Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

30.4.09

TOUTES LES PAROLES NE SONT PAS ECRITES SUR L'EAU



Il y a trois ans à Minneapolis, un indien sort de prison après 18 années d'incarcération (fait banal pour ce peuple occupé sur sa propre terre). Il décide de s'installer un peu à l'écart du monde dans les bois sur les rives du Mississippi, endroit qui lui est cher (photo ci-dessus). Il est dénoncé par des voisins promeneurs se sentant en insécurité en promenant leur chien (animal mieux considéré que la plupart des minorités) et arrêté. Ce qu'il avait reconnu comme étant son lieu, place définitivement confisquée par les colons venus d'Europe, ne pouvait être dans la réalité fabriquée, la réalité industrielle. Pourtant, porté par les arbres et le vent, l'écho des paroles du chef Seattle à Port Elliott en 1855 résonne à chaque dépossession :"Le ciel au-dessus de nos têtes qui a pleuré des larmes de compassion pendant des siècles et des siècles, qui nous paraît immuable et éternel est soumis au changement. Aujourd'hui est clair, demain il sera peut-être recouvert de nuages. Chaque parcelle de ce pays est sacrée dans l'esprit de mon Peuple, chaque flanc de montagne, chaque vallée, chaque plaine, chaque bocage a été sanctifié par un événement heureux ou malheureux survenu à une époque depuis longtemps révolue. Les rochers eux-mêmes apparemment muets et morts transpirent sous le soleil le long du rivage silencieux et frémissant du souvenir important lié à la vie des miens. Quand le dernier homme rouge aura disparu de la surface de cette Terre et que le souvenir des miens sera devenu un mythe parmi les hommes blancs, ces rivages s'animeront des morts invisibles de ma tribu ; et quand les enfants de vos enfants se croiront seuls dans les champs, les boutiques ou dans le silence des bois sans chemin, ils ne seront pas seuls...
La nuit, quand les rues de vos villes seront silencieuses et que vous les croirez désertes, elles seront remplies des multitudes de revenants qu'elles contenaient jadis et qui aiment encore ce beau pays. L'homme blanc ne sera jamais seul. Qu'il soit juste et traite mon Peuple avec bonté, car les morts ne sont pas sans pouvoirs. Morts, ai-je dit ? Il n'y a pas de mort. Seulement un changement de mondes
".



Au musée de Brême, ville du nord-ouest de l'Allemagne, cité qui joua un rôle important dans le développement de la christianisation dans la partie nord de l'Europe, se tient actuellement une exposition sur Sitting Bull et son temps. Cette rétrospective est construite de façon très intéressante et propose un grand nombre d'objets lakotas (vêtements, outils, armes...)des années 1850 à 1890, date de l'assassinat de Sitting Bull lors de son arrestation.




Le portrait photographié de Red Tomahawk qui fut l'un des deux policiers indiens qui tirèrent sur ordre du Major McLaughling, fait revenir en mémoire ce moment de juillet 1990 où lors de la danse du soleil de Green Grass (réserve de Cheyenne River, Dakota du Sud) l'arrière petit fils de Red Tomahawk était venu confier toute la lourdeur de porter cette horrible faute de son grand-père "Ce n'était pas sa faute ! Il ne voulait pas tuer Sitting Bull". Son émotion était grande. Il dansait pour son grand-père.
Les objets de l'exposition proviennent pour la plupart de collection de musées européens (Vienne, Darmstadt, Hambourg, Lubeck, Brême) ou américains (New-York, Bismarck), comme cette bouleversante photo des filles de Sitting Bull prise par Benjamin C. Golling en 1910 appartenant à la Minnesota Historical Society de St Paul. Les objets des peuples conquis font, partout dans le monde, le bonheur des musées des pays colonisateurs (c'est le prix de notre distorsion mentale) dont les gouvernements affichent une satisfaction triomphante chaque fois qu'il transforment des éléments des populations soumises en policiers. Sitting Bull, grand résistant, avait dit à ses frères et soeurs : "Nous devons unir nos forces, sinon nous serons tous anéantis un par un". La recommandation reste valable.



Au centre : Robert Bly, à gauche Howard Zinn

Il était bon d'entendre le 6 avril dernier à l'invitation d'Howard Zinn, le poète Robert Bly lire lui-même son "Call and Answer", poème qui avait inspiré les jours du Black Dog à St Paul Minnesota pendant la dernière Convention Républicaine. Robert Bly, né en 1926 est une des figures de proue des Poets against the war et fut un farouche opposant à la guerre du Vietnam autant qu'à celles d'Irak et d'Afghanistan au premier jour. La voix de Bly est ce soir-là, prélude à un série de paroles d'américains qui ont fait l'histoire populaire : Nicola Sacco, Emma Goldman, Eugene Debs, Frederick Douglass, Sojourner Truth, Chief Joseph, Maria Stewart, Martin Luther King, Rita Lasar ou encore l'espagnol Bartholomé de las Casas, lus par d'autres acteurs ou activistes : Winona LaDuke, Lou Bellamy, Dipankar Mukherjee, Isabell Monk O’Connor, Sarah Levy et Tou Ger Xiong. Howard Zinn raconta aussi, avant de lire son appel à la désobeissance civile saluant au pasage les RNC8, son arrestation en Novembre 1970 lors d'une manifestation dans une base de Boston au moment du départ des soldats. Alors qu'il devait comparaître au tribunal, il s'éclipsa pour se rendre, à l'invitation du philosophe Charles Frankel, à un débat public sur la nécessité de cette désobeissance-là. Le jour suivant, il fut arrêté dans l'école où il enseignait. La ténacité intelligente de cet homme né en 1922, participant du mouvement des droits civiques, antimilitariste actif après le dégoût déclenché par le bombardement de Royan en 1944, et auteur de la très importante Histoire populaire des États Unis inspire.

Dans Nous le peuple des Etats Unis, il écrivait : " Nous devrions, selon moi, prendre conscience du fait que nous vivons dans un pays qui, bien que dominé par l'argent et le pouvoir, offre néanmoins des ouvertures et des opportunités qui n'existent pas dans bien d'autres régions du monde. Ceux qui nous dirigent font le pari que ces opportunités nous apaiseront et que nous n'en profiterons jamais vraiment pour procéder aux changements radicaux absolument nécessaires à l'instauration d'une société juste. Nous devrions relever ce pari." Ça aussi c'est valable pour tous, si nous ne voulons pas perdre les quelques rives qui nous restent.

À lire :
Une histoire populaire des États-Unis. De 1492 à nos jours Howard Zinn, Agone, 2002
« Nous, le Peuple des États-Unis… » Essais sur la liberté d’expression et l’anticommunisme, le gouvernement représentatif et la justice économique, les guerres justes, la violence et la nature humaine Howard Zinn, Agone, Marseille, 2004Sitting Bull: sa vie, son temps R. M. Utley, Collection Terre Indienne, Albin Michel, 1997
Voices of a people's history of the United States Howard Zinn et Anthony Arnove Seven stories press, 2009
The Insanity of Empire Robert Bly, Ally Press, 2004


À écouter :
Left for Dead


Images : B. Zon sauf filles de Sitting Bull : Benjamin C. Golling


29.4.09

DEVINETTE ANIMALE



Comme nous l'avons vu précédemment(1), la nouvelle maladie inquiétante en vogue est dénommée grippe porcine.

