Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

27.8.14

CHRONIQUES DE RÉSISTANCE 1
PRÉSENTATION PAR JEAN-JACQUES BIRGÉ

Ce matin la radiodiffusion française a invité une toute fraîche ministre de l'Éducation Nationale. Au mieux les mots sont creux, au pire ils font peur lorsqu'apparaît une fois encore l'imbécile mot "compétitivité" dans ses missions. L'enseignement, le savoir, l'éducation relèvent d'une transmission indispensable pour que les gestes précédents, importants, puissent permettre au présent de préparer l'instant suivant au mieux du respect de la vie (sans perdre les pédales qu'elle soient numériques ou pas). Les souffrances ne peuvent être ignorées, figées, masquées, la beauté non plus.

Dans sa présentation sur Mediapart de Chroniques de résistance de Tony Hymas, Jean-Jacques Birgé (qui a écrit pour ce projet les paroles d'une chanson dédiée à Germaine Tillion chantée par son enfant, Elsa) commence avec émotion par une adresse à sa fille et le souvenir d'un père. L'enseignement, le savoir, l'éducation pour atteindre quelque destinée forte relèvent surtout de l'amour.

L'ensemble du texte est disponible sur le site Mediapart ici


Chroniques de résistance de Tony Hymas avec Nathalie Richard, Frédéric Pierrot, Elsa Birgé, Desdamona, Sylvain Bardiau, Matthias Mahler, Frédéric Gastard (Journal Intime), François Corneloup, Peter Hennig sort le 1er septembre (diffusion : l'Autre Distribution)

13.8.14

LE HAVRE DE JEAN-JACQUES AVENEL


 Après avoir vu le film d'Aki Kaurismäki, Le Havre, Benoît Delbecq avait évoqué son ami, le contrebassiste Jean-Jacques Avenel, natif de la ville. Le Havre, ville détruite en 1944, reconstruite, port aux liens lointains et aux sons d'Amérique, est une place à fleurs de mémoire. Jean-Jacques Avenel la quitta pour suivre Steve Lacy lors d'un stage. Sa contrebasse s'insère alors dans l'électrique Paris américain du début des années 70, celui de son ami Kent Carter ou du groupe de Frank Wright, mais aussi dans le chant contestataire (le mot a grande valeur) de Colette Magny ou les rêveries des frères Portal et leur Newtone Experience. En 1975, Lacy l'invite dans Dreams, disque majeur, comme l'on dit (comme l'on dit si bien), dans la foisonnante discographie du saxophoniste. Dreams est l'instant qui s'ouvre. On voit enfin Avenel avec Lacy à la Maison de la Radio aux côtés de Kent Carter. Deux contrebasses. Deux pôles. Le son de la basse du Havrais est profond, riche, intense, comme arraché à la nuit. Une image de musique parfois blessée qui sait recouvrer ses forces. Jean-Jacques Avenel vient du Havre, c'est vrai. La fidélité à Lacy sera totale jusqu'en 2004, année de la disparition du tonique soprano. Daunik Lazro, Itaru Oki, François Tusques seront aussi des compagnons proches de ce geste. L'espace d'où l'on parle est un lieu de reconnaissance mutuelle ou l'échange devient possible.  Kenny Clarke avait dit que "la France était plus près de l'Afrique que l'Amérique", Avenel sera un des plus sensibles traits d'union de cet état de fait. Il joue de la kora, pratique avec Yakhouba Sissokho. Il se joint à Benoît Delbecq et participe activement au développement large et minutieux de l'univers du pianiste. Il sera de ses quartets, trios, sextets et autres groupements propices. La complicité est miroir révélateur, favorise l'introspection, le lien (avec les jaillissements inmanquables d'Afrique et d'Amérique) autant que l'allant des eaux naissantes.

Jean-Jacques Avenel nous a quittés avant hier et avec lui un peu de la possibilité de relier des mondes souvent troublés, qui ont tant besoin de havres.


Photo : JR (1976)