Dans Deux ou trois choses que je sais d'elle de Jean Luc Godard (1966), Elle n'est pas seulement le portrait de la femme, mais celui de la banlieue, surface urbaine et sociologique très dépréciée depuis Louis-Philippe Ier. La banlieue est pour le peuple, la ville pour les citadins, et comme l'insolente politesse des rois l'exige - à moins que nous ne soyons moutons - une autre catégorie se détache au fur et à mesure du grand flux des cubes envahissants : celle des banlieues riches qui se distinguent des banlieues pauvres ou industrielles (dépendantes de la tutelle de grande industries capitalistes, Ford aux USA et en Angleterre, Michelin en France, McDonald partout dans le monde...) par le fait "qu'elles étaient là avant" hébergeant ceux qui ne se seraient alors mêlés en aucun cas à la plèbe parisienne (pour citer un exemple de ville). L'armée des Versaillais était à Versailles lorsque Paris osait vivre.
En 1976, Marco Ferreri, réalisateur contreversé du Mari de la femme à barbe, Dillinger est mort, Liza ou La Grande bouffe, réalise La dernière femme. Le portrait du jeune ingénieur, joué par Gérard Depardieu (ne perdons pas de vue le grand acteur -personnage- qu'il fût) est aussi le portrait du monde qui survient alors. Le progrès technologique se conjugue avec la décadence d'une société malade. Tout va trop vite. La banlieue-ville nouvelle sans histoire désincarne tout espoir, le chômage torpille les rêvasseries glorieuses, la technologie se substitue à la communication et aux déplacements, ce qui reste d'animal se heurte et se condamne, la virilité est idiote, les sens s'affolent sans destinée, l'amour s'objetise, le corps perd la tête... L'ingénieur s'émascule.
Impossible de ne pas penser en revoyant cette Dernière femme au monde de 2009 qui a non seulement amplifié à outrance tout ce qui est décrit dans ce film prophétique, mais en plus s'est paré de toutes sortes d'espèces de faux-semblants pour faire passer les pilules les plus grotesques, rançons d'un confort illusoire et d'un ennui mortel.
Nous ne pensons plus qu'à distance et avec distanciation si loin que nous assassinons tranquillement des êtres inconnus à l'autre bout de la terre et parfois à deux pas. "Ils" n'assassinent pas, "nous" assassinons, par laisser faire, sens pratique, espace domestique et emphase de nos misères intellectuelles prétentieuses. Il serait bien de se réveiller avant de finir la queue entre les mains.
Article écrit par un garçon (1) à partir d'un ordinateur à écran.
(1) Dans les temps qui ont précédé la déclaration de guerre des Etats Unis d'Amérique à l'Irak, un groupe de comédiennes, chanteuses (et aussi quelques comédiens et chanteurs) de Mineapolis/St Paul avait choisi de lire des extraits de Lysistrata d' Aristophane dans tous les endroits où cela était imaginable. Cette lecture reste très conseillée autant que sa mise en pratique.
En 1976, Marco Ferreri, réalisateur contreversé du Mari de la femme à barbe, Dillinger est mort, Liza ou La Grande bouffe, réalise La dernière femme. Le portrait du jeune ingénieur, joué par Gérard Depardieu (ne perdons pas de vue le grand acteur -personnage- qu'il fût) est aussi le portrait du monde qui survient alors. Le progrès technologique se conjugue avec la décadence d'une société malade. Tout va trop vite. La banlieue-ville nouvelle sans histoire désincarne tout espoir, le chômage torpille les rêvasseries glorieuses, la technologie se substitue à la communication et aux déplacements, ce qui reste d'animal se heurte et se condamne, la virilité est idiote, les sens s'affolent sans destinée, l'amour s'objetise, le corps perd la tête... L'ingénieur s'émascule.
Impossible de ne pas penser en revoyant cette Dernière femme au monde de 2009 qui a non seulement amplifié à outrance tout ce qui est décrit dans ce film prophétique, mais en plus s'est paré de toutes sortes d'espèces de faux-semblants pour faire passer les pilules les plus grotesques, rançons d'un confort illusoire et d'un ennui mortel.
Nous ne pensons plus qu'à distance et avec distanciation si loin que nous assassinons tranquillement des êtres inconnus à l'autre bout de la terre et parfois à deux pas. "Ils" n'assassinent pas, "nous" assassinons, par laisser faire, sens pratique, espace domestique et emphase de nos misères intellectuelles prétentieuses. Il serait bien de se réveiller avant de finir la queue entre les mains.
Article écrit par un garçon (1) à partir d'un ordinateur à écran.
(1) Dans les temps qui ont précédé la déclaration de guerre des Etats Unis d'Amérique à l'Irak, un groupe de comédiennes, chanteuses (et aussi quelques comédiens et chanteurs) de Mineapolis/St Paul avait choisi de lire des extraits de Lysistrata d' Aristophane dans tous les endroits où cela était imaginable. Cette lecture reste très conseillée autant que sa mise en pratique.
Paris, Bassin de la Villette : restes d'une "fête" de jeunes bobos (yuppies du XXIème siècle) aux idées de gauche.
Photos du canal : B. Zon, et image extraite du film de Ferreri
2 commentaires:
Ferreri, autre cinéaste italien scandaleusement oublié, on ne trouve même pas ses films en DVD et il n'a quasiment jamais les honneurs des cycles
En cherchant on trouve... Même si on voit surtout La Grande Bouffe et Touche Pas à la Femme Blanche. On trouve pas mal de DVD de Ferreri (mais effectivement pas La Dernière Femme par exemple). Une édition de la classe type ce qu'il y a eu pour Jacques Demy serait intéressante
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