"DE L'ORDRE, DE L'ORDRE, DE L'ORDRE". C'est nouveau. Ça doit être le retour de l'ordre nouveau.
Salut les ours !
Salut les chats !
Salut les bisons !
Salut les oiseaux !
Salut les tortues !
Salut les baleines !
Salut les pingouins !
Doucement les castors !
Enfants d'Espagne
24.7.23
21.7.23
ERNST-LUDWIG PETROWSKY
Photographies : Guy Le Querrec - Magnum
Ernst-Ludwig Petrowsky & Sven-Åke Johansson dansant au son d'un souffleur de cornemuse du Bagad de Kemperlé et sous le regard de Lol Coxhill au Café de la Place à Chantenay-Villedieu le 5 septembre 1982
Johannes Bauer, Ernst-Ludwig Petrowsky, André Jaume et la Chantenaysienne, place du village, Chantenay-Villedieu le 5 septembre 1984
En 1982, le programme du festival de Chantenay-Villedieu annonçait Ernst-Ludwig Petrowsky et Günter Sommer. Cela avait été le résultat de moult démarches auprès de la Künstler-Agentur der DDR. La Künstler-Agentur à Berlin était l'agence qui décidait des voyages des artistes est-allemands à l'étranger et en recevait les honoraires. Aucun voyage n'était possible sans cette autorisation et les démarches s'avéraient kafkaïennes. Dans le bureau d'un magasin de vêtements chantenaysien au parquet craquant (ambiance fantasmée "guerre froide"), toute la journée de ce premier jeudi de septembre, puis du vendredi (on espérait encore décaler au lendemain), les coups de téléphones se multipliaient entravés par les complexités des langues (il aurait fallu mieux travailler son allemand à l'école, l'anglais n'étant pas ce qui était le mieux vu des officiers est-allemands), l'autorisation fut refusée. Un trio composé de Maud Sauer, Maarten Altena et Fred Van Hove joua à leur place. Mais tout est affaire d'apprentissage et une meilleure connaissance de l'écrasante bureaucratie est-allemande, au fond moins rationnelle qu'il n'y paraissait, permit à Ernst-Ludwig Petrowsky et Günter Sommer, ainsi qu'à d'autres, Conrad Bauer, Johannes Bauer, Ulrich Gumpert... de venir et revenir enfin dans le petit village du Maine. Sylvain Torikian et Nelly Le Grevellec, au Théâtre Dunois à Paris s'associeront à ces démarches et les visites, là comme ailleurs, devinrent régulières et nombreuses. Quelques disques pour nato en portent la trace 1.
De ce vent d'Est, Ernst-Ludwig Petrowsky était l'aîné ; surnommé "Luten", parfois rapidement acronymé ELP (musicalement, il ne pouvait y avoir de confusion avec Emerson, Lake & Palmer). On avait pu l'écouter sur les disques Amiga (label d'état est-allemand) : un disque éponyme en trio et sextet, le quartet Synopsis, le Retrospektive du Jazz-Werkstatt-Orchester et puis aussi sur les étiquettes ouest-allemandes MPS Clarinet summit, et surtout FMP : N Tango Für Gitti du Ulrich Gumpert Workshop Band, Just For Fun ou SelbViert du Ernst-Ludwig Petrowsky Quartet et le très chéri album Snapshot qui faisait l'effet d'une sorte de manifeste du jazz est-allemand aux formations diverses. Son amour d'Ornette Coleman (entendu sur une radio américaine) était patent (il a repris "Enfant", "Blues connotation", "Lonely woman", "To Welcome the day", "Forerunner", "Folktale", "Beauty is a rare thing"), transposé avec une grâce très caractéristique en un univers de ruches exceptionnelles.
Avec sa compagne, la chanteuse Uschi Brüning, il grava pour FMP en 1986, dans le disque Das Neue Usel, le thème "Via Chantenay Villedieu" (qu'on retrouvera sur les albums Drei Propheten - Hommage an Klaus Koch - 2008 - et Ornette et cetera - 2012). Thème à l'émotion géographique faisant ressurgir ces moments aux altitudes de sources : un quartet épatant avec André Jaume, Jean Bolcato et Christian Rollet (qui rejouera à Dunois), et ce qui de nos jours s'appellerait une "Création" et qui était alors une merveilleuse surprise partie villageoise, le moment attendu de la place du village, le dimanche midi, avec Johannes Bauer, André Jaume et quelques membres de la Chantenaysienne, "Pavane". Musiques de véritables sens de l'orientation, de rapprochements à la physique aimante. La compagnie de Luten était des plus chaleureuses. Il est parti le 10 juillet, via Berlin.
