Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

16.10.24

GUILLAUME SÉGURON CHEZ BORIS VIAN
"LIGHTNING SHADOWS OVER DARK (SOCIAL BANDITS)"


Contrebassiste à l'archet archéologique, Guillaume Séguron scrute les tempos de l'histoire, des petits chemins et leurs éclairages d'avenir. Une histoire du "maintenant", la contrebasse est un instrument de relation forte. Ses échanges de jeunesse avec Jean-François Jenny-Clark aideront à en ouvrir les pistes. Album clé de son parcours, Nouvelles réponses des archives, est une signature de généreuse précision. Avec Catherine Delaunay (compagnie de longue date) et Davu Seru, il a même percé un secret, celui de La double vie de Pétrichor.

Ses chemins passent par ceux de Rémi Charmasson, Louis Sclavis, Anthony Ortega, Stephan Oliva, Raymond Boni, Jacques Di Donato, Alexandra Grimal, Régis Huby, Gerry Hemingway, Mat Maneri, André Jaume, Joe Mc Phee, Daunik Lazro, Jean-Luc Cappozzo, Olivier Benoît, François Corneloup, Edouard Ferlet, Tony Hymas... 

Samedi 19, on pourra le retrouver à Chevilly-Larue dans une suite dédiée aux Bandits Sociaux au sein d'un quartet comprenant aussi Léo Remke-Rochard (rencontré en Corrèze en 2016), Émilie Lesbros (une première), Nathan Hanson et Guillaume Séguron (avec qui il a joué une fois le 10 août 2016 lors d'une inoubliable soirée au magasin Général de Tarnac en compagnie de Donald Washington, Catherine Delaunay, Davu Seru, Brian Roessler, Pascal Van den Heuvel).

• Médiathèque Boris Vian, Chevilly-Larue 17h, le 19 octobre - Entrée Libre comme une réponse

Photo B. Zon : Concert avec Catherine Delaunay et Davu Seru à Tarnac (19 mars 2015)

15.10.24

LÉO REMKE-ROCHARD IN CHEVILLY
"LIGHTNING SHADOWS OVER DARK (SOCIAL BANDITS)"


À quinze ans, Léo Remke-Rochard, passionné de musique et de poésie (il fréquente assidument les soirées open mic de Minneapolis et St Paul), fonde avec son compère batteur Jack Dzik, Eyemyth, indépendance de l’indépendance qui publie cassettes (mais aussi LPs ou Cds) de musiciens qu’ils apprécient. Et bien sûr de leur propre groupe le duo Riverdog qui enregistrera plus tard avec Jac Berrocal et Anamaz. 

Outre avec Riverdog, on a pu l’entendre avec Jean-Marc Foussat (album en duo pour la danseuse Stéphane Guillaumon), Jean-François Pauvros, Ursus Minor, Catherine Delaunay. 

Samedi 19, on pourra le retrouver à Chevilly-Larue dans une suite dédiée aux Bandits Sociaux au sein d'un quartet comprenant aussi Guillaume Séguron (rencontré en Corrèze en 2016), ÉmilieLesbros (rencontrée dans le Minnesota en 2012), Nathan Hanson (longues discussions de plusieurs années après les concerts au Black Dog - St Paul, Minnesota -, et invité pour un soir du groupe Riverdog). 

• Médiathèque Boris Vian, Chevilly-Larue 17h, le 19 octobre - Entrée Libre comme un poème 

Photo B. Zon : Concert de Riverdog à Treignac (août 2018)

14.10.24

EMILIE LESBROS IN PARIS
"LIGHTNING SHADOWS OVER DARK (SOCIAL BANDITS)"

Attraction terrestre, tel est - en 2011 - le titre du distingué premier album solo d’Émilie Lesbros, chanteuse alors déjà remarquée dans le groupe Rosa. Titre qui se déplie comme une infinie carte de géographie où les voyages s’organiseront de plus en plus en un plein chant de grande liberté, le plaisir d’être ici ou là, toujours à l’écoute du monde. Le dire aussi. 

Fidèle des orchestres de Barre Phillips, on a pu l’écouter également  en compagnie Darius Jones, Rafaëlle Rinaudo, Craig Taborn, Sylvain Kassap, Kami Octet, Elliott Sharp, Raymond Boni, Willie Murphy, Ill Chemistry, Ches Smith, Sweet Dog On The Moon, Daunik Lazro, les Percussions de Strasbourg ou bien sûr Ona Liza. 

