Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

27.11.10

FANTASTIC MERLINS WITH KID DAKOTA
AVIGNON
PAR EUX MÊMES
11 ET 12 NOVEMBRE


Ce qui surprend lors de la balance précédant un concert à l’Ajmi ou même lorsque l'on pénètre dans le lieu, c’est la façon dont la musique s’installe doucement et simplement par la confiance des murs. L’Ajmi c’est le passage souhaité, une rue de l’espoir-musique (pas étonnant donc que les groupes Hope Street de nato - Fat Kid Wednesdays, Ursus Minor, Next de François Corneloup ou cette fois-ci Fantastic Merlins with Kid Dakota – s’y retrouvent aisément). On ne fera pas l’affront à son fondateur Jean-Paul Ricard de dire que cette association est désormais une institution tant elle demeure une force de musique en devenir constant, tant elle fait résonner une mémoire longue au son du lendemain. Les Merlins et Kid Dakota s’y sont sentis particulièrement à l’aise et ont fait de leur séjour à Avignon une belle vie de trois jours. Grâce à l’amitié précise et l’efficacité délicate de Jean-Paul Ricard, Anne-Marie Parein, Aurore Duprey, Magali Rorato, Jacqueline Marcel, Jacqueline Marcel, Bernard Coron et Jean-Luc Mouillet, cette invitation dans ce lieu symbole et bien vivant pour une (no) master (no) class et un concert fut le lieu de rencontres marquantes. Les Merlins et Kid Dakota livrent quelques impressions fortes.


Nathan Hanson :

"Je n'arrive pas à me souvenir du nombre de fois où je me suis perdu dans les rues d'Avignon. Le jeu de rues étroites aux angles compliqués a partiellement contribué à mon errance, mais l'ambiance générale distrayait mon esprit. Il me semblait me retrouver constamment devant une entrée inattendue en un endroit au champ visuel subitement devenu radicalement plus large. Cette sorte de chose est arrivée à Ajmi aussi. Pendant notre masterclass, mon sens de l'horizon s'est élargi pour devenir plus large encore. L'opportunité d'une véritable réciprocité musicale et sociale avec les gens présents était vraiment magnifique. Je n'avais pas pré-estimé la profondeur de l'échange. Cela fait belle lurette que j'ai entendu dire que la musique passait les barrières de langues et de cultures et que j'en fus convaincu bien sûr, mais il est surprenant d'en être le témoin. Et non seulement avec les Avignonais, mais aussi avec mes camarades. Cet atelier fut un temps de partage humainement profond et véritable au-delà de ma capacité à le décrire.

Mon moment favori du concert, la soirée suivante, fut lorsqu'après que Brian ait fait une émouvante présentation sur l'importance de Federico Garcia Lorca pour Leonard Cohen et pour Fantastic Merlins, comment un de ses poèmes est devenu "Take this Waltz", Pete ait donné, à la place, de façon vraiment pas valse, le compte pour "Memories". Voilà qui indiquait peut-être notre degré de connexion."


Daniel Levin :

"Avignon était super ! J'ai vraiment apprécié cette façon très organique dont la masterclass à l'Ajmi s'est déroulée. Pour commencer, un duo entre le batteur Bruno Bertrand et moi ; de suite une super relation musicale et personnelle qui s'est prolongée lors de notre séjour à Avignon. Après le concert le soir suivant, Bruno a invité tout le groupe à dîner chez lui. Réellement merveilleux ! Mon français n'est pas très bon, mais j'ai pu faire passer mes idées en temps qu'enseignant dans une combinaison d'anglais, de sons et de gestes... J'ai particulièrement bien vécu cette ouverture de chacun à essayer de nouvelles choses ; c'était formidable de voir les changements opérant pour les participants et pour la musique pendant le temps de l'atelier. Revoir les gens de la masterclass le jour suivant pour le concert a renforcé ce sentiment de connexion avec Avignon. L'Ajmi est un trésor auquel je souhaite de prospérer de nombreuses années."


Brian Roessler :

"La masterclass était, de mon point de vue, vraiment importante. Je n'en aime guère l'intitulé parce qu'il donne l'idée d'un maître haut perché qui communique la sagesse aux masses en dessous. En fait, cette masterclass était exactement l'opposé. Sans doute grâce à la manière dont nous l'avons structurée : les membres du groupe jouant avec les participants en duo ou en trio ou même en formation plus large. L'échange était bien vrai entre nous et les étudiants et vice et versa. J'ai vraiment senti l'opportunité d'une relation personnelle et d'un impact avec les musiciens que j'ai rencontré. En tous cas, cet impact, ils l'ont eu sur moi.

