Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

16.4.20

LEE KONITZ, SAXOPHONISTE COOL,
ÉTAIT AUSSI UN ALLUMÉ


On sait bien l'importance historique de Lee Konitz, son association avec Lennie Tristano, celle fondatrice avec Gerry Mulligan et Warne Marsh dessinant un jazz cool avant sa lettre officielle, sa participation aux séances Birth of the Cool de Miles Davis, cette façon si personnelle pour cet altiste capital de s'affranchir de l'influence de Charlie Parker à l'inverse des contemporains du Bird dans les années 40 pour exercer ensuite une influence déterminante, mais jamais appuyée, sur tout un courant du jazz. On sait souvent moins son goût immodéré pour toutes sortes d'expérimentations qui commencent par "Intuition", son enregistrement avec Tristano, première séance d'improvisation libre en 1949 (10 ans avant le Free Jazz) et se poursuivent par un goût perpétuel du jeu sous toutes ses formes. Prompt à toutes les expériences - il tâtera avant l'heure du saxophone électrique -, il ne perdra jamais de vue ses fondations et fera des standards une sorte de boussole libératrice qu'il soit en compagnie de Charles Mingus ou de Derek Bailey, de Martial Solal ou d'Albert Mangesldorff, d'Elvin Jones ou d'Anthony Braxton, de Chick Corea ou de Karl Berger, de Bill Evans ou d'Han Bennink, de Paul Bley ou de Bill Connors, de Paul Motian ou de Steve Lacy, de Dave Brubeck ou d'Ornette Coleman. Ou bien un solo absolu comme disait André Francis (le sublime Lone Lee sur Steeple Chase, album de chevet de bien des altistes). On le verra même en 1989 à Banlieues Bleues jouer en duo avec un électrophone passant un enregistrement de Charlie Parker soulevant un mécontentement d'une partie du public déboussolée lors de ce qui était pourtant une véritable histoire du jazz.

Né le 13 octobre 1927, Lee Konitz nous a quitté le 15 avril 2020 laissant une impressionnante discographie de toutes les couleurs couvrant une carrière de plus de 70 ans.

Texte écrit pour le site Les Allumés du Jazz

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