On s'amuse, on chante, on rit :
c'est la vie de bandit !
par Cattanéo
"Vous souvenez-vous d'Occupy Wall Street ?
J'étais par chance au cœur de ce mouvement à NYC l'année dernière, m'enivrant de liberté, de créativité, de solidarité (et d'un tas d'autres mots se terminant par té, au rang desquels on peut citer : l'hilarité, la convivialité, l'amabilité (et toutes ces sortes de joyeusetés)) ; ainsi, tel un envoyé spécial pour le compte de la subversion internationale (vivent la révolution et les pommes de terres frites !), j'inondais le monde en général et La Roche Bernard en particulier de mes compte-rendus sur la situation (assortis parfois, il est vrai, de considérations plus personnelles (comme certains désastres émotionnels si je me souviens bien, mais passons), qui, aussi relative qu'ai été mon audience (dans sa dimension numéraire, s'entend), n'ont pas peu contribué à tenir informer les populations de ces évènements si importants. Noble tâche !
J'ose croire que je m'en suis acquitté avec ardeur et efficacité.
Or, il se trouve que pas très loin de chez moi il y a Notre-Dame-des-Landes ; c'est un joli bocage situé au nord de Nantes, qu'on veut ravager pour y construire un aberrant aéroport. Ça se situe de l'autre côté de la frontière administrative : on n'est plus en Bretagne depuis que Pétain a fait ceci ou cela, je ne me souviens plus très bien (et je m'en fiche pas mal : on est tous des frères), mais en Pays de La Loire. Ces derniers temps on y croise des centaines de CRS et gendarmes mobiles, qui y expulsent les habitants, détruisent leurs habitations, gazent le tout aux frais du contribuable.
Cependant, s'il y a un esprit de résistance "à la bretonne" qui est bien vivant, bien serein, bien déterminé c'est ici, dans ce patelin. Je le sais, j'y étais hier.
Je ne veux pas tout dire de ce que j'ai vu et entendu sur la route D81 qui relie Fay-de-Bretagne à Vigneux-de-Bretagne, ni même de ce que j'y ai fait ; je peux en revanche vous révéler que nous nous préparons à vivre un épisode magnifique, plein de fougue et de panache. Les flics qui ont survolé par hélicoptère cet après-midi la Zone A Défendre n'ont pas manqué de faire le point sur les forces en présence, aussi m'autorisé-je à vous signaler que plusieurs barricades ont été érigées, des vraies avec fossés, gravats, pneus, palettes, troncs, réserves de projectiles tels pierres, piles ou canettes. Sur plusieurs rangs successifs, elles coupent la route au sens littéral du terme et constituent le point névralgique d'une zone n'étant plus complètement sous le contrôle de Vinci, la police, l'état : ils ne passent plus. Aucune trace des bleus - ou si peu - pendant tout ce weekend et l'air, curieusement, s'en trouve comme purifié, enrichi des fragrances de l'automne. Singulière expérience que l'érection (très agréable aussi) de ces barricades champêtres, tranquilles, et joyeuses : elles promettent un gymkhana insensé et périlleux aux flics qui voudront les prendre d'assaut, et se montent dans la bonne humeur, la tranquillité, l'évidence par des femmes et des hommes jeunes, animés d'une puissante pulsion de vie : on n'est pas dans le no future ici, c'est exactement le contraire. Ces gens sont le futur. Nous sommes le futur.
Une Manifestation de Réoccupation est programmée pour le samedi 17 novembre, en compagnie d'une partie du "mouvement social", dit-on : Attac, la Conf', le NPA... Ce sera un rendez-vous important pour reconstruire des bâtiments collectifs et passer l'hiver, réorganiser durablement la vie des habitants, donner une suite au mouvement, comme il est coutume de le dire.
En attendant, on a envie de voir vivre ces barricades, de les voir prospérer, animées par la musiques et les chants Par nos amours, nos rêves. Nos incendies.
Il faut les défendre et cesser de nous plaindre.
Se souvenir du Larzac et Plogoff, la Commune de Paris... Ces choses sont vraiment arrivées.
Et demain, elles se produiront encore.
Je le sais, j'y serai.
