Salut les ours !
Salut les chats !
Salut les bisons !
Salut les oiseaux !
Salut les tortues !
Salut les baleines !
Salut les pingouins !
Doucement les castors !
Enfants d'Espagne
19.11.08
BROKEN DREAMS
En 1972, la musique changeait de mains à plus d'un jet de toupie. Le rock'n'roll s'affranchissait (hélas souvent) de sa réputation de "petite vérole" ou de "vitriol" (pour paraphraser Au bonheur des dames) jouant soudain la carte aristocratique (et de ce fait même forcément décadente). David Bowie débarquait de mars assurément, quelques jeysers spontanés type T.Rex allaient bientôt s'éteindre, Mick Jaegger transformait les Rolling Stones en entreprise et Keith Jarrett à Cologne nous signifiait sévèrement qu'on avait assez rigolé et qu'il était temps de reprendre les chères études. Il faudra attendre les punks pour le nouveau chambardement libérateur.
1972, c'est l'année où paru Rock Dreams de Guy Pellaert, ex collaborateur d'Hara Kiri pour Jodelle et Pravda. Peintre, illustrateur et fou de cinéma (et plus encore), Peellaert avait témoigné pour le rock'n'roll à son grand tournant (les lecteurs de la BD Titeuf savent toute la douleur cruelle qu'il y a à quitter l'adolescence). Peellaert fixait ce moment à jamais mieux que tous les discours. Il couchait l'ambigüité dans de beaux draps. Du coup David Bowie et les Rolling Stones lui commandaient les couvertures de leurs disques ambigus. Le générique ultra-panoramique signé Peellaert de la belle émission de cinéma à la télévision (ça a existé) de Claude Ventura (Cinéma, cinéma) rendait l'appareil ins kino et du coup les affiches de Taxi driver de Scorcese, des Ailes du désir ou Hammett de Wenders, de l'Argent de Bresson, des Rendez-vous d'Anna de Chantal Akerman, Mauvais Sang de Léos Carax suivaient. Cet admirateur de Marilyn Monroe (qui travailla aussi avec Alain Resnais pour le documentaire sur Gershwin) et d'une certaine folie urbaine, loué par Baudrillard, se retrouvait dans la lumière narrative des néons, celle d'une humanité fouillée dans la désillusion. Les lueurs de Peellaert, intéressant témoin des mutations d'un siècle finissant en agonisant énérgétiquement, se sont éteintes à 74 ans le 17 novembre.
Peintures : Guy Pellaert - Rock Dreams, The Big Room
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1 commentaire:
Bel hommage avec vos mots!
Ce matin mon quotidien était fier d'évoquer Peellaert qui avait créé une carte de voeux et deux tableaux pour celui-ci.
Beaux souvenirs cinématographiques ces "Rendez-vous d'Anna" sans oublier les autres films nommés.
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