Un chien est entré au Pixie... Le Pixie est un lieu à Lannion
(Bretagne), un endroit associatif où l'on fait attention, avec plaisir, à
ce qu'on boit (bière garantie sans OGM), ce qu'on mange, ce qu'on
écoute, un lieu habité et vécu par des personnes d'allure libre, une île
radieuse sans cruauté libre du siège mental, un espace naturel commun.
Ce jeudi soir, 20 février, donc, le Pixie avait invité Ill Chemistry ;
un des premiers spectateurs à pénétrer le lieu fut un chien, ce qui
n'eut l'air de surprendre personne. Après avoir rapidement salué
quelques connaissances, ce chien s'empressa d'aller rencontrer Desdamona
et Carnage, lesquels terminaient leur repas, pour leur souhaiter la
bienvenue. Il n'espérait aucun reste, précisait de sa manière de chien
qu'il n'était la voix d'aucun maître, qu'il venait seulement dire
bonjour, s'assurer que nos deux hip hoppers se sentent à l'aise, avant
de repartir dans la salle. Le temps du concert, il resta très attentif,
ravi que tout se passe bien mieux que bien, il aboya même un peu sur un
titre, en rythme, pour ne rien manquer de ce partage splendide, joyeux,
ce soir-là, entre spectateurs et artistes. Il trotta un peu parmi les
danseurs et à l'entracte vint même donner un coup de main à la vente des
disques. Au fur et à mesure qu'avançait la soirée, le message poétique
se transformait progressivement en terre d'exploration où s'incarnait
une présence folle. Le chien ravi de ce flux fécond terrassant toute misère d'exclusion, avoua même un moment se sentir un peu chat. Après le second set (bien allongé par la volonté des spectateurs-danseurs), un homme vint dire à Ill Chemistry "la musique rapproche les gens", expression qui est tout sauf banale, qui est TOUT.
La période, dit-on, est à l'inquiétude pour les soldats de la culture et certains de ses officiers sont en attente de miracle. On n'en serait peut-être pas là si on avait davantage écouté les chiens. Peut-être ! Il ne peut guère y avoir de musique de densité raisonnable sans écoute réelle,
sans danse. Les chiens sont au courant. Alors de miracle, il en est sans
doute un à portée d'homme : celui de la multiplication des Pixie.
Un très grand merci à Julien et Richard
Photo : B. Zon
1 commentaire:
On dirait que le bestiaire s'agrandit
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