Afin de prévenir la maladie, les services de santé préconisent le port d'un masque. Le Ministère de l'intérieur quant à lui demande l'interdiction des masques dans les manifestations (2).

Pouvons nous manifester en ayant peur d'attraper la grippe porcine ? Dans ce cas, il y a de forts risques d'être arrêté par... devinez quel animal.

1 voir : Porcinet Sans Oui Ni Sinon Part
2 voir : Dresse Code : ...---..."


Image extraite du film de de John Halas et Joy Batchelor, La ferme des animaux (1954) adapté du roman de George Orwell

QUATRE IMAGES DU JAZZ DU XXIème SIÈCLE : BIRDS


"Approchez tous les amis, les grands et les petits, regardez bien ..." Saturnin (Ricet Barrier)

Photos B. Zon


26.4.09

PORCINET SANS OUI NI SINON PART


Il fallait s'y attendre ! Avec le renforcement de la présence des forces de l'ordre dans de nombreux pays du Monde, l'arrivée de la grippe porcine ne saurait surprendre."L'homme se trompe cruellement quand il prend le cochon pour un Dieu" (Léon Tolstoï) ou en termes simplifiés : "Evitez d'être copains comme cochons."

Photo : B. Zon

DEUX IMAGES DU JAZZ DU XXIème SIÈCLE
NIGHT AND DAY (EN TÊTE)


"Toutes les idées qui triomphent courent à leur perte"
André Breton


Photos : B. Zon


21.4.09

NEXT : JOURNAL DE PRINTEMPS (29)
18 avril : Montluçon – Le Guingois


Jour par jour, le Glob de nato publie le journal de tournée de printemps du groupe Next de François Corneloup (avec Dominique Pifarély, Dean Magraw, Chico Huff et JT Bates). Dernier concert de cette tournée à Monte Lucii, rattachée à la Couronne de France en 1529, qui a vu naître Jean Marboeuf. (1)

Texte : François Corneloup, photo Pascal Favier



Jour 29 – 18/04/09 : Montluçon – Le Guingois

Nous arrivons donc au terme de cette superbe épopée. C’est au Guingois, club de jazz caché au centre de la France que la tournée printanière de Next s‘achève. Beau soleil, verdure, accueil attentif de l’équipe toujours aussi formidable du Guingois, audience nombreuse et chaleureuse sont des conditions parfaites pour un atterrissage en beauté. Curieusement, même si une émotion certaine s’exprimera dans les accolades fraternelles qui salueront cette ultime sortie de scène, ce n’est pas exactement une impression de dernière fois qui dominera cette soirée. Certes, il régnait ce soir sur scène comme une concentration appliquée à vouloir réussir ce concert-là, mais malgré le tour un peu particulier qu’il prenait, personne dans l’orchestre ne dérogea pour autant à cette volonté constante d’expérimentation. Ce soir, nous n’avons pas spécialement cherché l’apothéose. Nous avons fait ce concert avec une suite dans les idées. Nous nous sommes mis en jeu comme nous l’avions fait tout au long de cette série, peut-être avec un peu plus de gravité mais toujours avec ce regard sur un demain prometteur. Même si notre prochain rendez-vous reste encore abstrait à ce jour, nous savons maintenant que ce concert n’est sûrement pas le dernier. L’éloignement de la possible prochaine échéance ne nous inquiète pas. Nous savons que Next existe puisque Next à traversé cette expérience et qu’elle est désormais une trace réelle dans le parcours de chacun. La certitude de n’avoir rien raté de ce partage nous confère tout naturellement une certaine sérénité sur l’avenir. Next fait la route qu’il a à faire. Next peut s’arrêter. Next repartira. Cette interruption n’est pas une mort, tout juste un repos dont la durée n’a que peu d’importance. Suivant notre trace, nous ferons ce concert dans une naturelle continuité, puisant dans les trésors du précédent et regardant comme à chaque fois vers le prochain, avec cette persistance des questionnements qu’apportent ces nouvelles tentatives qui au fond, nous passionneront toujours davantage que d’illusoires aboutissements ou une quête de triomphes éphémères. Le véritable enjeu n’est pas dans cette fin provisoire. Il est dans l’avenir. Si l’exaltation de l’enjeu persiste, c’est que nous souhaitons l’avenir.
Alertes et solidaires, nous marchons en pleine lumière dans la rue de l’espoir.



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(1) Voir Coup de Sang dont la chanson titre a été composé à Montluçon lors du passage d'Ursus Minor


20.4.09

NEXT : JOURNAL DE PRINTEMPS (28)
17 avril : Montbéliard


Jour par jour, le Glob de nato publie le journal de tournée de printemps du groupe Next de François Corneloup (avec Dominique Pifarély, Dean Magraw, Chico Huff et JT Bates). En visite chez le maître d'oeuvre de Confluence

Texte : François Corneloup


Jour 28 – 17/04/09 : Montbéliard – Le Palot

Quatre petits jours de repos seulement nous séparent du précédent concert et pourtant, après maintenant presqu’un mois passé ensemble nous fêterons ce nouveau concert comme de chaleureuses retrouvailles. Le lieu du rendez-vous est le Palot, ancien théâtre au charme suranné, annexe de la scène nationale de Montbéliard que notre collègue musicien Didier levallet dirige avec subtilité depuis qu’il a laissé ses fonctions de directeur de L’O.N.J. Didier nous gratifiera après coup de compliments sincères tout éclairés de ses talents critiques qui ne sont plus à démontrer, tout au moins à ceux qui furent lecteurs de la première, disons la deuxième heure de la revue Jazz Magazine.

Nous reprendrons la musique ou nous l’avions arrêtée la dernière fois, mais avec une légère sensation de curiosité retrouvée. La routine, rompue par cette interruption d’activité, laissera naturellement place à des initiatives inédites. Nous sommes forts de notre expérience vécue dans les semaines précédentes mais à ce précieux acquis nous ajouterons cette fois fraicheur et spontanéité. Force est de constater que La fatigue et la longueur de la tournée n’auront entamé en rien ce désir de débattre, de s’inventer ensemble, de se surprendre, d’expérimenter et de construire. L’impatience créative est encore bien vivace dans l’orchestre. Il n’y a de toute façon jamais vraiment eu de laisser aller sur cette question dans ce projet mais dans cette salle de L’Allan tapissée des plus belles pochettes Blue Note (période années 60, en gros..) de sa collection personnelle - chacune pouvant être prise comme preuve tangible que nous ne sommes en toute modestie pas les premiers dans l’exercice du « work in progress » - la remarque de notre hôte ayant perçu une grande intelligence collective dans le jeu de l’orchestre prenait une valeur qui n’échappa aucunement aux musiciens du groupe.



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16.4.09

NEXT : JOURNAL DE PRINTEMPS (24)
12 avril : Boissy Le Cutté


Jour par jour, le Glob de nato publie le journal de tournée de printemps du groupe Next de François Corneloup (avec Dominique Pifarély, Dean Magraw, Chico Huff et JT Bates). C'est Pâques et sonne les cloches à Boissy le Cutté !