Après cette "masterclass", il y a eu des discussions étonnantes avec quelques personnes. Il s'est agit des rapports entre chansons (Leonard Cohen et Kid Dakota), improvisation et jazz, l'importance des appelations, le free jazz, ce que signifie aujourd'hui ce mot, la liberté réelle, les dangers de pureté (un mot qui me hérisse) conceptuelle, les films de Melville (un de mes sujets préférés) et bien davantage. J'ai été impressionné par l'engagement d'écoute des participants à la masterclass et même de celui des non participants.

Un autre côté vraiment cool de l'expérience avignonaise fut la découverte du lieu : l'Ajmi. L'énergie y est réelle et palpable de suite. l'ensemble est évidemment dédié à la musique, aux musiciens, aux étudiants, aux spectateurs. C'était tellement naturel lorsque le batteur Bruno Bertrand et moi sommes retournés jouer sur son invitation après la masterclass et avant le dîner. Comme il a des problèmes d'isolation sonore dans son appartement, l'Ajmi lui a offert un espace pour jouer. Je trouve ça remarquable. Nous sommes tous allés chez lui après le concert pour un bon souper en écoutant de la musique, nos disques favoris, tout ça (une conversation inépuisable dont je ne me fatigue jamais)."


Peter Hennig :

"Je ne prends guère de risque à dire que je n'ai jamais vu pareil endroit qu'Avignon. Il y a tant d'histoire ici, de culture, de talent. Impossible de ne pas être inspiré.

La masterclass était une belle occasion d'interagir avec d'autres personnes que Fantastic Merlins. La diversité du groupe constitué par les participants, des débutants et des musiciens confirmés, m'a vraiment enthousiasmé. Les Merlins ont improvisé un morceau court puis ont ouvert la scène. Tout le monde a eu la possibilité de jouer et expérimenter avec nous. Le courage des gens m'a impressionné. certains n'avaient jamais improvisé auparavant ! À la fin se sont créés de petits groupes où nous avons parlé de nos instruments respectifs. Un vrai sentiment d'unité dans cette expérience.

Je n'ai pas l'occasion de voyager souvent à l'extérieur de mon pays. C'était seulement ma seconde fois en France et la première fois en Avignon. Je pense que la leçon principale que j'ai retenue est celle de l'expérience musicale universelle indépendamment du lieu ou du contexte. La musique peut aller plus loin que les mots... Je suis très reconnaissant d'avoir rencontré autant de personnes si impliquées dans leurs choix.

P.S. : Mon moment préféré n'a vraiment pas été lorsque je me suis trompé de titre ... mais je suis content que Nathan ait apprécié."


Kid Dakota, l'après midi de la master class a chanté sans micro, seul, simplement, avec sa guitare et une intensité lentement transcendante deux titres dont "The age of roaches". Anne Marie Parein retint son émotion : "Il va nous faire chialer". Ses mots, de quoi réfléchir, se retrouver, vraiment, savoir où nous sommes, qui nous sommes ...

"Que croyez-vous qu'ils font avec tous ces missiles Minuteman ?
Les ont-ils pris la nuit quand tous étions endormis ?
Qui va se débarrasser de tout ces chardons ?
Qui va s'assurer d'un prairie sans mauvaises herbes ?

Là-haut des avions balancent
Des produits chimiques arrêtant toute croissance
Au plus profond les racines se battent
Pour survivre, elles colonisent

Que croyez-vous qu'ils font avec tous ces missiles Minuteman ?
Pourquoi les enterrent-ils profondément au coeur de la terre ?
Les lettres atteindront-elles jamais les élus ?
Nous n'y pouvons plus grand chose, nous faisons ce que nous pouvons

Balayez l'atmosphère au radar
Détruisez tous les envahisseurs de l'espace
Faites-les sauter au-dessus de l'océan
Huissier de l'âge des cafards
Cachez-vous dans l'abri minuscule
Mangez les sardines et les pêches
Attendez jusqu'à ce que le monde n'arrête de rougeoyer
Bienvenu au nouveau commencement"


Merci à toute l'équipe de l'Ajmi

Photos : B. Zon



Tournée de novembre 2010 de Fantastic Merlins with Kid Dakota

2 commentaires:

anne marie parein a dit…

MERCI MILLE FOIS, que dire?....
oui, une superbe justification du travail, où plutôt, oui,ces paroles sont l'exacte image de l'unité qui nous anime tous, autant que nous sommes, artistes ou pas, et ceci au delà de l'ajmi... nous sommes nombreux, et forts. merci les musiciens, merci les artistes pour le bonheur profond, vif, debout, que vous créez.
anne marie parein

Anonyme a dit…

Ces gars là sont capables de retourner un éléphant, ben dis donc !