De toutes les images de l'investiture de l'animateur de l'émission de téléréalité
The Apprentice comme 45e président de
The Big One le 20 janvier, celle d'une limousine en feu sur laquelle est graffité "We the people" est sans doute la plus éloquente. Marque des temps que nous vivons et interrogation du futur en direct. Image de sortie de somnambulisme, poésie de l'éveil face à la brutale ignominie à laquelle nous avons laissé la porte ouverte par tant d'absence, tant de reports coupables... Notre besoin de musique, le besoin de notre musique, parmi les mille nécessités auxquelles il nous faut aussi pourvoir par nous-mêmes, par nous autres, le besoin d'une musique hautement génératrice et heureusement rageuse.
Ce son si désiré, c'est lui qui nous a de suite vivement embrassé lors du concert de James Brandon Lewis, Luke Stewart et Warren G. Crudup III à Cachan le 29 janvier. L'impressionnant bloc formé par les trois hommes est immédiatement rendu régénérateur par une sorte d'ivresse maitrisée où chacun manifeste tous les signes d'évolution nécessaires de façon permanente. Frisson jaillissant et vital : ça s'appelle "No filter". Pas de filtre effectivement mais l'éclat d'un chant ingouvernable, une ultra vigilance follement libre, une ébouriffante lucidité. En rappel, ils reprennent "Syeeda's song flute" de Coltrane qui quitte aussi rapidement sa bogue que "My favorite things" pouvait le faire avec le ténor révolutionnaire. Salut ! Le lien est fait, mais sans s'attarder, ce qui compte là encore, c'est dans un élan en grande forme, la hardiesse, l'idéal. De suite !
Photo : Leda Le Querrec