Texte et photo : François Corneloup (sauf minifilm : Z. Ulma)


Jour 24 – 12/04/09 : Boissy-le-Cutté – Salle municipale

À une petite heure au sud de Paris, il y a l’association Au Sud du Nord qui organise la vie quotidienne du jazz dans un village comme on en trouve dans la grande ceinture de la capitale. Double handicap : trop loin de Paris pour intéresser le journaliste ou le spectateur métropolitain. Trop près de Paris pour échapper totalement à l’impitoyable autant qu’inutile comparaison culturelle. Pourtant, Philippe Laccarrière le contrebassiste meneur de l’association n’en démord pas. Non sans anxiété pour l’avenir mais avec une calme obstination, il multiplie les interventions locales et inscrit chaque fois plus profondément la présence de son association dans le paysage culturel de son coin. Chaque festival, Chaque concert, chaque fanfare, chaque intervention pédagogique est une preuve qu’il peut y avoir une normalité à être l’acteur ou le l’auditeur d’un spectacle vivant et ce quelle qu’en soit la localisation. L’affaire n’est pas gagnée pour autant et la bataille est permanente. Ce Dimanche, Next finira la deuxième séquence de sa tournée dans la petite salle municipale du village que l’association s’acharne à chaque nouveau rendez-vous qu’elle organise à transformer en salle de concert. Cinq minutes avant de commencer, il faudra d’ailleurs ajouter des chaises. Ce surcroît de travail sera apprécié par les organisateurs, non pas seulement comme un succès de circonstance mais aussi comme le signe gratifiant d’un possible retour sur un véritable travail de fond. La moindre chaise supplémentaire est aussi une victoire précieuse sur une conjoncture défavorable par un patient travail à l’année. Malgré tout, il règne sur ce Dimanche de Pâques aux lumières printanières une décontraction souveraine. Nous ferons un concert détendu mais engagé, mus par la volonté simple de jouer sans fards et finalement sans paillettes notre rôle d’artistes dans la plus naturelle des fonctions sociales. De ces concerts que l’on fait sans volontarisme et dans lesquels la créativité s’épanouit sans qu’on cherche vraiment à la provoquer, avec la distance qui convient pour désacraliser un peu ce statut d’Artiste avec un grand Art dont nous nous affublons nous-mêmes parfois à l’excès et qui bêtement nous gêne aux entournures de l’existence. Merci à Philippe et toute son équipe de nous avoir offert par leur précieux travail ce quotidien sublime !


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15.4.09

LES AMITIÉS D'ABEL PAZ




La contrebassiste Hélène Labarrière est venue jouer pour l'enregistrement en 1986 du disque Buenaventura Durruti, elle a alors découvert le livre d'Abel Paz et puis a souhaité revenir : "Je jouerais différemment maintenant que j'ai lu ce livre."

Abel Paz nous avait beaucoup encouragés à réaliser notre disque de salut à Buenaventura Durruti où sa voix faisait suite à celle d'une enfant (Elsa Birgé). Une voix d'expérience et de partage. À la CNT l'année suivante, sa parole précédait, lors de la fête du livre libertaire, un concert avec Evan Parker, Hélène Labarrière, Sylvain Kassap, Benoît Delbecq, Guillaume Orti, Noël Akchoté, Mark Sanders et Violeta Ferrer dont la voix provenait du même temps. Il était venu à Villeurbanne pour une conférence précédent la première de Los Incontrolados (orchestre collectif né du disque sur Durruti) puis à Sons d'Hiver pour le projet de Los Incontrolados (Testament d'un Incontrôlé de la Colonne de Fer) où ses mots s'étaient mêlés à ceux des enfants dans les écoles du Val-de-Marne. Benoît Delbecq et Noël Akchoté s'étaient entretenus avec lui pour Jazz Magazine. Il avait su imposer le silence lors d'une émission à Radio Nova, confondant ses intervieweurs. À Minneapolis, en 2007, à la librairie Arise un passionnant débat s'était tenu autour du film "Diego" (éclairants souvenirs espagnols) de Frédéric Goldbronn lors de la publication américaine intégrale du livre d'Abel Paz sur Durruti. Une autre soirée au Black Dog de St Paul avait eu lieu autour du même film le premier mai un an plus tôt lors de la grande grève des hispaniques. Les paroles de ce militant anarchiste qui croyait dans la poésie résonnaient fort à ce moment de l'Amérique du XXIème siècle. "Une nouvelle société était en marche. Les ouvriers cessaient d’être esclaves et devenaient des hommes libres".

Abel Paz était le pseudonyme que s'était choisi celui qui répondait au beau nom andalou de Diego Camacho pour écrire... Né le 12 août 1921 à Alméria, fils d'une chiffonnière "révolutionnaire dans l'âme", il devient ouvrier du textile à Barcelone en 1934 où sa famille a émigré en 1930. C'est en 1935 de retour à Almeiria qu'il rejoint la CNT, par ailleurs omniprésente à Barcelone où il revient en 1936. Il y vit intensément les journées de juillet ; "En une journée, nous sommes devenus des adultes". Trop jeune pour rejoindre les colonnes anarchistes, il fonde avec ses deux amis les Don Quichotte de l'Idéal, qui publient Le Quichotte. En 1937, il participe aux événements de Barcelone qui opposent les staliniens aux jeunesses libertaires et au POUM. Il est arrêté pour un temps bref. En 1938, le voilà sur le front. Puis 1939, c'est le temps des camps honteux mis à "disposition" par l'état français pour les réfugiés anti-franquistes. En 1942, après son emprisonnement en France, la lutte reprend en Espagne. Il y est arrêté un an plus tard. Sa peine purgée, il continue la lutte anti-franquiste, c'est à nouveau l'exil vers la France. En 1953, missionné par la CNT en exil, il revient clandestinement en Espagne pour organiser les publications de Solidaridad Obrera et CNT. Membre du syndicat des correcteurs français (comme Violeta Ferrer et nombreux anarchistes espagnols), il prend part aux événements de 1968 et publie en 1972 la première biographie de Durruti qui est aussi une histoire de la Révolution Espagnole (événement que l'histoire officielle s'entête à dissimuler). En 1977, c'est le retour en Espagne. Il a écrit d'autres ouvrages sur cette période dont plusieurs autobiographiques et un livre très important sur la Colonne de Fer.

Abel Paz s'est éteint le 13 avril 2009 à Barcelone, il nous avait beaucoup éclairés.

"Nous avons créé notre temps, ce qui semble incompréhensible pour ceux qui ne l’ont pas vécu. On nous a ensuite imposé un autre temps, mais je vis encore celui que nous avions créé. Je n’ai jamais retrouvé l’intensité de ce 19 juillet 1936..."

À lire (publications en français) :
Buenaventura durruti, 1896-1936 (Tête de Feuilles - rééditions augmentées : Quai Voltaire puis Editions De Paris-Max Chaleil)
Chronique passionnée de la colonne de fer (CNT - réédition Nautilus)
Guerre d'Espagne (Hazan)
Durruti 1896 - 1936 (Album de photographies - L'Insomniaque)
Barcelone 1936 - Un Adolescent Au Coeur De La Révolution Espagnole (La Digitale)

À écouter :
Buenaventura Durruti (nato 1996)

À voir :
Diego de Frédéric Goldbronn (dont sont extraites les citations d'Abel Paz ci-dessus) (1999)
Buenaventura Durruti (1896-1936) de Jean-Louis Comolli (1998)
Buenaventura Durruti dans la révolution espagnole de Paco Rios et Abel Paz (1998)

Centre Ascaso-Durruti 6 rue Henri-René 34000 Montpellier - Tél. : 04 99 52 20 24


Echos de Glob :
Violeta Ferrer
Mots Croisés


14.4.09

NEXT : JOURNAL DE PRINTEMPS (21-22-23)
9-10-11 avril : Dunkerque


Jour par jour, le Glob de nato publie le journal de tournée de printemps du groupe Next de François Corneloup (avec Dominique Pifarély, Dean Magraw, Chico Huff et JT Bates). Trois jours chez Jean Bart !