Si vous venez, vous me repérerez aisément : je serai à côté d'une grande banderole peinte par mes soins où l'on peut lire : QUE LA FÊTE COMMENCE !"
Salut les ours !
Salut les chats !
Salut les bisons !
Salut les oiseaux !
Salut les tortues !
Salut les baleines !
Salut les pingouins !
Doucement les castors !
Enfants d'Espagne
30.10.12
23.10.12
RUSSELL MEANS
Nous l'avions rencontré et interviewé en 1990 à Wounded Knee, monté sur son cheval dans le froid, très en colère contre les parcelles de la réserve occupées par les Euro-américains. Russell Means était bien autre chose qu'une icône - traduire "image rapide" - de la contestation indienne, sanctifiée par Andy Warhol. Le Lakota Oglala, né à Pine Ridge en 1939, devint en 1970 le premier représentant de l'American Indian Movement (fondé en 1968) qu'il avait contribué à créer avec l'Ojibway Dennis Banks. Ils furent tous deux inculpés pour l'occupation du site de Wounded Knee en 1973. Le parcours de l'auteur de Where White Men Fear to Tread est complexe, nourri d'actes de bravoures et de contreverses. Il a survécu à 9 tentatives d'assassinat, mais pas à un cancer de la gorge qui l'a emporté hier.
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Lost and found
SADE ET DIDIER VARROD
Dans sa chronique au journal (7-9*) de France Inter ce matin, Didier Varrod a évoqué Sade (la chanteuse) "qu'on avait pas réussi à oublier". Personne ne lui avait demandé un tel effort, à moins qu'il n'eut une aventure personnelle douloureuse avec l'interprète de "Diamond life" (mais comme nous n'étions pas prévenus, cette demande de solidarité soudaine avec ce "on" serait alors abusive). À moins tout simplement qu'il ne s'agisse, sans queue ni tête, de
"tout juste un peu de bruit comme à la radio"**.
* Journal où la mort de Russell Means n'avait aucune place
** Brigitte Fontaine et Areski
À lire dans le nouveau numéro des Allumés du Jazz (30) : Les mots pour ne pas toujours le dire (pages 15 à 17)
Sur le blog 29-04-028 : Finstacio
"tout juste un peu de bruit comme à la radio"**.
* Journal où la mort de Russell Means n'avait aucune place
** Brigitte Fontaine et Areski
À lire dans le nouveau numéro des Allumés du Jazz (30) : Les mots pour ne pas toujours le dire (pages 15 à 17)
Sur le blog 29-04-028 : Finstacio
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21.10.12
CATTANEO ET BENOÎT DELBECQ
ÉPATENT LA GALERIE DUFAY BONNET
À deux pas de chez Agnès Varda, dans un quartier qui porte la trace de Georges Méliès et une rue nommée d'après l'un des inventeurs de la photographie, Louis Daguerre, un de ces passages au charme tout parisien : la Cité Artisanale abrite la très agréable Galerie Dufay Bonnet. C'est dire si l'envie d'images se bouscule en cette partie de Paris. Ce samedi 20 octobre, une fine pluie conduit curieux et amateurs vers la petite galerie pour une performance, le mot n'est pas heureux, on lui préférera tout de même celui de concert car c'est bien de concert que Cattanéo (pinceaux) et Benoît Delbecq (claviers) agissent. Les deux hommes se connaissent depuis belle lurette, depuis le temps où les immigrés réfugiés à l'Église St Bernard virent un violent assaut policier. L'auteur du fameux Slim, bien connu des lecteurs des Allumés du Jazz, est un adepte des bains de musique qu'il pratique en s'ébrouant avec une joie salvatrice. Les prestations en public, il aime depuis ce jour où tout tremblant, il fit son baptême du feu en duo avec Moebius qui lui offrit là 1000 années d'assurance. On l'a vu aussi pendant son exposition au Black Dog de St Paul (Minnesota) en trio avec Nathan Hanson (saxophones) et Brian Roessler (contrebasse), ce qui tombait en plein enregistrement du disque de Benoît Delbecq Crescendo in Duke, et valut de bien entendu à l'une des images de Cattaneo "Black Dog at the winter's door") de figurer dans le livret de l'album. Les belles histoires sont constituées de sources et de petites rivières. Et c'est à une jolie cascade de sons et de couleurs que nous avons pu assister en ce jour anniversaire de la naissance d'Arthur Rimbaud. «Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens.» disait celui-ci. C'est sans doute de ça dont il s'est agit lors de ces 40 minutes chavirant doucement, nous rendant présents au monde, témoins par passages de couleurs qui se plient de sourire lorsque se font et se défont de petites mélodies entêtantes qui vibrent de plaisir. Le corps du peintre se prend à danser.
