Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

18.11.10

JEF LEE JOHNSON BAND
NEVERS 10 OCTOBRE


Au confluent de la Loire et de la Nièvre, la capitale du Nivernais a une histoire riche. Ville de faïences, de Mazarin, de Mancini (pas Henry, Philippe), de reines de Pologne et de bottes secrètes (et l'on sait les bottes à la mode ces temps-ci), l'ex Noviodunum (comme l'avait nommé Jules César), ville natale de la Mère Poulard, du grand acteur Henri Virlogeux (mais aussi de Roselyne Bachelot, nulle place n'est parfaite) compte surtout depuis 1987 un des plus éminent festival de Jazz de France et de Navarre, D'jazz créé par Roger Fontanel. Ce dernier a cette année, dans une programmation qui incluait Anouar Brahem, Marc Ducret, le trio Arco, Sylvie Courvoisier, Arild Andersen, le Surnatural Orchestra ou Roy Hargrove pour n'en citer que quelques uns, invité Jef Lee Johnson et son groupe du disque The Zimmerman Shadow (Yohannes Tona et Charlie Patierno). Comme à chaque édition, le duo d'Allumettes, Cécile et Valérie, des Allumés du Jazz est aussi présent "Ah les beaux disques !" ; là encore, un lieu de diffusion fait le lien avec la vie du disque. Ça fait plaisir, ça fait avancer et c'est utile pour l'environnement (musical).

Après un débat mené par le fringant Jonathan Duclos Arkilovitch sur le thème de "le disque aujourd'hui" réunissant les expériences d'In Situ par la voix de son créateur Didier Petit (qui joua le même jour en solo - et on recommandera à nouveau son majeur Don't Explain -) et celles de nato (occasion aussi d'un salut à Xavier Matthyssens), et à l'issue d'une soirée de théâtre musical concoctée par Jacques Bonnaffé (avec Bernard Lubat remplaçant à la baguette levée, un Méderic Collignon souffrant), Jef Lee Johnson livre sa jungle au Café Charbon, lieu électrique de la ville bourguignonne. Il fallait bien ça pour accueillir cette musique de trio ardent s'immergeant de plus en plus dans les profondeurs du blues. Coltrane est cité discrètement au détour d'une phrase remontant le Mississippi, citation loin de l'anecdote qui donne un autre repère géographico-musical d'importance dans le langage du guitariste, sorte de botte secrète en quelque sorte.

Le lendemain matin, Jef Lee Johnson, lors du petit déjeuner, regarde le lever du soleil sur la rivière, teintes pourpres et dorées : "C'était donc ça que les gens regardaient avant d'avoir la télévision! Je suis heureux d'être venu".


Merci à Roger Fontanel, Geneviève Herbreteau, à Tiphaine Liautaud, à toute l'équipe du festival de Nevers et aux chauffeurs aux noms marrants.

Photo : B.Zon

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