Texte : François Corneloup


Jours 21/22/23 – 9-10-11/04/09 : Dunkerque – Jazz Club

Les trois jours de Dunkerque sont une véritable institution dans le circuit du jazz en France. Les musiciens sont toujours heureux de baser leur campement plusieurs jours d’affilée dans un même endroit. D’abord parce qu’on économise la fatigue du voyage, et surtout parce que cela permet enfin de penser la musique dans l’état d’esprit d’une certaine pérennité ne serait-ce que partielle. Savoir que le temps nous sera accordé de faire, défaire et refaire, libère le geste et l’écoute de cette inquiétude qui parfois nous étreint abusivement, de vouloir à tout prix laisser une trace durable de ces rencontres toujours trop éphémères avec les lieux et les auditeurs…
Françoise Devienne mène la barque du Jazz club de Dunkerque depuis longtemps maintenant, toujours épaulée avec la plus grande bienveillance par Jean, son mari.
Pour Françoise, réussir chaque mois cette fête de la musique est une affaire aussi cruciale que le Carnaval pour les Dunkerquois. La catharsis doit advenir et pour cela Françoise y met toute sa passion et son affection pour la musique et les musiciens.
Ces trois jours intenses seront teintés d’une certaine gravité. La fête aura bien lieu mais avec une profondeur rarement atteinte dans la musique de l’orchestre. Nous avons mûri tout au long de ce parcours et cette étape prolongée, proche de l’échéance finale sera sans aucun doute un révélateur du sens profond de ce projet. Tout est conjugué. Historicité du lieu, de la ville, maturité du groupe, fatigue physique et nerveuse aussi. Durant ces trois soirs, les concerts passeront par tous les états, lyriques, poétiques, tendres, nerveux, tendus, délirants, rigoureux, appliqués, lâchés… bleus, verts, rouges, jaunes, brumeux, lumineux, clairs comme de l’eau de roche et sombres comme la nuit, furieux, sereins. Chaque jour différemment, un film en accéléré de tous les états par lesquels nous serons passés dans cette magnifique épopée, pas encore terminée. Un défilé de masques où toutes les expressions de la vie apparaissent en explosions paradoxales de sincérité… Multitude de costumes bariolés comme autant de permissions à la transgression indispensable à toute création. Nous y ajouterons, sans trop malgré tout nous en inquiéter par un self contrôle abusif, l’enjeu d’une captation. Dans ce lieu propice, nous aurons ici pris le temps de fixer une trace unique, singulière, rare, précieuse donc. À suivre…


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Blog de Dominique Pifarély


12.4.09

CHANSON DE GESTES COLLECTIFS




En un peu plus d'un siècle, les 250 millions de visiteurs de la Tour Eiffel n'ont jamais beaucoup pensé aux 250 ouvriers du chantier (qui prirent des risques considérables pour un salaire de misère), encore moins aux ouvriers bien plus nombreux qui ont préparé les pièces avant le chantier et bien peu souvent à Emile Nouguier et Maurice Koechlin qui eurent l'idée de cette tour métallique pour célébrer le centenaire de la Révolution Française (idée qui, au départ, n'enthousiasmait pas l'ingénieur-ferrailleur). L'histoire est un dictionnaire de noms propres communément sacrifiés au profit d'une liste brève et caricaturale. Lors d'une projection cinématographique, les spectateurs se lèvent dès la dernière image. Ils n'ont que faire de l'impressionnante liste de gens qui ont vraiment fait le film. Seuls seront retenus les noms des acteurs, réalisateurs et producteurs. Les acteurs sont ceux qui font. Pour casser la grève des animateurs de ses studios, le producteur Walt Disney décidé à ne pas céder (la grève commença à l'initiative d'Arthur Babbitt, véritable créateur d'une partie importante de l'imagerie Disney qui en vint même aux poings avec l'oncle Walt sur le piqué de grève) entreprit alors de produire une série de films avec acteurs pour montrer qu'il pouvait se passer des animateurs. Les films de fictions avec acteurs de l'"ami des enfants" (mais surtout d'Edgar Hoover) furent tous plus catastrophiques les uns que les autres.

Samedi 4 avril, pour le concert de Next au Petit Faucheux, le sourire de Florence de Retz à l'entrée rappelait tout ce que cette fidèle avait si généreusement et intelligemment apporté à la musique à Tours ou au Mans depuis de si nombreuses années. À ces côtés ce soir-là, Christelle Raffaëlli, figure essentielle sans qui la bataille actuelle des disques nato pour être en réel, dans un environnement bien éloigné de ce qu'il était il y a 29 ans, ne serait qu'un fantasme de quinquagénaire attardé. Au Black Dog à St Paul Minnesota, une petite semaine plus tard le 10 avril, Les Fantastic Merlins avaient eu la bonne idée d'inviter Bruce Abbott en première partie de leur vendredi régulier. Bruce, amateur de clarinette basse, grand fan de Denis Colin, est une personne de coeur, un merveilleux passeur, un soutien indéfectible et actif, et ce en toutes circonstances du festival Minnesota sur Seine en particulier et de la vie musicale des Twin Cities en général. Il agit toujours discrètement en de nombreux endroits, toujours avec grâce. Ce soir-là il joua Charles Gounod, Iron Butterfly, Monk et Bach avec ces mêmes qualités. Et puis Valérie Crinière et Cécile Salle, à Vindunum, qui maintiennent sûrement et quotidiennement, dans l'ombre de 50 agités du sillon, le navire des Allumés du Jazz contre vents et marées de temps difficiles avec une constance ingénieuse qui se moque des honneurs et des vanités.

Elles et ils sont nombreux à qui nous devons tant, qui font que la musique peut progresser au delà de quelques visions inefficaces sans compléments d'objet direct. Nous les rencontrons partout, dans les clubs, les maisons de disques, le studios, les magasins, les ateliers, les cuisines, les associations et en d'autres lieux non déclarés. Elles et ils nous donnent vraiment envie de rester jusqu'à la fin du générique pour en faire partie à leurs côtés. L'humanité s'apprécie bien mieux à leur contact. Belle visibilité au delà des illusions ! La vie est affaire de partage ; la mort un concours de podiums isolés.

























Aussi :
Les travailleurs de la Fnac
Les ouvriers du disque


Photos (sauf Tour Eiffel bien sûr): B. Zon


11.4.09

MY FRIDAY IS FANTASTIC



La musique des Fantastic Merlins n'insinue pas, elle progresse en plein air dans tous les sens du terme sens. Elle se dirige par une suite de petits événements propres à éveiller doucement les consciences. Elle aime chanter et parfois explose, comme seul peut le faire l'homme délibérément réfléchi. Elle joue de lucidité, de contrastes, d'humour aussi et de sensualité tendue de couleur. Elle s'élance, s'enlace, tente les formes vivifiantes, attrape le pompon sans s'attarder. Elle cultive le paradoxe léger. Elle sait hériter. Elle fait confidence. Elle réside dans le présent instable en regardant paisiblement autour. Elle n'impose pas, elle est forte. Son désir émerge de son énigme. Elle ne cherche pas de preuves, elle touche simplement. Elle est en chemin. Ça marche !