Samedi 19, on pourra la retrouver à Chevilly-Larue dans une suite dédiée aux Bandits Sociaux au sein d'un quartet comprenant aussi Léo Remke-Rochard (rencontré dans les Twin Cities), Guillaume Séguron (une première), Nathan Hanson (avec qui elle a déjà joué dans le Minnesota - on se souvient d'un bouleversant "Gloomy Sunday" en mars 2012).

 • Médiathèque Boris Vian, Chevilly-Larue 17h, le 19 octobre - Entrée Libre comme attraction

Photo B. Zon : avant un concert au  Black Dog - St Paul, Minnesota (16 mars 2012)



13.10.24

NATHAN HANSON IN FRANCE
"LIGHTNING SHADOWS OVER DARK (SOCIAL BANDITS)"

Nathan Hanson, enfant minnesotan, aimait jouer librement sur les disques de Duke Ellington ou Erroll Garner. Plus tard, en Floride, ayant été sélectionné pour être membre de l'orchestre de Dizzy Gillespie, il devient saxophoniste de premier plan, avec comme passion première, l'échange avec les autres musiciens. 
 
En France, on a pu l'entendre avec Fantastic Merlins, No Territory Band de Davu Seru, Jacques Thollot Quartet, Tony Hymas Pacific 345, le duo avec Brian Roessler, Wiwex, Didier Petit, Benjamin Duboc, Sylvain Kassap, et bien sûr le One Another Orchestra dont il est un des six membres fondateurs. 
 
Samedi 19, on pourra le retrouver à Chevilly-Larue dans une suite dédiée aux Bandits Sociaux au sein d'un quartet comprenant aussi Émilie Lesbros (avec qui il a déjà joué dans le Minnesota et à Paris), Léo Remke-Rochard (qui l'a déjà invité avec le groupe Riverdog à Minneapolis) et Guillaume Séguron (avec qui il a joué une fois le 10 août 2016 lors d'une inoubliable soirée au magasin Général de Tarnac en compagnie de Donald Washington, Catherine Delaunay, Davu Seru, Brian Roessler, Pascal Van den Heuvel). 
 
• Médiathèque Boris Vian, Chevilly-Larue 17h, le 19 octobre - Entrée Libre comme l'air
 
Photo B. Zon : Solo de Nathan Hanson au festival Kind of Belou de Treignac (4 août 2018)
 
 

28.9.24

WILLEM VAN MANEN


 

L'histoire du jazz, comme l'histoire du monde, est pleine de recoins sensibles, de bifurcations habiles, de pauses à l'aune, de tournes qui boulent, d'élans moqueurs, de coulisses de l'exploit ou de "Nuit du chasseur" seule perle signée d'une riche carrière. L'unique album du tromboniste Willem Van Manen sobrement titré de son seul nom est tout ça : deux duos avec Misha Mengelberg dont un très éveillé "Panonica", trois trios avec le bassiste Harry Miller et le batteur Martin Van Duynhoven, et quatre solos que les critiques avisés diront "exemplaires". Et une bonne dose d'humour.

L'écrasement catégoriel de l'histoire relayant la curiosité au rang d'infanterie sacrifiée, la mémoire a ses sursauts, celui de se souvenir de la beauté de cet album par exemple. Ou se souvenir de Willem Van Manen, sensationnel tromboniste de la scène hollandaise, dans l'orchestre de Willem Breuker bien sûr, dont il fut l'un des piliers pendant quatre ans, ou dans de petits ensembles comme le dévergondé quartet de The Message avec Breuker, Peter Bennink, Maarten Altena et apparition du mime Will Floor, aussi avec l'ICP Orchestra, Hans Dulfer, Theo Lovendie, Leo Cuypers (Zeeland Suite), aux côtés de ses inventifs pairs d'instrument Albert Mangesldorff, Paul Rutherford, Vinko Globokar, ou encore dans le très politique Orkest De Volharding de Louis Andriessen qui lui passera le relais (mais nom du dieu des cats, pourquoi tous ces albums ne sont-ils pas réédités !!!).

On le sait (encore) moins (ici), à la moitié des années 80, cet impeccable improvisateur, tout en jouant dans l'orchestre qu'il fonde, Contraband (5 albums, avec Theo Jörgensmann), se consacre brillamment et prioritairement à la composition (15 études pour trombone, un opéra de chambre...), puis cesse sa pratique de l'instrument avant de se retirer de la vie musicale. Willem Van Manen s'est retiré de la vie tout court le 26 septembre 2024.

