La ressortie de l'exceptionnel Deep end de Jerzy Skolimowski ainsi que de son superbe Travail au noir faisant suite à son nouveau film Essential Killing rendent cette année lumière à un cinéaste capital trop souvent ignoré. Ce mois-ci retour de l'inestimable long métrage Le Départ, réalisé en 1967, un an après Masculin Féminin de Jean-Luc Godard avec comme trait d'union (ce n'est pas le seul), les acteurs magnifiques Jean-Pierre Léaud et Catherine-Isabelle Duport (mais qu'est-elle devenue ?) présents dans les deux films (aussi dotés du même chef opérateur Willy Kurant). "Ça va la vitesse ?" Au moment des découvertes nouvelles sur la vitesse de la lumière, Le départ rappelle que le temps fait mieux que passer et que ses plus grandes fulgurances sont ses ralentis des découvertes de l'amour. Le départ et Deep end pourraient être les deux extrémités d'un même épisode, une chronologie chahutée, une vertigineuse accélération du temps, un espace où se logent tous les espoirs de tendresses explosant. Le départ est en noir et blanc (superbe) car toute la couleur est à venir, comme un de ces précieux "films originels" qui nous font tant défaut. Deep end est en couleur (impérieuse) - somme de toutes les lumières des trois années précédentes - car en 1970 nous en sommes déjà alors au crépuscule qui n'en finira plus de finir. Les paires Catherine Duport - Jean-Pierre Léaud et Jane Asher - John Moulder Brown (les femmes ont dans les deux cas de l'avance d'expérience et de tendresse sur ces compagnons de hasard sensible) peuvent facilement devenir nos repères, nos endroits à chérir ou à appréhender, nos désirs et nos fins : notre vitesse. Et puis il y a la musique, le plus grand instrument de défiance du temps. Si dans Deep End, Cat Stevens chante : "But I might die tonight" et que Can dispense sa lente désillusion, Le départ est doté d'une musique originale, euphorisante, porteuse de toutes les fêtes, de toutes les danses (même dans la mélancolie des paroles de la chanson). Krzysztof Komeda, pionnier du Jazz polonais et compositeur pour films (Le couteau dans l'eau de Polanski) l'a mis en oeuvre, mis en scène, démise en plis avec Gato Barbieri, Don Cherry, Jean-François Jenny-Clark, Jacques Thollot, Jacques Pelzer, Philip Catherine, Christiane Legrand. La musique de Komeda pour Le départ et l'enthousiasme exalté de ses interprètes résonnent comme un sensationnel manifeste, sonne comme une fondation de vent de tous les possibles. On s'ébroue ! En 2004 le groupe Fat Kid Wednesdays reprenait le thème du film comme générique de leur album The art of Cherry, aujourd'hui le pianiste Bertrand Ravalard explore le thème parmi son remarquable travail sur Komeda. Le départ est un film de source, une musique de source, le revoir, l'écouter, libère nos profondeurs retrouvées.
Fat Kid Wednesdays : The Art of Cherry
Salut les ours !
Salut les chats !
Salut les bisons !
Salut les oiseaux !
Salut les tortues !
Salut les baleines !
Salut les pingouins !
Doucement les castors !
Enfants d'Espagne
27.9.11
16.9.11
TONY COE - JOHN HORLER
RETOUR À LA CASE DUNOIS
RETOUR À LA CASE DUNOIS : 3ÈME VOYAGE
TONY COE – JOHN HORLER
7 octobre 2011
Après Lol Coxhill en trio avec Barre Phillips et JT Bates puis Steve Beresford en duo avec Matt Wilson, en octobre 2010 à l’occasion des 30 ans de nato (1), c’est au tour d’une autre personnalité essentielle aux très beaux jours des années 80 du théâtre Dunois, le clarinettiste et saxophoniste Tony Coe, de se loger dans ces Retours à la case Dunois en passe de devenir un rendez-vous annuel. Il se produira en duo avec le pianiste John Horler le 7 octobre prochain. Celui qui fut surnommé le Gitan de Canterbury, figure majeure de l’histoire du jazz, tomba amoureux du lieu dès le premier contact au point de dédier un des morceaux de son disque Tournée du Chat réalisé en 1982, à Makoko, chatte maîtresse des lieux. Cet attachement ne se démentira jamais en multiples compagnies (The Melody Four, Alan Hacker, Tony Hymas, George Lewis, Violeta Ferrer, Jean-Louis Chautemps, Robert Cornford, John Lindberg et nombreux autres…).
