Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

26.11.10

URSUS MINOR,
BOOTS RILEY, DESDAMONA
LE RAP DE JIMMY À BREST
20 OCTOBRE


Le 20 octobre, Boots Riley et Tony Hymas se sont rendus au collège des 4 Moulins à Brest pour rencontrer les élèves de 4ème de la classe d'anglais de Charlotte Dickinson. Une fois encore, ce fut l'occasion d'échanges fructueux sur lesquels nous reviendrons. Ensuite tout le monde s'est dirigé vers la classe de musique de Cécilia Delanney. Tony a improvisé une "drum track" puis joué un peu de Beethoven, Boots a offert un texte a capella et les deux hommes se sont retrouvés en duo typiquement petite ourse. Le jeune Jimmy Cabon, élève de cette classe et bel ursidé aussi, a tenu a offrir un de ses textes à Boots, Tony, à ses professeurs, à ses camarades de classe. Nous reproduisons, avec son autorisation, ses paroles qui nous ont frappé par leur intensité et donné à réfléchir immédiatement. Nous retrouverons dans ce blog les généreux élèves de cette classe.



C 29200 en direct
par Jimmy Cabon, collège des 4 moulins, Brest

On mène une vie hardcore dans un putain de décor
Ça fume des blocs toute la journée
Pendant que d'autres donnent leur cul pour taffer
Pas envie d'être cet esclave
Pour cette société bidon qui fait tout pour nous laisser béton
Dans les rues ça s'entasse, trop de pétasses
Aucune classe, pleins de casses
En mode chien d'la casse
Ça cherche la liasse
Trop de haine en moi, trop de frères comme moi
Envie de m'évader de cette putain de société
Qui sait pas ce que c'est partager
Ça se dit liberté égalité fraternité
Y a des gens qui se retrouvent dans la rue
Ces gens n'ont aucune valeur
Ils te laissent dans la merde, du coup ça fait des gens pas toujours honnêtes
Nique sa mère aucune envie d'participer
Avec des gens malhonnêtes
Que des baratineurs qui veulent vous foutre à la jaille
Qui vont goûter à nos cailles
C'est marche ou crève au tournant
Fait gi, tu sais jamais c'qui peut arriver
Fume pas avant que la vie te fume
Tu connais ouais ouais
Une vie pourrave dans un monde de poucaves
Qui savent pas tenir leur langue
C 29200 en direct

Jimmy Cabon

Merci à Jimmy Cabon, Charlotte Dickinson, Cécilia Delanney et tous les élèves de la classe

Photo : B.Zon

11 commentaires:

anne a dit…

Une anecdote me revient:

Mai 68

Roland Barthes de la fenêtre de son appartement parisien,( il était en train de regarder les étudiants manifester, Boulevard Saint Michel ou Saint Germain je ne sais plus très bien…)
Tout à coup, il se retourne vers son interlocuteur et lui dit, tranquille et prophétique,
“Bah, ils finiront tous notaire.”

J'espère que Jimmy que je félicite gardera sa révolte encore bien longtemps...

Slim a dit…

A propos du commentaire d'Anne...

Ah ! ces grands hommes... Barthes, Foucault, Deleuze, Lacan, Brecht ! Quel bonheur de pouvoir les citer sans avoir à s'impliquer soi-même dans le processus de la révolte. Ah ! quel confort que de délivrer des satisfecit aux jeunes en colère, en les dominant ainsi du haut de son fauteuil bien rembourré.
Ah ! comme je, tu, ils n'avons pas besoin de cette condescendance parée des vertus de la culture et de l'expérience.

anne a dit…

réponse à Slim...

Et qui vous dit que je n'ai pas gardé cette révolte intacte du haut de mon "fauteuil bien rembourré" ?

Et vous ? En avez-vous le monopole ?

Datisa a dit…

Le texte émouvant de Jimmy nous parle de bien d'autres choses que de nos propres désillusions, des choses qu'il nous faudrait écouter si nous voulons un monde changé. Nos enfants ne sont pas responsables de nos ratages. J'ai fais mai 68 et suis plus que mitigée quand aux résultats. Je ne regrette rien mais je souhaite une écoute réelle de la douleur des jeunes gens.