Il l'a bien cherché !
Exposition Cattanéo jusqu'au 23 octobre à la Galerie Dufay Bonnet, Cité Artisanale, 63 rue Daguerre 75014 Paris -
tél : 01 43 20 56 06.
PROLONGATION EXCEPTIONNELLE DE L'EXPOSITION JUSQU'AU 10 NOVEMBRE 2012
À lire :
Cattaneo a la ligne
In a sentimental mood par Stéphane Cattaneo
À écouter :
Benoît Delbecq : Crescendo in Duke
Photo : B. Zon
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18.10.12
JEAN-FRANÇOIS CANAPE
La revue Jazz Magazine avait mis en couverture le trompettiste Jean-François Canape le 1er mars 1994, ce qui n'avait pas plu à tout le monde, mais faisait tellement de bien. Nous évoquions récemment l'importance de groupes français comme Le Cohelmec, Canape en était. Trompettiste volontiers facétieux - ses voisins du XIVème se souviennent du son de sa trompette surgissant d'une fenêtre sur cours aux douze coups de minuit à la Saint Sylvestre et ces même voisins de réclamer chaque année : "trompette ! trompette !" ou de cette soirée au Havre avec Yves Robert, Louis Sclavis, Beñat Achiary, Michel Doneda en 1984 où il nous fît rire aux larmes - il s'est tranquillement imposé comme un pilier du jazz en France avec le Machi Oul Big Band, Gérard Marais, Jacques Mahieux, Didier Levallet, Michel Godard, Sylvain Kassap, André Jaume. À l'un des titres de son premier (et unique) disque en leader K.O.N.P.S. "Est-il rien sur terre ?", on répondra volontiers "trompette ! trompette !". Mais la trompette de Jean-François Canape vient de se taire, ce qui ne nous empêchera pas de le redire.
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13.10.12
RODRIGUEZ
(COMING FROM REALITY
AND OTHER FACTS)
Est-ce que j'aurais eu moins d'amour pour les disques de Rodriguez si je n'avais vu le film du réalisateur suédois Malik Bendjelloul, si je n'avais entendu cette histoire d'un type de Working Class Hero autrement plus vrai que celui prétendu par John Lennon, si je n'avais su son impact sur toute une jeunesse lorsque lui n'en savait rien, si je n'avais perçu, grâce à lui, la possible objectivité du hasard, si je n'avais senti son incroyable dignité de travailleur, de père et de musicien, si je n'avais été si touché par ce premier contact ?
