Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

25.10.10

URSUS MINOR,
BOOTS RILEY, DESDAMONA
DE BREST À RENNES
21 OCTOBRE


Photographies : Desdamona, un gréviste, B. Zon



Départ de Brest vers l'Ubu de Rennes, jeudi 21. La gare est occupée et les rails aussi. Nous partirons plus tard et c'est tant mieux, échanges sympathiques avec les grévistes. Les grèves et les actions sociales des peuples ont toujours fait bien plus pour l'amélioration de leurs conditions de vie que les décisions de leurs élus (et c'est un euphémisme). Il y a évidemment quelque chose d'heureux, de libérateur, dans ce type d'événement qui favorise la parole, l'échange. Mais les boutes-joies du moyen âge ne sont jamais loin. Un petit groupe de voyageurs montre son exaspération et se revendique comme "usagers" gênés "qui vont rater leur correspondance" (alors qu'ils ont manifestement manqué celle de la vie) et dont "les patrons seront furieux de les voir arriver en retard". Le vocabulaire médiatique et étatique (deux genres terriblement confondus) prend le pas sur la vraie langue, distingue différents types de citoyens rangés en deux catégories :
1) "L'usager" (il veut travailler, il est conscient des difficultés économiques de son pays, il respecte la parole de ses élus et s'en remet à eux pour décider de sa vie, l'usager n'est pas contre la grève à condition qu'elle n'ait aucun impact, qu'elle se déroule en marge de sa vie bien réglée),
2) "Le gréviste" (il est rétrograde, ne comprend pas l'avancée de la société, embête ses contemporains, met honteusement son pays en retard).
Le gréviste entraîne ses sous-genres dont pouvoir et médias se gargarisent : le récent "bloqueur" ou le plus classique "casseur" par exemple.

L'altercation avec ces pisse-froid est inévitable (ou bien irésisitible). "L'usager" n'a pas encore compris combien il aura mauvaise mine lorsqu'il sera complètement usé. Le pouls du pays bat, que ce battement chasse l'ordure !





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