1 Günter Sommer, Hörmusik Zwei - nato 49, François Méchali, Le grenadier voltigeur - nato 70, Sylvain Kassap, L'arlésienne - nato 109, Radu Malfatti et Quatuor à vant, Formu - nato 175, Günter Sommer et trois vieux amis, Ascenseur pour le 28 - nato 329, Ulrich Gumpert Erik Satie, Trois sarabandes et six gnossiennes - nato 410, Louis Sclavis, Rencontres - nato 500, nato all stars 5th anniversary, Alternate cake - nato 824
17.7.23
JANE BIRKIN
1968 fut l'année de bien des découvertes, certaines d'allure légère comme le fait que par le film de Joe Massot Wonderwall, Penny Lane avait un visage, celui de Jane Birkin, annoncée dans Blow up (Michelangelo Antonioni) ou brièvement, à l'arrière d'une moto, dans The Knack... and How to Get It (Richard Lester). La suite est nommée et renommée, de chansons, de films, comme par exemple, ce trop méconnu Noir comme le souvenir de Jean-Pierre Mocky (1995).
14.7.23
MAUDITS
9.7.23
L'ARC ET LE CHAMP
Nos mikados d'anniversaire (fin des 100 jours, un an de nouveau mandat) semblent sacrément rivés sur ce qu'ils ont retenu du grand catalogue, très fourre-tout aux pages jaunies, des républiques tour à tour romaines, aristocratiques, puritaines, chrétiennes, du prince, de bonne gouvernance, des lettres, de conseils, populaires, soviétiques, islamiques, françaises (1, 2, 3, 4, 5, ça ira, ça ira... tagada tsoin tsoin), pour tenter un nom de domaine déposé.
L'arc n'est évidemment ni celui de Robin des Bois, ni celui de Big Bow ou d'Ishi, et n'a point le chant d'une lyre. Il s'agit peut-être davantage d'un de ces fantasmes de type napoléonien : un Arc de Triomphe à coups de 49.3, matraques, gaz lacrymogènes et autres flash balls. Après tout, le neveu de Bonaparte, Napoléon III, fut bien empereur de la République française.
Quant au champ, sa dimension, qui vise sans doute à une forme de culture intensive après remembrement, semble pourtant fort étriquée à moins qu'il ne s'agisse d'un labyrinthe républicain. À ce champ de mauvaises mines, où les services sécuritaires craignent une révolte (et s'arment en fonction) le jour anniversaire d'une révolution (fête nationale), on préfèrera plutôt le hors champ riche de tant de possibilités humaines.
Ah au fait, Marcel Duchamp était-il républicain ? Son urinoir peut-être.
6.7.23
LA VIOLENCE FAITE AUX ENFANTS
À l’issue du comité interministériel le 20 novembre 2022, la première ministre déclarait que la lutte contre les violences faites aux enfants serait une priorité.
Des enfants subissent quotidiennement brimades et violences et en quelques occasions sont tués. C’est arrivé récemment.
Frappés collectivement (un est tous et tous est un), ils ont tiré le signal d’alarme. Comme ils ont pu, n’importe comment jusqu’à l’absurde, de rage, avec les moyens du bord ébréché. Ils ont tiré le signal d’alarme pour d’autres enfants qui bientôt crèveront de chaleur, de faim ou de désespoir.
Qui a miné le présent jusqu’à ne plus pouvoir marcher sans qu’il n’explose ?