Toujours est-il que, chaque jour, depuis que j'ai vu Searching for Sugar Man puis acheté de suite l'intégralité de la discographie du chanteur de Detroit, c'est à dire Cold Fact (1970) et Coming from Reality (1971), j'écoute ses albums aux titres précis. J'ai l'impression dans mon coeur, dans mon corps, qu'en cette période de doute prononcé, ce temps de violence sans nom souvent privé d'amour, de confusion entre la substance collective et l'esprit individuel, ses chansons aux paroles toujours si tangibles me sauvent à chaque fois. C'est une impression de plénitude d'une musique qui a traversé tout le spectre de la vie, a vaincu les cynismes et les banalités affligeantes, le vide imbécile et prétentieux, la dictature technologique, l'anti-rythme policier, les politiques misérables, la rouerie médiatique et autres aliénations modernes. L'insuccès premier de Rodriguez a permis le succès de son humanité. Alors lorsque j'entends "Sugar man", "Crucify your mind", "This Is Not A Song, Its An Outburst : Or the establishement blues", "Rich folks hoax", "I wonder", "I think of you" ou "Sandrevian lullaby - lifestyles", je crois encore, in extremis, à la musique comme langage fort ; soudain toutes les autres belles choses que j'ai entendues, toutes à l'heure, hier ou il y a longtemps, se rassemblent, alors quelque chose bouge. "Combien de temps pouvez-vous vous réveiller dans cette bande-dessinée et planter des fleurs ?"*
* "Cause" (Sixto Rodriguez in Coming from reality)
Toujours est-il que, chaque jour, depuis que j'ai vu Searching for Sugar Man puis acheté de suite l'intégralité de la discographie du chanteur de Detroit, c'est à dire Cold Fact (1970) et Coming from Reality (1971), j'écoute ses albums aux titres précis. J'ai l'impression dans mon coeur, dans mon corps, qu'en cette période de doute prononcé, ce temps de violence sans nom souvent privé d'amour, de confusion entre la substance collective et l'esprit individuel, ses chansons aux paroles toujours si tangibles me sauvent à chaque fois. C'est une impression de plénitude d'une musique qui a traversé tout le spectre de la vie, a vaincu les cynismes et les banalités affligeantes, le vide imbécile et prétentieux, la dictature technologique, l'anti-rythme policier, les politiques misérables, la rouerie médiatique et autres aliénations modernes. L'insuccès premier de Rodriguez a permis le succès de son humanité. Alors lorsque j'entends "Sugar man", "Crucify your mind", "This Is Not A Song, Its An Outburst : Or the establishement blues", "Rich folks hoax", "I wonder", "I think of you" ou "Sandrevian lullaby - lifestyles", je crois encore, in extremis, à la musique comme langage fort ; soudain toutes les autres belles choses que j'ai entendues, toutes à l'heure, hier ou il y a longtemps, se rassemblent, alors quelque chose bouge. "Combien de temps pouvez-vous vous réveiller dans cette bande-dessinée et planter des fleurs ?"*
* "Cause" (Sixto Rodriguez in Coming from reality)
12.10.12
ILL CHEMISTRY EN TOURNÉE (NOTES)
Tous les garçons s'appellent Mathieu
Mathieu de La Sirène à la Rochelle, Mathieu du Rocher de Palmer à Bordeaux (Cénon - c'est oui), Mathieu de Neonovo à Paris, trois personnes accueillantes, souriantes, très efficaces, de véritables acteurs d'égal à égal sans qui aucune fondation n'est possible.
Le chant de la Sirène
En Français, le mot sirène signifie autant cette créature mi-marine dont le chant est irrésistible que celui de cet appareil au bruit infernal monté sur les véhicules de pandores qu'on préfère voir rester dans leur boîte. Desdamona a une chanson "Song of sirens" (qui figurera sur son prochain album) qui joue de cette ambigüité, une chanson qui alerte. Le chant de Desdamona est irrésistible.
Le peuple étincelle
Difficile de trouver meilleur nom pour que tout le monde s'y retrouve. Le peuple étincelle est le nom du nouveau groupe de François Corneloup, un combo (François Corneloup, saxophone soprano - Fabrice Viera, guitare - Michaël Gyre, accordéon - Eric Dubosc, basse acoustique - Fawsi Berger, percussions) qui cherche à l'endroit que tant ne veulent plus voir et saisir. À Bordeaux, le peuple étincelle accueillait la marche des manifestants pour l'emploi, mais une syndicaliste a pris le micro pour dire que "la musique c'était bien beau, mais qu'il y avait des choses plus urgentes". Ensuite la musique a repris sa place, le groupe de Corneloup a invité Ill Chemistry. Il n'était pas difficile de comprendre où était la véritable étincelle, pas difficile non plus de saisir les liens millénaires de la musique et des luttes d'émancipation (il y avait beaucoup de musique pendant la Commune de Paris et Durruti jouait aussi un peu de guitare). Nous recommandons à cette syndicaliste sans musique de lire l'entretien avec John Holloway dans le nouveau numéro (30) des Allumés du Jazz, il y situe très bien les liens entre la persistance musicale et la chute possible du capitalisme.
