Entendu à la radio : "Puisque le loup n'est plus une espèce en voie de disparition, on pourra le tuer". La logique de ceux qui prétendent régenter nos vies (et la vie en générale) est quelque peu... cubiste... (cube en forme de bière ?).
Salut les ours !
Salut les chats !
Salut les bisons !
Salut les oiseaux !
Salut les tortues !
Salut les baleines !
Salut les pingouins !
Doucement les castors !
Enfants d'Espagne
26.9.23
25.9.23
IL Y A 100 ANS : SAM RIVERS
Eight Day Journal
Winter Garden
20.9.23
JOST GEBERS
Mots croisés : acronymes de trois lettres qui ont marqué la musique. EMI, RCA, CBS, MCA, BMG... par la suite : CTI, BYG, ICP, ou plus récemment : CMP, ACT, IMR... à moins d'opter pour ces combos nommés en triades calligraphiques, hiéroglyphes à l'encre de néon : HUM, NTM, EMT, REM, NWA, PHD, IAM, EST. Trois lettres, ça poinçonne, et d'autres groupes ou maisons de disques ont choisi des mots triolets, pas acronymes, mais aussi effectifs au scrabble musical : OWL, AIR, ZAO, FOU...
Mais à l'aube des années 70, la réponse serait sans doute une des étiquettes de deux fois trois hypermarquants caractères, ECM et FMP. Ou les valeurs cardinales des nouvelles implosions ou explosions de la musique en expression panoramique. Créées la même année (1969), situées dans le même pays, l'Allemagne, issues de la même région musicale : la Free Music (The Music Improvisation Company), elle vont documenter au premier plan les mouvements de ce moment si particulier, après le free jazz, après Coltrane, après Hendrix, après 68, après l'incandescence accélérée, après la gaillarde bougeotte du délirant "quoi faire?" quand refrappe à la porte le docte "que faire ?". L'une ECM (pour Edition of Contemporary Music) par la mainmise de son producteur Manfred Eicher, offrant peu à peu l'image d'un monde esthétiquement rêvé, l'autre, FMP (Free Music Productions) partageant d'emblée la sensation d'une réalité largement écorchée. Le temps est à la préservation de la sensibilité contre la morale endurcie, chacun y met du sien.
Dans le numéro 37 (octobre 2018) du journal Les Allumés du Jazz, dans son très précis article sur les origines des trois grands labels de Free music nés conjointement en Angleterre, Hollande et Allemagne (respectivement Incus fondé par Evan Parker, Derek Bailey et Tony Oxley, ICP fondé par Misha Mengelber, Han Bennink et Willem Breuker, et FMP), Gérard Rouy revient sur les motivations de la création de FMP avec cette éloquente citation de Peter Brötzmann : "J’avais produit deux 33 tours sur
mon label BRÖ, For Adolphe Sax et Machine
Gun. Au même moment, les Hollandais avaient
créé leur label ICP et les Anglais allaient faire la
même chose avec Incus, nous avions aussi des
connections avec nos amis américains Steve Lacy,
Carla Bley et Mike Mantler. Nous nous sommes
rencontrés car nous faisions tous les mêmes choses,
nous produisions des LPs mais n’avions pas de
distribution, les distributeurs pensaient qu’il n’y
avait pas de marché pour ce type de musique. Nous
avons alors essayé d’organiser une sorte de syndicat
qui conduisit à la fondation de FMP en 1969,
ce qui améliora considérablement la situation, et
nous avons rencontré Jost Gebers, qui était le type
idéal pour l’organisation, la production des
disques et la gestion financière en relation avec
les institutions". FMP n'est donc pas une maison de disques créée par un producteur - Jost Gebers -, mais un désir de collectif, regroupant principalement Peter Brötzmann, Peter Kowald, Alexander Von Schlippenbach, qui s'est largement appuyé sur Jost Gebers, lequel s'est rapidement trouvé en charge de l'ensemble. "C'était dès le départ un principe de travail de FMP, à savoir qu'il fallait créer une situation où tout ce qui était dans l'esprit de cette musique devait rendre les choses possibles (..) il fallait donc vraiment créer des conditions de travail, où l'on pouvait alors vraiment faire de la musique à grand risque" dit Gebers (cité par Markus Müller FMP – The Living Music Wolke Verlag, 400p). Les premières années, ce sont principalement Brötzmann et Gebers qui décident des orientations de FMP, puis un collectif se met en place jusqu'en 1976 avec Brötzmann, Gebers, Schlippenbach, Kowald, Hans Reichel et Detlev
Schönenberg. Mais le groupe ne tient pas et Gebers se retrouve seul responsable (producteur, directeur artistique, ingénieur du son, graphiste) "Au début, rien n’était planifié, insiste Gebers. Au contraire, tout se faisait un pas après l’autre. C’était une lutte permanente pour trouver des financements. La situation économique était désastreuse, la compagnie s’est trouvée fréquemment au bord de la faillite" (ibid). Sans lui, l'affaire tournait court. Avec Sven-Åke Johansson, dans les couloirs de FMP, il créé l'étiquette en trois lettres SAJ (albums de Johansson dont ce sont les initiales, Hugh Davies, Heiner Goebbels, Alfred Harth...). L’Académie des arts offre à FMP d'organiser le Workshop Freie Musik, ce qui est une aide considérable d'autant que la situation de concert prévaut dans les enregistrements de FMP. En 1989, le département culturel du Sénat de Berlin accorde un financement plus conséquent pour l’ensemble des activités de FMP. Prévue en 1999, l'arrêt d'activité de Jost Gebers ne se passe pas comme prévu et les rebonds sont nombreux.
