Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

31.3.13

URSUS MINOR AU PETIT FAUCHEUX

Après Langonnet, Laon et La Ferté Alais, Ursus Minor est arrivé à Tours au proverbial Petit Faucheux qui fête cette année ses 25 ans avec un beau livre de textes et de photographies*. Renaud Baillet nous accueille à la Gare. Pensée forte pour Jef Lee Johnson à la réception du Grand Hotel de Tours, bâtiment moderne d'après guerre, avec le souvenir, en ce même lieu, d'une conversation fondatrice en 2005, lors d'une venue précédente du groupe. Nous retrouvons un peu plus tard Bernard Aimé, ce soir visiteur, grand architecte de jazz et de plume. Parmi quelques autres retrouvailles tendres, celle de Mehdi jeune danseur de 12 ans, fan d’Ursus Minor (et Ill Chemistry). Manifestement content de rejoindre Desdamona, il a fait le voyage Le Mans-Tours avec sa maman allumette. Sa présence nous rappelle à l'évidence - explicite dans le concert - qu'Ursus Minor n'est jamais loin des moments fertiles de l'enfance, un filet d'espérance, une lueur persistante, un cœur optimiste. Une classe est là également qui ne pourra hélas - forcée à détaler à cause du couvre feu du pensionnat à 23h30 - partager le "We shall not be moved" final . D'abord "I shall not be moved",  ce spiritual remontant à l'esclavage, est devenu "We shall not be moved" chant activiste dans les années 30, accompagnant le mouvement ouvrier américain puis la lutte pour les droits civiques. Pour Ursus Minor (Tony Hymas, Grego Simmons, François Corneloup, Patrick Dorcean, Ada Dyer, Desdamona), le chanter avec le public est un acte de fidélité. Fidélité à la liberté du langage, sorte de façon dansée d'appréhender les manières brutes de la vie.


*25 ans de jazz au Petit Faucheux 18€

Photo : Z. Ulma

29.3.13

MISS AMERICA
PAR DESDAMONA
URSUS MINOR AU PRINTEMPS

 
Chaque soir de la tournée d'Ursus Minor, 
des spectateurs demandent le texte "Miss America" 
que Desdamona dit accompagné de Tony Hymas au piano. Le voici. 
 
Miss America 
By Desdamona 
 
A child was born to justice and liberty 
And they named her America because they wanted her to be free
But as she grew and flourished, her father decided she had too much
So he corrupted her with his incestuous touch
So she grew up unhappy and revolted against her parents
Telling them that they were hypocrites 
and that their intentions were transparent
She moved to the city and she sent her heart to sleep 
and she didn't wear any shoes because she wanted to feel free
Tired of being pushed and pulled by her parents gravity

America spent her days in her room
Occupying her time by making tourniquets for her chemically dependent limbs
And licking her lips after taking sips of her favorite intoxicant
Hell bent, incoherent at times
With puffy eyes and swollen thighs 
Always searching for the destination of her next high

This world was from from the deprivation of her mother liberty and her father
Corrupt justice, that stupid prick
He taught her everything she knew
And she wished she didn't know shit

Inside her little efficiency where nothing was effificient
Hope was nonexistent 

Sometimes her neighbors had to go inside her hell
Where her friending friends and dirty needles dwelled
To stop her from beating her head against the bloody finger printed walls

And most of the time America didn't know what day it was
The sun was a nuisance every time it rose up
her heart closed up
her veins froze up 
her throat choked up

Life didn't mean much when her lover hatred beat her til she couldn't speak
Blood and tears dripping to her feet 
Leaving nothing discreet

Black eyes and scars
Screams heard near and far
Broken ankles, bruised ribs
Burnt number finger tips
Clumps of her hair strung out on the floor
Chain around her neck from the lock on the door

He yelled, "You fucking whore, you're such a stupid bitch!"

Each word engraved with each doctors stitch
Each memory deprived by her devilish mans dick
Rough skinned, raw and wasted 
Stripped down to nothing, only bone was left
And she wept with regret for her sins of the flesh

One last time her incongruous mate, hatred
Made her the main course upon his plate
Not leaving once ounce of love behind for her disheveled mind
And she lay there as he laid, her eyes glazed, over and over
He entered and disappeared whispering sadistic thoughts into her ears

But she didn't hear anything
And in the morning she woke up, just to throw up
And shoot up and up and up
Away from the cataclysms and evil rhythms in her mind

For days she roamed the streets
Giving up her sweets, indiscreet fucks on the hoods of cars
And trains on top of pool tables inside sleazy bars
Arbitrary decisions caused a collision of the soul against the flesh
Sound against the mesh
Bullets against the chest
A spiritual death

Her womb began to fill with fluid
A lucid being floating inside her irrational egg
Sprouting  legs, fingers and a brain
Uterally * maimed
 
