Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

7.7.13

STÉPHANE CATTANEO PEINT SA BEAUTIFUL LIFE AVEC NATHAN HANSON, DONALD WASHINGTON, BRANDON WOZNIAK

Le 30 juin 1520, à Tenochtitlan (nom de la cité Aztèque, ville des Mexicas, qui sera remplacée par le Mexico des colons) l'armée des conquistadores d'Hernán Cortés tombe sur un os. Alors que le lieutenant Pedro de Alvarado a fait procéder au massacre de ce qu'il estimait être l'élite aztèque, les Indiens de rage et de colère se révoltent et parviennent à chasser la glorieuse armée espagnole, laquelle dérapait à cheval sur la chaussée mouillée. Tlaloc (1) aussi en avait tout son saoul des envoyés de Charles Quint. Les pertes castillanes furent telles qu'ils ne s'en vantèrent pas. Une semaine plus tard, l'histoire sera toute autre, mais toute défaite - même brève - d'un puissant envahisseur est à savourer...

493 ans plus tard, à St Paul Minnesota, au Black Dog, lieu même de l'ancien campement de Little Crow, se tient une manifestation de liberté d'un autre ordre, certes pas immédiatement prompte à restituer une immédiate justice, mais tout geste autonome plaît au-delà des rapports d'échelles.

Stéphane Cattaneo est venu au Chien Noir, authentique café du Lowertown de St Paul (datation : avant l'arrivée du chemin de fer) présenter son exposition It's a beautiful life. La recherche du substantifique trait est ce qui (devrait) nous occupe(r) tous. Le trait et son épaisseur, l'acte et son envol, et le verbe quand nécessaire. Les images de Cattaneo offrent le plus souvent, généreusement, leur clé, entrée en un monde où la légèreté prend sa valeur idéalisée, son exubérance pacifiée. La musique est source et complément et le support vierge qu'utilise alors cet ami peintre en présence d'actifs musiciens (on l'a vu avec Nathan Hanson & Brian Roessler, Benoît Delbecq, Tim le Net, Mael Lhopiteau, Tony Hymas & The Bates Brothers, Hélène Labarrière, Jacky Molard, Sylvain Girault) ne constitue pas moins l'indispensable appendice d'une expression qui se détecte d'un seul corps en cet instant même.

Ce dimanche donc, Nathan Hanson, afin d'honorer la venue de son camarade a réuni un trio de saxophones d'exception avec Donald Washington et Brandon Wozniak. S'il existe un nombre relativement conséquent de quartet de saxophones, le trio est plus rare. On se souvient des beaux jours de SOS (Surman, Osborne, Skidmore) à partir de 1973. Hanson-Washington-Wozniak, en une robuste première note à l'unisson décidée d'un coup d'œil, offrent aussi une clé pour, en belle unité, éprouver la mutiplicité du monde. Les signes se muent d'emblée en actes et la conversation est d'éminente fluidité. Blues sans nostalgie, chant (CHANT) mis à jour, signes de mystères, traits enfantins, dansés, surimpression des couleurs soufflées et peintes. Ce qui réactive appartient aux hommes ; images de lignes, sources d'éthique : prendre place dans la nature. Une certaine transcendance : la force d'aimer!

Nous espérons bien réentendre ces trois saxophonistes en tel contexte et retrouverons Cattaneo (signe avant coureur il arborait un tee-shirt "Zad partout") avec le quartet de Tim Le Net les 3 et 4 août à Notre-Dame-des-Landes où l'on espère bien que ses dessins, pris dans une immense participation solidaire, ajouteront aux possibilités de chasser un autre envahisseur, qui ne vaut pas plus cher que Cortés et dont les armures sont en béton.


(1) Divinité aztèque de la pluie

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