Jost Gebers avait un statut de travailleur social. Producteur de disques. Bien vu. Producteur de disques. Bien entendu. Avec plus de 350 albums (et même quelques 45 tours comme le "Einheitsfrontlied" d'Eisler et Brecht par Brötzmann Van Hove Bennink ou le très évocateur "Bavarian Calypso" du Globe Unity Orchestra), Gebers et FMP ont ouvert le passage vers une grande terre, à la prise de son frontale, aux convexités hardies comme les couvertures des disques (auxquels Brötzmann a souvent participé avec ses collages - signalons aussi les fréquentes photographies de Dagmar Gebers ). Reviennent en mémoire une foule d'albums dont quelques émotions premières : Ein Halber Hund Kann Nicht Pinkeln de Brötzmann et Bennink, Evidence Vol.1 du Globe Unity Special, Wilde Señoritas de Irène Schweizer, Bonobo d'Hans Reichel, Solo de Peter Brötzmann, Portrait de Sam Rivers, Pearls du Globe Unity Orchestra avec Anthony Braxton, Auf Der Elbe Schwimmt Ein Rosa Krokodil de Günter Sommer et Ulrich Gumpert, Hörmusik de Günter Sommer, Superstars de Willem Breuker & Leo Cuypers, Percussion Music From Africa de Africa Djolé, Snapshot - Jazz Now - Jazz Aus Der DDR (Gebers a dès les débuts de FMP donné une large place aux musiciens est-allemands), Three Blokes de Lol Coxhill, Steve Lacy et Evan Parker, Cordial Gratin de Irène Schweizer et Joëlle Léandre et bien sûr, Tschüs de Brötzmann,Van Hove et Bennink.
Jost Gebers nous a quitté le 15 septembre, puisse l'œuvre gigantesque de FMP, garder, trouver, retrouver, toute sa place. Tschüs !
Photographies de Gérard Rouy : Jost Gebers Wuppertal, 1976, Jost Gebers avec Günter Sommer, Berlin 1979
15.9.23
PAR LE SAINT ÉCRAN
Vendredi 16 septembre, matin, ligne 4 du métro parisien, un homme à la grande barbe blanche vêtu d'un costume rouge avec de petites étoiles blanches pénètre dans le wagon et hurle : "Que le créateur du téléphone portable soit crucifié !" avant de partir d'un grand rire. Il crie si fort que les gens relèvent la tête, l'espace d'une petite seconde, avant de se replonger dans les écrans de leurs petits appareils où s'agitent mains assemblages de réductions alphabétiques, émoticoncons et foule d'autres images (à ce moment-là - coïncidence ? -, une jeune fille fait un selfie). La résurrection en un clic ?
13.9.23
UNE LONGUE ANNÉE, QUEL GENRE ?
Les questions de styles, de catégories, ou pour un terme plus congruent, de genres, continuent leurs turlupinades sans réellement obtenir de réponses autres que les volontaires appropriations ou expropriations de leurs contours. Au hasard, très objectif, des balades discophiles, on découvre chez Gibert, fameux disquaire du Boulevard Saint Michel à Paris (supers imports de CDs toujours surprenants), que le disque d'Anamaz & Riverdog Une longue année, y est classé dans les nouveautés "Jazz". Le mot a depuis longtemps - par ses sorties ou ses explosions intérieures - pris toutes sortes de lignes flexueuses, si fait que ce qui était, par exemple, répertorié à une époque comme free rock, open folk ou rock progressif (terme apparu bien plus tard que la musique qu'il est censé désigner) est devenu en grande partie le jazz d'aujourd'hui. Mais avec Une longue année, il s'agit encore d'autre chose, et les classifications seraient ici, plutôt que des trains à wagons multicolores, des poupées russes, délivrant à chaque ouverture, un propos de "genre", une blessure même, plus intime encore, soulignant l'urgence des passions encore possibles.
Photo / Z. Ulma
12.9.23
10.9.23
ANATOMY OF A MURDER
ANATOMIE D'UNE CHUTE