Ce vendredi les Fantastic Merlins étaient de retour au Black Dog à St Paul Minnesota (leur maison du vendredi) après une tournée vers le sud-ouest. Leur nouveau disque sort ces jours-ci.

Nathan Hanson (saxophone ténor), Jacqueline Ultan (violoncelle), Brian Roessler (contrebasse), Peter Hennig (batterie)

Images : B. Zon


NEXT : JOURNAL DE PRINTEMPS
EN ATTENDANT LE SPÉCIAL DUNKERQUE


Amis lecteurs,

L'équipe de Next : Journal de Printemps nous informe qu'elle s'apprête à relater ses concerts au Jazz club de Dunkerque en une chronique groupée à la fin des trois jours.

Prochain rendez-vous sur le Glob pour la suite des aventures de Next : dimanche 12 Avril alors que le groupe fera route vers le pays des Boissillons.

À bientôt !













Photos : François Corneloup

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Blog de Dominique Pifarély


10.4.09

PLUS QU'UN CHIEN


 

Mercredi soir 8 avril, lors de la soirée Lowertown Commune au Black Dog, Junkyard Empire (qui vient d'enregistrer son troisième EP) a invité un quartet au nom transneptunien, Farewell Pluto. Après le quasi classique set de Junkyard Empire, Farewell Pluto prend alors la scène avec une sorte d'ardeur inquiète instantanément et puissamment projetée. Après une composition d'un "natif du Minnesota" (ie : "All Along the Watchtower"), le titre suivant est dédié à leur ami Robert Jeske, un musicien dont la mort, deux jours auparavant, a alimenté les tristes rubriques de faits divers de la presse locale. Les conclusions officielles (provisoires) de son décès : "suicide par policier". Robert Jeske a laissé une note sur son site My Space : "Je vous aime... je suis désolé". Ensuite il est sorti sur l'avenue East Iowa à St Paul avec un pistolet bien visible qu'il a refusé de poser sur injonction de la police. Les trois policiers ont tiré et le bassiste a blessé leur chien, la riposte fut mortelle pour le jeune homme (34 ans). Les chaînes Fox 9 et WCCO se sont montrées plus affligées par la blessure du canin dénommé Boomer élevé au rang de héros et de l'intervention chirurgicale qui s'ensuivit, que par la mort (le suicide) du musicien. Robert Jeske appartenait au groupe Buried by Hope (Enterré par espoir). "Nous sommes des météores à gueule de planète. Notre ciel est une veille, notre course une chasse, et notre gibier est une goutte de clarté" (René Char in : Recherche de la base et du sommet). La musique provoque une sorte d'étreinte. Elle est robuste. La déchirure s'étend et l'état d'âme s'entend sans larme ostensible. Pas de fondation sans désir et le désir pointe l'être, c'est ce qui emporte. L'être vit avec sa partie robuste. La robustesse c'est l'éloquence du corps et du coeur réconciliés. Et puis l'un des guitaristes du groupe doit partir car on vient de lui signaler que sa femme allait accoucher. Farewell Pluto devient trio, l'angle change et laisse pénétrer une lueur sensible qui modifie sensiblement l'élan. Il ne perd rien de sa force, il esquisse une simple caresse. La douleur s'incline. Le temps destructeur s'efface devant les reflets d'enfance. Pluton n'est pas seulement le dieu des enfers, mais aussi celui des richesses souterraines. 

 

Farewell Pluto : Brett Hansen : guitare, chant, Greg Boesel : guitare, Kyle Beisswenger : basse, Charlie Sloan : batterie Black Dog minifilms : B. Zon

9.4.09

DRESS CODE : ...---...



Le député UMP Didier Julia, en conformité avec sa vassale fonction qui consiste, comme pour l'ensemble de la gent politique, de créer des diversions lorsque le peuple approche de l'objet principal, a déposé le 8 avril (date anniversaire des accords d'Evian - mais ça n'a rien à voir... enfin... non... euh !) une proposition de loi visant à "interdire, comme en Allemagne, le port de cagoules et de tout autre moyen de masquer le visage lors de manifestations ou attroupements". Cela fait partie du programme contre les bandes violentes (sujet sur lequel il est important d'attirer l'attention du bon peuple pendant que l'on termine de le plumer). Ce qui est épatant, c'est aussi le "Comme en Allemagne" que la presse a repris à tour de bras. On attend les lois justifiées par un "Comme en Chine", "Comme en Grèce", "Comme en Russie", "Comme en Amérique", "Comme au Groënland" ...

Nous voilà certainement en zone de progrès pour mettre en place des lois d'interdiction de vêtements "Comme en Allemagne", la mode doit y être la même.

Sur les photos de Napoléon IV entouré de sa bande violente (parfois affublée de l'amusant sobriquet de Conseil de Ministre), sur la photo de la bande violente du G20 à Londres - dont les milices ont tué un homme, ou sur celle de la bande violente qui commande l'OTAN, effectivement on ne voit aucun masque en apparence. C'est bien foutu leur truc ! Mais en y regardant de très près (dans le détail) ou bien de très loin (dans l'autre grand détail collectif), ces visages sont loin de former une mosaïque de vérité. Ici les masques sont intégrés à la fonction. Ils sont de greffe. Leurs habitants qui se vautrent dans le pire en éclat-boue-sang les pauvres gens n'ont plus besoin de cache misère puisqu'ils sont l'incarnation du mensonge, du vol permanent, de la confiscation de toute dignité. Leurs troupes exécutantes de bourreaux, de flics, de matons et de gardes, elles, ont recours aux cagoules qui sont l'antithèse de ces masques nécessaires à l'expression de l'ingénuité vive que l'on trouve en face.

Et madame la Ministre de l'Intérieur de l'Empire fébrile de justifier "Ceux qui manifestent pour leurs idées jamais ne dissimulent leurs visages". L'histoire fait long feu. À l'heure où la France vivait sans choix "Comme en Allemagne", les résistants, aujourd'hui glorifiés des (re)fondations essentielles de notre belle république, étaient dénommés terroristes et accusés par l'occupant Nazi de "dissimuler leurs visages en mettant en danger la population française". L'ordure Nazi et ses collaborateurs forçaient d'ailleurs volontiers ceux qu'ils exécraient à se signaler facilement ; les juifs durent porter l'étoile jaune. Ils se seraient bien passés de cet empêchement à dissimulation. Le pouvoir est affaire de mensonge et de cruauté, l'innocence réveillée et active est question de masques temporaires.

Interdire les cagoules dans les manifestations ? Jean Royer, député maire de Tours et candidat à l'élection présidentielle de 1974, voulait interdire l'avortement, la pilule, les films pornographiques, les mini jupes, les classes mixtes, tous cause majeure de désordre public. Il a beaucoup fait rire.

