Hier mercredi, les sans-papiers occupant la Bourse du travail depuis le 2 Mai 2008 ont été délogés par la force. Pas celle de la police, mais celle d'une partie de ses brillants auxiliaires occasionnels : les vigiles du syndicat CGT dépêchés par les caciques de cette confédération syndicale.
La cinquantaine de gros bras ainsi mandatée a fait irruption dans le local alors qu'une partie des sans-papiers effectue à l'extérieur la manifestation du mercredi demandant la régularisation de tous. Encagoulés et armés de matraques, marteaux et gaz lacrymogènes, les séides évacuent violemment les sans-papiers présents (hommes, femmes et enfants). Les CRS arrivent plus tard à la demande de la Mairie de Paris (propriétaire des lieux) et restent spectateurs avant d'intervenir à l'extérieur lorsque certains occupants résistent. Certains sont blessés et hospitalisés. Dans la soirée, les sans-papiers, rejoints par quelques soutiens, commencent à s'installer avec matelas, couvertures et sanisette de fortune sur le trottoir, bouclés par des gendarmes mobiles qui empêchent tout nouvel arrivant de faire corps. Le ravitaillement en nourriture a bien du mal à passer - alors qu'une partie des policiers dîne dans les cars - et pendant que d'un côté on crie "CGT collabo !" ou bien "La police ? y'en a marre ! Sarkozy ? y'en a marre ! La CGT ? y'en a marre !", ceux qui tentent de passer sont refoulés et entonnent un "Pétain, reviens, t'as oublié tes chiens !". Les porteuses et porteurs de nourriture après avoir commencé à la lancer par-dessus les deux lignes de gendarmes finissent par être autorisés à passer. Tout le monde a très soif, on n'a pas oublié les couches pour les petits enfants. Patrick Lozès du CRAN semble négocier avec la police. Finalement à minuit trente, le "car de ramassage" quitte la place - il reviendra le matin garé plus loin place de la République. Les sans-papiers dormiront sur le trottoir encadrés par la gendarmerie relayée au petit matin par les CRS. Il semble alors que la mairie du IIIème ne souhaite pas d'interpellation. Pas de représentants de la "grande presse", pas de "people", St Bernard est loin et la gauche qui encadre le mouvement social pour mieux le contenir (traduire : empêcher son expression réelle) ferait-elle payer ses échecs électoraux aux boucs-émissaires immigrés ? À 8h30, ce jeudi matin, on ne sait toujours pas ce qu'il va advenir des familles stationnés malgré elles sur ce trottoir de la honte.
La CGT aura donc célébré mieux que personne la nomination de Brice Hortefeux (qui fut le grand inaugurateur du ministère de l'Identité nationale) au ministère de l'Intérieur. Ca ne devrait étonner personne car les précédents sont nombreux pour ce syndicat aujourd'hui très (très) loin de la volonté de ses fondateurs d'origine, mais fidèle à une collaboration avec le pouvoir qui fait sa marque depuis de nombreuses années. On a beau le savoir, ça choque toujours. Il est vrai qu'entre l'Identité nationale et l'Intérieur, le ministre fut également celui du Travail et négocia avec la CGT les régularisations "précaires".
Lorsque ce syndicat a refusé en 2008, après avoir tenté de récupérer une partie du mouvement des sans-papiers, de soutenir les régularisations individuelles, ceux-ci ont compris bien vite les dangers de la récupération.
Il ne peut y avoir de mouvement social digne de ce nom s'il n'est pas fondamentalement antiraciste. La régularisation des sans-papiers ne saurait être sélective. La lutte, par eux et pour eux, est des plus signifiantes. Elle contient tout ce pourquoi nous devons nous battre et croire encore en l'être dépourvu de cynisme mortel.
Photos : B. Zon
La cinquantaine de gros bras ainsi mandatée a fait irruption dans le local alors qu'une partie des sans-papiers effectue à l'extérieur la manifestation du mercredi demandant la régularisation de tous. Encagoulés et armés de matraques, marteaux et gaz lacrymogènes, les séides évacuent violemment les sans-papiers présents (hommes, femmes et enfants). Les CRS arrivent plus tard à la demande de la Mairie de Paris (propriétaire des lieux) et restent spectateurs avant d'intervenir à l'extérieur lorsque certains occupants résistent. Certains sont blessés et hospitalisés. Dans la soirée, les sans-papiers, rejoints par quelques soutiens, commencent à s'installer avec matelas, couvertures et sanisette de fortune sur le trottoir, bouclés par des gendarmes mobiles qui empêchent tout nouvel arrivant de faire corps. Le ravitaillement en nourriture a bien du mal à passer - alors qu'une partie des policiers dîne dans les cars - et pendant que d'un côté on crie "CGT collabo !" ou bien "La police ? y'en a marre ! Sarkozy ? y'en a marre ! La CGT ? y'en a marre !", ceux qui tentent de passer sont refoulés et entonnent un "Pétain, reviens, t'as oublié tes chiens !". Les porteuses et porteurs de nourriture après avoir commencé à la lancer par-dessus les deux lignes de gendarmes finissent par être autorisés à passer. Tout le monde a très soif, on n'a pas oublié les couches pour les petits enfants. Patrick Lozès du CRAN semble négocier avec la police. Finalement à minuit trente, le "car de ramassage" quitte la place - il reviendra le matin garé plus loin place de la République. Les sans-papiers dormiront sur le trottoir encadrés par la gendarmerie relayée au petit matin par les CRS. Il semble alors que la mairie du IIIème ne souhaite pas d'interpellation. Pas de représentants de la "grande presse", pas de "people", St Bernard est loin et la gauche qui encadre le mouvement social pour mieux le contenir (traduire : empêcher son expression réelle) ferait-elle payer ses échecs électoraux aux boucs-émissaires immigrés ? À 8h30, ce jeudi matin, on ne sait toujours pas ce qu'il va advenir des familles stationnés malgré elles sur ce trottoir de la honte.
La CGT aura donc célébré mieux que personne la nomination de Brice Hortefeux (qui fut le grand inaugurateur du ministère de l'Identité nationale) au ministère de l'Intérieur. Ca ne devrait étonner personne car les précédents sont nombreux pour ce syndicat aujourd'hui très (très) loin de la volonté de ses fondateurs d'origine, mais fidèle à une collaboration avec le pouvoir qui fait sa marque depuis de nombreuses années. On a beau le savoir, ça choque toujours. Il est vrai qu'entre l'Identité nationale et l'Intérieur, le ministre fut également celui du Travail et négocia avec la CGT les régularisations "précaires".
Lorsque ce syndicat a refusé en 2008, après avoir tenté de récupérer une partie du mouvement des sans-papiers, de soutenir les régularisations individuelles, ceux-ci ont compris bien vite les dangers de la récupération.
Il ne peut y avoir de mouvement social digne de ce nom s'il n'est pas fondamentalement antiraciste. La régularisation des sans-papiers ne saurait être sélective. La lutte, par eux et pour eux, est des plus signifiantes. Elle contient tout ce pourquoi nous devons nous battre et croire encore en l'être dépourvu de cynisme mortel.
Photos : B. Zon
2 commentaires:
Bakchich.Info
Cette situation a le mérite de dire ce qui est. Il faudra bien ouvrir les yeux sur les faux amis et sur ce qu'il convient de faire. Vous parlez de mouvement social, il reste faible car la situation est proche de l'épouvante. On se cogne les uns dans les autres.
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