« Un endroit où j’aime jouer, c’est le théâtre Dunois à Paris ! C’est vraiment tout ce qu’un musicien peut souhaiter : un son parfait (on peut jouer acoustique, ce que je préfère), un très bon public attentif sans être austère – il sent jusqu’à quel niveau il peut parler sans gêner – une direction et un personnel sensibles et aimables faisant bon accueil et sachant détendre les musiciens, sans oublier le chat : Makoko qui se montre à la fin des concerts en signe d’approbation et aussi de nombreuses autres qualités. Le théâtre Dunois peut être porté au crédit de Paris et de la France. » Tony Coe in Jazz Ensuite Octobre 1983
Tony Coe : saxophones, clarinettes, composition
Fervent supporter anglais de Monsieur Hulot, universellement connu pour être l’interprète inoubliable du célèbre thème de Henry Mancini : « La Panthère Rose », Tony Coe a bercé de ses saxophones, clarinettes et compositions, les oreilles de la terre entière. Au-delà de cette incontournable référence, l’itinéraire de Tony Coe est jalonné par les plus grands noms du Jazz : Dizzy Gillespie, Count Basie, Kenny Clarke, Stan Getz, Cab Calloway, Sarah Vaughan, Quincy Jones, Thad Jones… Il a aussi croisé le fer avec les meilleurs représentants de l’improvisation libre : Derek Bailey, Evan Parker, Tony Oxley, Barry Guy et a joué avec quelques stars de la pop music : Paul McCartney, Caravan, George Harrison, John Martyn… Sa sonorité unique est également repérable lors de ses nombreuses collaborations avec Henry Mancini (dont les célèbres Panthères Rose – à l’exception de la première interprétée par Plas Johnson – ou encore Victor Victoria, Basil la souris détective …) ou d’autres compositeurs de musiques de films : John Williams pour Superman II, Mike Figgis pour Leaving Las Vegas, Michel Legrand pour Atlantic City pour n’en citer que trois. Il passe également de l’autre côté du pupitre avec quelques longs métrages tels Mer de Chine de Jacques Perrin ou Camomille de Mehdi Charef. Membre de l’ensemble Matrix, il a également été l’interprète de nombreux compositeurs contemporains comme Pierre Boulez ou Harrison Birtwistle. Dans ce genre encore, on lui doit la signature de quelques œuvres ambitieuses pour bois ou orchestre (Buds of Time, Something Blue …). Tête des Voix d’Itxassou (récemment rééditées) (2) - projet de chants de liberté avec Marianne Faithfull, Ali Farka Touré, Jose Menese, Françoise Fabian ou Maggie Bell - membre actif des groupes The Melody Four (grands habitués du Dunois) puis The Lonely Bears, il a été honoré en 1992 à Francfort pour l’ensemble de son œuvre et a reçu le Jazzpar Prize en 1995 à Copenhague. Tony Coe est fréquemment salué comme l’un des plus grands musiciens de notre époque.
John Horler : piano
Pianiste fort respecté, John Horler a acquis son excellente réputation sur la scène du jazz britannique dès sa sortie de la Royal Academy of Music, à l'âge de seize ans. Amateur de Brahms et Debussy, c’est l’écoute de Bill Evans qui le conduit tout droit au jazz. Pianiste régulier de l’émission « Jazz Club » de la BBC, accompagnateur de Pepper Adams, Bob Brookmeyer, Clark Terry, Zoot Sims, Al Cohn, Art Farmer, Bud Shank, Shorty Rodgers et Chet Baker (ce qui reste une de ses plus bouleversantes expériences), partenaire des grands du jazz d’outre manche tels Pete King, Tommy Whittle, Tony Coe, Kenny Wheeler ou le regretté Ronnie Ross (le saxophone de « Walk and the Wild Side » de Lou Reed), John Horler a aussi été le premier pianiste de John Dankworth et Cleo Laine (avant Tony Hymas). En 1993, il fait ses première apparitions avec ses propres ensembles (trio avec Jeff Clyne et Trevor Tomkins pour le disque Touches). Le duo Tony Coe – John Horler est bel et bien une affaire d’histoire et d’histoires de jazz.
(1) Les deux concerts de Lol Coxhill et Steve Beresford de Retour à la case Dunois 2010 ont fait l’objet de deux enregistrements respectivement publiés en mars et en octobre 2011
Lol Coxhill- Barre Phillips – JT Bates : The Rock on the hill (nato 4099)
Steve Beresford-Matt Wilson : Snodland (nato 4190)
(2) Tony Coe : Les Voix d’Itxassou (nato 1957)
13.9.11
DAVINA - TONY HYMAS - ERIK FRATZKE - JT BATES
Davina Sowers, Tony Hymas, Erik Fratzke, JT Bates avaient enregistré il y a un an la chanson du film d'Une vie Française de Jean Pierre Sinapi (diffusion demain 14 septembre à 20h30 sur France 2). Il viennent de se retrouver joyeusement pour un autre projet aux multiples conjugaisons (Otto Preminger, les Yardbirds etc.). À suivre et à belle allure...
Une vie Française dans les actualités du site nato
Photo : B. Zon
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Photo : B. Zon
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11.9.11
SOIS SANS TEMPS JOËLLE LÉANDRE !