L'état est si (peu) sûr de lui qu'il veut maintenant réglementer les costumes. À cette heure, il faut être sourd-aveugle-muet-insensible de l'olfactif et du tactile pour ne pas avoir compris à quel point point nos vies sont bradées, nos esprits momifiés et nos culs défoncés par de prétendus "élus du peuple" (en réalité des violeurs d'opinion aux parures d'imposture, vils quémandeurs de petits bulletins qui les portent si haut, là où leur postérieur empeste le monde entier).

Madame la Ministre (synonyme de Voix de son Maître), pourtant d'origine pyrénéenne semble tout ignorer de l'utilité du passe-montagne. L'escalade est en cours, dans les deux sens. Nombreux se transforment en flic, ces masques-là sont fournis gratuitement. On dénonce à tout va, on blâme dans l'espoir d'une caresse du Maître (bientôt l'intellectuel Philippe Val directeur de France Inter - sans cagoule ?), on livre les immigrés sans permis de séjour, on va même jusqu'à dresser des liste d'internautes indésirables. L'avenir de la crise, c'est la suspicion généralisée et cette belle ligne suffisamment large pour que tant s'y suicident, cette ligne qui sépare les pauvres des riches, les intellectuels trop gavés des gens de bon sens qui cherchent et les gens de gauche du peuple.

Une nouvelle loi bête de professeurs Shadokos endimanchés dont la seule valeur est d'afficher la peur des seigneurs.

A toutes les peintures de sinistres clown blancs, nous préférerons toujours les masques d'augustes des carnavals. En France, "Comme en Allemagne", il existe de très beaux carnavals.

TAX THE RICH... BAIL OUT THE PEOPLE





TAX DAY - WEDNESDAY APRIL 15, NOON MN CAPITOL ST PAUL, MN


The People’s Bailout Bill calls for:
* Jobs or income now
* Moratorium on home foreclosures and evictions of renters from foreclosed buildings.
* No Layoffs - save jobs
* No Attacks on Immigrants
* No one in Minnesota should be cold or hungry.
* Protect public education. No tuition hikes

NEXT : JOURNAL DE PRINTEMPS (20)
8 avril : Nantes


Jour par jour, le Glob de nato publie le journal de tournée de printemps du groupe Next de François Corneloup (avec Dominique Pifarély, Dean Magraw, Chico Huff et JT Bates). Vive les dits de Nantes !

Texte et photos : François Corneloup


Jour 20 – 8/04/09 : Nantes - Pannonica

Le beau club de Jazz de Nantes nous accueille ce soir. Après les réglages d’usage, et une balance sans histoire nous passerons à table sur place. Le repas sera animé d’un échange entre Cyrille Goheau notre hôte administrateur et les musiciens français de l’orchestre. Il sera question de la pression conjoncturelle et de l’obligation d’adaptation qu’elle implique dans les comportements des différents acteurs de la scène ou de la production de musique vivante en France. L’idée d’une concertation plus serrée entre programmateurs et artistes fut formulée. Fut évoquée aussi la nécessité de s’appuyer davantage encore sur ce principe de fédération déjà effectif par exemple avec les Scènes de Jazz ou encore les Allumés du Jazz pour le disque. Comment créer des synergies et des pôles de résistance en rassemblant les forces autour d’idées communes tout en préservant les choix et besoins spécifiques de chaque entité constitutive? La conversation ne donnera évidemment pas de réponse immédiate à cette problématique mais cette autre nécessité s’est imposée, celle de maintenir un niveau de communication suffisant , de persister malgré tout dans cette posture paradoxale qui serait de continuer à travailler ensemble sans consensus établi, produire des réflexions et des stratégies sans cesse renouvelées, en d’autres termes mettre la force du collectif au service des cas particuliers dans une conscience aigue des réalités de terrain, éviter ce piège qui serait de chercher une solution provisoire et risquée dans une logique de compétitivité où notre secteur décidément inadaptable aux principes d’un système économique libéral serait toujours perdant.
D’un certain point de vue le concert de ce soir fut en résonnance de cette conversation. Sorte de synthèse des concerts précédents où l’on avait vu s’exprimer une à une les individualités artistiques, celui-ci fut la démonstration qu’une production artistique valable est possible dans une confrontation plus simultanée des sensibilités. Nous avons créé un son d’ensemble dans lequel on pouvait identifier pleinement les voix (voies) de chaque membre de l’orchestre. Et quand bien même ce résultat devait s’obtenir au prix de tensions internes et de perturbations, nous avons su dans la réciprocité accepter ces contradictions comme autant de ressorts créatifs. Si la musique improvisée devait avoir une fonction pédagogique, ce serait de faire la démonstration in vivo que la cohérence d’un projet partagé peut se trouver ailleurs que dans l’uniformité.

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8.4.09

NEXT : JOURNAL DE PRINTEMPS (19)
7 avril : Guidel


Jour par jour, le Glob de nato publie le journal de tournée de printemps du groupe Next de François Corneloup (avec Dominique Pifarély, Dean Magraw, Chico Huff et JT Bates). Et on repasse par la case Bretagne...

Texte et photos : François Corneloup


Jour 19 – 7/04/09 : Guidel - L’Estran

Superbe salle de spectacle accrochée à la côte lorientaise , l’Estran nous est ouvert avec une fierté légitime et un désir certain d’offrir le meilleur aux artistes de passage par Xavier son animateur. En Partenariat avec MAPL (Musiques Actuelles en Pays Lorientais), Le concert est commandité par Christophe Desforges et ses complices de l’association Hop’n Jazz créée antérieurement par Yves Beaufils qui lui aussi a emporté trop tôt avec lui sa passion du jazz et son amitiés pour les musiciens.
Très bien ! Nous sommes sur la route depuis trois grosses semaines maintenant. Nous avons encore fait un long voyage aujourd’hui. Mais l’ampleur du lieu nous donne comme une envie d’en découdre. Cette fois, nous avons l’équipement qu’il faut et même si nous vacillons encore sous l’effet des tout derniers coups portés par la fatigue, nous restons debout sur le ring et le round n’est pas encore terminé. Si nous savons qu’il y en aura d’autres encore à disputer, nous jetterons malgré tout ce soir toutes nos forces dans celui-ci. Alors Next se mue en un bestial rock band.
Tourt au long du concert, les cris rugueux d’un violon sauvagement électrique vont galvaniser le groupe jusqu’au climax final d’un rappel ou Dean nous offrira un solo tonitruant, tirant le maximum de la guitare, de l’ampli et des ultimes énergies. Ce n’est pas aujourd’hui que la fatigue vaincra. Il y a aussi des jours où il faut savoir accepter le combat. Ce soir, la salle était belle et l’audience acquise. L’enjeu en valait la chandelle… électrique.

