
Dans Mama Too Tight (Impulse), Archie Shepp avait dressé un juste portrait du peintre afro-américain Robert Thompson (aussi connu comme Bob Thompson). Robert Thompson aimait montrer la vie en couleur, des couleurs d'un constat humain espéré, issues du XIXème siècle, siècle indépassable, amplificateur géant interminable, inqualifiable, appelant les siècles suivants à marquer leurs progrès par la guerre toujours plus 2voluée. Nombreux sont ceux qui avaient découvert l'existence de Robert Thompson par la couverture (mal imprimée) du disque sud-américain de Steve Lacy : The Forest and the Zoo (Esp). La forêt et le zoo, en deux mots tout est dit, Archie Shepp le met très bien en musique aussi, on entend tout en prêtant l'oreille : même l'élection "avenir" de Barack Obama suivie du retour des "Clinton", on entend aussi les 240 ouvriers de Republic Windows and Doors à Chicago demandant leurs indemnités légales de licenciement, des cris lointains d'Afghanistan et le Sheriff Fletcher toujours occupé à fabriquer preuve sur preuve pour confondre les anarchistes de St Paul. On entend des signes multiples, multiplicateurs et multipliés, et c'est stimulant, pour peu qu'on n'en reste pas seulement à la musique qui ne pourra jamais rien pour personne.
Il sera sans doute toujours temps de constater la faillite de l'art et sa lente dégradation causée par ses sujets mêmes. Lesquels sujets devraient abandonner les gémissements (ils font - certes - ça très bien) de salons , forcément inélégants, pour rejoindre les véritables damnés de la terre (qui font ce qu'ils peuvent)... un roi doit avoir les mêmes souvenirs que ses sujets (Sartre) à moins que les sujets ne se souviennent de rien.
Image : Texte de l'exposition Honor the Earth - The Impacted Nations
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