.


















PRINTEMPS

Le printemps (saison des graines) est arrivé hier, 22 mars 2018
 Photo : B. Zon

BUELL NEIDLINGER

Buell Neidlinger est l'un de ces noms que l'on a croisé ça-et-là sur quelques pochettes de disques suffisamment signifiants pour le mémoriser au moins vaguement. 
Cet impressionnant contrebassiste, tellement musicien, fait partie de ces figures qui ont porté une bouillonnante musique à bout de bras en restant dans une ombre relative et peu compatible avec un monde ne répertoriant plus que quelques stars seules jugées indispensables. Buell Neidlinger œuvra dès 1955 aux côtés de Johnny Windhurst, puis des tenants de la "New" Thing Cecil Taylor, Steve Lacy, Roswell Rudd, Archie Shepp ou encore Jimmy Giuffre, Clark Terry et plus tard Jean-Luc Ponty, Frank Zappa ou Mike Bloomfield sans compter une passion pour la musique contemporaine et d'innombrables séances (Barbra Streisand, Dolly Parton, Elvis Costello ...). Il nous a quittés le 16 mars.

17.3.18

OÙ SIFFLE LE TRAIN ?

Au moment où la SNCF se constitue partie civile au tribunal de Paris dans l'affaire dite de Tarnac, au moment où son représentant commet une mensongère erreur à l'audience du 15 mars (rectifiée par la défense le 16 et admise par l'avocat de la SNCF), au moment où certaines lignes ferroviaires corréziennes sont menacées par la fermeture, au moment où l'État français s'apprête au grand bradage de la société des chemins de fer et de ses travailleurs et travailleuses, celle-ci couvre les murs parisiens d'une cynique réclame dont l'institution, la logique capitaliste et la cécité publicitaire ont le piteux secret.

9.3.18

ESSAI DE DÉFINITION

Le Macronisme c'est le moment où les poulets se mettent à applaudir le Colonel Sanders

6.3.18

ANDRÉ S. LABARTHE

Le débordement passionnel (et discret) n'est pas de mode en nos jours de selfies triomphants. André S. Labarthe débordait de passion pour le cinéma sans pour autant être une vedette fut-ce de la Nouvelle Vague. On se souvient de ses remarquables documentaires d'anthologie sur le cinéma, de ses apparitions à des moments charnières chez Godard (Vivre sa vie, Allemagne 90 neuf zéro, JLG-JLG ), de ses Deux Marseillaises réalisées avec Jean-Louis Comolli. Un très beau critique de cinéma vient de nous quitter, indiquant à quel point être critique voulait dire (veut dire ?) participer à une grande élaboration.