KIND OF BELOU ORCHESTRA
Treignac le 3 août 2019
Orchestre sans chef avec :
Catherine Delaunay (clarinettes)
Morgane Carnet (saxophones)
Nathan Hanson (saxophones)
François Corneloup (saxophones)
Didier Petit (violoncelle)
Tony Hymas (clavier)
Étienne Gaillochet (batterie, chant)
Invités :
Anna Mazaud : chant
D’ de Kabal : rap
À 20 ans, "On a des réserves de printemps / Qu'on
jetterait comme des miettes de pain / À des oiseaux sur le chemin"
(Léo Ferré)
Il y a 3 fois 20 ans,
Miles Davis enregistrait Kind of Blue[1],
album promu à un raisonnable succès qui s'entendit jusque dans le massif des
Monédières, territoire des Belous, peuplade fervente de résistance qui a le
sens du blues, n'en déplaise à Jules César qui provoqua un incendie pour se
débarrasser des druides.
Belou, c'est un appel de
berger, un individu solitaire, un joli bébé, un petit mouton ou une bête
sauvage, une amoureuse, un buveur de bière, un voyou ou même un dieu
chevauchant les nuées. Des Belous, il en est donc de plusieurs kind, au fond toutes complémentaires.
Il y a 1 fois 20 ans, au
pied des Monédières à Treignac, naissait le festival Kind of Belou et voici
venu, 20 ans après, comme diraient les trois mousquetaires qui cette fois
seront 7, à moins qu'on ne les compte par 9, le Kind of Belou Orchestra qui
résoudra l'équation sans se priver d'en poser d'autres : comment mettre 20 ans
dans un orchestre, comment y mettre une définition, un paysage, des danses
d'ici et d'ailleurs, des visions d'antan, des souvenirs futurs, des luttes
d'ici et maintenant ?
Répertoire
The Vikings
Composition : Mario Nascimbene (1958) - Arrangement :
Catherine Delaunay
Des Vikings en pays
belou ? Drôle d’introduction. Certes, il y a des Vikings dans le Kind of
Belou Orchestra qui viennent du Minnesota ou bien qui vont revoir leur
Normandie après chaque séjour corrézien. D’aucun pourrait y voir quelques
excités de la trompe songeant à déferler sur Fort Lalatte en riant très fort [2].
Mais plus simplement, il s’agit peut-être de l’emprunt d’un beau cri de
ralliement pour les rêves enfantins.
Move
Composition : Jef Lee Johnson (2005) - Arrangement :
Tony Hymas
Jef Lee Johnson,
musicien de Philadelphie, est venu pour la première fois à Kind of Belou en
2006 avec Ursus Minor et y est revenu en 2012, quatre mois avant de nous
quitter [3].
En 2015, à Treignac, Ursus Minor enregistrait sa composition « Move »
avec la chanteuse Ada Dyer. [4]
« Time is never still and so you know you got
to move »
Bruyères corréziennes
Composition : Jean Ségurel - paroles Jean Leymarie
(1936)
Arrangement : François Corneloup
En 1936, le Front
Populaire fait rêver la France un trimestre, en Espagne anarchistes et
antifascistes font échec au coup d’état nationaliste, une porte de beauté
s’ouvre mais le rêve tournera court, annonciateur d’un cauchemar gigantesque.
Adolf Hitler présente la Volkswagen et l’Allemagne nazie se militarise à
l’extrême. En Corrèze, Jean Ségurel rêve aux Monédières, sorte d’île tranquille
pleine de bruyères bientôt confrontée à l’infernal tumulte.
All belous
Incl. « Les
Fiancés d’Auvergne », André
Verchuren (1961), « All Blues »
Miles Davis (1959)
Arrangements : Catherine Delaunay - Nathan Hanson
En 1959, Miles Davis
écrivait un « All Blues » à la capacité fort enveloppante d’évoquer tous les blues, ou mieux, de saisir le blues de
chaque occasion. André Verchuren en eut-il vent lorsqu’il composa « Les
Fiancés d’Auvergne » deux ans plus tard ? Les deux thèmes partagent
une phrase commune et Treignac en sera enfin le lieu dépositaire.
Give chance a chance to surprise you
Composition, paroles : Étienne Gaillochet (2019)
Comme plusieurs
membres du Kind of Belou Orchestra, Étienne Gaillochet a joué en plusieurs
points limousins signifiants (Treignac, Tarnac, Tulle, Limoges…). La logique beloue
ne lui échappe donc pas. Donner à la chance la chance de nous surprendre
pourrait bien être un motto avéré de
l’histoire limousine.
