Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

3.4.09

SOLIDARITÉ FRATERNELLE AVEC LES TRAVAILLEURS DE LA FNAC (12)
Pinault Simple Flic


Sale temps pour les employés de la Fnac et du groupe PPR. Récit d'une récente agitation culturelle par notre correspondant.



POLICE NATIONALE, POLICE DU CAPITAL !
(ENCORE ET TOUJOURS)

Texte : ZucaYan

Mardi 31 mars, à l’occasion du Comité Européen d’Entreprise (CEE) du groupe PPR (Fnac, Conforama, La Redoute…), dont François-Henri Pinault est le p-d-g, quelques dizaines d’employé-e-s des Fnacs parisiennes, sous le coup d’un plan social visant la suppression de près de 200 emplois (tandis que 200 autres suppressions sont prévues en province et au siège social dans les 18 mois à venir mais, pour l’heure, sans plan social), se sont retrouvés rue de javel, dans le 15ème, en compagnie de quelques collègues de Conforama (800 suppressions d’emplois annoncées sur la France) devant l’entrée de l’immeuble où devait se dérouler la réunion, pour faire connaître leur désaccord face à de telles décisions et rencontrer le p-d-g du groupe afin de pouvoir entamer de réelles discussions alors que les directions des enseignes respectives veulent imposer leurs plans dans un calendrier resserré.
Pour mémoire, le groupe Fnac reversera, pour 2008, 53 Millions d’euros de dividendes directement dans les poches du groupe PPR. Ce dernier compte également effectuer la modeste ponction de 300 Millions sur les réserves de la Fnac, tandis qu’il a déjà récupéré plus de 180 Millions d’euros de dividendes sur les 4 dernières années.
Aussi, lorsque F-H Pinault arriva dans sa voiture avec chauffeur, la clameur du comité d’accueil résonna dans le quartier le temps qu’il s’engouffre dans l’entrée de l’immeuble visiblement un peu surpris d’une telle réception. Puis, plus un signe de vie, la réunion ayant alors commencé s’en porter d’intérêt aux travailleurs des deux enseignes. Il fallut une bonne demi-heure et un soupçon d’ingéniosité pour trouver le moyen de pénétrer dans l’enceinte et finalement se retrouver devant la salle confinée de la séance. Face à l’ambiance bon enfant et sonore qui se mit alors en place, un représentant de chacune des enseignes fut « invité » à se présenter devant le Comité. Moins d’un quart d’heure plus tard, ils ressortirent après avoir lu une lettre ouverte sur la situation au sein de la Fnac pour l’un, et s’être adressé directement au p-d-g pour l’autre. Mais, là encore, point de réponse. L’ultime possibilité restant la sortie de réunion, les employé-e-s attendirent patiemment. Au bout de deux heures, un premier, puis un deuxième taxi vinrent faire le tour du pâté de maisons, éveillant les soupçons de quelques uns. Enfin, un troisième taxi fit son apparition, vitres teintées, mettant définitivement sur ses gardes la petite cinquantaine de travailleurs encore présents. C’est alors que, par une porte discrète sur le côté du bâtiment, F-H Pinault tenta de filer à l’anglaise. Mal lui en prit puisque une poignée d’employé-e-s resté-e-s à proximité de l’éventuelle sortie se mit immédiatement en travers de sa route, face au véhicule qui ne put avancer plus loin. Dans les secondes suivantes l’ensemble du groupe rejoignit la voiture et l’entoura de joyeux slogans, notamment autour du « bon dos de la crise ».
Alors que l’un des représentants du personnel de la Fnac s’avançait vers la portière, la vitre avant du véhicule s’entrouvrit et les paroles purent s’échanger. Mais face à la demande réitérée de rencontre officielle avec lui et ses dirigeants, le milliardaire se contenta de répondre : « je ferai en sorte que vous soyez entendu », formule frappée du sceau d’une langue de bois issue des grandes écoles françaises, fidèles à leur fonction de reproduction des élites. C’est ainsi que le patron de PPR se retrouva assis au fond d’un taxi, après être arrivé en voiture avec chauffeur, pendant près d’une heure, passant de temps à autre, quelques coups de fil. Il ne fait aucun doute que son carnet d’adresses est bien rempli, mais la preuve en fut administrée de sinistre manière à l’encontre des quelques travailleurs encore présents quand ils durent faire face à l’arrivée d’un double escadron de CRS, qui ne se firent guère priés pour accourir à la rescousse du richissime homme d’affaire licencieur et tueur d’emplois, en approchant d’un pas vif le véhicule encerclé.
Que pouvaient espérer quelques modestes employé-e-s, au mieux « armé-e-s » d’un gilet vert, face à plusieurs dizaines d’individus armés jusqu’aux dents (boucliers, armures légères et bâtons renforcés) à part quelques brutalités et quelques hématomes ? La Sécurité de la République à peine arrivée à proximité du taxi, le groupe s’écartant par précaution, la voiture et son fragile fils de milliardaire prit la poudre d’escampette dans l’instant. Mais, alors que l’on crut en rester là, non sans quelque déception, le double escadron maintint sa pression empêchant le groupe d’avancer de quelques pas dans la rue. Du coup, une certaine tension s’installa, et il fallut plusieurs injonctions de celui qui semblait commander pour que les troupes de la république commencent à reculer. Et sans jamais se retourner, des fois qu’un dangereux individu se jeta sur l’un d’entre eux. Alors, les travailleurs de chez PPR se mirent à accompagner le retrait des troupes en les applaudissant pour leur si honorable besogne et en scandant les « Police complices » et autres « Police Nationale, Police du Capital », toujours de rigueur, hélas.

Images de télévision saisies par : Bella Ciao


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