Salut les ours ! Salut les chats ! Salut les bisons ! Salut les oiseaux ! Salut les tortues ! Salut les baleines ! Salut les pingouins ! Doucement les castors !
"Dans le temps, on se voyait. On pouvait
perdre la tête, oublier ses promesses, risquer l'impossible, convaincre ceux
qu'on adorait en les embrassant, en s'accordant à eux. Un regard pouvait
changer tout."(Jean Cocteau in
La Voix Humaine).
Roger
Carel, Michael Lonsdale, Diana Rigg et Juliette Gréco viennent de nous quitter, quatre regards, quatre voix. Quatre empreintes si marquantes d'un temps où la voix fut un regard apte à se faire doubler, où la voix pouvait doubler toutes les files, les regarder en malice provocante, en plénitude incisive, en grand théâtre, en farce dessinée, en comédie de la vie, en pieds de nez nickels, en Swinging London, en haine des dimanches, en amours tendres, dans une sorte de capharnaüm de reprises d'œuvres à l'horizon où tout a parenté : Boris Vian, Astérix, Belphégor, Emma Peel [1] , Raymond Queneau, Bertolt Brecht, Marguerite Duras, James Bond, Jean-Paul Sartre, Jiminy Cricket, Yannick Bellon, Léo Ferré, Colette, Jacques Prévert, Nelly Kaplan, Stanley Kubrick, Jean-Pierre Mocky, Luis Buñuel, Miles Davis, Claude Chabrol, Aimé Césaire, Annick Nozati, Charlie Chaplin, Agatha Christie, Pierre Tchernia, Darryl F. Zanuck, Géraldine-Daphné, John Huston, Otto Preminger, Noël Coward, Kurt Weill, Mickey Mouse, Fritz le chat, Simone de Beauvoir, Arthur Hiller, Michel Piccoli, Un Drame Musical Instantané, Peter Sellers, Jean Eustache, Thierry Jousse, Igor Stravinsky, Orson Welles... Le tourbillon des voix n'a jamais cessé de regarder le tourbillon de la vie.
[1]Michèle Montel fût l'une de ces grandes voix du doublage qui a marqué la version française des Avengers (Chapeau Melon et Bottes de Cuir) en doublant Diana Rigg (Emma Peel), on la retrouve aussi dans trois fameux westerns décalés sous les traits de Faye Dunaway (Little Big Man),
Vonetta McGee (Le Grand Silence) et Loredana
Nusciak (Django)
Dans
l'adaptation fort libre de "Notre Dame de Paris" par Alexis et Gotlib
(Cinémastock in Pilote, 1974), Jean Royer, pudibond maire de Tours
(grand réactionnaire chasseur de minijupes) prenait les traits de Claude
Frollo, personnage du bien connu roman de Victor Hugo. Et bien le
revoilà - en 2020 - se réincarnant sous les traits de Jean-Michel
Blanquer.
C'est sa marque. L'occupant du trône a fait sien, avec une assurance de liquidation napoléonienne, un vocabulaire mal nourri, à la raillerie offensante [1]. Foin de son « Je sais aussi qu'il m'est arrivé de blesser certains d'entre vous par mes propos » du 10 décembre 2018, le naturel galope, cocktail savonneux fait d'arrogance (« La meilleure façon de se payer un costard, c'est de travailler ») [2], de mépris (« pognon de dingue dans les minima sociaux» ), d'outrage (« Gaulois réfractaire au changement »), d'humiliation (« un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien »), de sexisme (« majorité de femmes pour beaucoup illettrées »), de prépotence (« certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d'aller regarder s'ils ne peuvent pas avoir des postes »), de discrimination (« Le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien »), de morgue (« ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes »), d'outrecuidance
(« Le jour où tu veux faire la révolution, tu apprends d’abord à avoir un diplôme et à te nourrir toi-même, d’accord ? Et à ce moment-là, tu iras donner des leçons aux autres »), de monocratie (« Vous pouvez parler très librement, la seule chose qu’on n’a pas le droit de faire, c’est de se plaindre »), de césarisme (« Quand je parle, je ne veux pas d'autres expressions ») .
On se remémore ses propos de janvier 2015 : « Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires (...) l'économie du Net est une économie de superstars ». Le crâneur savantasse s'est à nouveau illustré sur ce sujet lundi 14 septembre depuis son palais de l'Elysée (celui où Napoléon 1er abdiqua le
Le mot concert a été emprunté à l'italien "concerto" signifiant "accord" - particulièrement appliqué à la musique - et dérivé de "concertare" : "projeter quelque chose en commun". C'est donc bien un concert que donneront Jean-François Pauvros, Antonin Rayon et Mark Kerr au théâtre Dunois (Paris 13e) le 3 octobre 2020 à 20 heures, le premier depuis la sortie de leur album À tort et au travers. Concertare voulait aussi dire : "rivaliser" et l'on sait très bien avec quoi on rivalise de nos jours. Concertons nous !
Donner la priorité aux groupes d'Albert Ayler lorsqu'on pouvait jouer avec le quintet de Miles Davis (en y effectuant des remplacements de temps à autre néanmoins), c'est vraiment la grande classe visionnaire. C'était celle de Gary Peacock, contrebassiste apothéotique. Le genre de vision dont on a vraiment besoin de nos jours.
Hier,
dimanche 6 septembre 2020, heureux détour lors d'une promenade dans le
Parc de Villette à Paris 19e où le Spat Sonore - avec Nicolas Chedmail
(percussions vélocipédiques, trompe, trompette...), Denis Charolles
(batterie, percussions, bicyclette), Julien Eil (saxphone baryton,
clarinette basse), Jean-Brice Godet (clarinettes), Jean Jacques Birgé
(électroniques portatives) - avait en quelque sorte pris le parti des
arbres qui est, comme on le sait, celui des enfants.
En juillet 1977, Vital Michalon était tué lors d'une manifestation antinucléaire à Creys-Malville contre la construction du réacteur Superphénix. La même année Annie Cordy enregistrait "Mon CRS" (pour CBS) avec ses édifiantes paroles :
"Moi j'aime un galonné
Des Compagnies Républicaines de Sécurité
Et quand je suis entre ses bras rien ne peut m'arriver
La Terre peut bien s'écrouler."
Ne jamais sous estimer la portée politique de la musique !
Il
y a quarante ans, une chatte (plutôt) siamoise, qui avait pris le sien
d'un cousin de Géronimo, donnait son nom - nato (je suis né en vieil
espagnol) - à une maison de disques naissant ce 3 septembre 1980. 40 ans
de chemins sans évidence, d'évidences sans chemin, de rencontres, de
possibles impossibles et d'impossibles possibles, de rencontres, de
nécessités, de rencontres, de bien entendus, de malentendus,
d'apprentissage permanent, de surprises, de rencontres, de décadrages,
de recadrages, de secondes, de minutes, de suspens, de traductions, de
rencontres, de difficiles, de très difficiles, d'erreurs, de blessures,
de lents demains, de sentiers entiers, de boussoles révoltées, de
villages, de fragments, d'à venir, de beauté, de recherches, de trac, de manque
de souffle, de manque de sous, de mots, de fables, de rires, de dessins, de sels d'argent,
de bagarre, de bandes, de magnétique, de musique il va sans dire, de
musiques il va immanquablement sans dire, de si grandes amitiés et de
tant de gens à remercier...