Save my people
Au Nouveau Casino, Carnage a introduit ce titre de son nouvel album Respect the name dans le répertoire d'Ill Chemistry avec un bouleversant sentiment d'expérience. À Bordeaux, à la manif, Le peuple étincelle s'est joint à ce titre le transformant en hymne le plus signifiant de ce qui se passait dans la rue, le soir la salle a repris la chanson de deux jours au voyage rapide sonnant soudain comme un standard. Un chant de lutte.Une étincelle !
Disques et geste collectif
Vendre des disques à la fin des concerts n'est pas seulement un acte commercial, c'est aussi un instant de rencontre autour d'un objet pas anodin et qu'on aurait tort de banaliser. Au Rocher de Palmer, on vit même des très jeunes gens sans fortune se mettre à plusieurs pour acheter le disque d'Ill Chemistry (avec des commentaires balayant bien des clichés imposés).
Transmission
Pendant toute cette semaine, les occasions n'ont pas été rares de signifier des actes de transmission comme à Bordeaux entre Carnage et le jeune rappeur Moon Thomas (invité par deux fois par Ursus Minor lors de rappels au Tamanoir d'Aubervilliers l'an passé ou à Sons d'Hiver en février dernier). Vivons !
Kino Chemistry
David Unger, réalisateur de deux films importants sur la résistance Germaine Tillion à Ravensbrück et Les quatre fusillés du Kremlin-Bicêtre a réalisé un court métrage (on préférera au mot "clip") sur la chanson "Hold On" d'Ill Chemistry. Le film figure bien sûr Desdamona et Carnage ainsi que les tatoueurs de la boutique Hand in Glove à Paris ainsi qu'un acte de création comme jalon ; autre moment d'échange d'expériences diverses, de compréhension de repères et de constitution.
Marches
C'est vrai qu'il y a beaucoup de marches à gravir, beaucoup d'escaliers en tous sens avec plus ou moins d'esprit, beaucoup de petit perrons petits patapon et de grands efforts, ou de nécessité de souffle. Mais qu'est ce que ça fait respirer !
Merci aux équipes du Rocher de Palmer, de La Sirène, du Nouveau Casino, à Neonovo, à Samuel Thiébaut et Oléo, à Didier Petit, à Raphy et son gang de pâtissiers, aux trois Mathieu, à Marianne T, au Souffle continu, aux tatoueurs de Hand in Glove, à Jérémie, à Julia Robin, à Claudine et à tous ceux qui ont transformé cette tournée en un endroit de rencontres véritables.
Photos : B. Zon
Mathieu de La Sirène à la Rochelle, Mathieu du Rocher de Palmer à Bordeaux (Cénon - c'est oui), Mathieu de Neonovo à Paris, trois personnes accueillantes, souriantes, très efficaces, de véritables acteurs d'égal à égal sans qui aucune fondation n'est possible.
Le chant de la Sirène
En Français, le mot sirène signifie autant cette créature mi-marine dont le chant est irrésistible que celui de cet appareil au bruit infernal monté sur les véhicules de pandores qu'on préfère voir rester dans leur boîte. Desdamona a une chanson "Song of sirens" (qui figurera sur son prochain album) qui joue de cette ambigüité, une chanson qui alerte. Le chant de Desdamona est irrésistible.
Le peuple étincelle
Difficile de trouver meilleur nom pour que tout le monde s'y retrouve. Le peuple étincelle est le nom du nouveau groupe de François Corneloup, un combo (François Corneloup, saxophone soprano - Fabrice Viera, guitare - Michaël Gyre, accordéon - Eric Dubosc, basse acoustique - Fawsi Berger, percussions) qui cherche à l'endroit que tant ne veulent plus voir et saisir. À Bordeaux, le peuple étincelle accueillait la marche des manifestants pour l'emploi, mais une syndicaliste a pris le micro pour dire que "la musique c'était bien beau, mais qu'il y avait des choses plus urgentes". Ensuite la musique a repris sa place, le groupe de Corneloup a invité Ill Chemistry. Il n'était pas difficile de comprendre où était la véritable étincelle, pas difficile non plus de saisir les liens millénaires de la musique et des luttes d'émancipation (il y avait beaucoup de musique pendant la Commune de Paris et Durruti jouait aussi un peu de guitare). Nous recommandons à cette syndicaliste sans musique de lire l'entretien avec John Holloway dans le nouveau numéro (30) des Allumés du Jazz, il y situe très bien les liens entre la persistance musicale et la chute possible du capitalisme.