A fetus named by cocaine and heroine syringes 
Infringement on humanity before it even had the chance to be 
9 months of incubation
Only to witness this deformed manifestation
A man made creation of drug addicting masterbation
And an influx of unrecognizable dicks that rip
And prick and strip all the nourishment that exists

A babe shoved into the abyss
Left with his junkie mother, Amercia's crusty lipped kiss

Mama inhales a breath of fresh hospital air
In a building full of drugs 
But she can't get no high there
Body battered, lungs impaired 

Now baby stares at the ceiling, already numb to feeling
Crying and dying to be held and fed
But nobody's there because America's dead

No more injections for your sweet innocent face
No more of mama's narcotic concoctions to taste
A nameless little junkie left in swaddling clothes 
with a pale transparent face and deformed hands and toes

They say god bless America , have mercy on her soul
She didn't know what she was doing
She was out of control
Someone should have saved her
So who is to blame for this atrocity 
The dreadful day America's child became America's prophecy
The written scripture of what will be
The tainted reflection of you and me
 
   *(uterally is a word I created, meaning "within the uterus") 
 
 
Photo : François Corneloup et son instamatic 

28.3.13

URSUS MINOR AU SUD DU NORD

En août 1944 eut lieu un parachutage longtemps attendu d'armes à La Ferté Alais.

50 années plus tard, le contrebassiste Philippe Laccarrière et ses amis créent Au Sud du Nord dans cette ville de l'Essonne. En 1944, on manquait d'armes, en 1994, on manquait de musique et le bassiste débarqué de Bordeaux y remédiera. La méthode est douce : échange, abolition des frontières, sens de la poésie, respect des habitants, joie créative partagée. Au Sud du Nord, on n'a pas perdu la boussole des réalités profondes de la musique. Ici pas de béton culturel ! On y est bien, dans le bon paysage avec force et écoute.

L'invitation d'Ursus Minor dans ce contexte semble donc tomber sous le sens.  Un enfant vint vite danser devant la scène offrant cette douceur si particulière au sentiment du temps, des affinités sensibles de l'enfance confrontées aux urgences du monde. Le concert d'Ursus Minor à la Ferté Alais fut un de ces moments féconds de liberté nomade, d'éveil agité, de hardiesse dansée dans une bonne dimension cardinale, celle qui est si joliment repéré sur la carte musicale au Sud du Nord.

Photo : Z. Ulma


26.3.13

URSUS MINOR & MORE À LAON

Après un voyage Lorient Laon, quel plaisir de voir Dominique Capelle, Christian Dhap et leurs camarades de Jazz'titudes crier avec chaleur "OUAIS ! URSUS MINOR !" à l'autre bout du quai de la gare. Cette générosité, cette gentillesse, ces sourires, cet enthousiasme portent à l'évidence ce festival de  l'ancienne capitale carolingienne. Le concert à lieu dans la ville haute, on est perché, on voit bien, on entend bien, c'est chouette. Cela faisait longtemps que Jazz'titudes souhaitait vivement inviter Ursus Minor. Dominique Capelle avait même rêvé d'une soirée partagée entre le trio de Jef Lee Johnson et Ursus Minor. La version de "Move", composition du philadelphien, interprétée par le groupe, au plus près du sens des mots, de leur émotion un peu secrète, pourrait être un hymne du mouvement nécessaire. Ce mouvement à partager qui anime prestement tous les membres du combo (Tony Hymas, Grego Simmons, François Corneloup, Patrick Dorcean, Ada Dyer et Desdamona). À quelqu'un qui demandait comment définir la musique de ce groupe en un mot, n'y aurait-il pas là une sorte de réponse ?

 

Photographies : Dominique Capelle (© Jazz'titudes )

25.3.13

URSUS MINOR À LANGONNET :
YES WE DANCE !

Un vrai groupe ne s'entretient pas, il se forme en permanence pour saisir la taille des petites entrées et des grandes fenêtres. La vie moderne et ses intranquillités nous chahute, certes ! Mais pourquoi ferions nous fi de répondant ? La Grande Boutique à Langonnet (Bretagne), lieu gorgé d'espoir, d'humanité stable et de dépassement constant permet de faire état de sa voix, des beautés de l'incertitude de l'avenir. Trois jours et moins, deux jours et plus, de témoignages d'amitié véritable, d'étrennes de nos compagnons Perrine Lagrue et Yvain Lemattre. À La Grande Boutique, les éclairs sont disponibles. Ursus Minor s'y est retrouvé en mouvement le 22 mars soit Tony Hymas, Grego Simmons, François Corneloup, Patrick Dorcean, Ada Dyer, Desdamona. Une soirée intense à partir d'un "maintenant" où chaque moment est propice. Le ton est donné à partir d'un salut à nos soeurs des Pussy Riot : "Zad Song", le son des sirènes, Notre Dame des Oiseaux de Fer, les mots de Lucy Parsons, "Miss America", "The closest call ever", "The tree of knowledge", "Move", "We shall not be moved" et bien d'autres signes de tendresse, d'élancements déjouant toutes les attitudes fatalistes. Yes we dance !