LES DOUZE SONS DE RETOUR
... LE DOUZE SEPTEMBRE
Joëlle Léandre a débarqué dans la musique d'aujourd'hui en sautant dans un taxi et en passant par la fenêtre avec son bel instrument sans âge, bel animal de cet autre temps qui ne peut être que le nôtre. L'ombre est d'un coup devenue claire pour s'étirer sans fin, et se gorger de tout ce qui passe, de tout ce qui se passe.
1983, Joëlle est, déjà depuis un petit moment, au Dunois, l'une des héroïnes qui secouent les meubles au milieu d'aînés fantastiques : Lol Coxhill, Steve Lacy, Derek Bailey, Han Bennink, Evan parker, Tony Coe, Barre Phillips. De très grands inventeurs qui la reconnaissent tout de suite. En quatre soirées - les 9, 10, 11 et 12 juin (encore un "12") - elle enregistre alors ces douze sons qui nous reviennent aujourd'hui 12 septembre (jour de son anniversaire) pour la première fois en disque compact (vérifiez chez les bons disquaires !). Barre Phillips, Derek Bailey, George Lewis, Annick Nozati, Irène Schweizer, Ernst Reijseger sont de la partie.
Ça s'écoute aujourd'hui comme alors parce qu'alors était aujourd'hui. Joëlle Léandre, femme d'un des plus extraordinaires parcours à cheval sur ces deux siècles, ne s'est jamais laisser faire par le temps et ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer.
BON ANNIVERSAIRE JOËLLE
Réédition de Les Douze Sons de Joëlle Léandre - textes de Joëlle Léandre et Sylvain Torikian, photographies de Jean-Marc Birraux et Horace, illustrations de Pierre Cornuel...
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Photo Dino en bas des marches du musée de Lille : François Lagarde
Couverture originale en bas des marches de l'Opéra de Paris : Jean-Marc Birraux et Pierre Cornuel
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WILLIE MURPHY AU BLACK DOG
L'entracte - on devrait le savoir depuis Relâche (Satie-Picabia) - n'est pas un entre-deux, mais le moment de faire le plein au centre, de (dé)mesurer les effets de l'inattendu. À l'issue du premier set de Willie Murphy au Black Dog le 9 novembre se concluant sur un poignant "Spanish Harlem", un homme sort de la salle pour fumer et dit à la première venue : "J'avoue être nostalgique du moment que j'ai envie de vivre". La drôle de phrase prolonge ce qui vient d'être entendu, elle dessine aussi le moment de nos interrogations faites de cet inextricable nœud d'espoirs, de regrets, de lutte contre la mort, d'abandon impossible, de messages liés et séparés. Le temps n'est plus aux stratégies, mais à l'abondance de nos champs repérés.
Set numéro 2: Willie Murphy, vieux briscard splendidement imbibé de blues depuis l'origine de nos temps communs, joue "Stop Breaking down" de Robert Johnson, sculpté, en profondeur écorchée. Une femme danse, puis une autre, une autre, puis un ou deux types moins timides, heureusement moins mâles de leurs corps, ouvrent la voie, puis tout le monde. Seules les chaises ne dansent pas. Les larmes de crocodiles citoyens qui se gargarisent d'anniversaires pernicieux seront pour d'autres. On n'est pas à la parade. Ici on danse, le réel, le monde y est ! Nous y sommes !
Photo : B. Zon
Set numéro 2: Willie Murphy, vieux briscard splendidement imbibé de blues depuis l'origine de nos temps communs, joue "Stop Breaking down" de Robert Johnson, sculpté, en profondeur écorchée. Une femme danse, puis une autre, une autre, puis un ou deux types moins timides, heureusement moins mâles de leurs corps, ouvrent la voie, puis tout le monde. Seules les chaises ne dansent pas. Les larmes de crocodiles citoyens qui se gargarisent d'anniversaires pernicieux seront pour d'autres. On n'est pas à la parade. Ici on danse, le réel, le monde y est ! Nous y sommes !
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4.9.11
HYMAS & THE BATES BROTHERS
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Tony Hymas, Chris Bates et JT Bates au Black Dog jeudi soir ont joué une première histoire de porte bleue. Les courbes se superposent, les traits des visages, rappels d'amitiés sans âge, curiosités de sources. Le blues est le temps qui passe, ses attaches aussi, sa résistance en forme d'eaux-fortes, son balancement de tous les réels. Comme il est bon de se déplacer ensemble.
Photo Petronella Ytsma ©
À propos de Petronella Ytsma
Tony Hymas, Chris Bates et JT Bates au Black Dog jeudi soir ont joué une première histoire de porte bleue. Les courbes se superposent, les traits des visages, rappels d'amitiés sans âge, curiosités de sources. Le blues est le temps qui passe, ses attaches aussi, sa résistance en forme d'eaux-fortes, son balancement de tous les réels. Comme il est bon de se déplacer ensemble.
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