Enfants d'Espagne

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6.12.15

"LES CINQ NOMS DE RÉSISTANCE DE GEORGES GUINGOUIN"
d'ARMAND GATTI
par TONY HYMAS, FRÉDÉRIC PIERROT et VIOLAINE SCHWARTZ

« La géographie n’est autre chose que l’histoire dans l’espace, et l’histoire la géographie dans le temps. »
Elisée Reclus (1)  

Aux discours invalides, nous préférons les poèmes valides. "Les cinq noms de Résistance de Georges Guingouin" (2) d'Armand Gatti par exemple.

"Les cinq noms de Résistance de Georges Guingouin", poème épique écrit en 2005 suite à la disparition du premier maquisard de France, fut l'une des motivations, une des stimulations du projet de Tony Hymas Chroniques de résistance (3). Une version en court métrage figure donc dans l'album du même nom enregistré à Treignac en 2013 et paru en 2014. L'attrait puissant de ce texte pour son intégralité se faisait toutefois irrésistible. Exigeant texte qui, à partir de l'évocation du parcours éclatant d'un homme, déborde sur plus d'un siècle de toutes les résurgences ébouriffantes, de tous les angles de l'histoire, des ombres d'un monde tour à tour fertiles et déliées, impulsives et cruelles, foisonnement des cohérences et des significations superposées. On ne pouvait en rester là.

Les 27 et 28 novembre, Tony Hymas, Frédéric Pierrot et Violaine Schwartz étaient à Limoges pour une interprétation du poème d'Armand Gatti. C'est à l'écoute des Chroniques de résistance de Tony Hymas avec Frédéric Pierrot, Nathalie Richard, Desdamona, Elsa Birgé, Journal Intime, François Corneloup, Pete Hennig, un an auparavant au Centre Jean Gagnant de Limoges, le 7 novembre 2014, que l'association Refuge des résistances Armand Gatti eut le souhait de faire figurer une lecture intégrale avec musique pour sa journée du 28 novembre 2015 intitulée "Résister disent-ils !".

Pauline Tanon, co-auteur avec Jean-Jacques Hocquard de Armand Gatti dans le maquis des mots (4) et Yann Fastier, dessinateur, avec la présentation des planches de son livre Georges Guingouin, un chef de maquis (5) participaient également à cette rencontre consacrée à l'expérience d'Armand Gatti, écrivain-résistant. Un film provenant d'archives de la cinémathèque du Limousin présenté à l'issue de la rencontre publique avec Gatti ainsi qu'une exposition de photographies de résistants d'Izis (le "colporteur d'images" comme le dénommait son ami Jacques Prévert, torturé par les nazis, libéré par le maquis et photographe de premier plan de ses camarades dont Georges Guingouin) liaient l'ensemble de cette journée passée au Théâtre de l'Union (6) (lieu plein d'Histoire qui vaut le détour).

Si "Les cinq noms de Résistance de Georges Guingouin" est selon l'avertissement du poète un "Poème rendu impossible par les mots du langage politique qui le hantent mais dont les arbres de la forêt de la Berbeyrolle maintiennent le combat", c'est aussi une rhapsodie, un ensemble de rumeurs, de clameurs et de rythmes où les mots s'orchestrent en équilibre jusqu'à toucher une vérité. Celle des paradigmes de l'expression offre ses blessures, ses heurts de l'histoire et ses reliefs jusqu'au chant profond de nuances symphoniques illimitées.

Le 28 novembre, donc, Tony Hymas, Frédéric Pierrot et Violaine Schwartz se retrouvent sur la scène du Théâtre de l'Union. Violaine Schwartz, ayant récemment rejoint l'aventure, apporte la trame précise de la découverte, son imminence naturelle, apte à dire les plantes et les mots comme autant de désirs, autant de consciences, d'explorations de vie à hauteur d'arbres. Là est la sève. Frédéric Pierrot incarne la célébration d'un réel multiple jusqu'à l'évidence, l'articulation du réveil et de l'éveil. Il sait que lorsque l'effervescence percute, le regard du poète est rendu possible. Là est le mouvement. Tony Hymas complète ou bien ouvre le champ large de toutes les épreuves, là où le paysage devient l'action livrée à notre soif lorsque pointe le jour, la verdure de nos engagements, de nos apprentissages aussi. Là est le secret des sources. Une heure et vingt minutes plus tard, Armand Gatti rejoint le trio sur scène, il semble heureux. La musique s'est à nouveau invitée sur une branche de sa poésie. Une poésie de résistance même qui indique le parcours que nous avons à faire ensuite, ce qui nous reste à écrire de tous nos êtres, pour être, bien sûr.


(1) Épigraphe de L’Homme et la Terre Elisée Reclus 1885
(2) Co-édition Le cercle Gramsci Limoges - Le bruit des autres - Couverture Paul Rebeyrolle : Le Cyclope, hommage à Georges Guingouin - Préface de Francis Juchereau, 2006
(3) Chroniques de résistance sur le site nato 
(4) Acte Sud, 2014
(5) Atelier du Poisson soluble, 2015 
(6) D'abord salle des fêtes d'une coopérative ouvrière en 1910, le bâtiment fermé en 1971 a été racheté par la mairie en 1986 et converti en théâtre

Remerciements chaleureux à Francis Juchereau, Richard Madjarev, Christophe Soulié, Anne Millen, Guy Pedotti et tous les membres de l'association Refuge des résistances Armand Gatti, à Jean Lambert-Wild et toute l'équipe du Théâtre de l'Union ainsi qu'à Catherine Meyraud pour l'organisation du concert
Chroniques de résistance à Limoges un an plus tôt le 7 novembre 2014, à Thierry Mazaud, Isabelle Vedrenne, Anna Mazaud, leurs amis de Kind of Belou et Jean-Pierre Brandy sans qui le Limousin ne serait jamais entré en si belle lumière dans nos cœurs.

Photographies par B. Zon : Tony Hymas, Frédéric Pierrot et Violaine Schwartz en répétition le 27 novembre - Armand Gatti avec Francis Juchereau le 28 novembre

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