27.9.24

PETIT TRAITÉ DE COSMOANARCHISME de
JOSEP RAFANELL I ORRA



"Vous êtes ici" nous intime le point rouge sur la carte géographique sur le panneau de ville, là où la foule mécontente chante "On est là". Toutes les étagères de la "société" qui s'est prise pour le monde ne suffisent plus à la cruelle illusion du délabrement comme quotidien. Le Livre de Josep Rafanell i Orra Petit traité de cosmoanarchisme publié l'an passé d'avenir (éditions divergences), n'est pas un guide, mais l'indication de quelques boussoles de "l'inépuisable virtuosité des modes d'existence relationnels" sensibles de toutes sortes de loisibles à (re)découvrir où "la bifurcation importe davantage que la signification qui invite à une 'prise de conscience' de ce qui est".
 
 

14.9.24

NO BORDERS

Le Royaume Uni établi une taxe-visa de 12€ pour y pénétrer, l'Allemagne rétabli des contrôles à la frontière : la bêtise frontalière reprend du poil de la bête, mais pas du loup. 
 
• Illustration de couverture : Rochette
 
 
 

29.8.24

CATHERINE RIBEIRO + ALPES : "PAIX"

Il y a des souvenirs qui dorment d'un sommeil si léger que la mort les ramène énergiquement à la vie. Au croisement des découvertes sidérantes de, par exemple, Eternal Rhythm de Don Cherry ou (vu à la télé) Michel Portal Unit à Châteauvallon 1972, toutes les expressivités se nichaient partout où il était sensiblement possible, pour les orphelins de Jimi Hendrix, de les entendre. Ainsi, dans ce frémissement, "Paix" de Catherine Ribeiro + Alpes apparut comme un grand disque, et s'entend toujours ainsi.
 
Photo : JR (Le Mans - Abbaye de l'Épau - 1973)

21.8.24

LA LUTTE PAS TRÈS CLASSE
PAR DAVID SNUG

 

 

Les temps que nous vivons, aussi absurdes que souffreteux, sont évidemment un sujet de pointe pour David Snug, épastrouillant commentateur par ses dessins et BD. Son opuscule La lutte pas très classe paru chez nada (éditeur fort recommandable) revient sur cette lutte des classes qui semble diablement gommée, oubliée même (pourtant fondatrice, disait-on il y a plus d'un siècle, pour parvenir à la véritable société sans classe). On y apprend par exemple, dessins à l'appui, que "Le socialisme sans lutte des classes, c'est le parti socialiste" ou bien que "Alexandre Marius Jacob sans lutte des classes, c'est Arsène Lupin" ou encore que "Les musiciens de rue sans lutte des classes, c'est les pianos dans les halls de gare" et bien d'autres qu'on se fera un plaisir de poursuivre pour se mettre à jour à la rentrée (de la lutte) des classes (c'est quand déjà ?).

 

 

18.8.24

SOUDAIN GENA ROWLANDS

On sera évidemment reconnaissant à José Ferrer (le Cyrano de Bergerac de Michael Gordon) d'avoir offert un premier rôle de cinéma à Gena Rowlands en 1958*, on le sera davantage encore à l'endroit de David Miller pour le très annonciateur Seuls sont les indomptés, scénarisé par Dalton Trumbo, où figurent Gena Rowlands, Kirk Douglas et Walter Matthau. David Miller, c'était le type qui avait réalisé le dernier film des Marx Brothers, ou proposé un rôle atypique à Doris Day pour l'(assez) hitchockien Midnight Lace, mais aussi le très beau Le Masque arraché avec Joan Crawford. Gena Rowlands, lorsqu'elle éclate doucement dans Seuls sont les indomptés, a déjà fait une apparition dans Shadows de John Cassavetes ou dans un épisode de la série Johnny Staccato (avec Cassavetes dans le rôle de ce drôle de détective privé). Ensuite, à double tour, elle fut la vague indomptable de toutes les humanités du cinéma torrentiel de John Cassavetes. Et bien plus encore, mais ça - on l'espère - tout le monde le ressent si fort.

 * L'amour coûte cher (The High Cost of Loving)

 

 

9.8.24

QUESTION SUPER BANCO DU JEU DES 1000€


Question super banco du jeu des mille euros (France Inter) à Saint Marcel Lès Valence (Drôme) le 10 février 2016 :

Le présentateur : "Quelle terme désigne l'odeur caractéristique de la terre après la pluie ?"
La candidate: "... (soupir !)"
ding ! ding ! ding !
Le présentateur : "Odeur particulière que prend la terre après la pluie, on sent bien de quoi il s'agit. C'est un mot qui vient de deux mots grecs d'ailleurs. C'est un néologisme parce que ce terme a été créé en 1964 par deux chercheurs anglais !"
ding ! ding ! ding !
Le présentateur : "... et cela vient de deux mots grecs je vous le disais. Le premier signifie Pierre et le deuxième Sang des dieux"
ding ! ding ! ding !
La candidate : "On va se faire tuer là"
dong ! ding dong !
Le candidat : "Avec l'éthymologie grecque, on va tenter quelque chose..."
Le présentateur : "Est-ce que vous vous êtes bien concertés déjà ?"
La candidate : "Non, mais j'ai déjà la première partie du mot."
Le présentateur : "Evelyne a la première partie. Est-ce que Sébastien a la deuxième ?"
Le candidat : "On va dire : lithothéosonose !"