Eric Legret, photographe, accompagnait aussi la danse, elle n'est pas près de finir.

Les rencontres faites au Collège Jean-Corentin Carré - Le Faouet(56)  - avec la classe de 3è et au Lycée Paul Sérusier - Carhaix (29) - avec la classe de BTS assistant de direction PME/PMI (projet pédagogique Kreizy Breizh, magazine culturel bi-annuel) ont offerte bien mieux qu'une mission. Les élèves nous raconteront ici même bien d'autres choses sur ce concert et les interrogations ou réponses qu'il a suscité.

Merci à Virginie, Dany, Marco, Hélène, Jacky, Pablo, Jacqueline, Nico, Bruno et d'autres amis et bien sûr Bertrand et Manon que nous espérons voir très bientôt.

16.3.13

DONALD WASHINGTON-BRAD BELLOWS 4tet
avec BRIAN ROESSLER ET PETE HENNIG
BLACK DOG 25 FÉVRIER

Le quartet du saxophoniste Donald Washington et du tromboniste Brad Bellows (trombone à pistons) est né au Black Dog à St Paul Minnesota. Il s'y produit une fois par mois. Le batteur Pete Hennig et, alternativement, les bassistes Brian Roessler - ce soir par exemple - et Chris Bates complètent l'ensemble (à noter que Pete Hennig et Brian Roessler composent la rythmique de Fantastic Merlins et Pete Hennig et Chris Bates, celle de l'Atlantis Quartet, dans les deux cas, de belles unions solidaires, aventureuses, swingantes). "La musique n'est pas ta propriété. Si quelqu'un la veut, donne lui. Et dis lui d'où ça vient" conseillait  Washington lorsqu'à Detroit, au début des années 80, il enseignait le saxophone à un jeune garçon nommé James Carter pour qui il devint un véritable mentor pour la musique et son histoire. Washington présenta Carter à Julius Hemphill et Lester Bowie, la suite est connue. 

S'étant beaucoup dédié aux autres, ce jeune homme de 73 ans, saxophoniste splendide, installé dans les Twin Cities, joue désormais, en liberté lorsque ça lui chante - juste - et ce quartet n'est pas la moindre activité d'un musicien rare si désintéressé par les feux de la rampe, mais si plein de musique. Ce vendredi 16 mars, le quartet commence fort avec le feu nourri de la paire Roessler-Hennig, ça ravitaille sec ! Plus ça chauffe, plus la place s'élargit pour les quatre musiciens. Chacune des longues pièces permet généreusement toutes sortes de combinaisons (solo, duo, trio etc.). Ici on se fout des limites. Les chorus sont généreux, le chant se fait fiévreux nous arrachant à l'insouciance, la sensualité vive et concrète s'en mêle. Images d'embrasure et d'éclosion, Bellows joue la limpidité, Wahington les ressources innées, Roessler et Hennig, au quart de tour, fouillent les mêmes longueurs d'ondes tous azimuts.  Tout commence, se multiplie et s'achève à partir de l'instant décisif d'une première note, d'un premier son digne d'une extrême attention, un instant qui garde toute sa part de demain. L'imaginaire habilite le réel, le propulse, en détaille les significations. En résulte une sorte d'initiation, mélange de paix et de furie. C'est très exaltant, communicatif. Tous accostés par la musique, les spectateurs se regardent à l'occasion avec de larges sourires, la musique comme système de défense contre la vie coutumière.

Photos : B. Zon

9.3.13

NATHAN HANSON - ERIK FRATZKE
BLACK DOG, 8 MARS 2013

Les lieux se trouvent dans leurs doubles, doubles d'image et de présence, reflets d'actes déployés. Ce vendredi 8 mars au Black Dog, Nathan Hanson et Erik Fratzke échangent en traits délicats rehaussés de pétales, en silhouettes enluminées, pointes sèches ou extrême rondeur de gestes proches. Besoin de méditer, de sentir les vents vivifiants, puis de danser doucement, recherche de semaison, de germination, le cœur est libre. Avec la concentration d'une simplicité détendue, il frôle la biguine quand ça lui prend. Le saxophoniste et le bassiste, duo de clarté, d'ombre, construisent, presqu'en secret, lentement, en une sorte d'espace pointillé, un lieu de vie, chant sûr ouvert à la belle différence.

Photo : B. Zon

3.3.13

HARPO ET ARTAUD

Jeudi matin, métro Pasteur, Harpo Marx a été aperçu dans la rame de métro. Il a disparu au moment même où on le reconnu, avec un grand sourire et une intense bousculade. Un petit mot tombé de sa poche restait sur le sol avec quelques mots : "Relire Artaud, relier Artaud, délier Artaud ! "