Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

10.12.10

NATHALIE RICHARD IN À BAS BRUIT
UN FILM DE JUDITH ABITBOL


De quelques apparitions gracieuses dans une comédie musicale de Chantal Akerman (Golden Eighties) à des rôles comblés dans les films de Jacques Rivette (Haut bas fragile), Marie Vermillard (Imago, Eau Douce), Catherine Corsini (Les amoureux), Ilan Duran Cohen (La confusion des genres), Dominique Choisy (Confort moderne), Jean-Pierre Limosin (Novo), Judith Abitbol (Avant le jour), en passant par des seconds rôles (mais qu'est ce que ça veut dire un "second rôle" ?) dans le geste fertile de ceux qui ont consolidé le cinéma de toute la force que les stars ne savent avoir (Riens du tout de Cedric Klapisch, Irma Vep ou Fin août début septembre d'Olivier Assayas, Le divorce de James Ivory, Le plaisir de chanter de Ilan Duran Cohen, La chambre des morts d'Alfred Lot, Parc d'Arnaud des Pallières, Le pressentiment de Jean-Pierre Daroussin, Le Passager d'Eric Caravaca, Zim and Co de Pierre Jolivet, Caché de Michael Haneke, Au plus près du paradis de Tonie Marshall), sans oublier le théâtre ou la télévision (c'est fou ce que l'une de ses apparitions sur le petit écran dont il y a tout à redouter vous met en confiance !), Nathalie Richard mêle le sentiment d'une harmonie de corps sans écart illusoire à la correspondance d'une pensée active. Le cinématographe s'arrange trop souvent d'être l'art de la déception entraînant toutes sortes de soumission. Actrice insoumise, et de ce fait, sa seule présence signifie l'éveil ; en cela, elle est soeur d'Harpo Marx, d'Assita Ouedraogo, d'Ingrid Bergman, de John Gielgud, de Mai Zetterling, de Hiam Abbass, de Bibi Andersson, de Bourvil, de Kyôko Kishida ,de Fairuza Balk, de Peter Lorre, d'Ava Gardner, d'Anna Magnani, de Barbara Stanwyck, de George Sanders, de Jean Seberg, de Stan Laurel, de Marthe Keller, de Bette Davis, de Claude Melki, de Will Sampson, d'Illeana Douglas, de Gary Farmer, de Monica Vitti, d'Yves Afonso, de Jane Asher, de Vicki Frederick, de Gena Rowlands ... Ces gens qui, d'écran, font d'abord éclater l'existence, pour que s'élimine l'espace dominé par la négation !

Pour ces raisons sans doute, jusqu'à présent, le rôle évident qui lui revient ne lui fut pas offert. Les cinéastes s'enfouissent à force de tergiverser, la seule chance d'un film est d'être en phase. Là, c'est chose faite avec à bas bruit de Judith Abitbol (qui sortira l'an prochain) où Nathalie Richard interprète (presque) tous les rôles. Pas comme (les aussi formidables) Alec Guiness ou Peter Sellers, mais au sein d'un époustouflant film d'incarnation qui n'abandonne rien, pas un millimètre ni sur l'extérieur, ni sur l'intérieur. Un film du moindre détail très résistant qui sait bien son inclinaison, très insufflant.

Dans à bas bruit, Nathalie chante aussi*, c'est tout naturel, une chanson composée par Tony Hymas (paroles Judith Abitbol) et interprétée par le pianiste et le violoncelliste Didier Petit. Tony Hymas, qui a signé la musique originale s'est senti bien dans cette histoire, suffisamment transporté pour la rejoindre dans la précision de l'ensemble. à bas bruit est un film de haute parole.















 

*On peut aussi l'entendre sur les disques Les Films de ma ville, Buenaventura Durruti, Thisness, De l'Origine du Monde

Photos : productions Bicéphale (actrice), B. Zon (musiciens, cinéaste)

Sur Mai Zetterling lire sur le Glob


3 commentaires:

Anonyme a dit…

OUI

Andréa a dit…

Une grande comédienne sous estimée, il faut la voir au théâtre.

Monsieur Cinéma a dit…

on est toujours surpris de voir les carences su cinéma français moderne qui néglige facilement ses meilleurs acteurs, mais ça fait une paye que le cinéma français ne fait plus attention à grand chose. On ira voir ce film avec beaucoup d'espoir.