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7.4.09

NEXT : JOURNAL DE PRINTEMPS (18)
6 avril : Eindhoven


Jour par jour, le Glob de nato publie le journal de tournée de printemps du groupe Next de François Corneloup (avec Dominique Pifarély, Dean Magraw, Chico Huff et JT Bates). Aujourd'hui détour au pays de Brabant

Texte et photos François Corneloup


Jour 18 – 6/04/09 : Eindhoven – Whilelmina Café

Aujourd’hui , pas de voyage éreintant mais des problèmes techniques sur place. La préparation du concert est mal engagée. Il manque du matériel. Il faudra donc batailler pour obtenir les conditions de travail minimum. L’arrivée dans un lieu est toujours une étape sensible pour des musiciens sur la route. C’est une phase où tous les instincts sont en alerte : On évalue l’ambiance de la salle puis on s’inquiète de savoir si l’on aura le confort suffisant pour nous consacrer pleinement à la musique. Ou bien faudra-t-il prendre sur soi et accepter de composer avec un matériel défaillant ou une acoustique aléatoire? La vie n’est pas toujours rose pour ceux qui travaillent de nos jours … encore moins pour ceux qui ne le peuvent pas, du reste… Les musiciens ne font pas partie d’une caste préservée des contingences de la vie quotidienne mais doivent parfois faire des efforts d’imagination surhumains pour pouvoir dépasser la précarité des conditions et continuer d’imaginer qu’ils vont devoir dans quelques heures se donner malgré tout à entendre en concédant pourtant sur une exigence personnelle.
Ce soir, face à la fragilité des conditions, nous resserrons les rangs. Le programme se fait plus compact, plus dense. Il s’agit d’abord d’assurer les bases d’un jeu collectif qui nous aidera avant tout à reconstituer un son d’ensemble. Le résultat de cette stratégie de circonstance sera vite payant : improvisations combatives et solidité de la section rythmique seront nos planches de salut. L’engagement presque physiquement perceptible de chacun conduira enfin l’ensemble à reconquérir ces espaces d’invention gagnés dans les précédents concerts. Next n’a rien perdu de sa superbe même s’il a fallu aller au charbon.

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NEXT : JOURNAL DE PRINTEMPS (17)
5 avril : Utrecht


Jour par jour, le Glob de nato publie le journal de tournée de printemps du groupe Next de François Corneloup (avec Dominique Pifarély, Dean Magraw, Chico Huff et JT Bates). Aujourd'hui Rheno Traiectum

Texte et photos François Corneloup


Jour 17 – 5/04/09 : Utrecht – SJU Jazz Podium

Navette de Tours à la gare de St Pierre des Corps puis TGV jusqu’à Paris, changement de gare en taxi, Paris-Bruxelles en train, Bruxelles-Rotterdam encore en train et enfin, Rotterdam-Utrecht encore et toujours en train. Il n’aura pas fallu moins de 6 étapes de transport pour rejoindre depuis Tours la ville d’Utrecht, située au nord des Pays-Bas. Autant de chargements et déchargements de valises, de course aux panneaux d’affichages horaires dans des gares pour certaines, inconnues, d’installations dans les wagons et de débarquements. Il y a certainement métier plus dur que celui de musicien mais aujourd’hui, les corps et les esprits sont tout de même marqués par ces 9 heures de voyage. The show must go on, comme on dit. Aucun problème! Il y a trop d’envie dans ce groupe pour céder au découragement. Aurions-nous fait ce long périple pour ne pas profiter au bout du compte d’une occasion supplémentaire de nous réunir sur scène? Lorsque les forces sont entamées, il faut inventer d’autres ressources si l’on veut continuer le chemin. L’écoute mutuelle en est une. Disponibilité et patience en sont d’autres. Ce soir le concert prendra la forme d’un conciliabule serein et posé. Dans des petites formes orchestrales, solis, duos, trios, le programme se décomposera en une suite de prises de paroles très personnelles, comme si chacun relatait son odyssée à tour de rôle en courts récits poétiques, permettant aux autres par cette prise de relais de reprendre leur souffle. Bien sûr, des formes plus véhémentes et plus larges surgiront aussi de cette calme veillée car c’est le tempérament de l’orchestre mais, galvanisés de contes captivants, ces regains de puissance apparaitront dans la logique même de la circulation des énergies, sans rupture, sans contradiction, en gros, sans volontarisme et surtout, sans laisser personnes ou bagages en route.

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6.4.09

NEXT : JOURNAL DE PRINTEMPS (16)
4 avril : Tours

Jour par jour, le Glob de nato publie le journal de tournée de printemps du groupe Next de François Corneloup (avec Dominique Pifarély, Dean Magraw, Chico Huff et JT Bates). Aujourd'hui Tours, ancienne capitale du royaume à deux pas de Fondettes, capitale du macaron

Texte et photos François Corneloup (sauf minifilm : B. Zon)


Jour 16 – 4/04/09 : Tours – Petit Faucheux

Éclatement! Éclatement des improvisations, de tempis, des formes. C’est l’impression stimulante qui domine après ce concert. Next continue sur sa lancée dans l’aventure de l’improvisation collective. Chaque prise de parole est une alternative au devenir de l’orchestre, une nouvelle direction possible à prendre. La musique du groupe s’enrichit des points de vue individuels. Le programme se déplie à l’infini en une géométrie aux multiples facettes. Passé en ami, le fringant retraité Bernard Aimé, fondateur du Petit Faucheux dont il a tout récemment transmis les commandes à une jeune et efficace équipe, dira après le concert « ça, c’est un vrai groupe ! ». L’idée de groupe n’est donc pas seulement celle d’une entité consensuelle à pensée unique. Envisageons-le plutôt comme un lieu d’expression des subjectivités conjuguées où le seul désir de rassemblement ne serait pas une fin en soi mais le déclencheur d’un renouvellement partagé de la pensée. C’est probablement dans cette dynamique que l’improvisation est la plus captivante, lorsque, au-delà même d’un quelconque postulat esthétique, elle advient dans la mise en jeu authentique des sensibilités singulières. L’exemple en sera donné par le très beau duo que forment la pianiste Sophia Domancich et le batteur Simon Goubert. Dans un échange complice et exigent, chacun invente, articule et développe sa pensée intime dans le temps même de l’échange. La démonstration sera faite ce soir que les points de vue, même différents peuvent cohabiter, se transmettre … s’apprendre entre eux.

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4.4.09

NEXT : JOURNAL DE PRINTEMPS (15)
3 Avril : Poitiers


Jour par jour, le Glob de nato publie le journal de tournée de printemps du groupe Next de François Corneloup (avec Dominique Pifarély, Dean Magraw, Chico Huff et JT Bates). Poitiers cité de persistance

Texte et photos François Corneloup


Jour 15 – 3/04/09 : Poitiers – Carré Bleu

Jazz à Poitiers, Maison fondée par Bernard Prouteau écrivain de Jazz, œnologue averti, mélomane expert en tous styles tant que c’est vivant. Bernard prend un congé prématuré il y a quelques années mais prend soin avant son départ qu’il sait définitif de transmettre l’enseigne à la nouvelle équipe. Matthieu, Mathilde et Greg qui en âge pourraient presque être ses enfants prennent les choses en main. L’héritage est précieux mais ils sauront à leur manière continuer dans cette veine d’exigence qualitative, créative et conviviale qu’avait su instaurer leur aîné. L’histoire continue, donc, et pour Next ce soir, au Carré Bleu, ce concert filera dans la continuité des nouvelles pistes défrichées à St Brieuc. Si l’aventure est faite de surprises et de risques comme nous l’avions souhaité la veille, elle est aussi faite de persistance dans la percée de nouveaux sentiers créatifs. Et pour porter cette aventure assez loin, Il faut aussi oser insister dans l’inconnu si l’on veut découvrir derrière l’effort de nouveaux territoires musicaux. Nous finirons ce concert sur une impression convaincue d’avoir poussé encore plus loin la prospective. La fatigue est bonne, c’est celle d’une journée bien remplie.

