Enfants d'Espagne

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10.7.07

SOLIDARITE FRATERNELLE AVEC LES TRAVAILLEURS DE LA FNAC (4)


Réponse de Monsieur Olivennes à la lettre des syndicats concernant le plan social







Quelques commentaires à la réponse de Denis O.,
l’arracheur de dents des temps modernes (qui ment donc comme il respire) :


L’on savait qu’Olivennes était prêt à beaucoup pour faire de la désinformation auprès des médias en cherchant à relativiser autant que possible la mobilisation exceptionnelle et exemplaire du 4 mai, et de manière trompeuse, comme l’a montré une note envoyée aux services de communication des magasins. Mais on constate également qu’il n’écoute pas réellement ce qu’ensemble les travailleurs de la Fnac expriment quant à la situation vers laquelle il conduit l’entreprise. En effet, croire que la mobilisation du 4 mai 07, ainsi que les mouvements précédents d’ailleurs, « exprimait, pour l’essentiel, une crainte liée au fait [qu’il ne se serait] pas assez exprimé(s) sur les garanties sociales apportées aux projets actuels de réorganisation. Et aussi un mécontentement consécutif à un niveau d’intéressement faible cette année compte-tenu des résultats des magasins en France » démontre simplement que le seul discours qui l’intéresse vraiment est uniquement le sien, expliquant doctement que la « crainte » des « grévistes » n’est due qu’à un manque de communication de sa part. Le fond du problème importe peu pour cet homme du faux-semblant et de l’image, ce qui compte avant tout c’est de donner l’impression qu’il tient compte des possibles interrogations des employés. Employés qui, notons-le au passage, ne sont plus des salariés à ses yeux mais des « grévistes », terme révélant ici son degré de considération à l’égard des salariés dès lors qu’ils osent faire entendre leurs voix de manière haute et intelligible afin d’être vraiment écoutés.
De plus, réduire à une seule « crainte » les inquiétudes des employés, c’est aussi montrer son incapacité à entendre que ces dernières sont multiples et que non seulement l’ensemble des salariés veut que le projet de Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) soit modifié en profondeur afin qu’il amène de véritables garanties, précises et écrites dans un cadre officiel!, sur l’avenir des personnes concernées (et potentiellement chacun des employés), mais qu’il est également en désaccord avec les choix opérés par une direction obsédée par la plus grosse rentabilité à court terme possible, au détriment de la qualité du travail effectué par les employés de la Fnac depuis des années et de la relation de confiance établie avec la clientèle au fil du temps et qui a construit l’identité de l’enseigne. D’ailleurs, ce président doit tout de même avoir quelques soucis d’audition, lui aussi, puisque même au cours des « échanges directs (…) dans les magasins avec les salariés » début mai, il n’a « constaté aucune virulence »… .
Evidemment, le pdg à la fibre « humaniste » qu’il est, ne peut s’empêcher de s’attaquer aux représentants du personnel que sont les délégués syndicaux, n’hésitant pas à travestir une fois de plus la vérité en les accusant de « systématiquement rejete(r) toute forme d’adaptation de l’entreprise ». Certainement, sa conception de « toute forme d’adaptation » n’est pas la même que celle de la majorité des salariés sur qui les représentants du personnel ont pu s’appuyer tout au long des années pour assurer une évolution la plus digne possible de l’enseigne tant pour les conditions de travail et acquis sociaux – aux garanties inscrites dans la convention d’entreprise de Fnac Paris, notamment, ou encore en encadrant les conditions de reclassement de leurs collègues du magasin des Italiens en 2006 - que pour la relation avec la clientèle de la Fnac. Assurément, Olivennes a le souci de cette dernière comme le montrent quelques-unes de ses dernières initiatives : le retrait de la remise de 5% à tous sur les livres ou l’instauration d’une commission à la vente, gage de confiance pour le client. Et, bien sûr, c’est sans aucune mauvaise foi non plus qu’il s’indigne lorsque les employés s’adressent à la clientèle, et « contre l’enseigne», pour l’avertir de ce qui se trame dans son dos sous la houlette de ce médiatique pdg dont la fatuité n’a d’égale que l’avidité. Il est certain qu’avoir la volonté de marginaliser le disque - en réduisant drastiquement les linéaires, la largeur de l’offre et les postes de disquaires (-40%) – de s’attaquer prochainement aux livres – « marché en crise » d’après lui, pourtant stable depuis deux ans après de fortes progressions ! – supprimer les travaux photos, développer le « libre à emporter » en produits techniques, élargir les gammes vers le bas, et perpétuer la diminution des vendeurs, ne banalise pas la Fnac et ne contribue pas « à scier la branche sur laquelle les salariés sont assis en incitant les clients à fuir » … .
