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Enfants d'Espagne
2.11.07
MUSIQUE PAR ANNEAUX
Au cinéma, le recyclage de musiques existantes est désormais dominant et les musiques originales de plus en plus rares. On pourrait penser que l'utilisation de disques correspond à un besoin économique, c'est souvent vrai mais pas seulement car force est de constater que des productions
riches et en bonne santé utilisent aussi ce procédé (coûteux en droits) faisant appel à une mémoire facilitée. Les bandes originales de leur côté sont de plus en plus relayées à une fonctionnalité plus ou moins classe. Exit Erik Satie, Ennio Morricone, Jean Wiener, Henry Mancini, Dimitri Tiomkin, Bernard Herrmann, David Raksin, Nino Rota, Harrison Birtwistle, Georges Auric, Hans Werner Henze, Erich Korngold, André Prévin, John Barry, Antoine Duhamel, Joseph Kosma, Maurice Jaubert, Sergueï Prokofiev, Pierre Jansen, Max Steiner, Gato Barbieri, Alex North, Alfred Newman, Miklós Rózsa, Harry James, Duke Ellington, Frank Churchill, Quincy Jones, Arlo Guthrie, Shorty Rogers, Elmer Bernstein, Hanns Eisler, Jay Jay Johnson, Miles Davis, Art Blakey, Giovanna Marini, Isaac Hayes, Ralph Vaughan Williams, Lalo Schifrin, Marguerite Monnot, Jack Nitzsche, Mario Nascimbene, Herbie Hancock, Paul Dessau, Franz Waxman, Arthur Honegger ! Certes la découverte du silence (qui n'existait pas du temps du cinéma "muet "ultra sonore) fut une grande chose, mais très vite devint solution de facilité (avec belle caution moderniste). Le succès du microsillon et de la musique pop amena les producteurs de films à vouloir des b.o. des groupes en vogue qui très vite furent remplacés par leur disque ou ceux de leur voisins. Lorsque Stanley Kubrick vire l'excellent compositeur Alex North pour 2001 Odyssée de l'Espace pour le remplacer par les tubes "Deutsche Gramofon", il lance la mode du recyclage de la musique classique qui va très vite devenir la tarte à la crème bourgeoise du cinéma intelligent. La musique est porteuse de mémoire et au lieu de l'alimenter, le cinéma qui l'a dessaisie de ce rôle lui vole maintenant cette mémoire. En raccourci (presque) n'importe quelle musique sur n'importe quel film procure soit l'impression de (trop) coller, soit de créer une distance (la distance étant la solution à tous les problème des expressions actuelles), ce qui n'est pas mal mais... En supprimant le musicien original, le cinéma flingue la relation intime. La musique est devenue la putain du cinéma.
Il est même des réalisateurs comme Martin Scorcese ou très récemment Gus Van Sant pour réutiliser des musiques originales de films célèbres dans leur création : chez Scorcese et son Casino la musique de George Delerue pour Le mépris de Jean Luc Godard et chez Gus Van Sant dans son très recommandable Paranoid Park, la musique composée par Nino Rota pour Juliette des Esprits de Federico Fellini utilisée largement. Ce nouveau film de Gus Van Sant n'a pas recours ni dans la narration, ni dans le jeu des acteurs, ni dans la mise en scène à la distance d'usage. C'est même un film magnifiquement adolescent. Mais la bande musicale probablement fort judicieuse peut laisser perplexe. Si je vous raconte tout ça, c'est que pendant tout le film, le fantôme de Giuletta Massina fort étranger à la vie de Portland Oregon m'a tellement travaillé que j'ai pensé en vrac à ce qui est énoncé précédemment pendant tout le film, ce qui fut une gêne. J'aime les Pieds Nickelés, mais je me méfie des frères Ripolin.
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6 commentaires:
En effet, le système référentiel est extrêmement dangereux et la citation risque de tourner au suicide. Dans les films qui citent un extrait d'un autre, l'extrait est souvent ce qu'il y a de meilleur ! Il a d'ailleurs été choisi pour son excellence par le réalisateur qui l'exploite.
Le cinéma jouant sur le système d'identification et la musique construisant les soubassements d'une relation intime avec chaque spectateur, la référence peut jouer dans n'importe quel sens. Telle musique rappellera un bon ou mauvais souvenir à celle ou celui qui l'écoute selon son expérience vécue précédemment.
Utiliser une musique préexistante est la plupart du temps beaucoup plus onéreux en droits (car régi par aucun barême que l'offre et la demande) que de faire travailler un compositeur qui s'appliquera à coller au sujet et deviendra sa propre référence. Intervient alors un aspect non signalé dans l'excellent article du Glob, l'illustration musicale. Si Giuletta Massina hanta la projection de Paranoid Park, l'omniprésence de la musique dans les films et son utilisation redondante qui ne fait que souligner les images au marqueur fluo m'empêchent souvent de jouir du spectacle projeté sur l'écran. La musique et la partition sonore à laquelle elle appartient devraient jouer un rôle complémentaire de l'image au lieu de souligner lourdement les effets.