Anonyme a dit…

Le texte de Jimmy nous parle de nous et nous relie à lui dans un mouvement qui loin de nous laisser spectateur nous oblige.

jjbirge a dit…

Bémol :
le texte du jeune garçon est farci de références misogynes, voire homophobes. Il exprime bien le danger des désillusions.
La méfiance vis à vis des manifestants est du même acabit, même si elle est compréhensible...
Je crains plus que jamais que la prochaine révolution soit brune.

Jean a dit…

La prochaine révolution ne sera que ce qu'on voudra en faire. Ou plutôt que de l'attendre, la vivre, écouter les enfants, surtout ceux qui ont si peu et qui vivent si mal, sans les juger en peines lourdes avec nos références. Dans le texte de présentation il est écrit : "ses paroles qui nous ont frappé par leur intensité et donné à réfléchir immédiatement".

Malika a dit…

Oui le langage n'est pas toujours heureux !
Mais ce texte, certainement pas misogyne ou homophobe sur le fond, est une alarme comme il y en a beaucoup que nous ne voulons écouter. Au lieu de juger des gamins qui ne s'expriment pas comme il convient, aidons les au lieu de les mettre à l'index. Et rendons hommage à ces enseignants qui les aident de tout leur saoul. Quelqu'un se rend il compte de ce que ça signifie d'accompagner ces enfants que tout le monde méprise, y compris de les laisser parler ainsi. C'est nous qui sommes pourris dans notre confort de gens de gauche bien éduqués.

jjbirge a dit…

Tous les enfants ne parlent pas le même langage. Qu'est-ce que c'est que ces généralités démagogiques ? Rappelez-vous les compagnons et compagnes d'école et ce que nous sommes devenu(e)s !
Il y a une distance entre exprimer son émotion (que je partage) et oser souligner les dangers qui guettent cette jeunesse qui n'est pas si éloignée de la nôtre. La révolution devra passer par la remise en cause de tant de nos pratiques inconscientes.
Le machisme est partout, chez les garçons et chez les filles, en nous inscrit, qu'il est surprenant de lire ici qu'on en serait exempt...
Pas de mépris, encore moins de jugement. Une simple alarme. J'ai relu plusieurs fois le texte sincère du jeune brestois avant d'oser froisser les bienpensants.
S'il est un service à rendre aux enfants, ce n'est certainement pas de les juger, encore moins de se faire les complices des conneries qu'ils répètent pour nous les avoir entendues dire, ou faire...
On peut simplement en discuter, ensemble et avec eux...

Jean a dit…

à jjbirge

Personne n'a écrit que les enfants avaient tous le même langage. Lorsque les "généralités démagogiques" sont pointées du doigt, il faut parfois remonter le bras dans l'autre sens pour les interroger. Ce n'est pas parce qu'on a lu un texte plusieurs fois, fusse-t-on expert en révolution, que l'on a forcément tout saisi ; mais oui, "en discuter ensemble" est un excellent conseil (largement mis en pratique d'ailleurs). Sans doute traiter au préalable les autres de "bien pensants" que l'on "ose froisser" n'aidera pas à la discussion. Il est toutes sortes de "pratiques inconscientes" à combattre effectivement.

Amicalement

Zerbinette a dit…

J'ai beau lire et relire ce texte, je n'y trouve pas trace d'homophobie. Quant à la misogynie évoquée, je ne lis pas ainsi les termes péjoratifs apposés aux jeunes filles désignées. Il me semble plutôt comprendre que ce garçon rejette avec force l'image et le rôle que la société qu'il fustige donne et impose aux filles qu'il voit tous les jours dans des situations dégradantes. Je pense donc que le vocabulaire employé montre que ce jeune use d'une certaine distance par rapport au monde qu'il décrit et que les termes utilisés témoignent d'une souffrance assez grande en fait.