Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

25.11.11

URSUS MINOR
BOOTS RILEY ET DESDAMONA
PARIS : 23/11/2011
FABIEN BARONTINI : L'ÉLÉGANCE MERVEILLEUSE DES ÉTOILES

L’élégance merveilleuse des étoiles
par Fabien Barontini

Le New-Morning accueillait ce 23 novembre le quartet Ursus Minor et ses deux invités Desdamona et Boots Riley. Ce groupe nous a donné ce que la musique offre et distribue à tout vent dans un total désintéressement : la beauté d’une humanité généreuse. On ne se lasse pas de les réécouter, pour moi ce sera certainement la douzième fois… ou seizième, je ne sais plus. Et les retrouvailles sont toujours aussi heureuses. C’est à cela que l’on reconnaît une musique indispensable. Seuls les blasés et les revenus de tout, et aussi d’eux-mêmes, croient pouvoir s’en passer. Ces plaisirs musicaux qui s’installent dans le temps les dérangent. Ils existent parce que, hors courtes vues des plans promos et des idéologies utilitaristes actuelles, ils sont portés uniquement par le désir artistique.

Six musiciens rassemblés et toutes les musiques modernes convoquées. Ils vivent en des points du globe très éloignés les uns des autres (Minneapolis, Oakland, New-York, Londres, Bordeaux, Paris…). Et si l’on sait qu’Ursus Minor entame sa neuvième année d’existence, on comprend mieux alors que ce « miracle » porte le nom de grand art. Même si le don de cet art se fait dans la simplicité de l’échange.

D’emblée le quartet place la barre haut, très haut et ne quittera plus ce niveau d’intensité expressive. On a beau connaître les morceaux, on les redécouvre dans une totale fraîcheur de l’instant vivant. Les rythmes sont essentiels et profonds, sources abondantes de puissance inaltérable et les improvisations de chacun bousculent et éveillent d’un jeu salutaire notre écoute. Tony Hymas dérégule son clavier de traits volontairement chaotiques et emportés. François Corneloup attrape la queue d’une comète indomptable. Mike Scott apporte ses impros énergiques funky teintés de raffinements baroques. Et Stokley Williams qui nous avait gratifiés de si belles interventions vocales, commence dans un silence total, après le déluge des sons, un solo de batterie – anthologique – qui rejoint les grands solos de l’histoire des tambours.

On ne sait plus si la musique entendue s’appelle jazz, funk, soul, hip-hop, rock. Et peu importe. C’est une musique qui rassemble toutes ses musiques en même temps et fait cohabiter spontanément et naturellement Sidney Bechet et Stevie Wonder. Cette musique nous fait ressentir l’essence même de la liberté. C’est pour cela que les interventions à la fois souples, sensuelles chaleureuses, obstinées et revendicatives du rap de Desdamona et Boots Riley deviennent d’une indispensable actualité. Musique du présent et de la présence de soi au monde. Boots donne, entre deux morceaux, des informations sur le mouvement « Occupy Wall Street » de sa ville d’Oakland.

À une heure du matin passé, en sortant du New-Morning, la rue était encore éclairée des néons des restaurants indiens, turcs et chinois. Aux terrasses réchauffées des cafés, des gens palabraient. La vie, en harmonie avec la musique d’Ursus Minor, ne renonçait pas dans la nuit.

Et si le ciel de novembre était sombre et obscur, on savait comment apercevoir les étoiles.

Photo de Desdamona avec Emilie Lesbros venue écouter ses camarades de lutte (on aperçoit aussi Boots et François : B. Zon

Ursus Minor avec Boots Riley et Desdamona ainsi que Mahmoud El Kati et Charmaine Neville, seront à Sons d'Hiver le 11 février 2012 pour un salut à Howard Zinn. L'aventure Ursus Minor a commencé à ce même festival en janvier 2003. On pourra également y entendre Ill Chemistry (Desdamona et Carnage) le 10 février.

Sons d'Hiver


Remerciements : Dunose organisateur de la soirée du New Morning

1 commentaire:

Magento theme a dit…

I learned lot of new things which explores my knowledge in various developments.So i must appreciate your efforts on posting these information.