Certains réalisateurs comme Robert Bresson ou Luis Buñuel n'en utilisent jamais. Pourquoi mettre de la musique dans un film ? Il faut une bonne raison. D'autres cinéastes n'y ont recours qu'en situation : un personnage met un disque, allume la radio, une fanfare passe sous sa fenêtre, il fredonne une chanson, etc. Si au concept de musique l'on préfère celui de sons organisés et que le réalisateur se sert librement du langage cinématographique, on pourra alors imaginer un film qui serait composé d'images et de sons de toutes natures et qui échapperait aux conventions réactionnaires que l'on attribue presque toujours à la musique de film.
Dans les indispensables entretiens d'Edgard Varèse (1955) que l'INA vient enfin d'éditer en double cd, le compositeur aborde longuement le sujet et son dernier mot est "imagination".
Oui bien sûr, la musique peut participer du surlignage ou à la lourdeur du film, mais pas davantage que le jeu des acteurs, les décors, l'autre sonore, la mise en scène, le choix des couleurs. Pourquoi serait-elle celle qui sauve ou qui achève lorsqu'elle ne peut ni l'un ni l'autre ? Elle ne peut qu'aimer le film ou se tromper d'amour.
Il y a parfois de la musique chez (le très musical) Robert Bresson comme le générique de Lancelot signé Philippe Sarde ou chez (le moins musical) Luis Buñuel qui a utilisé de façon étonnante le souvenir des Tambours de Calanda de son enfance pour Nazarin
Il y a quelques exceptions dans l'œuvre de Bresson ou celle de Buñuel (Wagner et le tango dans "Un chien andalou", par exemple), mais ce n'est pas ce qui les caractérise. La partition sonore de "Lancelot", paroxystique, est autrement plus mémorable que la musique de Sarde, non ?
La musique n'est pas là pour sauver un film, ah ça non ! Il faudrait le rappeler aux réalisateurs lorsqu'ils s'adressent à un compositeur... Tu cites "le jeu des acteurs, les décors (...), la mise en scène, le choix des couleurs" qui sont des éléments participant essentiellement au visuel... Et les dialogues dévorent le cinéma depuis plus de 70 ans. Dans tous les médias audio-visuels, le terme audio souffre d'une désaffection dans l'écriture même du scénario. La discrimination se passe hélas en amont. Si le cinéma a des progrès à faire, c'est bien dans la relation image-son. Le déséquilibre est trop flagrant pour qu'il ne soit pas souligné. La musique de film reste un filon qui a encore de beaux jours devant lui ! On comprend aisément pourquoi "le jeu des acteurs, les décors, la mise en scène, le choix des couleurs" sont des éléments incontournables (à moins de faire une émission radiophonique, soit un film pour les aveugles), mais quitte à sonoriser les images, la question de la musique (ou pas) me semble, j'insiste, cruciale. Elle devrait titiller chaque cinéaste avant de se demander laquelle poser le long de ses images :
pourquoi mettre de la musique dans un film ?
Si certains trouveront certainement une excellente raison, d'autres devraient y réfléchir à deux fois (au moins).
Très souvent je trouve la musique bien trop présente dans les films c'est vrai,en effet elle surligne , elle ne laisse pas assez de temps pour pouvoir s'imprégner à notre rythme à l'action qui se déroule, mais comme toujours il existe des exceptions.
Je viens de revoir le magnifique film de Florian Henckel von Donnersmarck
"La vie des autres" là il me semble que la musique originale accompagne en sourdine et fort bien l'intrigue de l'histoire...
Autre film de Won Kar Wai "in the mood for love" la musique accompagne somptueusement la lenteur de l'action, alors que dans 2046 du même réalisateur je trouvais le thème central(fort beau à mon goût au demeurant) vraiment trop présent...
Revu ce matin Picpocket de Bresson. Le choix qui peut sembler étrange de la musique très présente de Jean-Baptiste Lully relie de façon curieuse le film au spectacle dont il s'échappe en n'hésitant pas sur le surlignage (comme lorsque le picpocket lit à haute voix une lettre que nous pouvons aussi lire ou lorsqu'il narre une action que nous voyons). Pourtant cela n'alourdit pas un film qui il est vrai ne cherche heureusement pas la légèreté.
Souvenir fugace à la sortie de cette projection en voyant un livre d'histoire du cinéma : la musique de La mariée était en noire de François Truffaut est signée Bernard Herrmann, très grand musicien généreux et merveilleusement envahissant. Si la musique ultra-présente d'Herrmann marche si bien chez Hitchcock, Welles ou Dave et Max Fleischer et pas chez Truffaut, est-ce la faute au musicien ?
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