Cinéma du réel, festival du film du "documentaire" (on pourrait épiloguer longtemps sur ce terme) a été inventé en 1975. Il a de beaux parents tels Jacques Willemont ou Jean Rouch. Chaque année la sélection est abondante d'intelligence. Dimanche 13 mars 2022, on pouvait y voir Relaxe d'Audrey Ginestet, film que l'on dira génériquement à propos de ce qu'il est coutumier d'appeler "L'affaire Tarnac". On s'attendait à voir un bon documentaire avec des renseignements supplémentaires (le premier angle choisi n'étant pas celui des vedettariats involontaires), on y a découvert un grand film. Une suite qui jamais ne succombe, attentive à la vitalité du geste (comme en quelques endroits, une sorte d'empreinte évoquant furtivement Dreyer), aspirant aux restitutions confidentes du mouvement et de ses détails. Ceux qui font intrinsèquement l'humanité, dévoilant les contours du champ des motivations qui constituent le cadre dans lequel Audrey Ginestet opère. Rien ne meurt ! La caméra ici, c'est le temps qui surgit avec des personnages d'une grande beauté. Manon Glibert, Benjamin Rosoux, Yldune Lévy... préviennent, dans le soutien des amitiés fertiles, et pas mal d'enfants, pour demain. Dans et hors du champ, tout le monde est acteur, tout le monde agit. L'unité est vibrante et tout est au présent constant, tendu, heureux ou souffrant, découvreur. Tous les mots vivent dans les images pour une adresse d'ensemble féconde de contrastes. Un film, c'est une affaire de rythme, le rythme comme deuxième cadre croisé, et l'on sait la réalisatrice musicienne (elle est bassiste du groupe Aquaserge). Alors elle a confié la musique à Benjamin Glibert (aussi membre d'Aquaserge comme Manon, l'une des "actrices" aussi clarinettiste) et là on saisit que dans ce film, rien ne se trompe. Y éclate avec grâce une de ces musiques qui salue les bons entendeurs et offre bons et bonds pour que les autres - tous les autres - prêtent l'oreille, c'est à dire la pleine compréhension. Une musique considérable pour un film d'écoute. La projection (et le mot n'est pas faible ) de Relaxe est un de ces moments qui nous fait vivre mieux.
• Le film est projeté à nouveau le jeudi 17 mars 15h45 à la Cinémathèque de Beauboug (Paris) et on lui souhaite une grande vie sur les plus grands écrans possibles.
Photo © Deuxième Ligne
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