La Paloma
Composition : Sebastián Iradier (1863) - Arrangement :
François Corneloup
« La
Paloma » est l’un des thèmes les plus populaires de l’histoire, bien avant
son premier enregistrement phonographique en 1899. Il en existe plus de 2 000
versions où le bel oiseau blanc se pose ci et là au gré du vent, des tempos des
bateaux filant dans l’océan ou de mortelles
randonnées quand le souvenir perdure « n´oublie pas je t´aime ».
Free style avec D’ de Kabal
Paroles : D’ de Kabal - Composition et arrangements
collectifs (2019)
« Ma colère est mienne, est une et
indivisible, incassable, incorruptible ». D’ de Kabal a rencontré Tony
Hymas et François Corneloup dans le Zugzwang
[5]
d’Ursus Minor en 2003. Étienne Gaillochet a été le batteur du groupe de D’de
Kabal : « Ma colère ». D’ a passé une année avec les élèves du
collège Lakanal à Treignac. Un moment de carrefour qui ne rond point.
Addi Bâ
Composition : Tony Hymas - paroles Sylvain Girault
(2013)
Addi Bâ, tirailleur d'origine guinéenne, devint chef du premier maquis vosgien,
et fut fusillé le 18 décembre 1943. Son portrait figure dans Chroniques de Résistance, l’album de
Tony Hymas, pensé et réalisé à Treignac avec ses compagnons : Nathalie
Richard, Frédéric Pierrot, Elsa Birgé, Desdamona, François Corneloup, Journal
Intime, Pete Hennig. Un album dédié aux résistants du passé, du présent et du
futur.
Sung in Vain
Composition : Nathan Hanson (2009) - Auteur : Kid
Dakota
« No melody could ever reach him ».
Composée par Nathan Hanson et Kid Dakota pour un album saluant Leonard Cohen[7],
la chanson « Sung in Vain » se défie elle-même car la mélodie en a
touché plus d’un et une au point d’ailleurs de devenir un standard de la
Fanfare des Belous.
La semaine sanglante (version beloue 2019)
Composition : Jean-Baptiste Clément sur un air de Pierre
Dupont (1871)
Arrangement : Tony Hymas
Il est de belles
chansons qu’on espérerait n’avoir plus aucune actualité. Ce n’est pas le cas
avec « La semaine sanglante », écrite par Jean-Baptiste Clément au
lendemain de l’écrasement de la Commune de Paris. La version beloue reprend
quatre couplets avec une légère modification du texte final.
Belou, blue, blues
Composition : Catherine Delaunay (2018)
Dans son énumération
des « Hommes sans visage, bas les masques », le Sous Commandant
Marcos[8]
disait être « gay à San Francisco,
noir en Afrique du Sud, asiatique en Europe, chicano à San Isidro,
anarchiste en Espagne, palestinien en Israël, indigène dans les rues de San
Cristóbal, (…) féministe dans les partis politiques, communiste dans
l’après-guerre froide, prisonnier à Cintalapa, pacifiste en Bosnie, Mapuche dans
les Andes (…), artiste sans galerie ni portefeuille, maîtresse de maison un
samedi soir dans n’importe quelle colonie de n’importe quelle ville de
n’importe quel Mexique, guérillero dans le Mexique de la fin du XXe siècle, journaliste
bouche-trou dans les pages intérieures, (…) femme seule dans le métro à 22
heures, paysan sans terre, éditeur marginal, ouvrier au chômage, médecin sans
cabinet, étudiant non conforme, dissident du néolibéralisme, écrivain sans
livres ni lecteurs, et, pour sûr, zapatiste du Sud-Est mexicain ». Se
risquerait-on à dire qu’un Belou pourrait avoir été ou pourrait être gilet
jaune sur les ronds-points, gilet noir au Panthéon, zadiste à
Notre-Dame-des-Landes, jeune fêtard à la fête de la musique à Nantes, immigré à
Lampedusa, indien au Brésil, résistant en Corrèze, Communard à Paris, juif dans
le ghetto de Varsovie, bluesman dans le Delta du Mississippi ? En tout
cas, les Belous, le blues, ils connaissent. Catherine Delaunay, bien à l’écoute
de leurs sentiments, en a composé un pour la treignacoise Fanfare des Belous.
**********
Une
fantaisie issue de la complicité fraternelle
du
festival Kind of Belou et des disques nato.
[1]
Kind of Blue, Miles Davis (Columbia,
1959)
[2]
The Vikings, Richard Fleischer (1958)
[3]
Thisness, Jef Lee Johnson (Hope
Street – nato 2005)
[4]
What matters now, Ursus Minor (Hope Street
– nato 2016)
[5]
Zugzwang, Ursus Minor (Hope Street – nato 2003)
[6] Chroniques de résistance, Tony Hymas (nato 2014)
[8]
Depuis les montagnes du sud-est du
Mexique (éditions Les Ecrits Des Forges)
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