Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

9.4.21

LE GRAND CONFINEMENT

 

Annoncé comme grande nouvelle libératrice, le réseau informatique mondial s'est sournoisement révélé illusion d'élargissement du champ avec, pour cerner ses bordures, de tout neufs et infranchissables murs où toutes nos balles sont renvoyées en algorithme limant chaque fois un peu plus ce qui reste de notre humanité. Alors, dans l'enceinte, on s'occupe, on futilise joies et peines, bricoles et blagues, toutes d'oubli instantané, on se cambre dans la bêtise, on se regarde, on se pense regardé, on se veut regardé, photographies de nombrils en masse, on se tripote virtuellement, on se selfise sans service, on chie dans sa caisse, on trime pour streamer, on simule de bonne foi la révolte, on s'indigne, on se fait livrer des pizzas par des cyclistes qui se détruisent, on reproduit, reproduit, reproduit, on balance bile, rancœurs, anniversaires, RIP en séries, on avale des séries au zéro sans infini, on s'imagine sans imagination ("l'imagination : l'extérieur absolu" - Will Spoor), désarmés, on fait des petits billets comme celui-ci pour se dédouaner. La matière se fait la malle. Même "les souris ne confient pas leurs destinées à un seul trou" (Plaute). Le grand confinement ! 
 
On fait le mur ?



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