Les fanatiques de l’ordre, pardon de l’ordre républicain (il faut toujours ajouter « républicain » derrière les mots, ça fait tout passer), après une petite trouille passagère (des enfants en colère face à l’état), s’en sont donnés à corps perdus (cœur joie ne figurent plus au répertoire économico-sécuritaire), faisant glisser leurs doigts fébriles sur les écrans de tous les catalogues des bienpensances, des répressions, des économies punitives, des racismes libérés. Les idées fusent (vous reconnaitrez probablement les auteurs et autrices mêmes si les pensées semblent trop souvent interchangeables) :
- Les promoteurs du tout numérique reprochent soudain aux réseaux sociaux de « jouer un rôle considérable (...) par l’organisation de rassemblements violents (...) et une forme de mimétisme de la violence », envisagent « la suspension de fonctionnalités » avant de jurer par Jupiter qu’il n’en est pas question tout en annonçant qu’un groupe de travail.« transpartisan » (ça rassure) allait se pencher sur le sujet
- « On a le sentiment que certains vivent dans la rue les jeux vidéo qui les ont intoxiqués »
- « Tsunami de soutien aux forces de l’ordre »
- « Disposer de la reconnaissance faciale et de l’intelligence artificielle (...) faire usage de drônes »
- « C’est deux claques et au lit ! » (deux claques républicaines ?)
- « Je vais vous surprendre, peut-être vous choquer : je pense qu'on n'utilise pas suffisamment les courtes peines de prison pour des mineurs »
- « Je suis déterminée à ce qu’il n’y ait aucune impunité pour les auteurs de ces violences »
- « Il faut pourrir leurs vacances »
- « On connaît les causes. Bien sûr que si, il y a un lien avec l'immigration (...) pour la deuxième, la troisième génération, il y a comme une sorte de régression vers les origines ethniques »
- « Que les parents qui ne remplissent pas leurs obligations sachent que la solidarité nationale va s’arrêter si leurs enfants commettent des délits aussi graves que ceux qui ont été commis »
- « Responsabiliser les familles de ceux qui mettent le souk »
- « Lorsque votre enfant vole, abîme ou détruit quelque chose (…), c’est vous, parents, qui serez condamnés à payer les réparations » (là on se pince lorsqu’on sait que le fils de l’auteur de ce document officiel est mis en examen pour violences conjugales.)
- « Il faut baisser la majorité pénale à 16 ans, responsabiliser les familles sur les allocations familiales et le logement social. »
etc. etc.
(Tiens on aimerait bien réunir les parents de ces professionnels de la politique pour comprendre ce qui ne va pas chez leurs progénitures, leur demander des comptes pour ce qu’ils nous infligent).
« L’inexcusable » devient vite excusé et voilà le frais souvenir de l’enfant assassiné coulé dans le béton de l’oubli, d’empoisonneuses cagnottes, avant le retour à la normale de tous les symboles « républicains » et l’on reparlera enfin du climat, en parler seulement bien sûr. Le vert est dans le mot, c’est tellement chic. Les souffrances climatiques, ce sera pour les enfants, dans longtemps (croit-on).
Comme les enfants noyés en Méditerranée, l’enfant assassiné subit sa deuxième mort. Tant de sacrifices pour nous éveiller enfin... et nous dormons encore.
Où sommes-nous, prétendus professionnels du changement avec garantie et service après vente ? Faisons-nous seulement mine de comprendre, malmenés aux entournures, et nous contentons-nous de nous poser en sachants critiques car « ce n’est pas comme ça qu’il faut faire la révolution », « ça n’avance à rien » et lors de l’immanquable question « vous condamnez ? », gênés, irions jusqu’à hocher la tête. Allez, un de ces jours on votera. Ça ira bien, on a cette liberté-là, ce précipice choisi. Spécialistes des jours meilleurs qui ne viennent jamais, nous n’allons pas faire confiance à des gamins tout de même. Quand tant de menteurs assassins des futurs, détrousseurs de millions en cols blancs, obtiennent, au pire, garantie de tranquillité, nous contenterons-nous de voir partir en prison des enfants dont le crime est la colère, dont le crime est la misère, et sans trop rien dire, les voir subir de lourdes peines pour nous avoir alertés d’un cri déchirant, avoir dessiné une boussole dans un feu d’artifice et une loupe dans des pillages d’objets confectionnés par d’autres enfants de misère, au bout du monde. Au bout du même monde.
La violence faite aux enfants est effectivement devenue une priorité.
4.7.23
CONTE EXPRESS
2.7.23
ÉCOUTE RADIOPHONIQUE
(EN TROIS PHRASES)
1.7.23
MICHEL PORTAL AU FUR ET CHEZ TEXTURE
Photographie Z.Ulma