... Chers auditeurs et auditrices (des disques nato), la réponse est dans l'album ci-dessus représenté.  

Illustration de couverture : Matthias Lehmann



6.8.24

MAZEL

Mazel pensait que Morris « était un narrateur exceptionnel, dans sa simplicité, dans son efficacité ».* Lucky Luke et plus généralement le journal de Spirou, faisaient partie des fanaux de Luc Maezelle (devenu Mazel) comme l'avaient été les lectures familiales de Jules Verne et Alexandre Dumas. Il rêvait de dessin, mais devint architecte. Comédien de théâtre amateur, grâce à un croquis sur un programme, il rencontre à Bruxelles la nièce de Sirius (auteur de Timour et futur participant du Trombone Illustré de Delporte) qui le présente à son oncle, lequel l'incite de suite à faire de la bande dessinée. Il dessine un Oncle Paul évidemment scénarisé par Octave Joly (Un exploit surhumain) qui n'a pas l'heur de plaire à Yvan Delporte. Le rêve d'être dans Spirou, où ses héros sont plutôt ceux qui dessinent, reste rêve. Il lui faudra attendre pour rejoindre cette bande de cols belges et patienter chez le moins déluré journal de Tintin. Là, il publie dès 1960 (Hippolyte homme des cavernes, Cromagnon et le stentor Kalasse, Ivan le petit Moujik... ) et invente les aventures cocasses de deux clochards Riesling et Bôjolet. Y fleurent bon toutes sortes de références passagères (Vittorio de Sica ou Alfred Hicthcock, par exemple). Puis vient Fleurdelys (scénario Vicq), où ressurgit sa passion enfantine de Dumas et ses Mousquetaires. Pilote l'accueille pour quelques séries : une parodie de James Bond O.K. 27-43 (scénario Duchâteau) ou le très prophétique Téléphonophage. Mazel fait aussi à cette époque partie de l'équipe du studio d'animation Belvision. 

Enfin en 1969, année cinétique, il rejoint de justesse le journal de Spirou quand Charles Dupuis, après le départ de Delporte, cherche quelqu'un pour une série de cape et d'épée. Alors, avec le scénariste Raoul Cauvin, Mazel poursuit à haute énergie ce qu'il avait commencé avec Fleurdelys en inventant la série Câline et Calebasse qui deviendra plus tard Les Mousquetaires. Franquin dessine pour l'occasion Spirou s'agitant joyeusement avec un fleuret et disant : « Mazel ? Un pinceau vif comme une épée ! » Et c'est bien cette vivacité qui frappe, cette façon de rendre irrésistiblement vivant ses personnages à l'instar d'autres magiciens de la BD. Le minutieux soin documentaire des décors et des situations aussi impressionne comme l'articulation de la mise en scène/mise en page. Le dessin déborde le scénario, il va plus profondément. Le trait est magnifiquement souple. Et puis la véritable héroïne de la série est, plus encore que le gascon Calebasse ne payant pas heureusement de mine, la jument de trait Câline. Malheur à ceux qui se moquent stupidement de sa corpulence qu'elle écrase de son hennissement content « Hirâhirâhirâhirâ ». Câline est de toute beauté, de toute liberté ; elle piétine les codes imbéciles. Mazel dessinera encore d'autres séries Boulouloum et Guiliguili (Les jungles perdues) ou, en finale, Jessie Jane avec le scénariste (et cinéaste) Gérald Frydman. Mazel s'oriente alors vers la peinture. Vingt ans après...  ce triste 20 juin 2024.

Calîne et Calebasse ont ajouté de l'imagination à l'imaginaire cape et d'épée au même titre qu'André Hunebelle ou Richard Lester, et c'est à ce titre autant que par ce trait vif décrit par Franquin (qui s'y connaissait en trait vif) qu'il serait parfaitement indélicat d'oublier Mazel. « Hirâhirâhirâhirâ ».

* Cité par Patrick Gaumer in Spirou n°4504