Save my people
Au Nouveau Casino, Carnage a introduit ce titre de son nouvel album Respect the name dans le répertoire d'Ill Chemistry avec un bouleversant sentiment d'expérience. À Bordeaux, à la manif, Le peuple étincelle s'est joint à ce titre le transformant en hymne le plus signifiant de ce qui se passait dans la rue, le soir la salle a repris la chanson de deux jours au voyage rapide sonnant soudain comme un standard. Un chant de lutte.Une étincelle !
Disques et geste collectif
Vendre des disques à la fin des concerts n'est pas seulement un acte commercial, c'est aussi un instant de rencontre autour d'un objet pas anodin et qu'on aurait tort de banaliser. Au Rocher de Palmer, on vit même des très jeunes gens sans fortune se mettre à plusieurs pour acheter le disque d'Ill Chemistry (avec des commentaires balayant bien des clichés imposés).
Transmission
Pendant toute cette semaine, les occasions n'ont pas été rares de signifier des actes de transmission comme à Bordeaux entre Carnage et le jeune rappeur Moon Thomas (invité par deux fois par Ursus Minor lors de rappels au Tamanoir d'Aubervilliers l'an passé ou à Sons d'Hiver en février dernier). Vivons !
Kino Chemistry
David Unger, réalisateur de deux films importants sur la résistance Germaine Tillion à Ravensbrück et Les quatre fusillés du Kremlin-Bicêtre a réalisé un court métrage (on préférera au mot "clip") sur la chanson "Hold On" d'Ill Chemistry. Le film figure bien sûr Desdamona et Carnage ainsi que les tatoueurs de la boutique Hand in Glove à Paris ainsi qu'un acte de création comme jalon ; autre moment d'échange d'expériences diverses, de compréhension de repères et de constitution.
Marches
C'est vrai qu'il y a beaucoup de marches à gravir, beaucoup d'escaliers en tous sens avec plus ou moins d'esprit, beaucoup de petit perrons petits patapon et de grands efforts, ou de nécessité de souffle. Mais qu'est ce que ça fait respirer !
Merci aux équipes du Rocher de Palmer, de La Sirène, du Nouveau Casino, à Neonovo, à Samuel Thiébaut et Oléo, à Didier Petit, à Raphy et son gang de pâtissiers, aux trois Mathieu, à Marianne T, au Souffle continu, aux tatoueurs de Hand in Glove, à Jérémie, à Julia Robin, à Claudine et à tous ceux qui ont transformé cette tournée en un endroit de rencontres véritables.
Photos : B. Zon
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11.10.12
LE POING DRESSÉ DE KIM,
CELUI DE DESDAMONA
Le film de Ken Loach Land and Freedom se conclut sur l'image de Kim, jeune fille qui, alors qu'elle vient de perdre son grand-père, prend connaissance de son histoire de combattant du POUM pendant la guerre d'Espagne. Elle lit lors de l'inhumation, quelques lignes de William Morris :
" Come, join in the only battle wherein no man can fail,
Where whoso fadeth and dieth, yet his deed shall still prevail. "
(" Venez rejoindre la seule bataille dans laquelle aucun homme ne peut échouer,
Où même lorsqu'il s'affaiblit ou meurt, son acte continue de prévaloir.")
Alors elle serre le poing et le tend.
Par une sorte de rencontre inattendue de réminiscences soudainement rassemblées, cette image (peut-être la plus marquante du film, celle qui ouvre) rejoint une autre, concise, de Desdamona tendant le poing pour "the Siren Song" lors des concerts récents avec Ill Chemistry. Acte libérateur, héritage réel du désir d'être libre, aptitude à transmettre l'activité qui engendre, si physique, si morale, cette mise en relief de l'être offre une entité à saisir, une parole à la fois momentanée et soutenue qui par son propre éclat révèle l'autonomie. Ensemble !
Photo : B. Zon (Desdamona à Bordeaux), extrait du film Land of Freedom
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