Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

25.10.10

URSUS MINOR,
BOOTS RILEY, DESDAMONA
À BREST
20 OCTOBRE


Photographies par Jacqueline Ledoux (qui danse encore)


Brest n'est pas une ville comme les autres, son histoire est mouvementée, les Osismii, Morvan de Léon, les ambassadeurs du Siam, Colbert, Vauban, merde à Vauban, les Girondins, les frégates, la mer, le débarquement de 1917, l'occupation par les Nazis (et l'organisation de comités de soldats allemands anti-nazis par des militants trotskistes brestois), les bombardements alliés, la destruction, la reconstruction, les grèves ouvrières de 1950, Édouard Mazé ; on sait aussi qu'à Brest Un homme est mort (1). Penn Ar Jazz, à Brest ne peut pas être un festival comme les autres. Il a cette force de lucidité, cette aptitude au champ de l'action, cette détermination d'un maquis à ciel ouvert (nous y reviendrons).

Le Vauban à Brest, c'est la salle la plus à l'Ouest, après c'est l'océan, on n'est pas là par hasard. C'est le bout du monde et au bout du monde, on devrait le savoir, il ne reste plus de place que pour la beauté : c'est le début du monde. Le concert d'Ursus Minor avec Boots Riley et Desdamona a envisagé cette vision panoramique. Le groupe inclut "Fall like dominoes" pour la première fois en concert. Ca tombe juste, grave et vivant, vivant! Il est tard, pas question de rentrer à la maison, la salle reste pleine, rappel chaleureux, François Corneloup demande que "par solidarité avec ceux qui sont debout derrière, les premiers rangs virent les tables et les chaises": "On ne manifeste pas assis ! Nom de Dieu !". Tu as bien raison Emma (bien sûr), et en complément comme l'écrivait Antonin Artaud (dans Heliogabale) : "On gagne l'amour par la conscience d'abord, et par la force de l'amour après". On est en plein dedans !

Chaque concert à Brest, chaque invitation de Penn Ar Jazz (qui rayonne sur toute la région par intense nécessité d'expression et non comme excuse culturelle - il faut le souligner tant c'est heureusement flagrant) est une danse sur la ligne d'horizon, une danse en pointe.



(1) Fortement conseillée la lecture de Kris et Étienne Davodeau : Un Homme est mort (éditions Futuropolis)
D'après l'histoire de René Vautier, important cinéaste des gens, et son film éponyme (désormais invisible)
Christophe Rocher a également conçu une musique originale pour un spectacle conçu d'après la bande dessinée de Kris et Davodeau (voir site
Marmouzic)

Merci à Christophe Mevel, Janick Tilly, Pascale Groux, Christophe Rocher,Vincent, Julien Boccou, Dominique et toute les équipes de Penn Ar Jazz et du Vauban

2 commentaires:

Swazik a dit…

Ah qu'elle était belle cette bouffée de grand vent. Penn Ar Jazz nous régale toujours, la soirée du 20 nous a explosé.

Roland a dit…

Merci d'avoir évoqué Brest, trop souvent oubliée