Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

16.3.13

DONALD WASHINGTON-BRAD BELLOWS 4tet
avec BRIAN ROESSLER ET PETE HENNIG
BLACK DOG 25 FÉVRIER

Le quartet du saxophoniste Donald Washington et du tromboniste Brad Bellows (trombone à pistons) est né au Black Dog à St Paul Minnesota. Il s'y produit une fois par mois. Le batteur Pete Hennig et, alternativement, les bassistes Brian Roessler - ce soir par exemple - et Chris Bates complètent l'ensemble (à noter que Pete Hennig et Brian Roessler composent la rythmique de Fantastic Merlins et Pete Hennig et Chris Bates, celle de l'Atlantis Quartet, dans les deux cas, de belles unions solidaires, aventureuses, swingantes). "La musique n'est pas ta propriété. Si quelqu'un la veut, donne lui. Et dis lui d'où ça vient" conseillait  Washington lorsqu'à Detroit, au début des années 80, il enseignait le saxophone à un jeune garçon nommé James Carter pour qui il devint un véritable mentor pour la musique et son histoire. Washington présenta Carter à Julius Hemphill et Lester Bowie, la suite est connue. 

S'étant beaucoup dédié aux autres, ce jeune homme de 73 ans, saxophoniste splendide, installé dans les Twin Cities, joue désormais, en liberté lorsque ça lui chante - juste - et ce quartet n'est pas la moindre activité d'un musicien rare si désintéressé par les feux de la rampe, mais si plein de musique. Ce vendredi 16 mars, le quartet commence fort avec le feu nourri de la paire Roessler-Hennig, ça ravitaille sec ! Plus ça chauffe, plus la place s'élargit pour les quatre musiciens. Chacune des longues pièces permet généreusement toutes sortes de combinaisons (solo, duo, trio etc.). Ici on se fout des limites. Les chorus sont généreux, le chant se fait fiévreux nous arrachant à l'insouciance, la sensualité vive et concrète s'en mêle. Images d'embrasure et d'éclosion, Bellows joue la limpidité, Wahington les ressources innées, Roessler et Hennig, au quart de tour, fouillent les mêmes longueurs d'ondes tous azimuts.  Tout commence, se multiplie et s'achève à partir de l'instant décisif d'une première note, d'un premier son digne d'une extrême attention, un instant qui garde toute sa part de demain. L'imaginaire habilite le réel, le propulse, en détaille les significations. En résulte une sorte d'initiation, mélange de paix et de furie. C'est très exaltant, communicatif. Tous accostés par la musique, les spectateurs se regardent à l'occasion avec de larges sourires, la musique comme système de défense contre la vie coutumière.

Photos : B. Zon

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