Enfants d'Espagne

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23.5.15

VALÉRIE CRINIÈRE : LA VIE CHANTÉE


Le 12 mai à la Fonderie au Mans, les Allumés du Jazz se sont réunis en une assemblée annuelle (dite générale - mais pas "dites Général") pour que tous puissent mettre leurs boussoles à l'heure en ces moments où les points cardinaux de nos expressions se perdent facilement dans les brouillards artificiels des sales majestés.

Première réunion aussi sans Valérie Crinière qui fit tant pour que la nef des Allumés du Jazz puisse voguer en moult houles, qui y apporta aussi joie et invention. À l'issue de ce rendez-vous en était fixé un autre pour tous les amis et amies de Valérie. Quelques musiciens, mais aussi comédiens, dessinateur, dont certains qui furent éminemment proches s'étaient retrouvés pour jouer un peu de cette réflexion sur la vie, de ce chant qui animait tant cette compagne, celui qui cherche toutes les sorties de l'indifférence pour permettre aux gens de se connaître. 

Cette soirée fut un peu le jeu des étoiles. Hélène Labarrière, Rémi Gaudillat, Bruno Tocanne, Christophe Rocher, Sylvain Kassap, François Corneloup, Christopher Bjurström, Emmanuel Cremer ont ouvert sensiblement avec "Our spanish love song" de Charlie Haden, un de ses titres favoris. L'acoustique du hall de la Fonderie fleurait bon une sorte d'ambiance ESP, une liberté distincte et enveloppante à loisir : les partisans du chant les uns aux autres, les langues d'espérance. Emilie Lesbros, Benoît Delbecq, Dave Golitin, puis Jean-François Pauvros rejoignirent vite l'ensemble qui proposa diverses formations, conciliabules et échanges près du son, près du sens. Seule la géométrie du cœur ne variait pas. Avec les musiciens, Didier Bardoux, ami de toujours lut Prévert, poète chéri, et Daniel Crinière "Kaspar Hauser" de Verlaine ; deux invitations, deux façons fortes d'expériences et de sentiment du présent. Il y eut aussi "la chanson de Maxence" du film de Jacques Demy Les demoiselles de Rochefort et le souvenir amusé de la rencontre de Valérie et Jacques Perrin. La vie chantée. Jean-François Pauvros joua avec Sylvain Kassap "Memorias del Olvido" dédié aux oubliés de l'espoir espagnol, Stéphane Cattaneo prit ses pinceaux, rappels de moments noirs et rouges des années 90 ("C'était vraiment une sacrée époque (1)"). Mehdi Crinière dansa avec l'orchestre - sur les mots de Curtis Mayfield choisis par Émilie - pour sa mère, pour nous, pour lui. Moment où l'on sait à quel point, elle, nous (et l'on espérerait aussi tous vous, ils, elles) voulions-voulont-voudront autant de lendemains fertiles, d'inégalités impossibles, de traits cohérents entre les êtres. 

Merci Valérie


(1) Commentaire de Valérie - apprenant la mort d'Abel Paz - sur le Glob le 15 avril 2009

Un chaleureux merci à Cécile, Virginie, Françoise, aux camarades de la Fonderie, de NBA et des Allumés du Jazz qui ont permis cette soirée.


Photos : B. Zon

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