Et, fort de ces puissantes certitudes visionnaires, humanistes et sociales, il serait souhaitable d’envisager la possibilité d’ « apprendre à [se] respecter mutuellement (…) et convenir ensemble de ne pas nuire à l’image de l’enseigne, capital précieux pour nous tous.» Outre son souci permanent de l’image, on comprend bien le « capital précieux » que représente pour lui l’entreprise qu’il dirige, à la lecture toujours réjouissante de son salaire mensuel qui représente près de quatre années de labeur pour un employé se situant dans la moyenne des rémunérations des Fnacs parisiennes.
A part çà, monsieur estime que, « parfois », les « propos, oraux et écrits » à son encontre peuvent « être inutilement injurieux et blessants ». Une sensibilité à fleur de peau qui mettra, à n’en pas douter, du baume au cœur aux personnes licenciées des Fnac Service, premières victimes du plan social en deux étapes mis en place sous la direction de ce pdg à l’âme sensible qui, déjà, n’avait pas ménagé ses efforts pour faire passer nombre de déclarations rassurantes quant aux reclassements assurés pour le personnel touché par la fermeture de cette filiale de la Fnac.
Cependant, ce ne sont pas ces quelques dizaines de salariés, avant les plusieurs centaines constituées par le back-office, les travaux photos, les disques et bientôt les livres, qui vont l’arrêter dans sa volonté de continuer à peaufiner l’image « sociale » de l’enseigne, autant en interne qu’en externe, à travers sa tentative de mise en scène d’éventuelles « négociations » possiblement définies par « un code de bonne conduite, autrement dit des droits et des devoirs que nous respecterions ensemble ». Il s’agit donc de ne reculer devant aucune « valeur » à caractère humaniste quand il faut prendre soin des valeureux salariés de l’entreprise. Aussi, cet appel au respect, tellement omniprésent chez lui depuis son arrivée à la tête de l’enseigne qu’il en transpirerait presque des contours adipeux de sa svelte personne, ne peut qu’aller droit au cœur et remplir d’une confiance béate quant aux bonnes intentions qui l’animent, et dont il a fait preuve jusque-là avec une détermination sans faille, à l’égard des salariés. Mais il est vrai que « la Fnac le vaut bien, non ? »
Alors, est-il bien « raisonnable » d’oser s’ « opposer à un PSE qui va nous permettre de proposer un emploi de même niveau, de même salaire, dans la même zone géographique aux salariés du « back office » dont les postes sont concernés par la réorganisation de ces fonctions », quand toutes ces annonces ne sont inscrites nulle part dans le document de référence, envoyé à l’administration du travail ? Mais enfin, « pourquoi diable » s’opposer ?
« Ne serait-il pas plus raisonnable, à l’occasion de la discussion de ce plan, d’en améliorer les conditions par la discussion ? » Mais oui, comme lors du Comité Central d’Entreprise de Fnac Paris du 1er juin où les changements proposés par la direction ont été tellement énormes qu’ils n’ont pu emporter l’adhésion d’aucun des représentants du personnel parisien !
Mais enfin, comment est-ce donc possible ? Ah, Denis, les salariés vous doivent tellement qu’ils n’ont même plus conscience de l’ampleur des bienfaits que vous avez si généreusement amenés à l’entreprise. C’est simple, ils n’osent même plus entendre la hauteur des augmentations de salaire que vous annoncez et comment vous la calculez – 3%, rendez-vous compte ! –, ou « la réforme du variable » mensuel d’exploitation, si mal nommé, et encore moins « la refonte de l’intéressement et de la participation », de peur de rougir de honte face à tant de bienveillance. Et puis, que dire de ce sens de la « réalité à laquelle personne n’échappe » qui vous honore tant ? « On ne peut distribuer que ce que l’on gagne ! » Reprendre ainsi le credo de François Pinault, c’est révéler toute l’audace et le courage d’un grand chef d’entreprise, promis à un avenir brillantissime. Les sirènes des plus hautes responsabilités retentissent déjà avec impatience ! Face à tant de brio, comment douter un seul instant que chacun des salariés de cette enseigne pourraient refuser de vous « aider à moderniser l’entreprise pour qu’elle gagne plus »… tandis qu’ils travaillent déjà plus pour gagner moins ?
C’est curieux, mais la négociation « ensemble [d]es conditions de la modernisation nécessaire de la Fnac » que vous appelez de vos vœux en la nommant « cercle vertueux gagnant-gagnant » rappelle davantage un autre jeu fameux connu sous l’intitulé de « Qui Perd Perd ».
Aussi, quand vous vous dites « intimement convaincu qu’on ne fait pas avancer une entreprise contre ses salariés mais avec eux », ces derniers semblent désormais convaincus quant à eux, pour hélas le constater semaines après semaines, que vous êtes en réalité convaincu que l’on fait avancer une entreprise, non pas avec ses salariés, mais bien sans ses salariés.
Et ils n’y sont pas prêts !

Zucayan

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci de toutes ces information, precieuses en ces temps de crise du disque.