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3.4.09

NEXT : JOURNAL DE PRINTEMPS (14)
2 Avril : St Brieuc


Jour par jour, le Glob de nato publie le journal de tournée de printemps du groupe Next de François Corneloup (avec Dominique Pifarély, Dean Magraw, Chico Huff et JT Bates). Comme dit le proverbe :"Les passerelles donnent des ailes"

Texte et photos François Corneloup


Jour 14 – 2/04/09 : St Brieuc – La Passerelle

Puisque nous entrons en quelque sorte dans une nouvelle phase de la tournée, nous décidons ce soir de bouleverser un peu les conventions. L’ordre du programme est changé, la structure de certains morceaux, modifiée. Il s’agit d’attiser la flamme de l’aventure qui éclaire ce groupe depuis sa naissance. Maintenant, notre acquis nous permet de nous jouer un peu des habitudes. Nous savons que ce groupe a maintenant une musique et que le concert aura lieu quoi qu’il en soit. A l’assurance d’une mécanique bien huilée, nous préférons un certain goût du risque qui nous pousse à la vigilance de l’écoute, qui excite l’urgence de l’interplay. Ce concert sera tendu, mais d’une bonne tension, celle qui nous rend férocement attentifs aux autres, nous enjoint à la précision et nous oblige à trouver sur l’instant de nouvelles ressources musicales, instrumentales, comme un point de non retour à l’invention. Pas de capitalisation du savoir-faire mais une dépense totale des talents, lesquels dans cette situation de déséquilibre accentué surgissent de la manière la plus frappante. Accueillis avec la plus attentive bienveillance par l’équipe de la Passerelle dans ce magnifique Petit Théâtre à l’italienne, parfait d’intimité et de convivialité, nous entendrons ce soir dans ce groupe plus que jamais solidaire les confidences très personnelles de chacun.


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SOLIDARITÉ FRATERNELLE AVEC LES TRAVAILLEURS DE LA FNAC (12)
Pinault Simple Flic


Sale temps pour les employés de la Fnac et du groupe PPR. Récit d'une récente agitation culturelle par notre correspondant.



POLICE NATIONALE, POLICE DU CAPITAL !
(ENCORE ET TOUJOURS)

Texte : ZucaYan

Mardi 31 mars, à l’occasion du Comité Européen d’Entreprise (CEE) du groupe PPR (Fnac, Conforama, La Redoute…), dont François-Henri Pinault est le p-d-g, quelques dizaines d’employé-e-s des Fnacs parisiennes, sous le coup d’un plan social visant la suppression de près de 200 emplois (tandis que 200 autres suppressions sont prévues en province et au siège social dans les 18 mois à venir mais, pour l’heure, sans plan social), se sont retrouvés rue de javel, dans le 15ème, en compagnie de quelques collègues de Conforama (800 suppressions d’emplois annoncées sur la France) devant l’entrée de l’immeuble où devait se dérouler la réunion, pour faire connaître leur désaccord face à de telles décisions et rencontrer le p-d-g du groupe afin de pouvoir entamer de réelles discussions alors que les directions des enseignes respectives veulent imposer leurs plans dans un calendrier resserré.
Pour mémoire, le groupe Fnac reversera, pour 2008, 53 Millions d’euros de dividendes directement dans les poches du groupe PPR. Ce dernier compte également effectuer la modeste ponction de 300 Millions sur les réserves de la Fnac, tandis qu’il a déjà récupéré plus de 180 Millions d’euros de dividendes sur les 4 dernières années.
Aussi, lorsque F-H Pinault arriva dans sa voiture avec chauffeur, la clameur du comité d’accueil résonna dans le quartier le temps qu’il s’engouffre dans l’entrée de l’immeuble visiblement un peu surpris d’une telle réception. Puis, plus un signe de vie, la réunion ayant alors commencé s’en porter d’intérêt aux travailleurs des deux enseignes. Il fallut une bonne demi-heure et un soupçon d’ingéniosité pour trouver le moyen de pénétrer dans l’enceinte et finalement se retrouver devant la salle confinée de la séance. Face à l’ambiance bon enfant et sonore qui se mit alors en place, un représentant de chacune des enseignes fut « invité » à se présenter devant le Comité. Moins d’un quart d’heure plus tard, ils ressortirent après avoir lu une lettre ouverte sur la situation au sein de la Fnac pour l’un, et s’être adressé directement au p-d-g pour l’autre. Mais, là encore, point de réponse. L’ultime possibilité restant la sortie de réunion, les employé-e-s attendirent patiemment. Au bout de deux heures, un premier, puis un deuxième taxi vinrent faire le tour du pâté de maisons, éveillant les soupçons de quelques uns. Enfin, un troisième taxi fit son apparition, vitres teintées, mettant définitivement sur ses gardes la petite cinquantaine de travailleurs encore présents. C’est alors que, par une porte discrète sur le côté du bâtiment, F-H Pinault tenta de filer à l’anglaise. Mal lui en prit puisque une poignée d’employé-e-s resté-e-s à proximité de l’éventuelle sortie se mit immédiatement en travers de sa route, face au véhicule qui ne put avancer plus loin. Dans les secondes suivantes l’ensemble du groupe rejoignit la voiture et l’entoura de joyeux slogans, notamment autour du « bon dos de la crise ».
Alors que l’un des représentants du personnel de la Fnac s’avançait vers la portière, la vitre avant du véhicule s’entrouvrit et les paroles purent s’échanger. Mais face à la demande réitérée de rencontre officielle avec lui et ses dirigeants, le milliardaire se contenta de répondre : « je ferai en sorte que vous soyez entendu », formule frappée du sceau d’une langue de bois issue des grandes écoles françaises, fidèles à leur fonction de reproduction des élites. C’est ainsi que le patron de PPR se retrouva assis au fond d’un taxi, après être arrivé en voiture avec chauffeur, pendant près d’une heure, passant de temps à autre, quelques coups de fil. Il ne fait aucun doute que son carnet d’adresses est bien rempli, mais la preuve en fut administrée de sinistre manière à l’encontre des quelques travailleurs encore présents quand ils durent faire face à l’arrivée d’un double escadron de CRS, qui ne se firent guère priés pour accourir à la rescousse du richissime homme d’affaire licencieur et tueur d’emplois, en approchant d’un pas vif le véhicule encerclé.
Que pouvaient espérer quelques modestes employé-e-s, au mieux « armé-e-s » d’un gilet vert, face à plusieurs dizaines d’individus armés jusqu’aux dents (boucliers, armures légères et bâtons renforcés) à part quelques brutalités et quelques hématomes ? La Sécurité de la République à peine arrivée à proximité du taxi, le groupe s’écartant par précaution, la voiture et son fragile fils de milliardaire prit la poudre d’escampette dans l’instant. Mais, alors que l’on crut en rester là, non sans quelque déception, le double escadron maintint sa pression empêchant le groupe d’avancer de quelques pas dans la rue. Du coup, une certaine tension s’installa, et il fallut plusieurs injonctions de celui qui semblait commander pour que les troupes de la république commencent à reculer. Et sans jamais se retourner, des fois qu’un dangereux individu se jeta sur l’un d’entre eux. Alors, les travailleurs de chez PPR se mirent à accompagner le retrait des troupes en les applaudissant pour leur si honorable besogne et en scandant les « Police complices » et autres « Police Nationale, Police du Capital », toujours de rigueur, hélas.

Images de télévision saisies par : Bella Ciao