Les disques nato seront présents aux Rendez-vous de l'histoire de Blois dont le thème cette année est "Les Empires" les 8, 9 et 10 octobre. Pourquoi ? Tentative de réponse.
Nous sommes en 2015 au commencement de l’ère dite numérique, du monde virtuel, où seule la souffrance n’a pas le privilège de l’abstraction.
Nous sommes en 2015 au commencement de l’ère dite numérique, du monde virtuel, où seule la souffrance n’a pas le privilège de l’abstraction.
En ce monde réputé neuf
où les possibles se confondent dans la confusion même, où le désir s’abîme dans
la métaphore infranchissable, la musique perd sa place initiale. Elle pâlit
dans les forêts d’algorithmes, se love dans les espaces high-tec pour canidés domestiques (« niches »), devient
facilement interchangeable, s’utilise en sonnerie téléphonique, accompagne des va-et-vient d’ascenseurs
pas très sociaux, ou plutôt se tient gentiment à l’écart en remplissant ses fonctions
de consommation dite culturelle. La musique, lieu d’échange humain absolument
exceptionnel, semble être désormais trop souvent partout et nulle part à la
fois.
Elle ne manque ni de
créativité, ni d’audace, ni de jeunesse, ni de belles rides, mais de lieu, de
lieu originel. Tout n’est pas substituable. Les vrais villages ne ressemblent à
aucun autre.
Qu’elle crie sa liberté
chez Beethoven, Hendrix ou Ayler, qu’elle témoigne de la mort par baïonnette d’un
jeune manifestant chez Janáček ou de quatre adolescentes
noires tués par le Ku Klux Klan dans « Alabama » de Coltrane, qu’elle fulmine d’un « Fuck
the Police » avec NWA, mais aussi parce qu’elle peut faire danser, qu’elle
peut rassembler les esprits et les corps, la musique a toute sa place dans
l’histoire. Elle sait faire naître, adresser des signes, parler de l’autre -
être sensible - en laissant entrevoir le Monde en multiples facettes.
Si nous persistons
aujourd’hui, après 35 années, à être toujours une maison de disques, si nous
devons plus encore que jamais déployer une énergie que l’on aimerait
romantiquement infatigable en dépit de difficultés croissantes, c’est parce
que, comme d’autres artisans, nous
souhaitons toujours la musique comme ce lieu indispensable entre le
temps des épreuves et celui du début de longues passions.
Le récit, l’échange,
l’existence, l’inattendu, l’air, la poésie, l’engagement et la transmission
d’ondes (parfois de choc) qui nous ont permis d’avancer nous importent. Ils sont les instigateurs de ces albums
que nous continuons à proposer avec détermination physique ; à tout cœur, à
toutes forces, sans peur du futur (un peu quand même), sans grande nostalgie
mais avec conscience de la valeur du passé pour notre indispensable présent.
www.natomusic.fr
Photo : B. Zon
1 commentaire:
Oui ! ...
Mais la force est avec nous ...
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