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Salut les pingouins !
Doucement les castors !
Enfants d'Espagne
22.1.08
CANCER DE LA COLONNE
Le dernier poilu vivant (soldat de la guerre de 1914-1918), Lazare Ponticelli, refuse d'avoir des funérailles nationales par respect pour tous ceux qui sont morts sans considération. Cette décision d'un homme qui pense que la guerre est un fait "complètement idiot" empêchera peut-être l'un de ces twists embrouilleurs d'histoire dont Napoléon IV a le secret.
Un homme qui avait honte d'être au chômage est mort de froid à Grenoble dans sa voiture en feignant d'avoir trouvé un boulot de nuit. Pas de danse prévue par le petit empereur pour ce cas-là.
Au XIXème siècle, Gustave Courbet n'aime pas Napoléon III qui cherche pourtant à le courtiser. Au début du XXIème siècle, les tableaux de l'auteur des "Casseurs de pierres" sont exposés au Grand Palais, établissement parisien qui jouxte un important poste de police.
Vendredi 18 janvier 2008, il y a foule au Palais. Une femme se plaint à son mari de la laideur des corps tels que peints par Courbet. Cette élégante sculptée par un versaillais mélange raffiné de Danone vuitonné et de Loréal cartierisé, forte de sa beauté prétendue, hurle l'air offusqué à qui veut bien l'entendre, avec la réserve savamment étouffée qui fait la marque sonore de la bourgeoisie. Evocation immédiate du dessin d'Honoré Daumier publié en 1855 (qui figure dans l'indispensable ouvrage de Manuel Jover intitulé Courbet - éditions Terrail) de pédants enlaidis s'insurgeant contre la vulgarité de Courbet. Nous en sommes au même point, ça rassurerait presque... un bref instant seulement.
En mars 1871, lorsque Paris se proclame Commune indépendante, Courbet (ancien ami de Proudhon mort en 1865, théoricien du socialisme libertaire par trop puritain mais aux travaux utiles) est président de la Fédération des Artistes et s'occupe de l'instruction publique. Il aime ! "Paris est un vrai paradis ! Point de police, point de sottise, point d'exaction d'aucune façon, point de dispute. Paris va tout seul comme sur des roulettes.". C'est lui qui a l'idée de déboulonner la Colonne Vendôme. La Commune le prend de vitesse en ordonnant sa destruction : "La Commune de Paris considère que la colonne impériale de la place Vendôme est un monument de barbarie, un symbole de force brute et de fausse gloire , une affirmation du militarisme, une négation du droit international, une insulte permanente des vainqueurs aux vaincus, un attentat perpétuel à l'un des trois grands principes de la République : la fraternité !". Le monument terminé par une statue d'un Napoléon 1er en César représente toute l'arrogance meutrière de l'empereur et de son neveu Napoléon III (premier président de la République auto-transformé en troisième empereur). Le peintre fut emprisonné puis plus tard condamné par Mac-Mahon (successeur monstreux d'Adolphe Thiers) à payer les frais occasionnés pour la reconstruction de la Colonne Vendôme (sa mort précéda le premier versement). En sortant de l'exposition Courbet - on ira revoir la toujours époustouflante "Origine du Monde" une énième fois au Musée d'Orsay car elle s'y trouve mieux que dans cette mise en scène de boudoir pour Versaillais attardés qui l'entoure au Grand Palais - en sortant de l'exposition Courbet donc, l'envie est forte de DÉBOULONNER QUELQUE CHOSE de symbolique voire plus.
Pas de funérailles nationales pour la chair à canon, pas de légion d'honneur pour les grands artistes de chair, pas de chauffage pour les chômeurs. MAIS UNE COLONNE CYNIQUE S'ÉLEVANT SANS FIN EDIFIÉE PAR DES DESPOTES AUX CERVEAUX NAINS ET FAITE DE LA BOUE DE NOS LARMES, À DÉBOULONNER D'URGENCE COMME SUR DES ROULETTES.
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2 commentaires:
Pas d'accord sur un point. Le placement avec environnement de "l'origine" est une des belles trouvailles de l'expo du Grand Palais.
Merci de votre commentaire, mais situer l'origine du monde dans un espace aussi clos a quelque chose de réducteur pour un tableau qui a pris au fil du temps autant d'espace, espace qu'il a commencé à occuper des son exécution. Pas d'objection sur la présentation des petites photos pornographiques (inoffensives) de l'époque ou sur la reprise de Masson, mais sur leur mise en espace. L'Origine du monde est sans doute un tableau intime et qui a été présenté longtemps de facon réduite (mais pas dans cette triste fausse réduction ultra-bourgeoise mise en scène du Grand Palais), mais qui ouvre très grand et qui l'a amplement prouvé.
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